Aminata Sidibé
Les défis de la gestion des déchets face à l’accélération de l’urbanisation des villes ouest-africaines
Par rapport à l’urbanisation très rapide des villes africaines, on a cette problématique des déchets qui augmentent de jour en jour et également celle du traitement des déchets parce qu’il faut savoir que dans les déchets, on a plusieurs familles, plusieurs catégories. Aujourd’hui, le plus grand déchet que nous produisons, nous ne le valorisons pas en fait. C’est-à-dire les ordures ménagères et elles sont faciles à valoriser, c’est d’en faire du compost.
Ce que je dis souvent quand on me parle de ces problématiques de gestion de déchets, c’est qu’on se concentre beaucoup sur le plastique aujourd’hui. J’ai eu la chance quand j’ai eu mon diplôme d’ingénieur en qualité, hygiène, sécurité, environnement, j’ai travaillé en usine de recyclage. Il nous est arrivé en France de ne pas avoir assez de tonnage pour la transformation des déchets. Aujourd’hui, au niveau du plastique, même ici au Sénégal, j’ai échangé avec des personnes mais le tonnage n’est pas si élevé que ça. En fait, le tonnage le plus important concerne les ordures ménagères et on va aussi avoir des déchets que nous n’arrivons pas à recycler.
Pour la valorisation, ce qu’on arrive à recycler aujourd’hui, c’est le plastique, le papier, le verre et même le verre. On n’en est pas encore là en Afrique parce qu’il faut quand même un mécanisme de transformation pour souffler le verre et refaire vraiment tout le processus pour réparer, avoir du verre à nouveau. Aujourd’hui, le plastique qui est transformé aussi, ce que j’ai pu voir, on n’est sur ce qu’on appelle le PET clair et le PET un peu foncé (Polyéthylène Téréphtalate PET). Le PET, en fait, ce sont les bouteilles d’eau. Et avec ces déchets, on est capable de refaire du plastique, on peut l’utiliser dans le domaine de la construction, pour faire des isolants avec ce résidu.
Toutefois, je n’ai pas encore vu un taux de PEHD (PolyÉthylène haute densité), c’est-à-dire les bouteilles de lait où on a quand même une densité de plastique un peu plus élevée qu’on recycle en grande quantité. Peut-être que cela existe, mais ce qu’on voit le plus, c’est plutôt le PET, les bouteilles d’eau. C’est vraiment la plus grande collecte de déchets qu’on arrive à faire sur le continent. Si on prend le cas de l’Afrique de l’Ouest, du Sénégal en particulier, c’est vraiment ces bouteilles-là.
L’Europe n’a pas encore trouvé les solutions pour transformer le plastique léger. Les sacs en plastique, les films plastiques, les pots de yaourt, tous ces déchets là aujourd’hui ne sont pas recyclables. Ils sont incinérés, mais ils ne sont pas encore recyclables
On a délaissé les autres types de déchets pour l’instant en se concentrant uniquement sur le plastique, alors que même dans nos quotidiens, dans nos us et coutumes, on n’utilise pas beaucoup ces bouteilles en fait. Les personnes qui utilisent ces bouteilles-là ont un certain niveau de vie, la plupart des personnes vont utiliser les sachets d’eau qui sont les déchets les plus difficiles à transformer. L’Europe n’a pas encore trouvé les solutions pour transformer le plastique léger. Les sacs en plastique, les films plastiques, les pots de yaourt, tous ces déchets là aujourd’hui ne sont pas recyclables. Ils sont incinérés, mais ils ne sont pas encore recyclables.
Aujourd’hui, le plus grand déchet que nous produisons, nous ne le valorisons pas en fait. C’est-à-dire les ordures ménagères et elles sont faciles à valoriser, c’est d’en faire du compost
Ce sont des dérivés de pétrole qu’on a avec ces types de déchets là. Donc il y a des recherches qui se font mais on devrait plutôt s’attaquer à ces problématiques, ces déchets qui sont les plus complexes et surtout nous attaquer aux ordures ménagères. En effet, si on prend la poubelle d’une famille, on va avoir que plus de 50 % des déchets qui vont y être sont de l’ordure ménagère et ces déchets-là, nous pouvons les composter d’ores et déjà et en le faisant, on a de l’or noir parce que le compost est très utile, c’est un engrais naturel, on peut l’utiliser dans les champs, sur les espaces verts.
