Perspectives économiques en Afrique 2019
Auteur : Banque Africaine de développement
Année de publication : 2019
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Perspectives économiques en Mauritanie
Performances macroéconomiques
Le taux de croissance du PIB réel était estimé à 3,5 % en 2017 et 2018 contre 1,8 % en 2016. Cette croissance a résulté notamment de l’agriculture irriguée, la pêche, les bâtiments et travaux publics, le redressement des cours des métaux et les activités manufacturières. Ce rebond devrait se poursuivre en 2019. L’inflation a respecté les limites de l’objectif de stabilité de prix, avec un niveau de 2,9 % en 2018. La position budgétaire demeure viable, avec un déficit estimé du solde budgétaire de 0,1 % du PIB en 2018, contre 0,0 % en 2017. Le déficit de la balance courante s’est creusé en 2018 par rapport à son niveau de 2017, passant de 14,4 % à 16 % du PIB, principalement en raison de la hausse des prix du pétrole.
Perspectives : facteurs positifs et négatifs
L’économie mauritanienne se porte relativement bien grâce aux réformes en cours. En effet, le pays figure parmi les 10 premiers réformateurs mondiaux, gagnant 26 places en seulement 3 ans dans le classement de Doing Business (du 176e rang en 2015 au 150e en 2018). Toutefois, le déséquilibre des comptes extérieurs perdure et demeure vulnérable aux chocs extérieurs. Accélérer la transformation structurelle de l’économie est un des principaux défis de développement de la Mauritanie. Malgré les efforts des autorités, l’économie mauritanienne reste peu diversifiée.
Au deuxième trimestre 2018, les exportations de fer, d’or et de cuivre ont représenté 47 % des exportations totales, rendant le pays vulnérable aux variations de leur prix. La mise en place d’un programme de réformes structurelles permettant le développement du secteur privé non extractif est essentielle pour stimuler les exportations et la croissance. Ces réformes devraient viser à maintenir la stabilité macroéconomique, stimuler la formation du capital humain et d’une main-d’oeuvre qualifiée, améliorer le climat des affaires ainsi que les infrastructures économiques afin de répondre aux besoins du secteur privé. Les taux de change nominal et réel de la Mauritanie se sont dépréciés durant les dernières années. Le pouvoir d’achat de la monnaie s’est détérioré de 24,2 en 2016 à –11.2 en 2017 à –12.4 en 2018.
L’économie mauritanienne se porte relativement bien grâce aux réformes en cours. En effet, le pays figure parmi les 10 premiers réformateurs mondiaux, gagnant 26 places en seulement 3 ans dans le classement de Doing Business
La dette constitue également un important défi. Avec un ratio de la dette extérieure de 103,7 % du PIB en 2018, la Mauritanie est classée, selon le FMI, dans la catégorie des pays à risque élevé de surendettement. Par ailleurs, dans le cadre du programme de facilité élargie de crédit avec le FMI approuvé en décembre 2017, le pays ne s’est engagé à recourir aux prêts non concessionnels que pour un montant plafonné et pour le financement d’infrastructures économiques.
La Mauritanie s’est engagée depuis 2015 dans un vaste programme de réformes économiques. Les autorités mauritaniennes ont considérablement amélioré le climat des affaires pour promouvoir l’investissement privé. Depuis la chute marquée des cours du fer en 2014–15 qui a creusé le déficit budgétaire, les autorités ont amélioré l’efficience de la gestion des finances publiques et fait adopter en mai 2018 la nouvelle loi de finances organique (LOLF) considérée comme la réforme structurelle la plus importante dans le cadre du « Schéma Directeur de la Réforme du Système de Gestion des Finances Publiques » (SDRGFP) pour 2012-2016.
De plus, ces réformes institutionnelles se sont accompagnées d’importants investissements dans les infrastructures économiques. Pour la première fois, l’investissement national dans des secteurs comme le développement rural et industriel a égalé l’investissement extérieur pour 2015-2017, ce qui reflète l’engagement et la volonté des autorités à accélérer l’atteinte des objectifs de développement du pays.
