Auteur : Bureau régional du PAM
Organisation affiliée : Programme Alimentaire Mondial (WFP)
Type de publication : Rapport de situation
Date de publication : juin 2020
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Entre avril et mai 2020, les prix des produits alimentaires de base sont restés globalement stables dans la région à l’exception du Tchad, de certaines zones de la Centrafrique, du Nigeria, Sénégal et du Bénin. Les hausses de prix sont plus marquées en variation annuelle et en comparaison avec la moyenne des 5 dernières années et s’expliquent essentiellement par les éléments suivants:
- Le début de la période de soudure qui réduit les disponibilités de produits alimentaires locaux;
- L’insécurité réduit les capacités de production des ménages et de commercialisation des produits;
- Les marchés des pays limitrophes peinent à s’adapter à la fermeture des frontières du Nigeria;
- La période de Ramadan a entrainé une hausse de la demande se traduisant par des hausses de prix des denrées de première nécessité;
- La dépréciation des monnaies par rapport au dollar américain ne favorise pas les approvisionnements venant de l’étranger;
- Les mesures de lutte contre le COVID-19 qui restent actives dans certains pays réduisent les disponibilités et le fonctionnement des marchés.
Évolution des marchés dans la région
Bénin
Les prix des denrées de premières nécessités ont été stables au cours du mois de mai. Néanmoins au niveau des marchés d’Azovè, Dogbo et Sèdjè-Dènou, il y a eu une forte variation du prix du maïs (+28%) par rapport à avril. Cette augmentation s’annonce avec l’installation de la période de soudure où les greniers sont vides avec une demande en hausse face à l’offre qui se réduit. Le mil a aussi connu une forte augmentation (100%) par rapport au mois précédent au niveau du marché de Dangbo.
Globalement, le prix de la tomate augmente de façon substantielle sur presque tous les marchés, avec des variations mensuelles allant de +28% à 121% à Dantopka où en valeur nominale les prix sont passés de 538 XAF en avril à 1190 XAF au mois de mai. Cette hausse est due d’une part à la saisonnalité et d’autre part, à cause de l’épuisement des stocks venant des pays voisins comme le Burkina Faso, le Niger et le Nigéria qui alimentent le pays en produits horticoles (oignon, tomates…).
Burkina Faso
Le mil est l’aliment de base des ménages les plus vulnérables, tandis que le maïs et le sorgho contribuent également au panier alimentaire de la majorité des ménages. Les marchés sont globalement fonctionnels avec une certaine réduction de la fréquentation. Malgré cela le prix du mil augmente légèrement (7% à 8%) sur les marchés de Diébougou, Djibo et Kongoussi par rapport à la même période de l’année passée.
Dans les centres urbains, la disponibilité des produits alimentaires de grande consommation reste satisfaisante car les stocks de riz importé et d’huile peuvent couvrir plus de 03 mois les besoins et ceux du sucre suffisent pour au moins 08 mois. En raison des contrôles opérés par le gouvernement, les prix sont dans l’ensemble stables par rapport à l’année passée et à la moyenne quinquennale.
Cameroun
Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’insécurité croissante causée par les récentes violences contre les civils et les affrontements entre groupes armés continue de perturber les activités de moyens d’existence des ménages pauvres. En plus de l’insécurité accrue, les stocks alimentaires continuent de s’épuiser pendant la période de soudure et les prix des denrées de base connaissent leurs hausses saisonnières avec des niveaux supérieurs à la même période de l’année dernière.
Le pouvoir d’achat des ménages est faible, car les revenus agricoles restent inférieurs à la normale d’avant la crise sécuritaire à cause de la faible production et de la réduction des activités. Les ménages pauvres hôtes et les déplacées continueront d’être confrontés à une insécurité alimentaire aiguë.
Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’insécurité croissante causée par les récentes violences contre les civils et les affrontements entre groupes armés continue de perturber les activités de moyens d’existence des ménages pauvres. En plus de l’insécurité accrue, les stocks alimentaires continuent de s’épuiser pendant la période de soudure et les prix des denrées de base connaissent leurs hausses saisonnières avec des niveaux supérieurs à la même période de l’année dernière
Les mesures de distanciation sociale et la fermeture des frontières dans le cadre de la lutte contre le COVID-19 continuent d’entraver l’écoulement des marchandises importées comme le riz et le poisson vers le reste du pays à partir ou à destination de Douala et de Yaoundé, ainsi que des aliments produits localement.
