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Le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a pour objectif premier de faire reculer la pauvreté dans ses pays membres régionaux en contribuant à leur développement économique durable et à leur progrès social. A cet effet, il mobilise des ressources pour promouvoir l’investissement dans ces pays et leur fournit une assistance technique ainsi que des conseils sur les politiques à mettre en œuvre.
Site de l’organisation : https://www.afdb.org/fr
Date de publication : 24 novembre 2022
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L’Afrique a tous les atouts pour devenir la prochaine frontière mondiale du développement industriel grâce à une main-d’œuvre jeune et les ressources naturelles abondantes. Toutefois, même si toutes les stratégies de développement notamment les Objectifs de développement durable ou l’Agenda 2063, identifient l’essor industriel comme un pilier pour la réalisation de nombreux défis de développement, les efforts sont encore insuffisants. On constate que « la part de l’Afrique dans la production manufacturière mondiale a baissé au cours des dernières décennies, tombant en deçà de 2% du niveau mondial. » En plus, les économies africaines sont très vulnérables aux fluctuations de la demande mondiale car tributaires de produits de base non transformés. Le bouleversement des équilibres du commerce mondial lié à la pandémie de la Covid-19 puis aggravé par la crise ukrainienne et les impacts du changement climatique démontre la menace qui plane sur une région qui dépend grandement des fournisseurs et acheteurs externes. Ce document insiste sur le consensus selon lequel l’industrialisation est un élément important dans la construction de la résilience. Il offre aussi une base de données fiables sur l’état de l’industrialisation dans un contexte où elles sont difficiles d’accès en raison « à la fois de l’insuffisance des capacités nationales en matière de statistique et d’enquête, et de la nature des activités économiques sur le continent, qui sont menées essentiellement par un secteur privé informel de petite échelle ».
Pour les pays de l’Afrique de l’Ouest, il est nécessaire d’augmenter la valeur manufacturière des économies. L’augmentation considérable de leurs exportations de produits manufacturés par habitant et la part des exportations de produits manufacturés dans le volume total des exportations pourrait les rendre plus compétitifs. Dans ce sillage, il est recommandé d’améliorer la contribution du secteur privé dans l’économie en les invitant à identifier et à soutenir les industries naissantes. Il faudra aussi élaborer de nouveaux instruments politiques qui leur permettent de réaliser des investissements ciblés dans les infrastructures et les compétences, d’aider les entreprises à accéder aux capitaux, à la technologie et aux marchés d’exportation, et d’établir des liens entre fabricants, investisseurs et clients.
Ces extraits proviennent des pages : 7, 9-13, 33-46, 55-56
Introduction
L’industrialisation tient une place centrale dans les perspectives de développement de l’Afrique. Le développement d’une industrie productive est la stratégie la plus prometteuse pour créer des emplois formels à grande échelle et promouvoir une croissance dont les bénéfices sont largement partagés. C’est ce que reconnaît la cible 9 des Objectifs de développement durable (ODD) consistant à promouvoir « une industrialisation inclusive et durable ». C’est également une pierre angulaire pour la réalisation de nombreux objectifs de développement de l’Afrique. Son importance est mise en avant dans le Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique (2011) de l’Union africaine et réaffirmée dans l’Agenda 2063.
Avec ses marchés intérieurs en pleine croissance et son important réservoir de main-d’œuvre, l’Afrique dispose d’un potentiel considérable en matière de développement industriel. Toutefois, ses progrès ont été insuffisants à ce jour. Quelques pays ont acquis des capacités de production d’un certain niveau de sophistication, et d’autres ont accompli d’importants progrès dans l’amélioration des conditions du développement industriel. Cependant, sur l’ensemble du continent, la part de l’industrie manufacturière dans la production de richesse accuse une baisse relative. L’entreprise manufacturière africaine typique reste modeste et informelle, produisant des biens essentiels pour les marchés locaux. La part de l’industrie manufacturière africaine dans la production mondiale est tombée à moins de 2% et le continent demeure peu intégré dans les chaînes de valeur mondiales.
La pandémie de COVID-19, qui a bouleversé les équilibres du commerce mondial et créé un choc de l’offre et de la demande sans précédent à l’échelle planétaire, a mis en pleine lumière la menace que représente, pour l’Afrique, le fait de trop reposer sur les fournisseurs et les acheteurs externes. La survenue du conflit entre l’Ukraine et la Russie, qui pourrait bien prolonger la crise, ayant provoqué une hausse soudaine des prix de l’énergie et des autres matières premières, a encore davantage exacerbé la vulnérabilité du continent, sans même qu’il n’ait eu le temps de se rétablir de la crise du COVID-19.
