La Mauritanie à la veille des élections de 2019
Auteur : Institut français des relations internationales (IFRI)
Date de publication : mai 2018
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Dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique début mars, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a annoncé sans ambiguïté qu’il ne tenterait pas de modifier la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat. C’était devenu, ces dernières années, la question centrale de la vie politique mauritanienne, tant la figure présidentielle est écrasante. Dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, l’institution présidentielle est souvent surpuissante et bien faiblement contrebalancée par les pouvoirs parlementaire et judiciaire.
Ce présidentialisme se vérifie en Mauritanie, d’autant plus que la gouvernance de Mohamed Ould Abdel Aziz a été encore plus centralisée que durant les deux autres longs règnes depuis l’indépendance – ceux de Mokthar Ould Daddah (1960-1978) et de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya (1984-2005).
Toute description de la situation à la veille des élections présidentielles de 2019 s’apparente donc, peu ou prou, au bilan d’une phase politique qui s’ouvre à la fin de la période Ould Sid’Ahmed Taya et dans laquelle Mohamed Ould Abdel Aziz devient la figure centrale, d’abord comme imam caché (2005-2009) de la politique puis comme président de la République (de 2009 à aujourd’hui).
Quel bilan politique ?
Bien qu’élu président en 2009, Mohamed Ould Abdel Aziz fut la figure centrale de la vie politique entre 2005 et 2009. Il fut l’architecte en chef de deux coups d’État, celui de 2005 contre Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya et celui de 2008 contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi, personnage dont il avait pourtant « parrainé » l’arrivée au pouvoir une année plus tôt. Il devient une première fois chef de l’État par intérim entre le 6 août 2008 et le 21 avril 2009 (à la tête du Haut Conseil d’État, ainsi qu’est nommée la junte au pouvoir). Puis il cède la tête de l’État au président du Sénat mauritanien pendant la campagne électorale, avant d’être élu en juillet 2009 président de la République. Il sera très largement réélu en mai 2014 après que la plupart des partis de l’opposition auront renoncé à présenter un candidat.
Sa présidence fut marquée, si on la compare à la période Ould Taya, par une indéniable amélioration des libertés publiques. Les médias et les partis politiques sont ainsi beaucoup moins harcelés que lors de la première phase de démocratisation (1992-2005). De nombreuses publications, notamment électroniques, ont pu fleurir, la possibilité de créer des radios et télévisions indépendantes a été offerte. La situation n’est évidemment pas parfaite, car certains journalistes ont eu maille à partir avec les autorités.
Bien qu’élu président en 2009, Mohamed Ould Abdel Aziz fut la figure centrale de la vie politique entre 2005 et 2009. Il fut l’architecte en chef de deux coups d’État, celui de 2005 contre Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya et celui de 2008 contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi, personnage dont il avait pourtant « parrainé » l’arrivée au pouvoir une année plus tôt
On pense à Jedna Ould Deida (Mauriweb) et Moussa Ould Samba Sy (Quotidien de Nouakchott) en 2017, ou encore au site agrégateur de presse CRIDEM. Généralement, le pouvoir tente de censurer les médias par étouffement économique, agissant en coulisses pour dissuader les annonceurs d’acheter des espaces publicitaires dans les médias trop critiques. Bien que contestés par l’opposition, les scrutins électoraux se sont plutôt améliorés par rapport à la période Ould Taya.
Cela n’a pas empêché la (re)naissance d’un bloc politique hégémonique autour du président et d’Union pour la République (UPR), fortement soutenu par les milieux patronaux et les élites traditionnelles, disposant d’une force de frappe financière sans commune mesure avec celle des autres partis politiques, et d’un soutien de l’administration pendant les campagnes électorales.
En face de ce pôle et des quelques partis satellites, l’opposition s’est présentée la plupart du temps dispersée. Les principaux partis de l’opposition ont tenté de se coaliser pour réclamer un dialogue national (jamais venu dans les conditions désirées) avec la majorité, dont le contenu aurait porté sur le respect des engagements pris par toutes les parties lors de l’accord de Dakar de 2009.
Cette absence de dialogue a conduit à une vie politique particulièrement atone, surtout durant le deuxième mandat du président Abdel Aziz. L’impression dominante est que, en dehors de quelques exceptions comme le parti islamiste Tawassoul, les partis mauritaniens (d’opposition comme de gouvernement) ne fonctionnent et ne s’animent qu’en période électorale.
Seules quelques déclarations et objurgations de leaders vieillissants de l’opposition (Ahmed Ould Dad-dah, Messaoud Ould Boulkheir, Mohamed Ould Maouloud, Mohamed El Moustapha Ould Bedreddine…) viennent rompre la monotonie de la communication gouvernementale, sans pouvoir toutefois masquer une absence dramatique de travail programmatique. Outre Tawassoul, c’est surtout de la société civile que provient le travail d’opposition au bloc hégémonique et en particulier, mais pas uniquement, des militants anti-esclavagistes.