République Centrafricaine
Le manioc, denrée alimentaire de base des centrafricains, a vu sa production fortement baisser au cours des dernières années. L’insécurité, la destruction des champs par les troupeaux transhumants, la pénurie de boutures et le retrait d’un nombre important de producteurs de la filière dans des zones de production comme OuhamPendé, Ouham, Nana-Gribizi et Ombela-Mpoko, Nana-Mambéré, Ouaka sont à l’origine d’une baisse drastique de sa disponibilité sur les marchés et de la hausse des prix.
Ainsi, les hausses du prix du manioc observées sur les marchés ne sont pas nouvelles, même si elles sont amplifiées par la crise actuelle de COVID-19 qui affecte les flux et l’approvisionnement des marchés. Une relance de la filière manioc, afin d’améliorer la disponibilité sur les marchés, s’avère ainsi nécessaire et urgente.
Côte d’Ivoire
Dans un contexte de crise sanitaire, les marchés ne sont plus approvisionnés correctement à cause de la fermeture des frontières. En temps normal le pays est approvisionné en produit alimentaire à partir du Burkina, du Mali et parfois du Ghana. Compte tenu des restrictions sanitaires, le circuit d’approvisionnement est perturbé. Un retard dans l’approvisionnement sur les marchés entraine rapidement un renchérissement du prix des denrées alimentaires.
Ainsi, le prix du maïs augmente en rythme mensuel +14% à Ouangolodougou et de +38% à Boundiali. La variation du prix de la patate douce est de 14% à Ouangolodougou et 12% à Man. En variation annuelle, le prix du maïs s’inscrit dans une hausse allant de 1% à 28% alors que celui du riz local est resté stable (+3%) à Ferkessédougou.
Ces différentes hausses de prix s’expliquent d’une part par les mesures de restrictions perturbant les circuits d’approvisionnement. En effet Ouangolodougou étant proche du Burkina et du Mali est plus affecté par les mesures de restrictions limitant les déplacements entre les régions frontalières de ces pays.
Ghana
Le gouvernement du Ghana a levé la majorité des mesures restrictives contre le COVID-19 dès le 3 mai 2020, y compris le bouclage des villes d’Accra et de Kumassi qui concentraient la majorité des cas à l’époque. Les marchés et autres activités économiques se sont donc globalement déroulés normalement au cours de ce mois même si les craintes de contamination des populations ont réduit l’affluence dans les marchés et autres structures commerciales. En variation mensuelle, le prix des denrées alimentaires est globalement stable sauf celui du maïs qui augmente dans la région ouest (24%) et de respectivement 14% et 12% dans les régions centrales et Upper East. Les semis actuellement en cours dans ces zones constituent la période de stocks les plus bas et peut être considérée comme période de soudure.
Guinée
Les mesures restrictives de lutte contre le COVID-19 n’ont pas encore été toutes levées. Le pays enregistre une hausse du prix du riz importé de +15% à Labé et +12% à Boké. Le prix du maïs augmente également légèrement à Boké (5%) et à Kankan (+6%). Le prix du riz local reste stable par rapport à avril 2020. La même tendance à la stabilité est observée pour le fonio et le niébé. Pour ce qui des tomates le prix a augmenté de 18% à Beyla par rapport au mois d’avril.
L’accroissement en rythme mensuel et annuel de prix de ces produits résulte non seulement de la restriction des voyages qui affecte le niveau d’approvisionnement des marchés mais aussi de l’état des voies de communications très dégradé en cette période de saison pluvieuse et l’augmentation du prix de transport.
Liberia
Comme tous les autres pays, le Liberia a dû fermer ses frontières pour faire face à la pandémie du COVID-19. Toutefois cette décision a perturbé le circuit d’approvisionnement des marchés en plus de la situation d’insécurité dont le pays fait face. Le prix du riz importé est relativement stable avec une tendance à la baisse entre avril et mai 2020. Les prix du niébé et du manioc se trouvent dans la même configuration. Dans le même temps, sur un mois, le prix du niébé a baissé de 22% à Zwerdu et celui du manioc de 10% à Bahn.