La dette constitue également un important défi. Avec un ratio de la dette extérieure de 103,7 % du PIB en 2018, la Mauritanie est classée, selon le FMI, dans la catégorie des pays à risque élevé de surendettement
Situation de l’emploi et du secteur informel en Mauritanie en 2017
Auteur: Office nationale de la statistique (ONS)
Date de publication : Août 2017
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Caractéristiques démographiques de la population
Une population structurellement jeune
L’analyse de la structure par sexe et par âge de la population révèle que la population mauritanienne se caractérise par sa jeunesse. En effet, plus de la moitié de cette population est âgée de moins de 20 ans, soit 55,3%. Une analyse de la structure de population par groupes d’âges permet de distinguer la population potentiellement active et celle supposée inactive. Ainsi, les résultats de l’enquête sur l’emploi et le secteur informel laissent apparaître qu’environ 49,4% de la population masculine sont des personnes âgées de moins 15 ans contre 41,5% chez les femmes. Si au niveau des hommes, les personnes âgées de 15-64 ans représentent 45,9%, pour les femmes ce groupe d’âge représente environ 54,5%.
Une population fortement concentrée à Nouakchott
De ces résultats, on peut noter que la population présente (lors du passage des enquêteurs dans les ménages) constitue près de 97% de la population totale (3 734 577habitants), c’est-à-dire les personnes qui ont passé la nuit précédant l’enquête dans le ménage sélectionné. Les résidents absents constituent une faible partie de la population totale (3%).
L’analyse de la structure par sexe et par âge de la population révèle que la population mauritanienne se caractérise par sa jeunesse. En effet, plus de la moitié de cette population est âgée de moins de 20 ans, soit 55,3%
Principales caractéristiques du marché de travail en Mauritanie
Les notions de personnes en activité, personnes au chômage et main d’œuvres correspondent aux nouveaux concepts définis lors de la19ème Conférence Internationale des Statisticiens du Travail, tenue en octobre 2013 à Genève. Ces concepts tiennent compte aussi de la législation de travail mauritanienne. En effet, l’Etat mauritanien qui a pris des engagements au cours des différentes conférences internationales a ratifié les conventions portant sur le code du travail.
Par ailleurs, la Loi 93-09 du 19 janvier 1993 portant statut général des fonctionnaires et agents contractuels de l’Etat fixe l’âge légal d’admission à la fonction publique à 18 ans et l’âge limite à la retraite à 60 ans. Par ailleurs, l’âge légal d’accès au travail est de 14 ans dans le secteur privé (selon la loi 2004-017, article 153).
Jeunesse de la population active, une réelle opportunité…
Selon les résultats de l’enquête nationale sur l’emploi et le secteur informel en Mauritanie (ENE-SI 2017), la population en âge de travailler représente 52,7% de la population globale. Cette population est majoritairement jeune avec plus de 61,4% âgés de moins de 35 ans. Quel que soit le sexe, les jeunes représentent une proportion plus importante de la population active : 61,5% des femmes et 61,2% des hommes en âge de travailler sont âgés de moins de 35 ans. Plus du tiers de la population en âge de travailler est âgée de moins de 24 ans.
Cette population en âge de travailler est composée majoritairement de femmes (57,5%). Ceci n’est autre qu’une conséquence du déséquilibre déjà constaté au niveau de la distribution par groupes d’âges quinquennaux de la frange de la population d’âges actifs et qui est favorable à la femme. Cette jeunesse peut constituer un atout pour faire face aux défis du développement et conduire le pays sur la voie d’une croissance accélérée et d’une prospérité partagée. Mais, pour cela, il faudra savoir saisir les opportunités associées à cette jeunesse nombreuse, notamment l’accès à l’emploi, la promotion de l’entrepreneuriat, la formation technique professionnelle.