La relation entre le président Mohamed Ould Abdel Aziz et la société civile aura été particulièrement difficile pendant ses deux mandats. Un rapport publié en février 2018 par Amnesty International pointe l’âpreté avec laquelle le pouvoir mauritanien a traité les militants anti-esclavagistes. Bien qu’un certain nombre de textes condamnant différents aspects des pratiques esclavagistes aient été promulgués, le combat des autorités contre ces pratiques sur le terrain est resté lettre morte.
Au lieu de traquer les esclavagistes, les autorités ont préféré traquer les militants qui combattent les différentes formes d’esclavage et les discriminations à l’endroit des descendants d’anciens esclaves (les Haratines). Figure de proue de cette mouvance, l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) et son leader, Biram Ould Dah Ould Abeid, furent constamment harcelés. Pis, par de multiples déclarations publiques, le président niait ou atténuait les phénomènes dénoncés et accusait régulièrement les militants de porter atteinte à l’image du pays et à l’unité nationale. De la même manière, la présidence Abdel Aziz n’a guère fait avancer l’autre grand dossier national qu’est la thématique des communautés afro-mauritaniennes, qui dénoncent également une situation de sous-citoyenneté.
Les principaux partis de l’opposition ont tenté de se coaliser pour réclamer un dialogue national (jamais venu dans les conditions désirées) avec la majorité, dont le contenu aurait porté sur le respect des engagements pris par toutes les parties lors de l’accord de Dakar de 2009
Bien que marqués par des pôles de contestation multiples (syndicats, mouvement haratines, mouvements afro-mauritaniens, contestations étudiantes, milieux islamistes…), les deux mandats d’Abdel Aziz n’ont été que peu troublés par des mouvements sociaux, car ces différentes contestations n’ont jamais réussi à se coaliser. Ses deux mandats auront aussi été marqués par la lutte farouche qu’il a menée contre ses deux « ennemis de l’extérieur », son cousin et richissime homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou, ainsi que l’ex-conseiller de Blaise Compaoré, Moustapha Ould Limam Chaffi. Deux hommes qu’il soupçonne fortement de travailler à la sape de son régime, et dont il traque sans relâche les supposés « com-plices » sur le sol mauritanien.
Ces deux dernières années, le président a multiplié les symboles, laissant penser qu’il voulait marquer sa place dans l’histoire du pays (changement de drapeau, changement d’hymne national, construction d’un grand aéroport international, nouvelle monnaie – le nouvel ouguiya a été mis en service début 2018 –, réforme constitutionnelle dont l’un des aspects les plus frappants est la suppression du Sénat…), ce qui semblerait confirmer qu’il souhaite quitter le pouvoir. Cependant, en Mauritanie, beaucoup d’analystes semblent aujourd’hui douter que le président puisse s’éloigner aussi facilement des hautes sphères. Toute la structure politique et économique reposant sur ses épaules, de nombreux acteurs, notamment économiques, ont fort à perdre de son départ.
La relation entre le président Mohamed Ould Abdel Aziz et la société civile aura été particulièrement difficile pendant ses deux mandats
Mauritanie : Contexte politico-économique
Auteur : La plateforme d’information internationale des Experts Comptables
Date de publication : Mai 2019
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Le contexte politique
La nature de l’État
République Islamique basée sur une démocratie parlementaire (régime Présidentiel).
Le pouvoir exécutif
Le chef de l’Etat détient les pouvoirs suprêmes. Il assure l’exécution de la loi et la direction des affaires courantes du pays. Le Premier Ministre agit en tant que chef du gouvernement. Il est nommé par le président (en général, il s’agit du chef du parti ou de la coalition majoritaire au parlement) pour un mandat de cinq ans. Le dernier coup d’état remonte à août 2008 et a vu le renversement de l’ancien président élu au suffrage universel en 2007 par un militaire. Il s’agit d’un pays très instable politiquement. Le pouvoir législatif
Le pouvoir législatif en Mauritanie est bicaméral
Le parlement est constitué du Sénat (chambre haute) qui compte 56 sièges et dont les membres sont élus par les leaders municipaux pour un mandat de six ans et l’Assemblée Nationale (chambre basse) qui compte 81 membres, élus au suffrage universel pour cinq ans.
L’Assemblée Nationale n’est pas vraiment indépendante vis-à-vis de l’exécutif. Elle peut être dissoute par le président à volonté. Les citoyens mauritaniens jouissent de droits politiques très limités.
