Auteur : Union africaine, PNUD
Type de publication : Rapport
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SURPASSER LES ATTENTES : L’Afrique affronte la pandémie
En mars 2020, les États membres de l’Union africaine (UA) et les Centres africains de prévention et de contrôle des maladies (CDC Afrique) ont publié leur stratégie continentale contre la pandémie de COVID-19 (« Africa Joint Continental Strategy for COVID-19 Outbreak »). Les objectifs fixés dans cette stratégie étaient de coordonner les initiatives et de promouvoir des pratiques de santé publique fondées sur des données factuelles.
Conformément à ces objectifs, les États membres de l’UA ont adopté des mesures pour maîtriser le virus. Comme expliqué en détail dans un rapport conjoint de la CUA et du PNUD, intitulé « The Impact of the COVID-19 Outbreak on Governance, Peace and Security in the Horn of Africa » (L’impact de la pandémie de COVID-19 sur la gouvernance, la paix et la sécurité dans la Corne de l’Afrique) , ces mesures incluaient notamment la coordination des gouvernements, la mise en place de confinements, la limitation des déplacements, la distanciation physique, la fourniture d’équipements de protection individuelle, et des compléments de salaire pour les travailleurs des soins de santé.
C’est en partie grâce à ces mesures que l’Afrique est parvenue sur le fil à faire mentir les attentes et à bien résister dans l’ensemble aux effets sanitaires de la première vague de la pandémie. Au moment de l’écriture du présent rapport, soit en mars 2021, bien que l’Afrique représente près de 17 % de la population mondiale, elle n’enregistre qu’une faible part des cas de COVID-19 et des décès liés à la maladie à l’échelle mondiale, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Au début de l’année 2021, 2,5 millions de personnes avaient été contaminées par le virus en Afrique, et plus de 60 000 en étaient mortes. Ces chiffres sont dramatiques, mais bien moins catastrophiques que prévu. Si les effets sanitaires sont relativement bien contenus, les retombées socioéconomiques de la pandémie pourraient se révéler dévastatrices. Selon un rapport, dont le PNUD a contribué à la révision , les mesures gouvernementales visant à contenir le virus et à stimuler l’activité économique dans dix pays d’Afrique subsaharienne pourraient aboutir à une réduction du PIB de l’ordre de 10,6 % et au basculement de 10 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté. Plus d’un milliard de personnes pourraient se retrouver dans l’extrême pauvreté d’ici à 2030 en raison de la pandémie .
L’union fait la force : la stratégie continentale africaine
Dès le début, les gouvernements africains ont pris conscience des menaces multidimensionnelles que faisait peser la COVID-19 sur le continent, de ses répercussions sur la santé, les moyens de subsistance et les économies nationales, ainsi que du risque que les progrès réalisés en faveur du développement ces 30 dernières années soient réduits à néant.
La stratégie continentale africaine (« Africa Joint Continental Strategy ») de la CUA énonce les rôles de chacun et elle présente les domaines d’intervention et les mécanismes de coordination à l’échelle de l’Afrique. Les huit CER et MR ainsi que les cinq Centres régionaux de collaboration (CRC) du CDC Afrique font partie des entités coordonnées.
Elles ont réagi sans délai à la pandémie. Les CER ont notamment pris rapidement les mesures suivantes : le Secrétariat de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) a exhorté les États membres à élaborer des plans nationaux de relance économique et à consolider leurs systèmes de production alimentaire afin de répondre aux besoins immédiats des populations vulnérables. Les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont engagés à renforcer leur coopération dans la lutte contre la COVID-19 et sur les questions sanitaires de manière plus générale, ainsi qu’à affecter au moins 15 % de leur budget annuel à l’amélioration de leurs systèmes de soins de santé. La Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA) a rapidement pris dix mesures régionales coordonnées, notamment en vue d’endiguer la pandémie et d’atténuer ses retombées socioéconomiques, ainsi que de mutualiser l’approvisionnement en médicaments et fournitures médicales. Depuis ces premiers engagements, les CER ont continué de prendre des mesures fortes.
Ensemble, ces entités collaborent avec les gouvernements et coordonnent leur riposte à la COVID-19, notamment dans des domaines tels que la surveillance, le dépistage, le traçage, et le commerce et le transport transfrontaliers.
Au vu du degré de priorité conféré à l’appui aux CER et aux MR de l’UA, le PNUD s’est également associé au West Africa Network for Peacebuilding (WANEP) et à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en vue du lancement d’un projet intitulé “Bâtir une approche inclusive de relance post-COVID-19, de sortie de crises et de réformes de la gouvernance au Sahel.” Ce projet vise à autonomiser les femmes en tant que parties prenantes essentielles dans les transitions politiques, la gouvernance, la paix, la sécurité et le développement. En adoptant une approche intégrée face à la COVID-19, la CUA, le CDC Afrique et le PNUD aident l’Afrique non seulement à riposter à la pandémie, mais aussi à tirer parti de la dynamique qu’avait imprimée le continent, depuis une position de force.