Faible niveau d’instruction des femmes en âge de travailler
Dans l’ensemble, les résultats indiquent que la proportion de mauritaniens en âge de travailler qui n’ont jamais fréquenté l’école estélevée. En effet, plus de deux femmes sur trois (67,4%) n’ont aucun niveau d’instruction contre 32,6% chez les hommes. La même tendance s’observe au niveau coranique (58,1% des femmes contre 41,9% des hommes). Les résultats montrent également que la proportion des personnes en âge de travailler ayant le niveau primaire et secondaire est dominée par les femmes.
Main-d’œuvre (ou population active)
La “main-d’œuvre” ou “population active du moment” comprend toutes les personnes qui remplissent les conditions requises pour être incluses parmi les personnes pourvues d’un emploi ou chômeurs. D’après les résultats de l’Enquête Nationale sur l’Emploi et le Secteur Informel en Mauritanie (ENESI, 2017), la main d’œuvre représente environ 41,5% de la population en âge de travailler, prédominée par les hommes (58,1%). Plus de deux tiers (71,0%) de cette population ont un âge variant entre 14 et 44 ans. Cette tranche d’âge représente respectivement 70,0% et 73,0% de la main d’œuvre masculine et féminine.
Cette jeunesse peut constituer un atout pour faire face aux défis du développement et conduire le pays sur la voie d’une croissance accélérée et d’une prospérité partagée
En général, plus de trois quart de la main d’œuvre (78,5) ont fréquenté un établissement formel ou non formel. Cette proportion varie significativement selon le sexe et le milieu de résidence. En effet, la variation selon le sexe indique que la proportion des hommes ayant fréquenté un établissement formel ou non formel est de 81,6% contre 73,7 % chez les femmes. Selon le milieu de résidence, les résultats montrent qu’en milieu urbain les personnes ayant fréquenté un établissement formel ou non formel représentent 85,0% de la population de main d’œuvre contre 69,5% en milieu rural.
Nouakchott concentre près de deux tiers de la main d’œuvre urbaine
La lecture par Wilaya de résidence indique que la grande majorité de la main- d’œuvre mauritanienne réside à Nouakchott, qui concentre 37,0% de la main d’œuvre totale du pays. Cette Wilaya est suivie par le Hodh Echargui avec une proportion de 11,4% de la main-d’œuvre totale du pays. La Wilaya de l’Inchiri vient en dernière position avec seulement 0,9% de la main-d’œuvre totale du pays.
Cependant, la répartition de cette main d’œuvre selon le sexe indique que la main d’œuvre masculine est plus importante que celle des femmes quelle que soit la wilaya de résidence. Cette différence est plus accentuée en Inchiri, à Nouadhibou et au Tiris Zemour. En tenant compte du milieu de résidence, on observe que la main- d’œuvre en milieu urbain est largement concentrée à Nouakchott avec près de deux tiers (63,6%). Par contre, en milieu rural, cette main-d’œuvre varie de 22,0% au Hodh Echargui à 0,1 % au Tiris Zemour.
Population en chômage
L’emploi étant devenu une question centrale dans les politiques de développement de la Mauritanie. La problématique du chômage notamment celui des jeunes est au cœur des préoccupations compte tenu du fait que le chômage ne constitue pas seulement un gaspillage de ressources économiques et humaines, mais aussi une des racines de la dégradation sociale, de la délinquance et de l’insécurité grandissante. Cette section présente les caractéristiques socio démographiques de la population en chômage, l’évolution du chômage au cours des 5 dernières années.
La lecture par Wilaya de résidence indique que la grande majorité de la main- d’œuvre mauritanienne réside à Nouakchott, qui concentre 37,0% de la main d’œuvre totale du pays
Sous-emploi lié au temps de travail
La population occupée jugée en sous- emploi représente 6,1% de la population totale occupée en 2017 contre 10,6% en 2012. Dans l’ensemble, les hommes sous- employés représentent 64,9% de cette population et les femmes représentent 35,1%. Le sous-emploi lié au temps est plus concentré dans les groupes d’âge 25-45 ans avec 58,3% de l’ensemble des individus sous- employés.