En variation annuelle les prix des produits sont globalement inscrits en hausse allant de 1% pour le manioc à 39% pour le riz blanc importé à Gbarnga. Ces hausses sont encore plus marquées en comparaison avec la moyenne quinquennale et vont de 29% dans le comté de Rivercess à 57% dans celui de Lofa pour ce qui concerne le riz importé qui constitue l’aliment de base dans le pays.
Le Liberia est confronté à une crise économique provoquée par l’effondrement du taux de change entre les dollars libérien et américain. La hausse des prix des produits importés que cela provoque se transmet aux produits locaux par effet de substitution avec des taux d’inflation globaux dépassant toujours 25% sur un an.
Mali
Au Mali les marchés sont bien approvisionnés et les offres céréalières arrivent à satisfaire la demande. Les prix des produits restent globalement stables par rapport au mois d’avril. Cependant, en comparaison avec le mois d’avril, le prix du mil a augmenté dans les marchés Taboye, Kidal et Tonka respectivement de 21,3%, 16% et 25%. Ces différentes hausses s’expliquent d’une part par la situation d’insécurité dans ces zones qui freinent les approvisionnement mais surtout par les fermetures de frontières avec l’Algérie et la Mauritanie qui aggravent les difficultés d’approvisionnement. En variation annuelle on enregistre une hausse du prix du riz importé de 16% à Menaka et de 14% à Diéma.
Mauritanie
La hausse saisonnière des prix des céréales locales a démarré cette année avec un mois d’avance à cause de la crise de COVID-19 qui a réduit les approvisionnement en provenance des pays voisins. La production agricole de l’année dernière ayant été globalement mauvaise, ces approvisionnements du Sénégal et du Mali sont d’autant plus primordiaux cette année. Au mois de mai 2020, les marchés ont été globalement bien approvisionnés en produits alimentaires importés suite à l’allègement des mesures restrictives de lutte contre le COVID-19 suite à la déclaration de la fin de la maladie dans le pays. De ce fait, les prix ont été stables ou à la baisse sur les principaux marchés du pays.
Le Liberia est confronté à une crise économique provoquée par l’effondrement du taux de change entre les dollars libérien et américain. La hausse des prix des produits importés que cela provoque se transmet aux produits locaux par effet de substitution avec des taux d’inflation globaux dépassant toujours 25% sur un an
A Nouadhibou la hausse des prix du riz est de 6% alors qu’il est stable dans tous les autres marchés du pays. Cette hausse s’explique par la forte demande liée non seulement à des besoins de consommation mais aussi à des besoins de semences. La situation particulière de la hausse des prix au Hodh el Gharbi est liée aux perturbations des circuits d’approvisionnement due à la fermeture des frontières. La hausse du prix de certains produits résulte également d’une baisse de l’offre liée à la fermeture des marchés hebdomadaires.
Niger
Après une tendance baissière des prix des produits alimentaires de base en particuliers des céréales tout au long de l’année dernière y compris en période de soudure, les prix de ces produits sont repartis à la hausse depuis décembre 2019 suite à la mauvaise campagne agricole que le pays a connu. Le prix moyen national du mil qui est la céréale de base dans le pays, a gagné 15% depuis le début de l’année et 16% comparativement à l’année dernière.
Cette hausse de prix du mil en variation annuelle atteint 22% à Maradi, 18% à Diffa et 15% à Tahoua. Le prix de cette denrée a atteint les seuils d’alerte sur les marchés de Maine Soroa (Diffa), Dan Issa (Maradi), Katako (Niamey) et Filingue (Tilaberi). Le prix du sorgho connait quasiment la même tendance alors que ceux des riz local et importé sont restés stables depuis l’année dernière.
Sénégal
Les marchés hebdomadaires qui avaient été fermés dès le début de la pandémie de COVID-19 ont été officiellement rouverts au mois de mai sous la pression des commerçants et des populations. Malgré cela, le SIM/CSA signale que ces marchés n’ont pas fonctionné du fait de la crainte de contamination et des restrictions de circulation qui limitent la participation des personnes en provenance d’autres zones du pays au fonctionnement de ces marchés. Les disponibilités de produits alimentaires locaux sont globalement réduites du fait de la précocité de la période de soudure cette année causée par la réduction des stocks paysans et commerçants suite à la mauvaise campagne agricole précédente.
