Auteur : Richard Chelin
Organisation affiliée : Institute of Security Studies (ISS) Africa
Site de publication : issafrica.org
Type de publication : Article
Date de publication : 9 Août 2021
L’Afrique est la plus petite économie au monde en matière de cryptomonnaies. Cependant, ce marché est en croissance constante. L’usage licite des cryptomonnaies peut stimuler le commerce sur le continent, spécialement entre particuliers, petites entreprises et entrepreneurs.
L’Afrique doit toutefois se préparer aux menaces qui accompagnent l’utilisation des monnaies numériques. Il s’agit notamment des arnaques aux cryptomonnaies, de la criminalité organisée et des délits financiers tels que les transactions en cryptomonnaies à des fins de blanchiment d’argent ou « crypto-blanchiment ».
En 2021, un acte de piratage de cryptomonnaies par une entreprise sud-africaine a permis de dérober 3,6 milliards de dollars à des investisseurs. Pour les criminels, la crypto-criminalité consiste à voler des cryptomonnaies ou les fonds investis dans ces monnaies, en ayant recours à des rançongiciels, à l’arnaque, au piratage et au vol.
Le caractère mondial et rapide de ces transactions rend ces monnaies attrayantes pour les groupes criminels qui, dans la plupart des cas, effectuent et reçoivent des paiements sans avoir à révéler leur identité
Les cryptomonnaies sont décentralisées et non réglementées. Contrairement au dollar ou au rand, aucune autorité bancaire centrale ne régule leur valeur, qui résulte du prix que les utilisateurs sont prêts à payer par unité.
Le caractère mondial et rapide de ces transactions rend ces monnaies attrayantes pour les groupes criminels qui, dans la plupart des cas, effectuent et reçoivent des paiements sans avoir à révéler leur identité.
L’avènement du paiement par cryptomonnaie augmente le nombre de crimes financiers tels que les actes de blanchiment d’argent, comme le note Interpol. Les cybercriminels préfèrent avoir recours à des cryptomonnaies plutôt qu’aux monnaies ordinaires pour blanchir leurs fonds obtenus illégalement. Le blanchiment d’argent en cryptomonnaies, c’est-à-dire le blanchiment d’argent dans le cyberespace, est beaucoup moins coûteux, puisqu’il représente environ 15 % des recettes, contre 50 % environ pour les méthodes traditionnelles de blanchiment d’argent.
De nombreux services de cryptomonnaies ne mettent pas en œuvre les mesures nécessaires pour lutter contre le blanchiment d’argent. Les sites web du darknet offrent une couche d’anonymat supplémentaire aux criminels souhaitant placer leurs gains.
Bien que l’économie des cryptomonnaies soit encore relativement restreinte en Afrique, la menace du crypto-blanchiment doit y être prise au sérieux. Les échanges de cryptomonnaies sont en hausse sur le continent : elles représentent 8 milliards de dollars reçus et 8,1 milliards de dollars envoyés entre juillet 2019 et juin 2020. Les pays qui utilisent le plus les cryptomonnaies en Afrique sont le Kenya, l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Ghana, le Maroc et l’Égypte.
Actuellement, les transactions en cryptomonnaies vers et depuis l’Afrique relèvent principalement de transferts de fonds et de transactions commerciales licites.
De nombreux services de cryptomonnaies ne mettent pas en œuvre les mesures nécessaires pour lutter contre le blanchiment d’argent. Les sites web du darknet offrent une couche d’anonymat supplémentaire aux criminels souhaitant placer leurs gains
L’utilisation des cryptomonnaies augmente en raison de la prédisposition des monnaies locales à l’hyperinflation, de la forte pénétration de l’utilisation d’Internet, de l’augmentation du nombre de jeunes dans la population et du recours important aux transactions par téléphonie mobile.
Ce sont les mêmes raisons qui attirent les groupes de la criminalité organisée souhaitant blanchir leurs revenus illicites.
La première étape pour les gouvernements africains est de s’assurer que les fournisseurs de services de cryptomonnaies évaluent et atténuent leurs risques de blanchiment d’argent et intègrent les réglementations internationales et nationales en matière de lutte contre le blanchiment d’argent.
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