Selon le sexe, les personnes en situation de sous-emploi sont plus importantes au sein des hommes âgés de 25 à 29. S’agissant, du niveau de formation, 33,5% des individus en sous-emploi ont le niveau primaire (37% chez les femmes contre 31,9 % chez les hommes), 28,7% ont le niveau Coranique et 26% ont atteint le niveau secondaire. Pour ceux qui ont un niveau supérieure ou Mahdara ou ayant suivi une formation technique ou professionnelle, la proportion est moins importante.
En ce qui concerne l’analyse du sous-emploi lié au temps selon les Wilaya et le milieu de résidence, les trois groupes suivants peuvent être constitués :
- ? Un premier groupe avec une proportion élevée de sous-emploi lié au temps, il est constitué des individus résidents en milieu urbain dans la Wilaya de Nouakchott avec 47,5 % de la population totale en sous- emploi (73,5 % en milieu urbain) ;
- ? Un second groupe avec une proportion moins importante de sous- emploi lié au temps ; il est constitué d’individus résidant en milieu rural dans les Wilaya du Brakna et du Trarza avec respectivement 31,6% et 23,4%;
- ? Le dernier groupe avec une proportion faible de sous-emploi lié au temps ; il est constitué des individus résidant dans les autres Wilaya.Près de deux tiers (63,5%) des individus sous-employés travaillent dans des entreprises individuelles ou familiales. Cette proportion représente 70,2% chez les femmes contre 59,8% chez les hommes. Par ailleurs, les proportions d’individus sous-employés qui travaillent dans les entreprises privées non financières et dans les ménages, représentent respectivement 12,9% et 11,5%. En revanche, dans les autres branches d’activités, cette proportion varie entre 4,1% et 0,5c/o. Par branche d’activité, le sous-emploi reste plus élevé dans les activités des services (plus de 11%).En général, le sous-emploi touche davantage les travailleurs pour compte propre (45,4%). Ce phénomène reste très élevé pour les femmes travaillant pour leur propre compte (69,5%), soit un peu plus le double que celle des hommes (32,4%). Cependant, pour les autres catégories socio-professionnelles, cette proportion varie entre 0,9% et 17,8%.
Selon le sexe, les personnes en situation de sous-emploi sont plus importantes au sein des hommes âgés de 25 à 29
Les principaux indicateurs du marché de travail
Le taux de participation à la main d’œuvre est le pourcentage de la population en âge de travailler d’un pays qui participe activement au marché du travail, soit en travaillant soit en cherchant un travail. Il fournit une indication de la taille relative de l’offre de main d’œuvre disponible pour produire les biens et des services. Ce taux indique la part en pourcentage de la population en âge de travailler disponible pour l’activité économique.
Il est pertinent de calculer cet indicateur car il permet de connaître la part de la population disponible pour la production des biens et services. Cet indicateur est nécessaire pour l’élaboration des politiques d’emploi.
Participation à la main d’œuvre : deux fois moins de femmes que d’hommes
L’analyse du taux de participation montre que 41,5% de la population en âge de travailler est disponible pour l’activité économique. Selon l’âge, les résultats montrent une corrélation positive entre l’âge et le taux de participation (jusqu’à l’âge de 50 ans). Les plus jeunes (âgés de moins de 25 ans) ont des taux de participation àla main d’œuvre les plus faibles (20,8%). Alors que le taux de participation reste plus élevé pour les personnes de 35-49 ans (plus de 60%).
Le ratio emploi/population est de 36,6% selon les résultats de l’ENESI,2017. Le niveau relativement faible de ce ratio emploi/population indique qu’une grande part de la population en âge de travailler ne participe pas directement à l’activité économique du pays. Comparé au taux d’occupation déterminé en 2012, à partir des données l’ENRE-SI, ce ratio est presque constant : en 2012, la population occupée représentait39% de la population en âge de travailler.