Pour inverser ces tendances, les pays africains doivent adopter des politiques industrielles plus proactives afin de créer un environnement favorable pour l’industrie manufacturière et d’encourager et soutenir les industries naissantes. Les politiques industrielles efficaces sont à forte intensité de connaissances – elles nécessitent une compréhension approfondie des contraintes auxquelles chaque pays est confronté et des opportunités qui s’offrent à lui.
L’industrialisation en Afrique
L’industrialisation de l’Afrique progresse peu à peu
Depuis le début du siècle, l’Afrique a connu une période de croissance économique soutenue, favorisée par des progrès dans la gouvernance et dans la politique économique, par le développement des marchés intérieurs et, par une forte demande mondiale pour les ressources naturelles. Cependant, la croissance s’est concentrée dans certains secteurs et dans certaines zones géographiques bien délimités. De nombreuses économies africaines demeurent exportateurs de produits de base non transformés, ce qui les rend vulnérables aux évolutions de l’offre et de la demande mondiales. Les changements structurels vers des secteurs et des activités plus productifs ont été limités, et le rythme de la création d’emplois est resté nettement en-deçà de celui nécessaire pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail. Dans ces conditions, l’Afrique n’a pas réussi à mettre en place un modèle de croissance économique inclusif et durable.
Le choc de COVID-19 a mis en lumière les insuffisances structurelles qui continuent de préjudicier le continent, remettant une fois encore le défi de l’industrialisation sur le devant de la scène. Avec la pandémie, la forte dépendance de l’Afrique envers les biens manufacturiers, finaux et intermédiaires, l’a conduite à subir des pénuries critiques, notamment pour les produits pharmaceutiques et le matériel médical nécessaires pour répondre à la crise sanitaire.
Cet épisode a soulevé des préoccupations majeures, sur un continent où des transitions multiples sont à l’œuvre, à mesure que les populations s’urbanisent, s’enrichissent et modifient leurs modes de consommation, exprimant des besoins croissants pour des biens de plus en plus diversifiés et complexes, dont la plupart de ne sont pas produits en Afrique. Dans le même temps, la crise de COVID-19 a souligné la faible participation du continent aux chaînes de valeur mondiales, hormis pour quelques pays qui, comme l’Afrique du Sud et le Maroc, ont pâti de la mise à l’arrêt d’une partie des chaînes d’approvisionnement.
Pourtant, dans les dernières années, un nombre croissant de pays africains ont cherché à diversifier leur économie et à promouvoir le développement industriel. Quelques-uns d’entre eux, dont l’Algérie, le Botswana, le Gabon, Maurice, la Namibie et l’Afrique du Sud, disposent déjà de secteurs manufacturiers développés. D’autres pays montrent des signes prometteurs d’émergence de nouvelles industries – comme le cuir en Éthiopie et les produits pharmaceutiques en Afrique de l’Est. Certains pays, dont l’Éthiopie, le Rwanda et le Maroc, mettent en place des réseaux de parcs industriels et de zones économiques spéciales (ZES), et prennent d’autres mesures en vue de promouvoir le développement des PME. Ces investissements ont donné des résultats : en Éthiopie, la valeur ajoutée manufacturière a été multipliée par quatre entre 2010 et 2019, pour atteindre près de 5 milliards de dollars EU.
En dépit de ces points positifs, la performance générale de l’Afrique en matière de développement industriel s’est révélée décevante. Bien que la production industrielle et la valeur ajoutée augmentent dans tous les pays, à l’exception de l’Angola, de l’Éthiopie, du Nigeria et de la Tanzanie, elles n’ont pas suivi le rythme de la croissance économique générale. En conséquence, l’Afrique, en tant que continent, continue de se désindustrialiser. En Afrique subsaharienne, la part de l’industrie manufacturière dans le PIB a baissé, passant de 13 % en 2000 à 10% en 2017, tandis qu’en Afrique du Nord, cette part a baissé de 28% à 20% sur la même période. Certaines conditions sont à présent réunies pour un décollage industriel…
La densité des routes bitumées n’est que de 2 km pour une superficie de 100 km2 en Afrique, contre 25 en Asie et 122 en Europe. Des infrastructures de transport inadéquates ou mal entretenues rendent plus onéreux l’accès aux matières premières et la livraison des produits aux consommateurs
L’Afrique est de plus en plus stable et de mieux en mieux gouvernée. Cela se reflète dans la solide croissance affichée par le continent au cours des deux dernières décennies. La gestion économique s’est améliorée, ce qui favorise la stabilité macroéconomique et une meilleure utilisation des ressources publiques. Les services de base se sont développés, permettant au continent de disposer d’une main-d’œuvre en meilleure santé et plus instruite. Par ailleurs, l’accès aux services financiers ne cesse de s’améliorer.