La question que je me pose, c’est qu’est-ce qu’on attend pour aller vers ce type de transformation de déchets? C’est la transformation la plus importante, je dirais, et même la plus simple. Parce que pour installer des unités de compostage, on n’a pas besoin de beaucoup de machines. On a besoin de créer un processus clair. On peut même le faire avec des bacs.
Les bords des mers transformés en dépotoir et les conséquences
Ce que je peux dire sur ce sujet, c’est qu’il y a plusieurs volets. Le premier volet est l’éducation civique. Il faut aller sur la base d’une éducation civique qui ne se limite pas seulement à l’école. Malheureusement, l’éducation civique qu’on a au Sénégal se limite aux classes, alors qu’il y en a qui ne sont pas scolarisés. Donc ils ne vont pas avoir accès à cette éducation civique. Donc vulgariser une éducation civique et ne pas être juge parce pour aller vers une information à impact, il est important d’échanger de manière bienveillante en les responsabilisant, peu importe leur niveau intellectuel. Cela leur permet de prendre conscience et de comprendre le pourquoi et d’agir. C’est le premier point en fait.
Ensuite, la question que je me pose encore une fois, c’est, est ce que aujourd’hui, à Dakar, au Sénégal en particulier, on a assez d’outils qui permettent de collecter les déchets ? Est-ce que les passages sont réguliers? Est-ce que le système de collecte permet de pouvoir ramasser les déchets en temps et en heure? Parce que si les gens vont déverser, je ne leur donne pas d’excuse ; peut-être faudrait-il se poser la question sur le système de collecte. Est ce qu’ils sont informés? Comment ça se passe ? Quel est le processus de collecte des déchets? Parce que si les gens vont aller déverser sur la mer, c’est que le processus de collecte de déchets, peut-être, n’est pas encore arrivé à leur niveau.
Donc il y a un acte d’incivisme, on est d’accord, mais également un acte aussi de «je ne sais pas où mettre mes déchets » , « qu’est-ce que je fais dans ce cas-là? ». « Je ne vais pas les garder chez moi etc »
Donc c’est vraiment quelque chose à identifier et à clarifier et à mettre en lumière. Si on met juste ce qui marche en mettant que les collectes de déchets sont faites, on est d’accord, c’est fait, mais dans des grandes villes, ce qui n’est le cas dans les villes les plus enclavées ou les plus reculées. Peut-être qu’il y a un problème et à partir de là, en fait, c’est humain, ils ne vont pas vouloir garder les déchets chez eux et sans réfléchir, ils vont aller jeter les ordures à la mer. Donc il y a un acte d’incivisme, on est d’accord, mais également un acte aussi de «je ne sais pas où mettre mes déchets » , « qu’est-ce que je fais dans ce cas-là? ». « Je ne vais pas les garder chez moi etc ».
Les impacts sont désastreux parce que ces déchets-là, aujourd’hui, on nous prédit qu’on aura beaucoup plus de plastique que de poissons dans l’eau. Le plastique ne va pas disparaître dans l’eau donc il va rentrer, ça va polluer les nappes phréatiques, tous les déchets vont, les nappes, l’écosystème marin plutôt et même les nappes phréatiques. L’écosystème marin va être désorganisé, dérivant, désorienté. Et on va aussi avoir également des mers où on ne peut même plus se baigner.
Parfois, je me promène dans la rue à Dakar, mes déchets, je les garde dans mes sacs. On a pas de poubelles à tout endroit. Cela aussi, c’est une chose à intégrer dans la politique de gestion des déchets, l’installation de l’équipement fait défaut.
J’aime bien parler de l’humain. Quand un humain se lève et va jeter ses déchets dans la mer, c’est que également sur la mer, en fait, même s’il n’y a pas de dépotoir, il y a un laisser-aller. Il n’y a pas d’aménagement. Un endroit qui est bien aménagé, qui est beau, qui donne envie de s’y installer, on ne va pas venir y mettre des déchets. Je pense que ça va de soi en fait. Donc je pense qu’il y a également des actions qui vont permettre de contourner ces choses-là et d’installer des poubelles. Parfois, je me promène dans la rue à Dakar, mes déchets, je les garde dans mes sacs. On a pas de poubelles à tout endroit. Cela aussi, c’est une chose à intégrer dans la politique de gestion des déchets, l’installation de l’équipement fait défaut.