Les principaux partis politiques
- – Union pour la République : principal parti politique, mené par le Président Mohamed Ould Abdel Aziz- “Tawassoul”,
Le Rassemblement National pour la Réforme et le Développement : parti d’opposition islamiste, branche nationale des Frères Musulmans égyptiens- El-Wiam : parti proche de l’ancien président Maaouiya Ould Taya (évincé lors du coup d’Etat de 2005)
– l’Alliance Populaire Progressiste (APP) : menée par Messaoud Ould Boulkheir, président extraverti de l’Assemblée Nationale depuis 2007
-Alliance pour la Justice et la Démocratie / Mouvement Pour la Rénovation ( AJD-MR): intérets minoritaire noirs-Rassemblement des Forces Démocratiques: centre-gauche, libéralisme sociale-Parti Républicain Démocratique pour le Renouvellement: droite, conservatisme libéral-Union des Forces du Progrès: centre-gauche, socialisme, démocratie-Union pour la République: centre, populisme
Les partis d’opposition ont pu entrer dans la compétition politique lors des dernières élections législatives (2013), mais dix des onze partis inclus dans la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) ont fait le choix de les boycotter (tous sauf “Tawassoul”).
Chefs de gouvernement :
Président : Mohamed Ould Abdel Aziz (depuis 2009, réélu en 2014).
Premier Ministre : Mohamed Salem Ould BECHIR (depuis le 29 Octobre 2018).
Mauritanie : Mohamed Ould Abdelaziz cherche son Medvedev
Auteur : Jeune Afrique
Date de publication : 28 novembre 2018
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S’il est presque sûr que le chef de l’État ne briguera pas sa propre succession en 2019, nul doute qu’il choisira avec soin son successeur. À l’instar d’un certain Vladimir Poutine.
Depuis qu’il s’est engagé à ne pas modifier la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat en 2019 (bien qu’il n’exclue pas de se représenter en 2024), et qu’il a annoncé à Jeune Afrique qu’il soutiendrait un candidat, Mohamed Ould Abdelaziz veut faire passer plusieurs messages. Aux Mauritaniens qui en doutaient encore, Aziz tient à rappeler qu’il reste le seul chef et qu’il contrôle tout. « C’est très clair : il n’y a qu’un président, pas deux », souligne l’un de ses amis. À ses collaborateurs, il démontre qu’aucun scénario n’est écrit. Aucun responsable, aussi proche soit-il, n’est à l’abri d’une mise à l’écart, provisoire ou non.
Malgré ses promesses répétées, la question demeure : l’homme tiendra-t-il parole ? Pour beaucoup, il est difficile d’y croire tant l’intéressé n’a cessé d’entretenir le flou sur ses intentions, que ce soit dans des discours ambigus prononcés lors des campagnes législatives et locales cet été, qu’il a menées lui-même pour le compte de l’Union pour la République (UPR). Ou encore en 2017, lorsqu’il n’a pas hésité à organiser un référendum constitutionnel pour supprimer le Sénat et modifier le drapeau et l’hymne national, alors même que l’opposition était vent debout contre ce projet. Mais aujourd’hui, son premier cercle est unanime. « Il teste et il avisera. Il est désormais sûr qu’il ne reculera pas et qu’il n’ira pas lui-même à la présidentielle », assure un proche.
Système verrouillé
Autre certitude : s’il n’est pas candidat, Aziz restera très proche de l’exécutif qu’il aura lui-même mis en place. « Je suis un Mauritanien et je le resterai. Tant que je serai en vie, je m’intéresserai à ce qu’il se passe dans mon pays », déclarait-il à Jeune Afrique en février. Soit il prendra en main l’UPR, s’imposant comme le véritable chef de la majorité, soit il reviendra comme Premier ministre afin de rester dans le jeu. « Il est certain qu’il n’a pas choisi cette seconde option », souffle un proche. Reste que, sitôt les résultats des législatives proclamés, en septembre, Aziz s’est employé à verrouiller à triple tour le système qu’il a mis en place.
Après que l’UPR a raflé 89 sièges de députés et la présidence des 13 wilayas (régions), lui assurant une majorité très confortable à l’Assemblée nationale, Aziz s’est immédiatement attelé à enrayer la montée en puissance de Tawassoul, parti « à référentiel islamique » et première force d’opposition. Le 24 septembre, la police a fermé, sans raison officielle, le centre de formation des oulémas de Mokhtar el-Hacen Ould Dedew. Cet imam, dont l’influence dépasse largement les frontières de la Mauritanie, est considéré comme le guide spirituel de la formation.
S’il est presque sûr que le chef de l’État ne briguera pas sa propre succession en 2019, nul doute qu’il choisira avec soin son successeur. À l’instar d’un certain Vladimir Poutine
En parallèle, les hommes d’Aziz s’emparaient de postes clés : la présidence de l’Assemblée nationale pour Cheikh Ould Baya, ex-maire et député UPR de Zouérate, ami proche d’Aziz ; la première vice-présidence pour l’« opposant » Boydiel Ould Houmeid, qui a dissous son parti El Wiam pour intégrer l’UPR.