POUR L’AFRIQUE, PAR L’AFRIQUE : Des solutions africaines
Tandis que les chaînes d’approvisionnement mondiales étaient perturbées par les confinements et que l’accès aux fournitures médicales était limité en raison de l’explosion de la demande mondiale, l’Afrique a cherché des solutions locales. De grandes entreprises ont réaffecté leurs usines à la production d’équipements de protection individuelle. De petites entreprises et des indépendants se sont mis à produire des visières de protection, des masques en tissu et d’autres dispositifs. La CUA a mis en place la Plateforme pour les fournitures médicales en Afrique (AMSP), qui a permis à tous les pays du continent de s’approvisionner en fournitures médicales et sanitaires essentielles plus rapidement et à meilleur marché.
L’endiguement de la pandémie nécessitait la participation de tous les Africains sur le continent. Il fallait donc qu’ils soient informés sur la COVID-19, son mode de propagation et les gestes de prévention. Ils devaient également avoir accès aux dispositifs d’hygiène et de protection nécessaires pour mettre en pratique ces connaissances.
La COVID-19 traverse les frontières, d’où la nécessité d’un partenariat transfrontalier. Les régions frontalières africaines sont souvent caractérisées par des systèmes de santé peu efficaces, d’importantes pénuries d’eau potable et de fournitures essentielles et des chaînes d’approvisionnement imprévisibles.
Le PNUD et la CUA se sont associés à des chefs de communauté et à des parties prenantes pour mieux sensibiliser les populations dans ces régions, notamment dans le bassin du lac Tchad, les pays de la région du fleuve Mano et la Corne de l’Afrique.
Une série de dialogues en ligne parrainés par le PNUD a permis de faire entendre la voix des Africains sur la scène mondiale, afin qu’ils puissent influencer les approches adoptées pour le relèvement de la COVID-19 et contribuer à la progression vers les Objectifs de développement durable. Des personnalités telles que Wole Soyinka, scénariste nigérian et lauréat du prix Nobel, et l’ancienne Présidente de la République du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, ont participé à cette série, intitulée « Hekima ». Ces dialogues ont reflété l’expérience du PNUD dans la région, et montré qu’une collaboration solide avec les populations est essentielle pour combattre la COVID-19.
Une action au niveau local dans les pays du fleuve Mano
La riposte mise en place dans les pays baignés par le fleuve Mano peut être citée à titre d’exemple. Avant même la pandémie, les pays de l’Union du fleuve Mano – le Libéria, la Guinée, la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire – souffraient d’une piètre gouvernance et luttaient contre la pandémie d’Ebola. La COVID-19 n’a fait qu’accroître le risque de tensions entre les populations et elle a porté un coup dur aux économies de la région. Les ménages dirigés par des femmes ont été particulièrement affectés. Les mesures de précaution adoptées par les autorités nationales ont limité les déplacements d’une grande partie de la population.
En réaction, les bureaux de pays du PNUD et ceux de l’Union du fleuve Mano au Libéria ont livré des fournitures – en partie locales – dans les pays frontaliers, dont des thermomètres, des équipements de protection individuelle, des seaux pour le lavage des mains, des désinfectants pour les mains, des visières de protection, des masques, de l’alcool, des gants, du Clorox, du matériel éducatif et des mégaphones. Ces fournitures ont permis de réduire la transmission de la maladie à travers les frontières, de sensibiliser les populations et d’améliorer le dialogue avec elles.
Des bénévoles ont joué un rôle essentiel en informant le public sur les gestes à adopter pour éviter la propagation de la COVID-19 dans les vingt communautés transfrontalières à cheval sur la Sierra Leone, la Guinée et le Libéria. Ces efforts déployés au niveau local ont permis de s’assurer que le message puisse atteindre les zones reculées le long des frontières et de capter tout signe annonciateur de tensions.
Soutenir l’innovation au travers d’AfriLabs
C’est l’importance des MPME qui a poussé le PNUD et la CUA à s’associer à AfriLabs, l’un des principaux incubateurs d’entreprises du continent. Fort d’un réseau de 225 centres d’innovation et organisations répartis dans 47 pays, AfriLabs aide les entreprises à survivre, et même à prospérer, à l’heure de la pandémie.
Une initiative d’AfriLabs, intitulée « Rollo Africa », recrute des entrepreneurs pour créer des emplois et trouver des solutions innovantes aux problèmes africains. La campagne de recrutement a attiré des milliers de visiteurs sur le site web de l’organisation et touché un demi-million de personnes par e-mail et sur les médias sociaux. Quelque 1 200 personnes ont postulé dans cinq pays – le Cameroun, l’Égypte, le Sénégal, le Soudan et le Zimbabwe – et la demande est forte pour étendre le programme à d’autres pays africains.
Jusqu’à présent, l’initiative a permis à 360 entrepreneurs de 120 petites entreprises de participer à une formation intensive, et ils ont pu utiliser un simulateur d’entreprise haute technologie pendant 1 500 heures au total, ce qui leur a permis d’améliorer leurs compétences de prise de décision dans différentes conditions de marché.
Ce qui confère à cette initiative son caractère unique, c’est qu’elle cible les MPME et le secteur informel – qui est le plus souvent traité en parent pauvre dans les efforts de relèvement – y compris dans la diaspora africaine. Elle a également permis de recueillir des données sur les MPME et l’impact de la COVID-19 sur leurs activités, données qui seront utilisées pour adresser des recommandations à la Commission de l’Union africaine, en vue de maximiser les avantages économiques qu’offre le secteur.
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