Collaborer avec l’existant, le secteur informel : une nécessité
Je pense qu’aujourd’hui l’UCG ne peut pas tout gérer. Je pense qu’à un moment il faudra qu’il s’en rende compte. L’UCG doit accepter de collaborer avec les acteurs du secteur informel. Lorsqu’on arrive quelque part, il faut collaborer avec ce qui existe déjà. Et ce qui a toujours existé, c’est le système informel et ce système informel il faut l’organiser, le structurer et travailler avec de sorte à avoir un impact beaucoup plus considérable et pérenne. Ce qui manque à l’UCG, c’est la pérennité aussi. On est sur des actions ponctuelles, très peu récurrentes et ça essouffle.
Donc je pense que ce qui est intéressant, c’est de travailler avec les acteurs informels, les charretiers et aussi mettre en place des associations de gestion des déchets. On a « Zéro déchet » qui existe, c’est très bien mais ce n’est pas suffisant. Le combat est vaste. On ne peut pas en fait se limiter à un, deux ou trois acteurs. Il faut avoir plusieurs acteurs et tout le monde doit être considéré. Et cette éducation doit également être vulgarisé en langue locale.
Je constate que quand on parle d’éducation civique, on le fait tout le temps en français, même dans les écoles alors qu’on est dans un pays où l’alphabétisation n’est pas généralisée. Donc je pense qu’il est important aussi de rendre accessible cette information à toute personne en langue locale dans les radios et travailler avec des collectifs responsabilisés. Il ne faut pas mettre le secteur informel de côté, parce que quand même, c’est leur gagne-pain. Il faut les structurer et travailler avec eux.
En chaque déchet gît un trésor
Le problème qu’on a sur les déchets est lié à la démographie, l’augmentation de l’urbanisation et aussi, je peux dire, des nouveaux produits qu’on nous ramène. Avant, on n’avait pas les bouteilles d’eau. En fait, on avait des consignes de bouteilles en verre, etc. Donc on a toutes ces choses-là. L’idée, c’est de ne pas dire de nouvelles choses mais remettre au goût du jour ce que l’on sait déjà.
J’aime bien le terme renforcement des capacités parce qu’ils ont déjà les capacités. Il faut faire comprendre aux gens ceci : « Vous avez déjà en vous les solutions ».Il faut aussi ramener le discours dans le débat quotidien, dans le débat public parce que le discours n’est pas encore dans des débats publics. Il faut se dire les choses, responsabiliser les associations de quartier et travailler avec elles.
Je prends un cas, on a souvent des matchs de « navétanes (compétition de quartiers) » et à l’issue, il y a beaucoup de déchets qui sont générés parce que les gens y achètent de l’eau, des crèmes glacés etc, il faut trouver comment on peut ramasser les déchets à la fin du match, les mettre dans des poubelles adéquates. Donc l’idée, c’est aussi de responsabiliser tout un chacun et de dire que le problème des déchets, c’est le problème de tout un chacun.
Ce n’est pas le problème de l’UCG, de tel organisme, c’est le problème de tout un chacun. Parce que si la ville est propre, on est tous fiers. On est tous du Sénégal. On est tous fier que le pays soit propre. Donc, c’est important de ramener ce discours dans le débat public ou d’échanger avec les populations et de les écouter parce que peut être, ils ont des choses à dire.
Est ce qu’on les écoute? Quelles sont les problématiques qu’elles rencontrent? Si quelqu’un vient, il jette des déchets, il faut lui poser la question du pourquoi. En allant sur les pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? On peut arriver à toucher la cause principale. Si on traite les problématiques à la surface, on ne traite pas la cause principale et c’est ce à quoi il faut s’attaquer pour résoudre le problème.
Penser le rôle des mouvements citoyens
Après, il y en a certains qui s’approprient cette question-là, en fait mais je pense que ce n’est pas encore suffisant. Et il le faut davantage et qu’ils abordent les bons termes et aussi qu’ils la sortent des réseaux sociaux pour pouvoir toucher toutes les couches de la société. Il faut absolument qu’on sorte ce débat des réseaux sociaux parce que sur les réseaux sociaux, on va avoir des jeunes et parfois c’est un peu dommage, parce que je prends le cas de la maman qui va être sur le bord de la route, à vendre son café, son thé, les arachides avec des sachets, etc. Comment les impacter?
Il y a eu la loi sur l’interdiction des sacs plastiques au Sénégal. C’était magnifique, en revanche, quelles sont les solutions? Qu’est-ce qu’on met en place si on n’utilise pas les sacs plastiques? Donc aujourd’hui les sacs plastiques, on continuera à les utiliser dans le pays. Mais qu’est-ce qu’on met en place avant de voter une loi? On a la possibilité d’utiliser des sacs en tissu et d’expliquer pourquoi utiliser ces sacs en tissu.
