Auteur : Dr Kadijatou Marou Sama
Type de publication : Article
Date de publication : Novembre 2020
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Situé en Afrique de l’Ouest, le Niger est le deuxième plus grand producteur d’uranium au monde et dispose d’autres ressources naturelles notamment l’or, le fer, le charbon et le pétrole. Cependant, il est constamment au plus bas de l’échelle dans le classement des Nations Unies en matière de développement humain.
La science et la technologie sont de puissants outils de développement auxquels les pays développés accordent de l’importance. Au Niger, ce secteur n’occupe pas la place qu’il faut dans le concert des domaines prioritaires au plan national. Ainsi, le budget qui lui est octroyé est nettement insuffisant.
Un des faits marquants qu’il faut aussi souligner est l’environnement dans lequel travaillent les chercheurs ; environnement caractérisé par le manque et/ou la vétusté des infrastructures et équipements. De ce fait, l’impact du système scientifique et technologique national dans le processus de développement du Niger reste encore insignifiant.
Cette situation se retrouve dans la plupart des pays africains. Même si les moyens mis à disposition sont trop insuffisants (en moyenne 0.3 %-0.4 % du PIB alloué à la recherche et au développement), des résultats significatifs de recherche sont obtenus surtout grâce à l’engagement et à l’esprit de sacrifice des chercheurs africains dont la part des publications dans le total mondial est en augmentation (3.3 % en 2016).
Responsabilité politique.
Il faut une responsabilité politique pour que la recherche puisse jouer pleinement un rôle dynamique dans la lutte contre la pauvreté et l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) au Niger. Ainsi, l’urgence impose que l’État fasse de la recherche une priorité en mettant en place des guichets de financements dédiés à ce domaine.
La science et la technologie sont de puissants outils de développement auxquels les pays développés accordent de l’importance. Au Niger, ce secteur n’occupe pas la place qu’il faut dans le concert des domaines prioritaires au plan national. Ainsi, le budget qui lui est octroyé est nettement insuffisant
Cela permettra aux chercheurs de garder le cap sur la recherche et aussi de travailler sur des thèmes de recherche pertinents pour le contexte local.
Aussi, il est de la responsabilité des pouvoirs publics de renforcer le système national de recherche, notamment en créant des laboratoires de recherche afin que les chercheurs soient très productifs, ce qui les rendra plus visibles sur la scène internationale. Ainsi, sera favorisée l’attraction des appuis externes qui viendront s’ajouter à ceux de l’État nigérien.
Ce dernier doit aussi urgemment investir dans l’accroissement de la communauté scientifique nigérienne. Un retour à la Programmation (ancienne politique nigérienne de formation, 1975-1991), pourrait être envisagé en octroyant des bourses aux étudiants afin qu’ils se forment dans des domaines que l’État aura préalablement définis en fonction de ses besoins. Si rien n’est fait à ce sujet, la relève ne sera pas efficacement assurée.
Dialogue entre décideurs et chercheurs
Dans les pays occidentaux, il y a un échange permanent, un vrai débat de recherche entre les décideurs et les chercheurs. Par contre, en Afrique, comme les États ne financent pas (ou financent très peu) la recherche, des ruptures se créent entre décideurs et chercheurs, ce qui rend difficile les possibilités de dialogue.
Dans certains cas, notamment au Niger, les chercheurs mènent des luttes syndicales pour faire des revendications auprès des décideurs. En novembre 2017, des chercheurs Africains lancèrent « l’appel d’Abidjan » à l’Université de Cocody (Côte d’Ivoire), en marge du sommet Union Africaine – Union européenne, pour interpeller les décideurs Africains au plus haut niveau sur l’importance d’appuyer la science et la technologie en Afrique.
Dans cet appel, les pétitionnaires déplorent la faiblesse de l’investissement public dans la recherche scientifique et écrivent que « le continent africain souffre, malgré la compétence intellectuelle de ses chercheurs, de beaucoup d’insuffisances et de faiblesses en matière de recherche scientifique, de science et de technologie ».
Un dialogue permanent s’avère nécessaire afin de résoudre un problème de fond qui se pose à la recherche scientifique au Niger : la non-valorisation des nombreux et pertinents résultats obtenus par les chercheurs. Ces résultats restent généralement au stade de curiosité scientifique au lieu de passer au stade d’utilité économique et sociale.
Expertise locale et extérieure
Le développement fait intervenir des acteurs du Nord et des acteurs du Sud. Georges Balandier fait constater « (…) qu’aucune société ne peut être définie, déterminée, par ses seules caractéristiques internes ». Dans le même ordre d’idées, Gautier Pirotte propose d’étudier le développement en tenant compte des « dynamiques du dedans et dynamiques du dehors ». Ainsi, il s’avère nécessaire que les Nigériens fassent des débats sur eux-mêmes et avec l’extérieur afin de questionner leurs plans nationaux de développement et les renouveler périodiquement.
En Afrique, comme les États ne financent pas (ou financent très peu) la recherche, des ruptures se créent entre décideurs et chercheurs, ce qui rend difficile les possibilités de dialogue
A l’heure où la « décolonisation » des savoirs fait de nouveau l’objet de débats, il est grand temps que le Niger élabore ses politiques publiques en s’appuyant sur les recherches de ses chercheurs. Car, trop souvent en Afrique, l’expertise locale est délaissée au profit de l’expertise extérieure. « Au Sahel, je connais qui fait la recherche sur les thèmes brûlants : l’essentiel des chercheurs sont des étrangers.
L’essentiel de la production scientifique est de l’extérieur. Je ne suis pas contre mais les pouvoirs publics africains gagneraient à renforcer les capacités locales de façon à permettre aux chercheurs locaux d’être très impliqués dans la production scientifique car ce sont des gens qui connaissent les réalités locales », me confiait récemment un chercheur Nigérien.
Avec la Covid-19, une prise de conscience de l’importance de la recherche scientifique s’impose. Le Niger gagnerait à investir dans ce domaine pour relever les défis de développement qui se posent à sa population.
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