Auteurs : Maëlan Legoff, Thibault Lemaire
Organisation affiliée : Ideas 4 Development
Site de publication : Ideas 4 Development
Type de publication : Article
Date de publication : 17 décembre 2021
Si les liens entre climat et migrations peuvent paraitre particulièrement forts en Afrique, la hausse des flux migratoires devrait concerner avant tout les pays de départ eux-mêmes ainsi que les pays les plus proches.
Une dynamique migratoire renforcée en Afrique
L’Afrique fait face à une intensification des tensions ethniques et religieuses qui alimentent les flux migratoires, dans un contexte de forte croissance démographique faisant pression sur le foncier. Le changement climatique accroit ces tensions, et donc les conflits, en augmentant davantage la pression sur les terres fertiles.
Ce lien entre climat et conflit est renforcé dans de nombreux pays africains par leurs faiblesses juridiques et institutionnelles, en particulier celles concernant les droits de propriété et les mécanismes de résolution des différends, visant à prévenir les conflits.
Les populations du continent africain apparaissent également particulièrement vulnérables au changement climatique du fait de la structure de son secteur productif. L’agriculture y occupe en effet une place importante, tant en termes de valeur ajoutée que d’emplois, et celle-ci demeure fortement dépendante du climat
En dépit de progrès importants, y compris au Sahel, le contexte socioéconomique du continent rend plus difficile qu’ailleurs l’adoption et la mise en œuvre de politiques d’adaptation au changement climatique. Le revenu par habitant de l’Afrique subsaharienne demeure le plus faible au monde, le taux de pauvreté est très élevé et les filets sociaux formels ne couvrent que 10 % de la population.
Les populations du continent africain apparaissent également particulièrement vulnérables au changement climatique du fait de la structure de son secteur productif. L’agriculture y occupe en effet une place importante, tant en termes de valeur ajoutée que d’emplois, et celle-ci demeure fortement dépendante du climat.
Le changement climatique affecte donc les flux migratoires à travers différents canaux, dont l’impact pourrait être amplifié par la structure des économies africaines.
La hausse des migrations sera surtout interne et intra-régionale
Un faible niveau de revenu constitue à la fois une incitation et une barrière à l’émigration, qui est renforcée par l’effet néfaste du réchauffement climatique sur le niveau de vie.
Cette contrainte financière explique la relation en U-inversé mise en évidence par la littérature entre le niveau de revenu des pays d’origine et la propension à émigrer. Peu plébiscitée à des niveaux de revenu très faibles, l’émigration augmente avec la richesse des populations, puis décroît à mesure que l’écart entre le niveau de vie des potentiels pays d’accueil et le pays d’origine s’amenuise.
Ainsi, les travaux empiriques ont identifié un effet plus probant du changement climatique ou des aléas naturels sur les migrations internes que sur les départs vers l’étranger. La Banque mondiale estime que d’ici 2050, le changement climatique pourrait causer 86 millions de déplacés internes en Afrique.
Un faible niveau de revenu constitue à la fois une incitation et une barrière à l’émigration, qui est renforcée par l’effet néfaste du réchauffement climatique sur le niveau de vie
Par ailleurs, s’il encouragerait en moyenne les migrations internes et internationales au départ des pays en développement, en particulier vers les pays proches, le changement climatique aurait tendance à freiner les flux migratoires au sein et en provenance des pays les plus pauvres, en lien avec une contrainte de liquidité plus forte.
Des migrations de plus en plus contraintes
Le changement climatique et la hausse de la fréquence et de l’intensité des désastres naturels risquent d’augmenter les migrations « forcées » internes ou internationales.
Si déjà aujourd’hui les migrants internationaux africains migrent en majorité vers d’autres pays africains, en particulier vers les pays voisins, la détérioration de la situation financière des populations par le changement climatique est susceptible d’accentuer cette tendance.
En contraignant le champ des possibles, elle favorise les destinations les plus facilement accessibles et non celles où les opportunités économiques sont les plus grandes. La réallocation du capital humain qui en résulte a donc peu de chances d’être optimale et pourrait même créer des tensions significatives dans des zones où les ressources et les emplois sont déjà limités.
Les Wathinotes sont soit des résumés de publications sélectionnées par WATHI, conformes aux résumés originaux, soit des versions modifiées des résumés originaux, soit des extraits choisis par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au thème du Débat. Lorsque les publications et leurs résumés ne sont disponibles qu’en français ou en anglais, WATHI se charge de la traduction des extraits choisis dans l’autre langue. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
The Wathinotes are either original abstracts of publications selected by WATHI, modified original summaries or publication quotes selected for their relevance for the theme of the Debate. When publications and abstracts are only available either in French or in English, the translation is done by WATHI. All the Wathinotes link to the original and integral publications that are not hosted on the WATHI website. WATHI participates to the promotion of these documents that have been written by university professors and experts.