Auteur : WaterAid
Type de publication : Note de plaidoyer
Date de publication : juillet 2021
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Nous avons tous besoin d’eau propre pour vivre. Malheureusement aujourd’hui de nombreuses personnes vivent sans accès à l’eau potable. Cette pénurie est aggravée encore par le changement climatique qui rend la vie encore plus difficile aux personnes les plus pauvres en Afrique subsaharienne, où près d’une personne sur trois vit toujours sans eau potable à proximité de son domicile.
Au Burkina Faso et au Niger, la crise climatique est une crise de l’eau. Des séries de sécheresses se sont succédé depuis les années 70 avec une baisse généralisée de la pluviométrie. La région connaît un réchauffement des températures de 2°C depuis 1950. Rien qu’au Niger, la température augmentera de 2,0°C à 4,6°C d’ici 2080. Dans ces deux pays, de nombreuses personnes dépendent encore de sources d’eau de surface, telles que les fleuves, rivières et les étangs, qui sont vulnérables aux chocs et aux catastrophes.
Cette situation compromet grandement les secteurs clés de développement tels que l’agriculture, l’élevage et met en danger le bienêtre de plus de 43 millions d’habitants. Nous demandons aux gouvernements de l’Afrique de l’Ouest en particulier du Burkina Faso et du Niger de s’engager fermement à garantir aux communautés l’accès aux ressources en eau sûres, propres et durables.
Quel est le problème ?
Le secteur des ressources en eau apparait comme l’un des plus vulnérables en Afrique de l’Ouest. Les gouvernements du Burkina Faso et du Niger ont certes pris en compte la question des changements climatiques dans leurs politiques et stratégies nationales (Programme d’Action National d’Adaptation, Communications Nationales Déterminés, Programme national d’adaptation, etc.).
Cependant, cela reste insuffisant. En effet, selon les prévisions sur l’impact du changement climatique sur les ressources hydriques, l’insécurité de l’eau déjà très présente dans les deux pays risquerait de s’intensifier et de menacer la stabilité économique et le développement humain si les pays concernés ne mettent pas en place des mesures adéquates pour la gestion des ressources en eau comme la construction d’infrastructures ou la mise en place de systèmes (par exemple, petits barrages, clôtures en pierre, plantation d’arbres) et d’observer la distance de “sécurité” entre les installations sanitaires et les points d’eau.
Au Burkina l’estimation du rapport entre les quantités d’eau utilisable et les besoins du pays montre que le pays se trouve dans un état permanent de stress hydrique. La pénurie d’eau est courante au Burkina Faso, car les conditions hydrogéologiques et la topographie plate font qu’une grande partie de ces précipitations ne sont pas disponibles. Une grande partie s’infiltre dans le sol, qui contient peu d’aquifères. Une autre partie des précipitations est “perdue” dans les rivières qui coulent rapidement vers le Ghana et finissent dans le golfe de Guinée. Ces conditions appellent à l’action, en particulier à l’augmentation des investissements dans les services de l’eau.
En 2050, les volumes d’eau connaitront une nette diminution par rapport à 1961-1990 sur l’ensemble des bassins du Burkina Faso. On observera en particulier une baisse de 68,9% pour la Comoé, de 73% pour le Mouhoun, de 29,9% pour le Nakanbé et de 41,4% pour le Niger. Cela risque d’affecter considérablement la fourniture en eau potable des communautés.
Malgré un potentiel hydrique considérable, le Niger-pays à majorité désertique- a un indice de dépendance hydrique très élevé : 89,6%. Le pays est principalement approvisionné en eau douce de surface par les États voisins.
Le Niger n’utiliserait que 20% de ses ressources totales en eaux souterraines. Par ailleurs, une partie des eaux souterraines du Niger est fortement minéralisée, en raison d’une forte évaporation liée au changement climatique et /ou de l’âge et de la dissolution des minéraux de l’aquifère.
En 2050, les volumes d’eau connaitront une nette diminution par rapport à 1961-1990 sur l’ensemble des bassins du Burkina Faso. On observera en particulier une baisse de 68,9% pour la Comoé, de 73% pour le Mouhoun, de 29,9% pour le Nakanbé et de 41,4% pour le Niger
Les prélèvements annuels pour satisfaire les différents besoins en eau à l’horizon 2025 évolueront à plus de 9,2 Milliards de m3 . Ils restent largement inférieurs aux ressources en eau renouvelables annuellement estimées à plus de 32,5 milliards de m3 . Les ressources en eau de surface seront fragilisées par plusieurs années de sècheresse, de désertification et de l’ensablement. Les enjeux de gestion de l’eau au Niger sont surtout liés à des problèmes de développement et de mobilisation des ressources en eau, de régulation des débits des cours d’eau de surface, et d’allocation équitable de la ressource en période et année de déficits prononcés.
La raréfaction de l’eau exacerbée par le changement climatique pourrait amener certaines régions à accuser un recul du PIB de l’ordre de 6 %, provoquer des migrations et déclencher des conflits
La disponibilité des ressources en eau et des services d’approvisionnement en eau pour prélever, traiter et fournir de l’eau aux ménages est fondamentale pour la sécurité de l’eau. Les eaux souterraines sont particulièrement importantes pour l’approvisionnement en eau domestique, qui sous-tend les moyens de subsistance et contribue à la résilience aux chocs et aux effets du changement climatique sur l’eau. Sans sécurité de l’eau, les personnes, en particulier les femmes et les filles sont plus exposées et moins capables de faire face à la sécheresse, aux inondations, aux maladies et aux incertitudes météorologiques. Les effets du changement climatique impactent négativement sur la disponibilité des ressources en eau, la disponibilité de l’eau potable (accroissement du stress hydrique) ainsi que la qualité des ressources en eau.
Avec le changement climatique qui rend les précipitations moins prévisibles, les sècheresses et les inondations plus probables, le besoin d’atteindre tout le monde partout avec des services WASH sécurisés est plus urgent que jamais. Selon le rapport de la Banque Mondiale (2016) : « la raréfaction de l’eau exacerbée par le changement climatique pourrait amener certaines régions à accuser un recul du PIB de l’ordre de 6 %, provoquer des migrations et déclencher des conflits ».
La région ouest africaine est une région où la démographie, le développement des activités économiques, l’urbanisation sont en croissance continue, avec une demande grandissante en eau. Au Burkina, la variation significative des précipitations d’une année à l’autre et l’augmentation de l’évaporation potentielles représentent des risques avérés pour le cycle de croissance des cultures pluviales notamment le mil et le sorgho.
Recommandations :
- Inclure l’eau, l’assainissement et l’hygiène dans la politique de lutte contre le changement climatique en tant que stratégie d’adaptation essentielle.
- Améliorer la résistance aux crises et la capacité d’adaptation aux catastrophes extrêmes liées à l’eau grâce à des solutions de gestion des risques et des urgences en sensibilisant les communautés aux risques et en renforçant les programmes de gestion intégrée des ressources en eau à tous les niveaux d’ici 2030 ;
- Donner la priorité à l’élaboration de propositions de financement nationales qui traitent de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène et du changement climatique afin de s’assurer qu’elles sont en mesure de répondre aux critères fixés par des fonds tels que le Fonds vert pour le climat et le Fonds d’adaptation ;
- Améliorer la qualité de l’eau et la réutilisation des eaux usées en luttant contre toutes les formes de pollution de l’eau, notamment celles provenant des industries extractives telles que l’exploitation minière et l’orpaillage.
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