La « méthode Aziz »
Le 31 octobre, le remaniement ministériel attendu depuis plusieurs semaines était enfin annoncé. Là encore, Aziz a pris soin de placer ses fidèles. Le président de l’UPR, Sidi Ould Mohamed Maham, fait son entrée au gouvernement en tant que porte-parole, ministre de la Culture, de l’Artisanat et des Relations avec le Parlement. Quant au Premier ministre sortant, Yahya Ould Hademine, il est nommé ministre d’État chargé de mission.
Cette nouvelle fonction s’apparente à un poste de « vice-Premier ministre » – un privilège auquel n’avait pas eu droit son prédécesseur, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf. Aziz conserve aussi la haute main sur l’armée en désignant deux de ses hommes à sa tête. Mohamed Ould Cheikh Ould Mohamed Lemine succède à Mohamed Ould Ghazouani en tant que chef d’état-major. Isselkou Cheikh El Wely devient son adjoint.
Autre certitude : s’il n’est pas candidat, Aziz restera très proche de l’exécutif qu’il aura lui-même mis en place
C’est l’une des caractéristiques de la « méthode Aziz » : aller vite et ne s’embarrasser de rien. Ayant toujours vécu dans l’ombre de l’ex-président Maaouiya Ould Taya en tant que commandant du Bataillon pour la sécurité présidentielle (Basep), Aziz est un nouveau venu sur la scène politique quand, en août 2008, il renverse Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Général réservé, peu disert, contesté par la communauté internationale et une partie de la classe politique locale, il est alors en quête de légitimité. Alors qu’on reprochait à son prédécesseur sa discrétion, voire sa lenteur, lui mise d’emblée sur la proximité et la célérité : meetings de soutien en sa faveur – quand ceux de ses opposants sont interdits – , mesures pour améliorer les conditions de vie des plus démunis…
Élu une première fois en juillet 2009, puis réélu en 2014, il ne cessera de chercher à asseoir son autorité et à vanter son bilan sécuritaire. « Il est en campagne permanente », glisse un proche. Alors qu’Aziz contrôle les leviers du pouvoir, l’État et l’armée, une alternance est-elle possible en 2019 ? Ou aura-t-il à cœur de livrer un système clé en main à un successeur qu’il aura lui-même désigné ?
Une opposition divisée
Quelques noms circulent avec insistance : le ministre de la Défense, Mohamed Ould Ghazouani ; son homologue à l’Économie, Moctar Ould Diay ; le président de l’Assemblée nationale, Cheikh Ould Baya, et l’ancien Premier ministre Yahya Ould Hademine. Mais tous se gardent bien d’afficher des ambitions.
Désunie mais déterminée, l’opposition s’est décidée à ne pas boycotter la présidentielle, contrairement à 2014. Son mot d’ordre : tout sauf Aziz. « Une commission planche sur la meilleure stratégie électorale, précise Mohamed Ould Maouloud, patron de l’Union des forces de progrès (UFP) et président du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), principale coalition de l’opposition. Une candidature unique ne manque pas d’avantages. C’est actuellement notre option favorite. » Pour l’heure, aucun nom ne s’impose naturellement. « Un tel projet est certes rationnel mais utopique, grince un responsable du FNDU. L’opposition n’est plus qu’un champ de ruines. »
De son côté, le leader de la lutte antiesclavagiste, Messaoud Ould Boulkheir, « en rupture avec [ses] compagnons de route », fait bande à part et reste ouvert aux négociations avec le pouvoir. Il a déposé une « feuille de route » à la présidence, dans laquelle il formule une série de propositions en vue de favoriser une alternance.
« Aux yeux de tous, je suis un allié du pouvoir, mais celui-ci ne m’a jamais aimé ! déplore-t-il. Il veut nous détruire, Ahmed Ould Daddah et moi, en ne modifiant pas cet article scélérat de la Constitution qui nous interdit d’être candidats. » Celle-ci fixe à 75 ans la limite d’âge pour se présenter à la présidentielle. C’est précisément l’âge de ces deux figures historiques de l’opposition.
C’est l’une des caractéristiques de la « méthode Aziz » : aller vite et ne s’embarrasser de rien. Ayant toujours vécu dans l’ombre de l’ex-président Maaouiya Ould Taya en tant que commandant du Bataillon pour la sécurité présidentielle (Basep), Aziz est un nouveau venu sur la scène politique quand, en août 2008, il renverse Sidi Ould Cheikh Abdallahi
Difficile, si près de l’échéance, de justifier une réforme des textes tout en interdisant à Aziz de les retoucher à son profit. « Ahmed Ould Daddah est d’accord avec moi : on ne change pas les règles du jeu avant 2019, tranche Mohamed Ould Maouloud, du FNDU. C’est totalement exclu ! » Là encore, le dernier mot reviendra à Mohamed Ould Abdelaziz.