Avant, on avait la calebasse que la ménagère utilisait pour aller faire ses courses. Pourquoi on ne remet pas ça au goût du jour? On peut faire un dispositif ou on offre à chaque ménage un sac en tissu, une calebasse, des gobelets jetables. Comment peut- on faire de sorte à ce qu’on peut utiliser des gobelets réutilisables aujourd’hui? Moi je me souviens quand on a lancé notre festival, je n’ai pas trouvé, sur le pays, parce que c’était il y a deux ans, des structures qui pouvaient faire des gobelets réutilisables.
En revanche, nous ne sommes pas encore en capacité de parler de zéro déchet chez nous. En fait, il y a aussi une “mondialisation” de cette gestion qui peut être un frein au rythme auquel nous allons
C’était en 2019. J’étais obligé de ramener une valise remplie de gobelets réutilisables parce que pour moi, ça ne faisait pas sens de faire un événement sur l’environnement et d’avoir des gobelets jetables. C’était très important. On avait des gobelets avec « Dakar éco ». Des gobelets en plastique réutilisables. Aujourd’hui, les plastiques qu’on est en train de recycler, on peut les utiliser pour refaire des gobelets réutilisables.
On parle des gourdes, etc mais les gobelets réutilisables, cela peut être beaucoup plus simple, cela peut être moins coûteux si la matière première est là, on n’a pas besoin de beaucoup pour faire ça. Ce qui manque, c’est de proposer des solutions avant de passer aux sanctions. Mais, on met des sanctions. Mais on fait comment? Qu’est-ce qu’on utilise en fait?
Et surtout, comme je le dis encore une fois, le combat de « zéro déchet » est intéressant. En revanche, nous ne sommes pas encore en capacité de parler de zéro déchet chez nous. En fait, il y a aussi une mondialisation de cette gestion qui peut être un frein au rythme auquel nous allons. On ne peut pas parler de réduction des déchets. Ensuite, parler de diminution des déchets, réduction des déchets et même en fait, dans le modèle du zéro déchet, on parle de la réduction et de réappropriation des déchets.
On parle de recyclage, mais excusez-moi, mais ce n’est même pas la solution. La solution, c’est quoi? C’est de ne pas en produire. Avant de recycler, on a les moyens de ne pas créer le déchet. Une fois qu’on a créé le déchet, on va mettre beaucoup plus d’énergie à pouvoir le transformer, l’éliminer, etc. Mais si on prend le problème à l’envers en se disant comment faire en sorte d’utiliser le moins de déchets possibles, cela devient plus efficace comme approche.
Je reviens sur des solutions qui existent au niveau des bébés. On a beaucoup de couches qu’on utilise, mais aujourd’hui au Sénégal, on a des structures locales qui font des couches lavables. Et les couches lavables, c’est quelque chose qui existait depuis dans le temps, mais ils les ont modernisées et c’est des couches qu’on peut utiliser. Moi, j’ai eu à les utiliser ces couches lavables. Pour les femmes qui ont des périodes de menstrues.
On peut réutiliser les serviettes lavables. Nos mamans l’utilisaient. Donc il y a moyen de travailler en amont pour ne pas créer le déchet. Parce que ces déchets là que je vous ai cités, les couches lavables et les serviettes hygiéniques, c’est des déchets qu’on n’aborde pas du tout, qui sont très tabous mais qui sont impossibles à transformer aujourd’hui, que ce soit en Occident ou partout dans le monde.
Mais qu’est-ce qu’on fait en amont ? Utiliser des produits qui vont nous permettre de ne pas créer le déchet. Pareil quand on va aller à la boutique, il faut partir avec son sac. Avant, ça se faisait quand on achetait du pain, il y avait des sacs à pain. Donc on peut renouer avec des choses qu’on faisait, qui vont nous permettre de ne pas générer du déchet en fait, parce que le déchet généré va demander beaucoup plus d’énergie.
Alors que si on réfléchit de manière à l’envers en nous disant qu’on est sur une politique de travailler sur les déchets à la source, vous pouvez l’appeler zéro déchet comme vous voulez, mais l’objectif c’est d’éviter de produire des déchets même quand on travaille sur des produits, éviter les emballages, repartir sur les produits en vrac parce qu’on le trouve encore dans les marchés.
