Auteur: Victor Bérenger
Publié par: Jeune Afrique
Type de publication: Article
Date de publication: 16 juillet 2018
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Dans une étude publiée le 12 juillet, la Banque mondiale estime que la Côte d’Ivoire est l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique. Ses coûts sont déjà visibles, et devraient s’accroître, au point de remettre en cause la culture du cacao et d’affecter la région côtière qui abrite 80 % de l’activité économique du pays.
« La Côte d’Ivoire rattrape le temps perdu » écrit la Banque mondiale, dans un rapport intitulé Pour que demain ne meurt jamais – La Côte d’Ivoire face au changement climatique publié le 12 juillet. Depuis la sortie de crise de fin 2011, le revenu moyen par habitant a grimpé de près de 40 %, pour atteindre 1 630 dollars en 2017, ce qui est environ le niveau qui prévalait au début des années 1980. Si cette tendance se poursuit, le pays pourrait rejoindre le groupe des économies à revenu intermédiaire en 2035, avec un revenu d’approximativement 4 300 dollars par habitant.
Baisse du stock de ressources naturelles
Cependant, la croissance récente de la Côte d’Ivoire a en partie reposé sur l’utilisation de son stock de ressources naturelles qui, selon l’institution, aurait diminué de 26 % entre 1990 et 2014. « Cette perte n’est pas aussi grande que dans certains pays pétroliers (-63 % au Nigeria) ou agricoles/miniers (-32 % en Tanzanie) mais demeure inquiétante » note la Banque mondiale. En effet, certains pays émergents ont réussi à valoriser leur stock de capital naturel, comme le Brésil (+ 57 %) ou la Thaïlande (+ 92 %).
La Côte d’Ivoire est l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique
En plus de la chute du stock de capital naturel associé à la gestion de la croissance économique, l’institution s’inquiète des risques liés au changement climatique. « Le pays devrait être confronté à l’horizon 2050 à l’effet combiné de la hausse des températures (+2 degrés celsius), de la variation des précipitations (-9 % en mai et +9 % en octobre) et de la montée des océans (30 cm) » indique le rapport.
Impact négatif sur le PIB
Citant le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), la Banque mondiale souligne que le changement climatique pourrait faire baisser le PIB du continent africain de 2 à 4 % d’ici 2040 et entre 10 et 25 % en 2100. « Pour la Côte d’Ivoire, cela correspondait à une perte de 380 à 770 milliards de F CFA [580 à 1175 millions d’euros]».
« Le changement climatique pourrait faire basculer dans l’extrême pauvreté 2 à 6 % de ménages supplémentaires d’ici 2030 », selon la Banque mondiale. Cela correspond à près de 7 millions de personnes vivant avec moins de 1,90 dollar par jour, contre 6 millions aujourd’hui.
La culture du cacao, qui représente un tiers des exportations du pays et fournit un revenu à plus de 5 millions de personnes, est remise en cause par la hausse des températures qui devrait réduire la fertilité des terres dans les régions agricoles du Sud-Est.
Les dangers de l’érosion côtière
La montée du niveau de l’océan Atlantique est elle aussi préoccupante, les plaines côtières abritant près de 7,5 millions d’habitants, soit 30 % de la populations ivoirienne, et regroupant environ 80 % des activités économiques du pays. Actuellement, plus des deux tiers de ce littoral est affecté par des phénomènes d’érosion côtière.
La Banque mondiale souligne que le changement climatique pourrait faire baisser le PIB du continent africain de 2 à 4 % d’ici 2040 et entre 10 et 25 % en 2100
« La perte des plages et des dunes qui fournissent une protection naturelle contre les inondations, aggrave les conséquences des submersions marines, qui envahissent les villes et les villages durant les fortes tempêtes ». C’est également une menace pour l’économie du pays, par son impact potentiel sur les installations industrielles et les infrastructures de premier plan, comme la Société ivoirienne de raffinage (SIR), l’Aéroport international d’Abidjan, les Ports d’Abidjan et de San Pedro, les routes côtières, les plantations industrielle, ainsi que d’importantes installations hôtelières à Abidjan, Grand-Bassam, Assinie et San-Pedro.
« Une étude de cas sur la zone de Port-Bouët (avec une population de 0,4 million d’habitants) a estimé le coût de l’érosion et de la submersion marine pour la seule année 2015 à 1,4 milliard de franc CFA » détaille l’institution de Bretton Woods.
Un plus grand engagement des acteurs locaux
Si la Banque mondiale salue l’activisme du gouvernement ivoirien en matière de lutte contre le réchauffement climatique, elle appelle à un plus grand engagement des acteurs locaux. « Chaque Ivoirien(ne) doit comprendre qu’il ou elle peut améliorer sa relation avec la nature et contribuer à la lutte contre le changement climatique. Cela peut être une personne qui privilégie les transports publics plutôt que d’utiliser sa voiture ou encore une entreprise qui finance un projet de reforestation » écrivent les auteurs du rapport.
Soulignant que la réduction et l’adaptation au changement climatique sont porteur d’opportunités économiques, l’organisation internationale recommande notamment le développement des énergies renouvelables, l’adaptation de la filière cacao, la gestion intégrée du littoral et la modernisation du transport routier.
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