Promesse d’investiture
Le 2 août 2014 à Nouakchott. Lors de son investiture, Mohamed Ould Abdelaziz réitère une promesse faite cinq ans plus tôt, lors de sa première élection : il respectera la Constitution. Le président le jure, la main sur le Coran. La limitation du nombre des mandats à deux – et la limite d’âge à 75 ans pour être candidat – a été introduite dans la Constitution en 2006 par l’ex-président Ely Ould Mohamed Vall.
La Mauritanie à la veille de l’élection présidentielle
Auteur (s): Aould Hamed Moussa
Type de publication: Infographie
Date de publication: 20 mai 2019
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Si tout va bien, le pays devrait connaître sa première alternance démocratique. Cette perspective inédite suscite tous les espoirs, mais également bien des suspicions et aussi des craintes.
Cinq prétendants au trône ont déjà annoncé la couleur : l’ex général et éphémère mi-nistre de la Défense, Mohamed Ould Cheikh Ahmed Ould Ghazouani, compagnon et ami de longue date du général Ould Abdel Aziz et candidat du pouvoir ; Biram Ould Dah Ould Abeïd, leader de la cause harratine (les descendants d’esclaves) ; Sidi Mohamed Ould Boubacar, ancien Premier ministre et ancien ambassadeur ; Mohamed Ould Mou-loud, président du parti Union des Forces démocratiques (UFP), qui représente une grande partie de l’opposition radicale ; Kane Hamidou Baba, président du Mouvement pour la Refondation (MPR), qui se présente comme candidat de la communauté négro-africaine.
– Une économie duale: informelle et moderne
L’économie mauritanienne a longtemps été basée sur les industries extractives traditionnelles (fer, cuivre et or), la pêche maritime et l’élevage.
Les ressources minières demeurent essentielles, et la pêche (qui est surtout le fait des Européens, des Japonais et des Chinois) constitue une source importante de revenus et d’emplois ; pourtant, elle reste gérée de manière opaque et génère bien moins de revenus que son potentiel permettrait d’espérer.
Mais l’économie mauritanienne se trouve aujourd’hui dans une ère de diversification, avec l’exploitation de nouvelles ressources (pétrole et gaz), et la maturation de nouveaux secteurs (les télécommunications connaissent une croissance moyenne annuelle de 26 % depuis 2011).
Le Produit intérieur brut s’élève à 1 300 dollars par tête d’habitant. L’indice de Développement Humain était de 0.513 en 2016 (157ème rang sur 182 pays classés) et l’incidence de la pauvreté, issue du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) 2013, est de 41,5 % (sur 100 ménages en Mauritanie, environ 42 sont pauvres), avec une incidence de pauvreté de 72,8 % en milieu rural.
Il faut noter enfin que la Mauritanie traîne une dette colossale qui dépasse cinq milliards de dollars. Le service de cette dette engloutit 25 % du budget annuel de l’État. Ces mauvais résultats sont le fruit d’une gestion patrimoniale et d’un amateurisme qui ont caractérisé la gestion de la décennie 2009/2019 qui s’achève.
– Un environnement régional troublé:
L’environnement géopolitique de la Mauritanie est franchement complexe et demeure chahuté.
Avec le Mali, le pays partage une frontière commune de plus de plus de 2 000 km. Depuis 2012 ce pays est victime d’attaques armées menées par divers mouvements terroristes islamistes et autres, opérant dans toutes les régions de son vaste territoire. Des attaques qui pèsent lourdement sur la sécurité dans toute la zone sahélo-saharienne. L’appui des forces internationales – françaises et onusiennes, plus de 15 000 hommes – n’a pas encore mis fin à l’insécurité. Toujours est-il qu’il convient de se rappeler que le Mali maintenait de bons rapports avec les djihadistes qui s’étaient installés à ses frontières septentrionales depuis le début de ce siècle. Cette « bonne entente » n’a pas empêché les djihadistes, et autres groupes armés, d’attaquer violement ce pays en 2012 et d’occuper une grande partie de son territoire. Le risque reste toujours grand de voir cette instabilité franchir les frontières sud et sud-est de la Mauritanie. D’autant plus menaçante qu’avec le changement en perspective à la tête de l’État à Nouakchott, le statu quo, fondé sur une entente tacite ou un équilibre de la terreur entre le pouvoir et les djihadistes, pourrait bien évoluer.
La Mauritanie, qui accueille sur son sol le plus important contingent de réfugiés maliens – plus de 60 000 selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) –, a toutes les raisons de s’inquiéter.