L’Afrique est une destination d’investissement de plus en plus attractive pour les investisseurs tant étrangers que nationaux. Bien qu’il soit encore faible en termes absolus, l’investissement direct étranger (IDE) a augmenté rapidement et s’oriente de plus en plus vers l’industrie manufacturière et les services. Des grandes villes africaines telles que Le Caire, Lagos, Johannesburg et Nairobi attirent l’investissement, créant des nœuds qui relient les marchés africains aux chaînes de valeur mondiales.
Sur l’ensemble du continent, la croissance des centres urbains et des classes moyennes crée de nouveaux marchés pour les biens de consommation, ainsi que de nouvelles opportunités pour les industries nationales. On voit poindre également la tendance prometteuse des entreprises asiatiques à transférer leurs opérations manufacturières en Afrique, et de plus en plus d’investisseurs sont attirés par l’amélioration du climat des affaires et la main-d’œuvre abordable de l’Afrique.
L’Afrique évolue rapidement vers un espace économique intégré
La ratification de l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) en 2019 a été une étape importante de l’intégration économique régionale de l’Afrique – condition essentielle au développement industriel. L’essor du secteur manufacturier a longtemps été freiné par l’étroitesse des marchés intérieurs et les niveaux élevés des droits de douane sur les échanges régionaux.
Cela a empêché l’émergence de producteurs spécialisés et de plus grands fabricants capables de réaliser les économies d’échelle nécessaires pour concurrencer efficacement les importations. Un réseau croissant d’accords de libre-échange et une meilleure gestion des transactions douanières réduiraient les délais et les coûts des échanges transfrontaliers. Il reste cependant encore beaucoup à faire pour surmonter les barrières non tarifaires liées à des exigences réglementaires incohérentes entre pays et entre régions.
… mais des contraintes majeures doivent encore être surmontées
Bien que la plupart des conditions de base du développement industriel soient réunies, d’importants obstacles restent à surmonter. L’insuffisance des infrastructures est la contrainte la plus immédiate pour l’industrialisation. À l’heure actuelle, la moitié des Africains n’ont pas accès à l’énergie et 30 % n’ont pas accès à l’eau potable, deux éléments essentiels pour l’agro-industrie et les autres industries. Le coût moyen de l’électricité pour les entreprises manufacturières est quatre fois plus élevé en Afrique que les tarifs industriels appliqués ailleurs dans le monde, tandis qu’un approvisionnement énergétique de mauvaise qualité entraîne l’inactivité des travailleurs, des pertes de production et l’endommagement des équipements.
La densité des routes bitumées n’est que de 2 km pour une superficie de 100 km2 en Afrique, contre 25 en Asie et 122 en Europe. Des infrastructures de transport inadéquates ou mal entretenues rendent plus onéreux l’accès aux matières premières et la livraison des produits aux consommateurs. La Banque africaine de développement a estimé le montant total des besoins en infrastructures du continent à 130–170 milliards de dollars EU par an, avec un déficit de financement de 68–108 milliards de dollars EU.
L’accès au financement constitue un autre obstacle. En dépit de l’essor des transferts monétaires par téléphonie mobile, à peine la moitié des Africains ont accès au financement, ce qui freine l’émergence de petites entreprises manufacturières. Dans la plupart des pays africains, le secteur financier est sous-développé et ne fournit qu’un financement limité au secteur privé. Par conséquent, les entreprises sont tributaires des bénéfices non distribués pour constituer leur capital d’investissement, ce qui limite à la fois l’ampleur et l’efficacité des investissements en capital. Bien que les flux d’IDE vers l’industrie manufacturière africaine soient en hausse, ils sont essentiellement limités aux pays et aux marchés les plus avancés. Le financement public destiné à soutenir les politiques industrielles est freiné par la combinaison d’une faible mobilisation des ressources nationales et d’un manque de soutien politique.