Contribution à l’activité économique : une nette dominance des hommes
L’analyse de la contribution à l’activité économique suivant le sexe montre que deux fois plus d’hommes que de femmes contribuent aux activités économiques du pays. A cet effet, 53,1% des hommes et 24,5% des femmes de 14-64 ans sont occupés durant la période de référence. Ce résultat est quasi similaire suivant le milieu de résidence avec des disparités plus observées en milieu rural où l’écart entre le ratio emploi/population des hommes et des femmes reste très important. Le niveau d’emploi de la population active est stable selon le milieu de résidence : En milieu urbain, comme en rural, près de 37% de la population active (14-64 ans) sont occupés au cours de la période de référence.
Taux d’emploi informel
L’économie mauritanienne reste dominée par des activités informelles. Le secteur informel occupe une grande partie de la population active, ces emplois sont qualifiés d’emplois informels, généralement peu rémunérés et précaires. Sont aussi considérés également comme informels, les emplois exercés dans des entreprises formelles qui ne sont pas déclarés auprès de l’administration (CNSS) ou ne bénéficient pas de conditions de travail réglementaires (congés payés, contrat écrit) : ces emplois sont aussi qualifiés d’emplois informels. Dans le cadre de la promotion du travail décent, il est intéressant de suivre ces types d’emplois.
Inadéquation entre l’offre formée et qualifiée et la demande
Il ressort des différentes enquêtes sur l’emploi, que le taux de chômage s’accentue avec le niveau d’éducation surtout dans le milieu urbain. Ce paradoxe révèle la profonde inadéquation des formations avec la demande d’emploi qui repose principalement sur des emplois peu ou pas qualifiés.
Il est important de mener des études approfondies au niveau de l’offre d’emploi, afin de caractériser cette demande d’emploi (formations, qualifications, aspirations, etc.) et au niveau de l’offre d’emploi principalement les entreprises formelle et informelle pour mieux cerner les besoins, les profils d’emploi recherchés, les contraintes dans le recrutement. Ces investigations permettront d’orienter les formations pour une meilleure adéquation de l’offre et de la demande d’emploi.
L’analyse de la contribution à l’activité économique suivant le sexe montre que deux fois plus d’hommes que de femmes contribuent aux activités économiques du pays
Par ailleurs, au sein des personnes ayant suivi une formation générale, le chômage touche plus les femmes (20,2%) que les hommes (15,4%). Pour ce qui est de la formation technique et professionnelle, le chômage touche 41,3% des femmes et 16,5% des hommes, ce qui s’explique par des comportements sociaux (certains types d’activités sont du ressort des hommes dans la société mauritanienne).
Jeunes, ni dans le système éducatif, ni dans l’emploi, un réel défi d’emploi
L’analyse de cette composante de la population des jeunes est d’une importance capitale. Elle permet de voir : (i) le poids des jeunes, ni dans le système éducatif, ni dans l’emploi, (ii) leur profil sociodémographique et (iii)leur niveau de formation.
Les jeunes de 14-35 ans représentent environ 61,4% de la population active. Une proportion relativement importante (44,2%) de ces jeunes ne sont ni dans le système éducatif, ni dans l’emploi, au moment de l’Enquête Nationale de l’Emploi et du Secteur Informel de 2017. Comparé à 2012, ce ratio a connu une hausse de 23,2%.
Emplois salariés
Les emplois salariés occupent une part généralement faible dans les emplois en Mauritanie, compte tenu de l’importance du secteur informel. Ces emplois sont cependant, les moins précaires et lorsqu’ils sont réguliers, ils sont les mieux rémunérés et apportent à ceux qui les détiennent, une couverture sociale. Connaître la part de ces emplois permet d’apprécier le niveau de modernisation des emplois et le suivi de son niveau contribue à expliquer l’évolution de la pauvreté.
Le taux de salarisation représente la proportion de personnes occupées, hors secteur agricole, classées dans la catégorie des emplois salariés, emplois pour lesquels les titulaires ont des contrats explicites ou implicites, écrits ou oraux, qui leur donnent droit à une rémunération de base qui n’est pas directement dépendante du revenu de l’unité pour laquelle ils travaillent.
