Auteurs : Edwige Botoni, Mbadiao, Sébastien Subsol
Site de publication : Inter-Réseaux
Type de publication : Article
Date de publication : décembre 2013
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Les pays sahéliens sont particulièrement sujets à la dégradation des terres. Au Niger, ce sont plus de la moitié des terres agricoles qui sont considérées comme dégradées, au Burkina Faso et au Sénégal, plus du tiers. Cette dégradation des terres a des impacts importants sur le niveau de la production et des revenus des agriculteurs. Globalement pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne les pertes de revenus sont évaluées annuellement à 9 milliards de dollars américains (TerrAfrica). Cette dégradation joue un rôle indéniable dans les déficits céréaliers chroniques, les chocs de prix et de production, et les crises alimentaires auxquels sont exposés les pays et populations de la région.
Gestion durable des terres : des techniques qui ont fait leurs preuves
Face à cette situation, et dès les sécheresses des années 70 et 80, les pays du Sahel ont entrepris de vastes chantiers de restauration des terres, via les techniques classiques de gestion durable des terres (GDT), comme les ouvrages de conservation des eaux et des sols, et la protection des arbres dans les terroirs.
Les techniques mises en œuvre ont largement montré leur efficacité, en particulier dans certaines zones du Sahel qui commencent, depuis quelques années, à « reverdir ». Sur près de 5 millions d’hectares au Niger et plusieurs centaines de milliers d’hectares au Sénégal et Mali, les paysans ont adopté massivement les techniques de régénération naturelle assistée (cf. encadré), face à la dégradation des rendements. L’Acacia albida constitue l’espèce phare de ces zones, arbre « miracle » qui permet de fixer de l’azote dans le sol tout en fournissant du fourrage en saison sèche. L’effet brise vent est également fondamental dans ces terroirs auparavant dénudés. Ailleurs, sur le plateau central du Burkina Faso ou encore la zone de Tahoua au Niger, des techniques antiérosives (cordons pierreux, demi lunes, banquettes) et de restauration des sols par la technique du zaï ont permis d’améliorer la fertilité sur des centaines de milliers d’hectares. Ces différentes techniques ont permis d’augmenter significativement la production agricole à l’hectare, de 40 à 120 %. Appliquées dans des zones en amont des cultures comme dans la zone des plateaux du Sud Ouest du Niger, elles protègent les champs.
Lexique
La technique du zaï consiste à creuser de petites cuvettes dans les champs avant les premières pluies, afin de retenir les eaux de ruissellement. On y dépose de la matière organique voire un peu d’engrais pour créer des conditions favorables à la plante. Les demi-lunes sont de grandes cuvettes en forme de demi-cercle où la terre de déblai est déposée sur le demi-cercle. Elles permettent de capturer l’eau de ruissellement et peuvent également recevoir de la matière organique.
Les cordons pierreux sont constitués de pierres disposées le long des courbes de niveau, ralentissant le ruissellement de l’eau, augmentant son infiltration et permettant de capturer les sédiments.
Créer des fonds d’adaptation au changement climatique et de lutte contre la désertification dans le cadre des politiques agricoles régionales, de l’Uemoa et de la Cedeao, pour soutenir les bonnes pratiques et l’effort d’investissement à moyen terme des États
Les fosses fumières consistent à faire décomposer la matière organique (animale et végétale) dans une fosse creusée ou dans un bassin construit hors sol.
La régénération naturelle assistée (RNA) consiste à promouvoir et à protéger les jeunes pousses des espèces ligneuses dans les champs de culture, afin de favoriser la régénération des sols dégradés et de créer un système agro-forestier aux multiples usages.
Renforcer l’accent sur la GDT dans les politiques agricoles des pays sahéliens
Les résultats de l’analyse montrent ainsi que la mise à l’échelle de la GDT doit constituer un axe fortement doté des politiques agricoles des pays sahéliens. Elle permettrait d’améliorer la résilience des populations vulnérables, tout en offrant une option réaliste sur les plans techniques et budgétaires. Cette mise à l’échelle doit se faire cependant en respectant et systématisant certains principes :
- Mixer GDT et apport raisonné d’engrais chimiques, car la gestion de la fertilité des sols au Sahel ne peut pas se faire seulement avec des actions classiques de GDT. Par ailleurs l’apport d’engrais permet d’augmenter sensiblement les rendements.
- Renouveler les associations de techniques de GDT pour la restauration de certaines zones agro-écologiques : les techniques largement diffusées après les sécheresses des années 1970 et 1980 doivent être revisitées pour s’adapter aux nouvelles tendances du climat.
- Faire un plaidoyer large sur le potentiel des techniques de GDT et leur mise à l’échelle dans le cadre des politiques agricoles, en associant fortement la société civile, les organisations paysannes, la recherche, les services techniques nationaux.
Créer des fonds d’adaptation au changement climatique et de lutte contre la désertification dans le cadre des politiques agricoles régionales, de l’Uemoa et de la Cedeao, pour soutenir les bonnes pratiques et l’effort d’investissement à moyen terme des États.
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