… et l’approche stratégique doit être affinée.
Hormis les quelques pays ayant atteint une relative maturité dans leur développement industriel, la plupart des pays africains ne sont qu’au début de leur processus d’industrialisation. Ce statut de nouvel entrant exerce une pression supplémentaire sur les pays qui cherchent à s’industrialiser, car les conditions de réussite changent rapidement, à mesure que l’industrie manufacturière mondiale elle-même évolue, ce qui les empêche de reproduire les stratégies d’entrée mises en œuvre par les pays d’autres régions par le passé. Par exemple, l’essor de l’automatisation est en passe de réduire à néant de nombreuses opportunités pour les pays en développement qui tentent de sous-traiter des tâches à forte intensité de main-d’œuvre, qui seront bientôt exécutées par des robots.
De même, les évolutions technologiques et la numérisation massive ont facilité l’échange de nouveaux services sur la scène internationale, offrant aux pays en développement de nouvelles possibilités de participer aux chaînes de valeur manufacturières mondiales en tant que fournisseurs de services externalisés. Par ailleurs, le recul de la mondialisation, une tendance à laquelle le monde assiste depuis de nombreuses années et qui pourrait être exacerbée par la crise de la COVID-19, pourrait entraîner une contraction des chaînes de valeur mondiales et des liens transnationaux dans l’industrie, à mesure que les pays avancés s’efforcent de relocaliser leurs activités manufacturières au niveau national.
Faits saillants de l’IIA en 2022
Amélioration générale des notes de l’IIA en 2020
Dans l’ensemble, de nombreux pays ont réalisé des progrès importants en matière de développement industriel au cours de la période considérée (2010–2021), 37 des 52 pays membres régionaux ayant amélioré leur note de l’IIA. Cependant, certains pays n’ont enregistré qu’une amélioration limitée, reculant ainsi dans le classement, car la note n’était pas suffisante pour le faire progresser, tandis que d’autres ont obtenu des résultats satisfaisants. Seuls 25 pays ont amélioré leur classement, tandis que 4 sont restés au même rang qu’en 2010.
La pandémie de COVID-19, qui a bouleversé les équilibres du commerce mondial et créé un choc de l’offre et de la demande sans précédent à l’échelle planétaire, a mis en pleine lumière la menace que représente, pour l’Afrique, le fait de trop reposer sur les fournisseurs et les acheteurs externes
Les pays du quintile inférieur ont enregistré la plus forte amélioration au cours de la période considérée, avec des gains de 9,5 %, suivis du quintile moyen inférieur (8,8%) (Tableau 5). Le quintile supérieur est le seul à avoir enregistré une baisse de son score moyen (-0,9 %), en raison d’une importante détérioration au niveau de la composante «déterminants directs ». D’une manière générale, les améliorations au niveau des composantes « performance » et « déterminants directs » sont les principales sources de progrès.
Cependant, une détérioration marquée au niveau de la composante « déterminants indirects » atténue, sans faille, l’amélioration générale. Dans la composante « performance », les pays du quintile inférieur affichent des progrès plus remarquables (16,4 %), suivis de ceux du quintile moyen (100 %). Pour les autres composantes, tous les groupes de quintiles ont enregistré des améliorations constantes sur la période, à l’exception du quintile supérieur, dont les scores ont régressé pour les composantes « déterminants directs » et « déterminants indirects ».Les scores de 2022 reflètent cependant l’impact de la crise de COVID19 apparue en 2020, qui a directement influencé la trajectoire industrielle de l’Afrique.
Les plus performants et les principaux perdants
Les dix pays les plus performants
L’Afrique du Sud est l’économie la plus proche du score maximal avec un score de 0,8404 pour le développement industriel en 2021, La performance du pays s’est toutefois étiolée dans la dernière décennie, depuis qu’en 2010 le pays obtenu le score de 0.8957, le plus haut enregistré dans la décennie tous pays confondus. Son score s’est réduit à 0,1596 en 2021, éloignant le pays de la frontière de 1, ce qui montre qu’il conserve encore d’importantes marges de progression. Le Maroc (0,8327), l’Egypte (0,7877), la Tunisie (0,7714), Maurice (0,6685) et Eswatini (0,6423) complètent la liste des six pays les plus performants (cf. Graphique 1).