Sur un mois les hausses de prix les plus importantes (15% à 25%) sont enregistrées pour les céréales locales (mil, maïs, sorgho) mais également pour le riz importé dont les disponibilités ont été réduites par les distributions alimentaires de l’État dans le cadre de l’assistance contre le COVID-19. Ces hausses mensuelles sont cependant assez localisées (Thiès, Kaolack, Sédhiou, Saint-Louis). Par contre en variation annuelle et en comparaison avec la moyenne des 5 dernières années, c’est tous les marchés qui connaissent des hausses de plus de 25% des prix des denrées de première nécessité. Dans les marchés précédemment cités, les hausses de prix de ces denrées dépassent parfois 40% par rapport à la moyenne quinquennale
Sierra Leone
Les prix des principaux produits alimentaires de base ont baissé de 10% à 15% entre les mois d’avril et de mai 2020 du fait de la levée des mesures restrictives qui ont été prises dans le cadre de la lutte contre le COVID-19, y compris la circulation interurbaine. Les approvisionnements des différentes régions qui ont repris au mois de mai ont permis de répondre à la demande des consommateurs et de ramener les prix à leurs niveaux d’avant la crise.
Par ailleurs, il a été noté depuis le mois de décembre 2019 une relative stabilité des cours de la monnaie locale (Leone) par rapport au dollar américain et au FCFA. Malgré ces deux éléments positifs, les prix des denrées alimentaires de base restent 30% au-dessus de leur niveau de l’année dernière et 50% plus hauts que la moyenne quinquennale. Ces éléments laissent penser que le retour à la normale dans ce pays surtout sur le plan économique et en ce qui concerne le fonctionnement des marchés risque de prendre du temps.
Tchad
L’imposition de mesures de restriction face au COVID-19 a eu un impact négatif sur les moyens d’existence et la circulation des marchandises. Certaines mesures ont cependant été assouplies à la fin du mois de mai (reprise des transports publics et ouverture des marchés). L’offre céréalière est majoritairement pourvue par les stocks commerçants à cause des faibles approvisionnements par suite des restrictions du trafic. Malgré le Ramadan, la demande est globalement en baisse à cause des bas revenus des ménages.
En mai, la tendance à la hausse des prix en variation mensuelle des prix observée reflète les pressions saisonnières à mesure que les stocks diminuent, ainsi que l’effet de ces mesures. On note des augmentations significatives par rapport à l’année dernière où les prix étaient à leur plus bas après une longue période de faible demande en raison du faible pouvoir d’achat des ménages et de la faiblesse des achats institutionnels.
Togo
Le prix du maïs qui est la principale céréale consommée au sud du pays connait une tendance variable dans le pays. Alors qu’il baisse dans les principales zones de production du sud depuis le mois de janvier du fait du démarrage de la nouvelle campagne agricole entrainant un déstockage des paysans, il augmente au nord du pays. Les hausses les plus importantes sont enregistrées sur les marchés de Dapaong à l’extrême nord du pays où le prix du maïs progresse de 19% entre les mois de janvier et de mai 2020 avec une accentuation depuis le mois de mars avec les mesures restrictives contre le COVID-19.
Les tracasseries routières limitent les transferts des stocks paysans et commerçants du sud du pays vers le nord. Pour le sorgho rouge, les hausses de prix entre janvier et mai 2020, sont plus généralisées. Elles atteignent 44% dans la région des Savanes et 22% dans la région de la Kara. Cependant, quand on regarde les variations mensuelles et annuelles à l’échelle du pays, ce sont les légumes frais, les légumineuses et les tubercules qui connaissent les haussent de prix les plus importantes.
La légère baisse du prix du carburant intervenue à la fin du mois de mai (de 519 à 503 FCFA le litre pour l’essence super sans plomb) devrait réduire les coûts de transport et permettre de maintenir des prix quelque peu stables jusqu’aux nouvelles récoltes.
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