Organisations affiliées : Alliance Globale pour l’Initiative Résilience, CEDEAO, UEMOA, CILSS, Club de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel
Site de publication : Cilss
Type de publication : Rapport de capitalisation
Date de publication : 2017
Le pilier 3 d’AGIR, « naturellement » prédominant
Les pratiques les plus vulgarisées et adoptées par les producteurs ruraux relèvent du pilier 3 d’AGIR, « améliorer durablement la productivité agricole et alimentaire, les revenus des ménages vulnérables et leur accès aux aliments ». Elles représentent près de 60% des innovations documentées, devançant de loin celles des trois autres piliers, à savoir « améliorer la protection sociale des communautés et ménages les plus vulnérables pour une sécurisation de leurs moyens d’existence » (pilier 1.), « renforcer la nutrition des ménages vulnérables » (pilier 2), et « renforcer la gouvernance de la sécurité alimentaire et nutritionnelle » (pilier 4).
Les premières réponses en matière de résilience des exploitants familiaux et des agro-pasteurs visent donc à restaurer et préserver le capital terre et à accroitre la production et la productivité agricoles, comme en témoignent des agriculteurs au Mali, Burkina et Togo.
Nombre de pratiques d’intensification de la production agricole et de gestion durable des ressources naturelles sont issues des connaissances locales.
Les pratiques du pilier 3 sont relativement simples à mettre en œuvre par un individu ou un groupe d’individus, avec ou sans appui extérieur. Dans l’absolu, l’adoption du parc amélioré, du paillage, de la mise en défens, de la culture du mucuna, du niébé… ne nécessite pas un niveau de technicité élevé ni une organisation complexe. Ces pratiques sont facilement partageables entre paysans.
Historiquement, l’appui conseil des services techniques de l’Etat, des ONG et associations locales de développement se faisaient et continuent de se faire autour d’enjeux liés à la production et à la productivité agricoles. Les agriculteurs exprimaient leurs besoins et les techniciens y répondaient. Cela légitimait les interventions des organismes de développement. Ce contexte explique en grande partie l’abondance des pratiques du pilier 3.
Une intervention accrue des organisations sous régionales en faveur des autres piliers (protection sociale, nutrition, gouvernance) s’avère nécessaire. Pour éviter que cet engagement ne soit pas perçu comme l’imposition d’une nouvelle mode de développement déconnectée des réalités du terrain, l’instauration d’un dialogue entre les institutions sous régionales et les acteurs de terrain : OPA, secteur privé, OSC, etc. s’impose.
Une bonne pratique de résilience, c’est une pratique qui permet d’accroître la productivité agricole
Les exploitants agricoles sont 33% à considérer que l’accroissement de la productivité agricole devance de loin l’amélioration de la situation alimentaire et nutritionnelle, l’accès aux services, dont le crédit, et l’accroissement des revenus et même la fertilité des sols, condition préalable pourtant à l’accroissement de la productivité.
Le paillage, les bandes enherbées et les cordons pierreux, les cultures fourragères, l’agroforesterie, les associations de culture sont les plus cités en matière d’amélioration de la productivité agricole. L’accroissement de la productivité agricole peut aussi résulter de pratiques comme la culture du fourrage pour une meilleure alimentation des bœufs de trait. Le gain de poids des animaux leur permet d’entrer dans la campagne en pleine forme. Les superficies cultivées sont ainsi passées de 0,25 ha en une journée à 0,5 ha.
Le recul de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle passe par l’adoption de pratiques telles que la régénération naturelle assistée et la mise en défens, le warrantage ou l’adoption des cultures fourragères.
Les forêts mises en défens et la régénération naturelle assistée favorisent la restauration et la préservation des terres tout en assurant la diversification de l’alimentation et l’accroissement des revenus monétaires.
Le recul de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle passe par l’adoption de pratiques telles que la régénération naturelle assistée et la mise en défens, le warrantage ou l’adoption des cultures fourragères
Au regard de leur nombre en constante progression et de leurs graves conséquences, les conflits entre agriculteurs et éleveurs préoccupent les Etats et les ONG. Le RECOPA a ainsi mis au point une série de mécanismes qui vont de l’information à la sensibilisation des populations pour assurer les aménagements agro pastoraux durables.
De bonnes pratiques en mal de soutien institutionnel, en dépit des efforts consentis
Sans un cadre institutionnel favorable, nombre d’innovations passent difficilement à l’échelle.
La lenteur des institutions de micro finance dans le traitement des dossiers de prêts peut faire échouer une bonne pratique. La certification des semences améliorées garantit la qualité des variétés mises sur le marché. Mais lorsque l’institution publique qui s’en charge ne peut pas assumer cette fonction convenablement, elle pénalise la diffusion d’initiatives à succès mises au point par les petits exploitants agricoles.
Les efforts des pouvoirs publics pour impliquer les organisations de pasteurs dans l’élaboration des lois et des politiques buttent parfois contre l’absence de mécanismes ou d’approches pertinents.
Le manque d’incitation envers les jeunes à rester en agriculture s’explique aussi par des mécanismes culturels et démographiques tels qu’une répartition inéquitable des revenus entre les différentes forces de travail familiales.
Globalement, les témoignages de terrain prouvent que les incertitudes liées au foncier relatives notamment à la faiblesse des contrats de location oraux ne permettent pas aux paysans d’engager une vision de long terme et freinent alors l’adoption de nombreuses pratiques agroécologiques.
La résilience, une notion peu connue, mais pas inconnue
Résilience : capacité des ménages, familles, communautés et des systèmes vulnérables à faire face à l’incertitude et au risque de choc, à résister au choc, à répondre efficacement, à récupérer et à s’adapter de manière durable.
Les données recueillies majoritairement auprès de publics urbains et de porteurs d’innovations du Burkina, Mali, Niger et Togo révèlent l’ignorance voire une connaissance partielle de la notion de résilience. La situation contrastée en matière de maîtrise de la notion de résilience peut s’expliquer par sa prise en compte relativement récente dans les politiques de développement.
Résilience : capacité des ménages, familles, communautés et des systèmes vulnérables à faire face à l’incertitude et au risque de choc, à résister au choc, à répondre efficacement, à récupérer et à s’adapter de manière durable
La quasi-unanimité des personnes enquêtées se dit prête à adopter des comportements résilients. Une minorité s’y oppose catégoriquement. Dans le groupe des anti-résilients assumés, les plus nombreux considèrent que leur niveau de vulnérabilité les empêche d’être résilients.
Recommendations
- Promouvoir une culture de la capitalisation et du partage d’expériences entre pays, OSC, organisations paysannes et autres acteurs, membres de l’Alliance.
- Favoriser le plaidoyer envers les décideurs pour améliorer l’environnement juridique et institutionnel.
- Mettre les plus vulnérables au cœur de la capitalisation et du partage, de l’adoption et du maintien des bonnes pratiques.
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