Marcel Nahim Diouf
Le mil pénicillaire, encore appelé mil à chandelle ou petit mil en anglais «pearl millet» est une graminée alimentaire annuelle. C’est une culture céréalière traditionnelle de l’Afrique et constitue l’espèce la plus cultivée de toutes les espèces de mil. Une origine probable est située dans la partie centrale du Sahara en Afrique de l’Ouest. La découverte d’un grand nombre de grains de mil dans les ruines de Birimi dans le Nord du Ghana datant d’environ 2500 à 3500 av. J.-C. fait de lui la plus ancienne des céréales africaines des archives archéologiques. Sa forme sauvage est distribuée naturellement dans la zone sahélienne de l’Afrique.
Comment la culture du mil peut-elle faire face aux changements climatiques?
«C’est grâce à sa capacité à répondre favorablement aux conditions de culture qui ne sont pas les meilleures que le mil peut faire face aux changements climatiques . Dans la vie réelle, face à une menace, l’homme peut soit affronter la menace soit la fuir. Cependant, pour le règne végétal cette dernière option n’est pas possible, les plantes ne peuvent que faire face à la menace en survivant et continuer de croître ou en mourir.»
Le mil, une plante C4 domestiquée au Sahel, est capable de pousser sous des conditions de sécheresse et de température élevées. Plusieurs recherches ont démontré que le mil est bien adapté aux zones à potentiel agronomique limité caractérisées par de faibles précipitations et des sols marginaux avec un pH (potentiel hydrogène) faible et une faible teneur en matière organique et en phosphore disponible, ce qui fait du mil l’une des céréales les plus plastiques et les plus résistantes.
Ainsi, pour tolérer la sécheresse, les mécanismes physiologiques mis en jeu par le mil sont la fermeture des stomates, la diminution des surfaces foliaires, l’enroulement des feuilles, la colonisation rapide des horizons profonds du sol qui retiennent de l’eau et la sénescence plus ou moins rapide des talles non fructifères. Il y a aussi l’efficacité photosynthétique très élevée. Ces mécanismes mis en jeu permettent au mil de réguler l’efficacité de l’utilisation et de limiter les pertes en eau tout en améliorant son approvisionnement avec une augmentation de sa profondeur racinaire. Le mil est également résistant à la salinité.
Le mil, une plante C4 domestiquée au Sahel, est capable de pousser sous des conditions de sécheresse et de température élevées
Tous ces atouts font que le mil possède des propriétés intéressantes pour l’adaptation aux changements climatiques, plus précisément au réchauffement climatique avec toutes ses conséquences. Ainsi renforcer sa culture dans le Sahel serait alors une bonne politique de lutte contre le changement climatique. De même, approfondir les études sur mil, sur ses facultés d’adaptation, serait intéressant afin de voir les possibilités d’améliorer les autres cultures céréalières.
La particularité du mil dans la nutrition
Le mil est l’une des cultures céréalières les plus répandues dans les régions semi-arides du monde principalement en Afrique et en Asie. Selon la Faostat, en Afrique, les surfaces cultivées dépassent les 21 millions d’hectares et environ 500 millions de personnes dépendent du mil pour leur survie. La majorité de la production est utilisée pour l’alimentation humaine. Du point de vue nutritionnel, le mil est l’une des sources alimentaires les moins chères en comparaison aux autres céréales et légumes.
Cependant, ceci semble ne pas être très bien connu. Il est principalement consommé sous forme de bouillie épaisse, mais il est également transformé en farine pour préparer du pain, des gâteaux non fermentés et des gâteaux frits, des plats cuits à la vapeur, des aliments fermentés, des boissons non alcoolisées et des collations.
Le mil est hautement riche en protéines, en minéraux et en énergie. Il a une teneur plus élevée en protéines (14,0%), en matières grasses (5,7%), en fibres (2,0%) et en cendres (2,1%) en comparaison au blé, au riz et au sorgho. La qualité protéique du mil est supérieure en termes de teneur en tryptophane et en thréonine.
Du point de vue nutritionnel, le mil est l’une des sources alimentaires les moins chères en comparaison aux autres céréales et légumes
Dépourvu de gluten, le mil est riche en vitamines A et B et la teneur en calcium, en fer, en magnésium, en phosphore et en zinc du mil est aussi élevée. De même, la teneur énergétique du mil à chandelle est supérieure à celle du sorgho et équivalente à celle du riz brun en raison de sa richesse en acides gras insaturés (75%) et en acide linoléique (46,3%). Malgré toutes ces qualités nutritionnelles, le mil est beaucoup moins consommé que le riz dans les habitudes culinaires sénégalaises par exemple, alors qu’il pourrait servir de rempart pour la lutte contre la malnutrition.
La teneur énergétique du mil à chandelle est supérieure à celle du sorgho et équivalente à celle du riz brun en raison de sa richesse en acides gras insaturés (75%) et en acide linoléique (46,3%)
«Très énergétique et nutritif, le mil est une céréale importante dans les régions semi-arides dont le Sahel où il pourrait lutter contre la malnutrition et contribuer à la sécurité alimentaire. Le mil pourrait également jouer un rôle important dans l’adaptation future de l’agriculture au changement climatique au Sahel du fait de sa capacité à survivre dans des conditions de sécheresse et de températures élevées.»
Source photo : larecolte.fr
Marcel Nahim Diouf est titulaire d’un Master en Biotechnologies végétales et microbiennes à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il a eu à mener des recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) basé à Dakar/Sénégal au Laboratoire d’écologie microbienne des sols et agrosystèmes tropicaux (LEMSAT/LMI-IESOL). Actuellement, il est doctorant dans le même laboratoire où il continue ses travaux sur le mil et ses capacités racinaires d’adaptation au changement climatique.
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Très intéressant comme article.