Auteur Abdel Aziz Nabaloum
Organisation SciDev.Net
Type de document Article
Date de publication 16 Septembre 2019
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Au Burkina Faso, une équipe de sélectionneurs de l’Institut de l’Environnement et de recherches agricoles (INERA) a développé des variétés de mil hybride à haut rendement et résistant à la principale maladie du mil qui est le mildiou.
Ces variétés hybrides sont issues d’un croisement de deux parents, choisis pour leur résistance aux maladies, leur tolérance à la sécheresse et leur valeur nutritive élevée. Elles ont aussi une bonne aptitude à la combinaison. En d’autres termes, les descendants sont plus performants que chacun des deux parents impliqués dans le croisement.
« Nous utilisons la stérilité mâle cytoplasmique pour la production de semences de l’hybride. Cela implique nécessairement un parent femelle mâle stérile, encore appelé parent A », a expliqué à SciDev.Net, Inoussa Drabo, sélectionneur de mil à l’INERA. Les performances chez le mil hybride atteignent 4 à 5 tonnes par hectare, alors que les variétés locales peinent à atteindre 2 tonnes à l’hectare. En plus, les hybrides sont homogènes en termes de cycle de maturité, ce qui permet de mieux planifier les opérations.
Aussi, leur taille moyenne uniforme (1,5 à 1,7 mètre de haut) permet de résister au vent et d’augmenter la densité à l’hectare pour une production intensive. Génétiquement hétérozygote et homogène, morphologiquement très uniforme, cette variété a un cycle court compris entre 70 et 90 jours. Le poids du mil à maturité peut atteindre 25 à 30 grammes, relève-t-il. La production peut être deux à trois fois supérieure à celle du mil local.
Le mil hydride a un potentiel de rendement très élevé et stable, soutient Inoussa Drabo. Les hybrides permettent de fournir des graines uniformes en termes de calibre, de couleur et de teneur en éléments nutritifs et de bonne qualité.
Diverses espèces en expérimentation
L’INERA mène des expérimentations sur le mil hybride dans les stations de recherche de Gampela, de Dori et de Fada N’Gourma et avec les producteurs membres des organisations paysannes dans les villes de Kaya, Toma, Ouahigouya et Dédougou.
Pour cette campagne humide 2019, trois compagnies semencières, à savoir FAGRI, NAFASO et EPAM, sont en train de tester les hybrides. « L’option hybride chez le mil est la seule voie d’amélioration qui permet d’exploiter le potentiel génétique de l’espèce, c’est-à-dire d’atteindre les rendements les plus élevés », a confirmé le scientifique Inoussa Drabo.
Avec les changements climatiques, les variétés dites locales aux mains des paysans sont de moins en moins adaptées (cycle long, sensibilité aux maladies et aux ravageurs). Les expérimentations en cours à la ferme de Loumbila portent sur des variétés de populations du Burkina Faso (MISARI 1, IKMV8201, IKMP 5), du Nigeria (Super SOSAT) et de SOSAT-C88, originaire du Mali.
Garantir la sécurité alimentaire
Un rapport sur l’analyse de la vulnérabilité alimentaire, au niveau national, pour la période de juin à août 2019, révèle qu’environ 3.745.200 personnes sont sous stress alimentaire, 676.200 personnes en situation d’insécurité alimentaire sévère, dont 24.283 personnes en phase d’urgence.
L’option hybride chez le mil est la seule voie d’amélioration qui permet d’exploiter le potentiel génétique de l’espèce, c’est-à-dire d’atteindre les rendements les plus élevés
Cette céréale pourrait donc apporter une réponse aux besoins spécifiques des ménages à risque d’insécurité alimentaire. Li Zhengyang et Zeng Mengtian sont deux des 16 experts en reproduction de semences, de plants et en équipements de matériels agricoles qui ont été déployés dans le pays. Ils expérimentent le Zhangzagu (nom chinois de cette variété), sur une superficie de six hectares. A la ferme semencière de Loumbila, leur exploitation est au stade de semis.
Selon l’expert Zeng Mengtian, cette variété de mil peut prospérer sur les terres du Burkina Faso. Le spécialiste chinois affirme que le mil hybride est un moyen de garantir l’autosuffisance alimentaire, d’augmenter les revenus des paysans et de protéger l’environnement. « De sa transformation résultent des produits à forte valeur nutritionnelle. Cela va apporter une valeur ajoutée à l’agriculture burkinabè », estime-t-il.
Avec les changements climatiques, les variétés dites locales aux mains des paysans sont de moins en moins adaptées
Les spécialistes chinois réalisent principalement au Burkina, des études sur les méthodes de culture, la fertilisation et la sélection, afin de réussir ce projet de contribution à la sécurité alimentaire.
Intensifier la production
Le secrétaire général du ministère de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles, Alassane Guiré, a démontré l’intérêt de cette variété de mil pour son pays. Le mil représente 20% environ de la production céréalière nationale, a-t-il soutenu.La production d’une grande quantité de semences sera faite en 2020 et les producteurs disposeront des semences pour leurs champs en 2021.
« Nous avons commencé le programme hybride au Burkina Faso en 2009, avec l’appui du projet Alliance pour la révolution verte en Afrique et nous sommes parvenus actuellement à mettre au point des hybrides performants, testés par plus de 500 producteurs dans les différentes zones agro écologiques. La production à grande échelle est attendue pour 2021 », confirme le sélectionneur de mil, Inoussa Drabo.
Mais, la condition sine qua non est l’application des bonnes pratiques agricoles, à savoir le respect des périodes de semis, le sarclage à temps, la fertilisation minérale ou organique, la densité de semis et le démariage à deux plantes au maximum.
Un rapport sur l’analyse de la vulnérabilité alimentaire, au niveau national, pour la période de juin à août 2019, révèle qu’environ 3.745.200 personnes sont sous stress alimentaire, 676.200 personnes en situation d’insécurité alimentaire sévère, dont 24.283 personnes en phase d’urgence
L’expert Yun Yan Zhang, qui totalise sept ans d’expérience en Afrique, notamment en Ouganda, au Nigeria et en Éthiopie, estime que les semences constituent un socle très important dans le domaine de l’agriculture. Il faut donc mettre en place un système qui les garantit depuis la recherche scientifique, la sélection, jusqu’à la distribution et la commercialisation.
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