On nous vend beaucoup de produits en vrac, l’Occident va nous parler du vrac, mais nous, on fait du vrac depuis très longtemps. En fait, il fait même partie de notre culture. C’est l’individualisation qui fait qu’on est partis sur des sachets individuels mais le vrac, c’est quelque chose qu’on a toujours fait. Donc comment repartir sur ça? Et aussi créer des taxes en fait pour les structures, les supermarchés qui s’installent, des taxes de gestion des déchets, de sorte à ce que les produits qui ont moins de déchets se vendent de manière plus accessible.
Ce sont des choses qu’on sait déjà faire, on n’a pas besoin d’un programme de l’Occident pour y arriver. Actuellement, on fausse les démarches. Mais est ce que les lois sont transcrites en langue? Pas du tout. Les lois sont en français et du coup, les personnes qui sont les plus concernées par ce fléau, ce sont les gens qui vendent au bord de la route. Donc il faut expliquer et insister sur les conséquences. Moi je pense que sur la question des déchets, le plus grand problème qu’on a c’est qu’on ne parle pas assez des conséquences.
On ne parle pas assez des conséquences en disant que le plastique prend des années à disparaître, parler des maladies qu’on risque d’avoir. Aller sur des choses concrètes qui vont permettre vraiment à la personne de dire qu’elle a un rôle à jouer et en fait, même si je suis une petite personne et redonner le pouvoir aux gens parce que les gens vont se dire que leurs actions ne servent à rien. Il faut que les autorités le fassent. Chacun a son rôle à jouer.
Mieux encadrer le secteur informel actif dans la gestion des déchets
Encadrer cela, c’est déjà les réunir en collectif. En fait, le collectif des charretiers, une coopération des charretiers, travailler avec eux ou voir avec eux quelles sont les problématiques qu’ils rencontrent, les outils aussi. Réadapter les outils parce que c’est des charretiers aujourd’hui, peut-être qu’on a besoin d’outils un peu plus élaborés pour faciliter la collecte aussi. Il faut les réunir en collectif, travailler avec eux, identifier comment on peut aller plus loin.
Aujourd’hui, quelles sont les barrières qu’ils rencontrent en allant collecter les déchets? Et comment aussi on peut structurer cette la rémunération de ces charretiers ? Parce que ces charretiers, ils vivent en fait des ménages. Aujourd’hui on a le mobile money qui marche très bien, si on doit payer avec mobile money ou même faire des prélèvements réguliers pour ces gens, il faut leur garantir un revenu régulier le jour au jour où on leur garantit les revenus réguliers en le structurant.
C’est quelque chose qui va marcher parce qu’aujourd’hui le revenu n’est pas régulier. Si on leur garantit un revenu régulier subventionné en plus par l’Etat avec des participations, même si les populations vont payer 200 ou 300, 500 francs avec une subvention de l’Etat, avec des revenus réguliers, ça va leur permettre en fait de se sentir considérés. Aujourd’hui, c’est des structures, c’est des fonds. Je peux dire un travail noble, très important. Mais ils ne sont pas considérés à leur juste valeur. C’est des hommes de l’ombre et ils ont beaucoup à faire dans ce combat là aussi.
Aujourd’hui, s’il n’y a plus de charretiers, l’UCG ne peut pas tout gérer. . Donc on a quand même besoin de les structurer et de leur assurer des revenus réguliers, de les mettre en collectif et de créer des rencontres avec eux, d’échanger avec eux et d’aller sur des perspectives à long terme. Il ne faut pas voir qu’aujourd’hui, parce que le problème qu’on a en Afrique, au Sénégal, en Afrique de l’Ouest, c’est qu’on est sur du court terme. En réalité, depuis plus de 30 ans, on est toujours sur le même système de collecte. Il n’y a rien qui a changé. Ce n’est pas normal. Il faut miser sur du concret. Je pense qu’en initiant des actions de plaidoyer, on peut influencer les décisions dans les politiques publiques et avoir un impact réel.
Source photo : levert
Cofondatrice d’Écologie universelle et d’Écologie globale, Aminata Sidibé a pour objectif de remettre l’Afrique au cœur du débat sur le changement climatique. Elle milite pour une écologie inclusive et collaborative. Ingénieure en sciences de l’environnement, elle sillonne l’Afrique pour aller à la rencontre de ces artisans éco-responsables qui incarnent une écologie ancestrale depuis le berceau de l’humanité.