Site de publication : UVS.sn
Type de publication : Entretien
Date de publication : 2021
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Qu’est-ce que l’intelligence artificielle ?
Comme je le dis parfois à mes étudiants au début de mon cours, l’Intelligence artificielle est le stade ultime de l’informatique. En effet, dès le début de l’informatique, l’objectif des pères fondateurs était de créer un ordinateur intelligent. Dans la littérature ou à travers Internet, vous verrez plusieurs définitions de l’Intelligence artificielle. Pour moi, une définition simple serait que l’IA est la science qui permet de faire faire à des ordinateurs des tâches complexes qui, jusque-là, nécessitaient l’intervention humaine.
Une définition simple serait que l’IA est la science qui permet de faire faire à des ordinateurs des tâches complexes qui, jusque-là, nécessitaient l’intervention humaine
Le choix de cette définition n’est pas anodin car elle permet de voir le caractère évolutif de la notion d’IA. En effet, les algorithmes d’IA que nous avions il y a quarante ans sont maintenant embarqués dans ce que l’on peut appeler l’informatique classique et de nouvelles approches sont apparues pour repousser encore plus loin les capacités de la discipline.
C’est à travers les exemples de solutions basées sur l’IA que l’on voit également le caractère évolutif dans la définition donnée précédemment. En 1952, par exemple, le premier programme sachant jouer au jeu d’échecs était le référent suprême de ce qu’était l’IA. De nos jours, ce même exemple illustre juste ce qu’on peut faire avec l’informatique de base, et on aurait plutôt tendance à citer AlphaGo, qui a pu s’imposer au jeu, très complexe, de Go en 2016, face au champion du monde de l’époque.
Où, quand et comment est-elle née ?
Pourquoi cette appellation, selon vous ? Comment en est-on arrivé à lui donner le qualificatif « d’artificielle » ? Les prémisses de l’intelligence artificielle se situent vers la fin des années 1940 lorsque plusieurs chercheurs se sont intéressés à la question de savoir si l’on pouvait construire des ordinateurs qui pouvaient penser comme des humains. C’est en 1950 qu’un scientifique nommé Alan Turing établit un test qui permet de valider communément si un programme peut être considéré comme faisant preuve d’un comportement intelligent, en jouant le plus longtemps à un « jeu d’imitation ».
En 1956, à la conférence de Dartmouth organisée par John McCarthy, le terme « Intelligence artificielle » est retenu comme nom de la discipline. Durant cette conférence, qui a regroupé d’éminents scientifiques et chercheurs, le premier vrai algorithme d’intelligence artificielle a été présenté. Le terme « artificielle » s’explique par le fait qu’il s’agit de l’intelligence d’une machine, en opposition à l’intelligence humaine.
Le terme « artificielle » s’explique par le fait qu’il s’agit de l’intelligence d’une machine, en opposition à l’intelligence humaine
A quoi sert-elle concrètement ?
Pouvez-vous nous dire ses domaines d’applications et son utilité pour l’humanité ? L’intelligence artificielle sert dans tous les domaines, puisqu’elle permet d’optimiser quasiment toutes les tâches réalisées par les humains. Pour mieux comprendre la révolution que nous vivons actuellement, il peut s’avérer utile de rappeler les différentes révolutions passées et leurs impacts pour l’humanité.
La première révolution économique qui marqua la naissance de l’industrie en Europe (dès le milieu du 18e siècle), en Amérique et en Asie (vers le milieu du 19e siècle), fut caractérisée par un changement profond de l’économie grâce à un changement de paradigme dans l’énergie et le transport.
La seconde révolution industrielle, quant à elle, démarre dans la seconde moitié du 19e siècle, grâce à la maîtrise de l’électricité. Cette deuxième étape de l’évolution de l’économie mondiale a été très bénéfique aux États-Unis qui, avec le développement du rail, ont pu profiter de cette révolution technologique pour booster leur économie et la faire passer au premier rang mondial.
La troisième révolution industrielle, théorisée notamment par Jeremy Rifkin, a démarré juste après la seconde guerre mondiale, et a connu ses premiers effets dans les années 1970, avec la démocratisation de l’informatique suite à l’invention du microprocesseur. Cette révolution a eu de nombreux impacts, notamment sur la production industrielle (avec une automatisation renforcée), sur la communication (avec l’essor des télécommunications) et sur la finance (avec le renforcement des échanges d’informations grâce à Internet).
Cette troisième révolution a mis en avant l’interdisciplinarité et la convergence technologique, le développement de la digitalisation dans tous les secteurs, la mondialisation de l’économie et la notion de capitalisme distribué. Tous ces éléments ont concouru à une digitalisation massive de l’économie et de la société.
C’est dans ce contexte d’effervescence technologique que Klaus Schwab, Président et Fondateur du Forum économique mondial, a introduit la notion de Quatrième Révolution industrielle. En réalité, il s’agit d’une reformulation ou d’une continuité de la Troisième révolution industrielle version J. Rifkin, car elle théorise une révolution industrielle basée non plus uniquement sur la technologie, mais mettant également au centre de ses objectifs l’amélioration de la vie.
Contrairement à Rifkin qui mettait en avant une transformation technologique, Schwab élargit l’impact de cette révolution technologique à tous les aspects de l’Humanité, avec une centralité sur le bienêtre de l’Humain. Cette dernière révolution, qui en est encore à ses débuts, repose sur les mêmes technologies que la troisième, avec en plus le développement fulgurant de l’Intelligence artificielle.
Quels sont les mécanismes utilisés par l’IA ?
L’intelligence artificielle est une combinaison de plusieurs sciences. Il y a bien sûr l’informatique et les mathématiques qui sont les sciences de base à maîtriser pour pouvoir élaborer des algorithmes d’IA. Par ailleurs, les différentes approches de l’IA reposent fortement sur le biomimétisme et sur les sciences humaines. Il est donc important d’avoir une certaine ouverture vers les autres sciences, voire tout simplement par rapport à la Science, pour pouvoir élaborer des algorithmes performants en IA. Nous avons ainsi plusieurs approches qui se basent sur les mécanismes de la génétique, de la neurologie, de la sociologie, de la physique, etc.
L’intelligence artificielle est une combinaison de plusieurs sciences
Quels ont été le rôle et l’impact de l’avènement de l’Internet, et des mégas data sur l’IA ?
L’une des approches majeures de l’IA est l’apprentissage automatique (Machine Learning, en anglais). Celui-ci est à l’origine des fortes avancées du domaine ces dernières années. Le Machine Learning dépend fortement de l’existence d’une grande masse de données et d’une importante puissance de calcul. Avec l’avènement de l’internet et du Big Data, l’accès à ces données est facilité, ce qui a permis d’avoir les récents succès dans le domaine. Par ailleurs, la puissance de calcul de plus en plus importante, on parle d’ordinateurs hexaflopiques pour bientôt, permet d’imaginer un futur encore plus radieux pour le Machine Learning.
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