Par ailleurs, à l’extrême nord de la Mauritanie c’est l’Algérie. Un pays qui tangue actuellement et peut, au bout du compte, aller dans tous les sens. Bons ou mauvais, entente nationale ou crise tragique comme par le passé. Mohamed Fall Ould Hamed, sociologue mauritanien, du Centre d’études et de recherches sur l’ouest saharien (Ceros), s’inquiète des répercussions d’un éventuel désastre en Algérie sur la situation au Sahel. Particulièrement en Mauritanie. Il redoute un effet néfaste sur la région, comparable à celui qui a résulté des évènements en Libye, pays pourtant beaucoup moins peuplé que l’Algérie. A contrario, d’autres pensent qu’au cas où les choses devraient aller dans le bon sens à Alger, c’est-à-dire une plus grande démocratisation, des effets positifs sur la Mauritanie et tout le Sahel seraient possibles.Quelle que soit l’orientation que prendra cette nouvelle version de ce printemps, elle aura certainement un impact sur la Mauritanie.
Sur un autre plan, à l’ouest et au nord-ouest pointe le conflit du Sahara Occidental, vieux de quarante-cinq années. Un territoire sous contrôle du Maroc et que lui dispute le Front Polisario, soutenu, et même entretenu, par l’Algérie. De temps à autre, ce conflit de faible intensité connait, comme ce fut le cas tout dernièrement, l’une de ses éruptions récurrentes. Les deux belligérants ont failli en arriver aux armes. À chaque fois, la raison ou l’intérêt bien compris finit par l’emporter.
Bien que le Maroc soit l’unique pays du Maghreb qui exige un visa d’entrée pour les Mauritaniens, paradoxalement, c’est le seul pays de cette région avec lequel la Mauritanie entretient des rapports commerciaux relativement intenses. Tous les jours, des dizaines de camions traversent la frontière entre les deux pays transportant divers produits ma-rocains vers la Mauritanie et des pays ouest africains.
Le Sénégal, de l’autre côté du fleuve, unique frontière naturelle de la Mauritanie, paraît le voisin le plus proche, commercialement et humainement. Il faut dire, rappelle le directeur de publication du journal mauritanien l’Authentique, que depuis la signature par les présidents sénégalais et mauritanien de l’accord d’exploitation commune du gaz, les relations bilatérales entre les deux pays semblent renforcées. Les deux gouvernements sont devenus plus attentifs à la gestion des relations.
Enfin au-delà des voisins immédiats, la Mauritanie paraît beaucoup intéressée par les lointains, riches et très bruyants pays du Golfe : les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite. Selon le journal Maghreb Intelligence (numéro du 1er avril 2019), le ministre saoudien des Affaires étrangères a saisi l’ambassade de son pays à Nouakchott pour demander un avis concernant le projet d’établissement d’une base militaire saoudienne en Mauritanie ! Cet intérêt des deux pays du Golfe pour la Mauritanie paraît bien irriter le Maroc.
L’activité ou l’activisme des Saoudiens et Émiratis en Mauritanie s’étend à un nombre croissant de domaines. C’est ainsi que la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA) vient d’autoriser, au nom d’un journaliste peu connu, la création d’une télévision privée dénommée : le Réseau d’Information Arabo-Africain. Les fonds viendraient du gouvernement émirati, qui oeuvre à contre-carrer l’influence, très forte en Mauritanie, d’Al-Jazeera, la chaîne qatarie. À moins que l’objectif ne soit aussi d’influencer la campagne présidentielle.
– Le grand absent du débat: l’extrémisme violent
Le terrorisme violent, qui endeuille et traumatise la région sahélo-saharienne depuis 2005, est jusqu’ici absent des thèmes de la précampagne présidentielle.
Cette absence n’est pas surprenante, car ce thème n’a jamais été très présent dans le débat politique national. Cela s’explique d’abord par l’hypersensibilité, plus politique que culturelle, de tout ce qui touche à l’islam en Mauritanie. Les hommes politiques font profil bas. Il y a ensuite le fait que le pays n’a plus connu d’acte lié à la violence religieuse depuis 2011. Enfin, dans l’opinion comme dans le monde politique, nombreux sont ceux pour qui le thème de l’extrémisme violent ne concerne que… les Occidentaux.
La complaisance, tactique ou stratégique envers les religieux s’est, en particulier, traduite par l’introduction de l’instruction religieuse au baccalauréat national, la création d’une radio dédiée au Coran, une chaîne de télévision publique qui diffuse exclusivement les programmes religieux, la construction de mosquées au sein de tous les édifices publics, la rémunération d’Imams sur le budget de l’État… Le budget du ministère des Affaires islamiques atteint cette année près de 4 milliards d’anciennes ouguiyas (soit un peu plus de 100 millions d’euros).
