Collaboration entre la Commission et les défenseurs des droits humains Je pense qu’il est important de relever le mérite de nos pays africains concernant la situation des droits de l’Homme. Ils font l’effort de ratifier les conventions et les principaux textes de protection des droits de l’Homme. Je pense que s’il y a un réel défi à relever, c’est l’application effective des textes. L’application de ces conventions peine à être effective malheureusement. Il est important qu’un organe comme la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples joue son rôle. En effet, elle a mis en place un certain nombre de mécanismes d’ordre général comme des procédures spéciales, qui font le suivi de la mise en œuvre des engagements pris par les pays et qui s’assurent justement que les engagements pris sont mis en œuvre. La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples a toujours voulu et a su compter sur la collaboration de la société civile. Nous apprécions le fait que la Commission puisse collaborer avec les défenseurs des droits de l’Homme Les défenseurs des droits de l’Homme représentent d’une certaine manière “les yeux et les oreilles” et complètent le travail de la Commission. Nous apprécions en particulier la collaboration entre la Commission et les défenseurs des droits de l’Homme. Nous apprécions également le fait que la Commission nous permette de rapporter un certain nombre de violations des droits de l’Homme ou des germes de ces violations, afin que les États puissent être saisis par rapport à leurs obligations du respect des droits de l’Homme. En tant que défenseurs des droits de l’Homme, nous avons pu compter sur la Commission, toutes les fois où nous lui avons adressé nos préoccupations. Présence de la Commission au Togo Nous étions heureux de voir qu’il y avait eu une réactivité de la part de la Commission. Et ce, par plusieurs propositions de solutions qui, des fois, ont permis de décanter la situation, en particulier au Togo, mon pays d’origine. Nous sommes en train d’assister à un rétrécissement des libertés notamment la liberté d’association, la liberté d’expression et la liberté de manifestation. Ce qui est déplorable, c’est que dans un contexte préélectoral, les acteurs de la société civile, les partis politiques ne peuvent pas s’organiser pour participer à un jeu électoral inéquitable. Nous avons saisi le rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme qui nous a prêté une attention. Nous espérons qu’avec l’intervention de la Commission, les autorités togolaises comprendront et qu’ils précéderont à une relecture de cette loi Nous allons continuer de le faire parce que récemment, l’Assemblée nationale a adopté le 7 août 2019, une loi liberticide sur la sécurité intérieure. Elle a modifié la loi sur la liberté de manifestation, loi qui avait été acclamée par la communauté internationale lors de son adoption. La nouvelle loi introduit des dispositions très liberticides. Quatre Rapporteurs spéciaux des Nations unies ont interpellé l’État togolais. Le porte-parole du gouvernement togolais a affirmé qu’il n’y aurait pas de relecture de la loi malgré cette interpellation. Nous espérons qu’avec l’intervention de la Commission, les autorités togolaises comprendront et qu’ils précéderont à une relecture de cette loi. Si les violations persistent, la paix risque d’être menacée et l’on sait à quel point elle est fragile au Togo, elle est fragile dans nos pays africains et nous devons à tout prix la retrouver ou la consolider.
Philippe Lakbé travaille au Centre de documentation et de formation sur les droits de l’Homme en qualité d’analyste chercheur au département de suivi et de plaidoyer pour l’amélioration de la situation des droits de l’Homme. Cette ONG est basée au Togo, elle oeuvre à la promotion et à la protection des droits de l’Homme en se spécialisant dans l’appui technique aux acteurs des droits de l’Homme pour la professionnalisation de leur travail.