Auteur : Renaud Brizard
Type de publication : Article
Date de publication : 23 Mars 2020
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À Abidjan, plaque tournante des cultures africaines, les musiques électroniques gagnent du terrain sous l’impulsion de plusieurs collectifs.
Tout ceci n’est pas vieux et pourtant, c’était avant que le coronavirus ne menace l’Afrique.
La jeunesse branchée d’Abidjan s’est rassemblée dans le parc verdoyant de la fondation d’art contemporain Donwahi. Le parfum sucré des chichas se mêle dans l’air à celui des grillades. Un mobilier en palettes et des tapis ont été installés pour accueillir plusieurs centaines de personnes. Les DJ qui se succèdent sur la scène alternent entre afrobeats, trap et gqom. Cela fait à peine plus d’un an que le collectif Bain de Foule anime et prolonge la fin du week-end avec La Sunday, une soirée qui attire un public toujours plus nombreux.
« Depuis le milieu des années 2010, des initiatives ont été lancées dans différents pays d’Afrique pour donner une place aux musiques électroniques « underground ».
À Abidjan, ville de fête, plusieurs collectifs proposent une alternative aux discothèques dans lesquelles le zouglou, le coupé-décalé et désormais le rap ivoire règnent en maîtres. L’objectif est d’implanter dans le paysage de nouveaux genres comme l’afro house, de susciter des vocations et de créer une vraie scène. Avec l’enjeu de mêler les publics ivoiriens et expatriés.
Depuis le milieu des années 2010, des initiatives ont été lancées dans différents pays d’Afrique pour donner une place aux musiques électroniques « underground »
Installé depuis plusieurs années à Abidjan, Mydriase a fondé le collectif Kamayakoi avec son compatriote Praktika et la DJ ivoirienne Chabela. Les évènements organisés par Kamayakoi font la part belle à l’afro house et l’afro techno. En octobre dernier, le crew installe un soundsystem au milieu des arbres du parc national du Banco, à la sortie d’Abidjan. Malgré la distance et la pluie qui fait rage, 350 téméraires font le déplacement pour faire la fête dans la forêt.
Du 6 au 9 février […] le collectif Kamayakoi et le label Blanc Manioc se sont associés pour organiser la première édition du festival Maquis Electroniq.
C’est à Dom Peter, l’un des initiateurs du festival, que l’on doit l’idée d’installer l’événement dans les maquis. Ce musicien lyonnais, membre du groupe High Tone, a fait de nombreux séjours en Afrique de l’Ouest, notamment à Bamako (où il a produit le projet Midnight Ravers). Avec son label Blanc Manioc, créé il y a un peu plus d’un an, il publie les productions d’artistes maliens (Gaspa, Mc Waraba) et de musiciens européens inspirés par les musiques traditionnelles africaines (La Dame, Praktika).
En journée, le programme du festival donne lieu à des rencontres et des ateliers autour des musiques électroniques. Le vendredi, les organisateurs se rendent à l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (INSAAC).
En soirée, le festival s’installe dans des lieux emblématiques de la ville d’Abidjan.
La Sunday : dimanche aussi, tous les chats sont gris
« Le dimanche à Abidjan, il n’y a pas grand-chose à faire. Ceux qui ont les moyens vont à la plage à Assinie. Sinon, tu es souvent en famille ou tu joues au foot. Il n’y avait rien pour se caler », se rappelle Black Charles. Le dimanche 9 décembre 2018, il organise avec quatre amis ivoiriens la première Sunday sur le petit parking du Dozo, un concept-store monté par Aziz Doumbia.
Très vite, le succès de la soirée provoque des plaintes du voisinage et pousse le collectif à s’installer sur le court de tennis du Club House Le Vallon.
La Sunday est devenue une grosse machine », dit Black Charles avec le sourire. En décembre 2019, son collectif organisait son premier festival à l’Espace Laguna. Entre 11 et 13 000 spectateurs ont répondu présents au rendez-vous
Grâce à une belle communication sur Instagram et au bouche-à-oreille, la Sunday attire toute la jeunesse branchée d’Abidjan. Entre deux DJ sets, la programmation donne parfois la place au live d’un rappeur ivoirien (Suspect 95) ou d’un artiste international (Rema). En juin 2019, six mois après son lancement, la soirée qui clôturait la saison attirait 6000 personnes à l’Espace Laguna.
« La Sunday est devenue une grosse machine », dit Black Charles avec le sourire. En décembre 2019, son collectif organisait son premier festival à l’Espace Laguna. Entre 11 et 13 000 spectateurs ont répondu présents au rendez-vous. »
En un an, la Sunday est passée d’une fête entre amis à un phénomène qui attire les foules, devenant un rendez-vous incontournable de la vie locale.
Dès le prochain, l’objectif sera d’attirer plus de public ivoirien que d’expatriés occidentaux.
Après cette première édition très encourageante, malgré de petits moyens et un temps de préparation très court, on attend avec impatience la suite.
Quant à la Sunday, Les organisateurs prévoient de l’exporter (quand la situation sanitaire le permettra) à Dakar, Accra et Paris.
« Notre véritable challenge, c’est de faire la balance entre l’underground et le mainstream », explique Black Charles. Pour ce faire, le collectif Bain de Foule a confié sa première résidence artistique dans les murs de la fondation Donwahi à la DJ Asna.
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