Mosquées et écoles reçoivent annuellement de larges subventions de l’État. Ces établissements développent pourtant un discours religieux pour le moins violent. Certaines parmi elles fêtent souvent les attentats terroristes au vu et au su de tout le monde. Et développent un discours de haine et d’exclusion.
Face à cette situation, ou plutôt cette bombe à retardement, on constate une démission totale de la classe politique de tous les bords. Quel que soit le vainqueur de la prochaine élection présidentielle, tout porte à croire qu’un changement n’interviendra pas de sitôt dans le traitement de ce dossier.
– Les candidats à l’élection présidentielle
Le Général Mohamed Ould Ghazouani – Son discours, très bien accueilli dans divers milieux, tranche complètement avec celui de son mentor, le président sortant Aziz. Pour le moment rien ne semble résister à cet élan.
Dans le passé, les hommes d’affaires ont toujours financé et soutenu le candidat du pouvoir. Mais jamais de manière aussi ostentatoire. D’ailleurs, au cours d’un périple début avril (à bord d’un avion de l’armée mauritanienne) dans tous les départements du pays, le candidat Ghazouani était accompagné, à chaque étape, par des délégations d’hommes d’affaires désignées par le patronat. La liste en a été rendue publique.
Le fait qu’il soit entouré par les mêmes hommes qui ont accompagné Aziz (le ministre de l’Économie et des Finances, ceux du Pétrole et de la Fonction publique…) pendant la dernière décennie, pourrait bien handicaper son acceptation dans l’opinion. Celle-ci aspire, comme partout dans le monde et particulièrement dans la région, au changement. Il a tout de même fort besoin de donner des gages d’existence et d’attention à la partie de l’opinion qui le soutient, alors qu’elle ne soutient pas l’actuel chef de l’État, le général Aziz. C’est le cas par exemple du parti Adil, qui militait jusqu’au mois dernier au sein de l’opposition, mais qui a décidé de soutenir Ghazouani. Son président Yahya Ould Waghf, dans une interview parue mi-avril dans les colonnes du journal Le Calame, a clairement expliqué que son parti soutient Ghazouani en espérant le voir mener une politique différente de celle du président Aziz.
Biram Ould Dah Abeïd – président du mouvement anti esclavagiste IRA (Initiative Résurgence Abolitionniste).
Son premier obstacle : le parrainage. La loi exige en effet le parrainage du candidat par cinq maires et cent conseillers municipaux repartis géographiquement sur l’ensemble du territoire national. En 2014, le pouvoir, qui cherchait à minimiser les effets du boycott par l’opposition, avait aidé Biram à franchir cet obstacle en lui fournissant les parrainages exigés et, dit-on, des ressources financières pour sa campagne. Aujourd’hui, les temps ont changé, avec la participation de tous les partis à l’élection présidentielle. Et si l’opposition compte des centaines d’élus municipaux, elle ne possède que sept maires issus du parti islamiste Tawassoul. Celui-ci soutient le candidat Sidi Mohamed Ould Boubacar. L’unique chance qui s’offre à Biram pour trouver cette caution est le parrainage de maires de ce parti. Les obtiendra-t-il ? La question demeure posée.
En attendant d’en voir l’issue, Biram s’est focalisé sur le lancement matériel de sa candidature qui a eu lieu dans la salle de spectacle de l’ancienne maison des Jeunes. Il y avait des représentants de toutes les souches de la Nation, négro-africains, harratines et maures.
Sûr de lui, Biram est apparu moins extrémiste et plus réconciliant. Il est utile de noter que ce leader harratine, qui semble plus assagi, est désormais lié par une alliance, que certains disent contre nature, avec le parti pan arabiste, d’obédience Baath, Sawab.
Sidi Mohamed Ould Boubacar. Il a lancé sa campagne samedi 30 mars, à partir du stade de Mellah, un quartier populaire en périphérie de Nouakchott. Son meeting a attiré beaucoup de monde. La presse évoque quelques dizaines de milliers de personnes constituées en grande partie de femmes et de jeunes complètement acquis à sa cause.
Il est soutenu par certains partis d’opposition, dont essentiellement le parti islamiste Tawassoul qui détient 14 sièges au Parlement et gère plusieurs mairies dans le pays.
Il semble inspirer confiance aux opérateurs économiques du secteur moderne, qui le connaissent bien. Ceux-ci, y compris des proches d’Ould Abdel Aziz, seraient ses soutiens tacites ou secrets face à un Ghazouani, membre d’une tribu dont ils craignent le dynamisme.
Depuis l’organisation réussie d’un important meeting à Nouakchott, il commence à inquiéter certains milieux du régime, et il paraît tout à fait possible qu’un second tour l’oppose au candidat du pouvoir.