Le classement de ces six pays les plus performants est demeuré inchangé au cours de la période considérée 2010–2021, l’Afrique du Sud se maintenant en tête de peloton, à l’exception de l’année 2015, 2016 et 2018, lorsque le Congo (2015 et 2016) puis la Namibie (2018) ont temporairement ravi la 6ème position à Eswatini. Tous ces pays enregistrent toutefois une baisse de leur score par rapport à 2010, à l’exception de l’Egypte et du Maroc qui ont graduellement ravi la troisième puis la deuxième place à la Tunisie, qui a chuté de la deuxième position en 2010 à la quatrième en 2021. En 2010, les 10 pays les plus performants comprenaient la Namibie (0,6106), la Libye (0,6028), la Guinée équatoriale (0,5949) et le Nigeria (0,5766). En 2021, c’était le Sénégal (0,6147), le Nigeria (0,6046), le Kenya (0,6029) et la Namibie (0,6014) qui ont rejoint le groupe, tandis que la Libye et la Guinée équatoriale en sont sortis.
Les dix derniers du classement
Les dix derniers pays au titre de l’Indice de l’industrialisation en Afrique sont restés généralement les mêmes au cours de la période. Six pays (Burundi, République centrafricaine, Comores, Gambie, Guinée-Bissau et Sierra Leone) se sont maintenus dans le quintile inférieur chaque année, et trois pays (Tchad et Sao Tome&Principe en 2010, Erythrée en 2012) l’ont quitté seulement une année. Djibouti, la Guinée et la Mauritanie ont amélioré leur niveau de développement industriel, pour se hisser durablement dans le quintile moyen inférieur à partir de 2015, 2017 et 2011 respectivement, tandis que le Malawi a chuté dans le quintile inférieur à partir de 2017.
En 2021, les dix derniers pays étaient le Malawi (0,4229), São Tomé & Príncipe (0,4198), le Tchad (0,4178), les Comores (0,4078), l’Erythrée (0,4041), la République centrafricaine (0,4018), la Sierra Leone (0,3777), la Guinée-Bissau (0,3663), le Burundi (0.3483) et la Gambie (0,3455). En général, ces pays restent au bas de l’échelle pour chaque composante de l’IIA et subissent une forte désindustrialisation, car nombre d’entre eux sont des États fragiles ou sortant de conflit.
Conclusion : défis et recommandations
Importance des exportations de produits manufacturés
Les pays les plus performants ne sont pas nécessairement ceux dont l’économie est la plus importante, mais ceux qui génèrent une forte valeur ajoutée manufacturière par habitant, avec une part importante de produits manufacturés destinés à l’exportation. Le Bénin et l’Ethiopie ont réalisé des progrès remarquables en gagnant 14 et 9 places, respectivement, pour le sous-indice « performance », alors qu’ils étaient dans les parties inférieures du classement en 2010. Ces deux pays ont augmenté considérablement leurs exportations de produits manufacturés par habitant et la part des exportations de produits manufacturés dans le volume total des exportations.
Forte croissance du secteur privé et de l’IDE
En ce qui concerne les déterminants directs, le Mozambique, la Zambie et la Guinée-Bissau ont enregistré des améliorations impressionnantes de plus de 15 % de la note de la dimension et des progrès ultérieurs dans le classement, grâce à une combinaison de croissance du secteur privé et d’augmentation du volume total des IDE. Le Mozambique a connu une progression spectaculaire de 19 places pour se hisser au quintile supérieur, essentiellement grâce à l’augmentation du volume total des IDE, bien qu’une part importante de cet investissement soit allée au secteur du pétrole et du gaz, plutôt qu’au secteur manufacturier.
Amélioration du climat des affaires
S’agissant de la dimension «déterminants indirects», de nombreux pays ont amélioré le climat du développement industriel. La Tanzanie, l’Ethiopie, le Niger, la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Burkina Faso et la Guinée ont enregistré une croissance de 15 % ou plus de la note au titre de cette dimension. À l’exception de l’Érythrée, tous ces pays ont progressé d’au moins six places dans le classement pour cette dimension. Certains de ces pays, en particulier la Côte d’Ivoire et la Tanzanie, ont également connu une augmentation significative de la taille de leur marché et de leurs infrastructures.
Source image : afdb.org