Mohamed Ould Mouloud. Il est le président de l’Union des Forces du Progrès (UFP), qui fait office de gauche mauritanienne, issue du mouvement des Kadihines, ancien mouvement marxisant qui s’est mué en parti depuis 1999 pour s’inscrire dans la quête au pouvoir par les urnes et non plus par la révolution armée. Il est à noter que le candidat, respecté pour son courage politique, et son parti sont reconnus comme étant véritablement sans préjugés raciaux.
Kane Hamidou Baba. Il est le candidat d’une coalition dénommée « Vivre ensemble » qui regroupe tous les partis négro-africains et certaines organisations de la société civile. Dans le passé, il y a toujours eu aux différentes élections présidentielles un candidat issu de la communauté négro-africaine. Mais il n’a jamais bénéficié de l’unanimité annoncée publiquement au sein de celle-ci, que ce soit parmi les militants ou parmi les leaders.
Elle pourrait avoir l’avantage de poser la question de la coexistence entre les différentes ethnies du pays, mais elle pourrait également avoir des conséquences négatives pour l’affirmation politique de cette communauté si le candidat n’enregistre qu’un faible score, comme ce fut le cas en 2007. Il n’avait obtenu que 7 % des suffrages, quand bien même il avait bénéficié du vote massif des populations de la Vallée – région où se concentre la majorité des populations négro-africaines du pays.
– Conclusion
Le processus électoral paraît pourtant bien engagé et, si les élections se passent dans de bonnes conditions, deux conséquences positives peuvent en particulier être espérées :
- ces élections marqueront alors une étape importante dans la stabilisation du système politique mauritanien et dans la consolidation de la démocratie. Cela devrait permettre de déboucher sur la première véritable alternance démocratique depuis l’indépendance.
- si le nouveau président est le général Ould Ghazouani, il devrait confirmer l’engagement du président Aziz dans la lutte contre le terrorisme et la coopération au sein du G5 Sahel.
Mauritanie : dissolution des trois quarts des partis à l’approche de l’élection présidentielle
Auteur(s) : Agence Française de Presse
Type de publication : article
Date de publication : 06 mars 2019
Lien vers la publication originale
Le gouvernement mauritanien a fait le ménage dans le paysage politique à moins de quatre mois de la présidentielle en annonçant la dissolution des trois quarts des formations, jugées insuffisamment représentatives, sur la centaine que compte le pays.
« Sont dissous de plein droit les partis politiques ayant présenté des candidats aux élections municipales de 2013 et 2018 et qui ont obtenu moins de 1% des suffrages exprimés au premier tour de ces élections ou qui se sont abstenus de participer à ces deux consultations », indique un arrêté du ministère de l’Intérieur dont l’AFP a obtenu une copie mercredi.
Fondée sur une loi de 2012, complétée en 2018, conçue pour limiter le nombre de partis politiques et permettre un financement adéquats à leurs activités électorales suivant leur poids politique, cette décision de dissolution concerne 76 formations, n’en laissant que 28 en activité, selon la même source.
Le gouvernement mauritanien a fait le ménage dans le paysage politique à moins de quatre mois de la présidentielle en annonçant la dissolution des trois quarts des formations, jugées insuffisamment représentatives, sur la centaine que compte le pays
La mesure ne concerne pas les principaux acteurs de la vie politique, en pleins préparatifs pour la présidentielle qui doit avoir lieu avant le 30 juin mais dont la date n’a pas encore été fixée. Le parti au pouvoir, l’Union pour la République (UPR), a choisi le weekend dernier comme candidat le ministre de la Défense, l’ex-général Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, dit « Ould Ghazouani », un proche de l’actuel président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Aziz, qui selon la Constitution n’a pas le droit de briguer un troisième mandat, pourrait continuer à peser sur la vie politique, comme il en exprimé la volonté, en reprenant la direction de l’UPR après le scrutin, a confié samedi à l’AFP un dirigeant du parti majoritaire lors du congrès d’approbation de la candidature de M. Ould Ghazouani.
L’opposition avance pour sa part en ordre dispersé. Alors que le député et militant antiesclavagiste Biram Ould Dah Abeid a déjà affiché sa volonté d’être candidat, les pourparlers en cours au sein du reste de l’opposition pour dégager une candidature « unique » semblent dans l’impasse.
« Nous continuons à travailler sur cette option, même si l’on sait combien ce sera difficile », a confié le weekend dernier un des dirigeants de la plateforme de l’opposition, Moussa Fall. « Il sera pratiquement impossible de désigner un candidat interne aux partis qui la constituent, tant les divergences d’ordre idéologique sont profondes. On peut dans le meilleurs des cas s’entendre sur le soutien d’un candidat indépendant, ou bien chacun fera cavalier seul », a-t-il regretté.