Taux de salarisation faible au sein de la population occupée
Selon les résultats de l’ENESI 2017, les emplois salariés, hors secteur agricole, représentent 38,8% des emplois. Comparée à 2012, la proportion de salariés, hors agriculture, a connu une baisse après s’être établie à57,8% à cette date. Ce constat met en exergue une augmentation plus importante des emplois non-salariés créés au cours de cette période.
Les emplois salariés occupent une part généralement faible dans les emplois en Mauritanie, compte tenu de l’importance du secteur informel
Suivant le sexe, le taux d’emplois salariés non agricoles reste plus élevé chez les hommes (50,4%)que chez les femmes occupées (20,4%). Selon l’âge, la part des salariés, dans le secteur non agricole, reste plus importante au sein des jeunes de moins de 35 ans et ce constat est vérifié quel que soit le sexe : en effet, les emplois salariés, hors secteur agricole, représentent 45,8% (57,8% pour les hommes et 26,0% pour les femmes) des emplois des jeunes de moins de 35 ans, alors qu’ils constituent 33,7% des adultes de 35-64 ans (44,8% pour les hommes et 16,4% pour les femmes).
Mauritanie : l’économie repart, la précarité persiste
Auteur : Jeune Afrique
Date de publication : 02 juillet 2018
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La Mauritanie est un bon élève. Dans leurs rapports,le FMI et la Banque mondiale applaudissent les efforts que le gouvernement a réalisés depuis 2015 pour contrer la chute du prix du minerai de fer, principale source de revenus de l’État.
Il a taillé dans les dépenses de fonctionnement comme dans celles concernant les investissements, fait la chasse au gaspillage – les emplois fantômes dans la fonction publique, par exemple –, et laissé la monnaie l’ouguiya, perdre environ 20 % de sa valeur. Le nouveau statut de la Banque centrale devrait lui assurer une plus grande indépendance qui rassurera les investisseurs.
L’économie repart
Les résultats de ce pilotage approprié sont là. Les réserves en devises sont confortables. Le budget dégage désormais un surplus qui permettra de maîtriser une dette extérieure très importante, puisqu’elle représente 72 % du PIB, sans compter la vieille dette dormante à l’égard du Koweït (20 %). Avec ce surplus, le pays pourra commencer à rembourser la lourde dette, d’un montant de 350 millions de dollars contractée à l’égard de l’Arabie saoudite. Le déficit du compte courant se réduit lui aussi.
Petite ombre au tableau, l’inflation devrait s’accélérer sous l’effet de la hausse des cours du pétrole et de l’instauration du nouvel ouguiya le 1er janvier. Cette opération, qui a consisté à enlever un zéro à la monnaie, a en effet donné aux commerçants un prétexte pour relever leurs prix ; ceux du riz, du sucre ou de l’huile ont enflé parfois de 20 %.
L’obligation d’ouvrir des comptes bancaires pour changer les sommes importantes en nouvelle monnaie a eu l’avantage d’améliorer la bancarisation de la population : 10 000 comptes ont été ouverts. À l’évidence, l’économie repart. Après un petit recul en 2018 (+ 2,9 %, contre + 3,5 % en 2017) en raison de la sécheresse, qui a durement touché l’élevage dans certaines zones méridionales, la croissance pourrait atteindre, selon le FMI, 5,3 % en 2019 et 7,2 % en 2020.
L’obligation d’ouvrir des comptes bancaires pour changer les sommes importantes en nouvelle monnaie a eu l’avantage d’améliorer la bancarisation de la population : 10 000 comptes ont été ouverts
Premier hôtel cinq étoiles
Les grues et les échafaudages se multiplient dans la capitale. La nouvelle aérogare de Nouakchott-Oumtounsy se remplit peu à peu. Les lampadaires solaires poussent comme des champignons.
Les touristes sont de retour dans l’Adrar. Le prix du fer remonte. Les mines d’or tiennent leurs promesses. Et le gouvernement attend avec impatience que le champ gazier sénégalo-mauritanien Grand Tortue lui fasse oublier dès 2021 les années de vaches maigres (2014-2017). L’optimisme revient doucement.
Un certain nombre de travers n’ont pas disparu pour autant. Le premier est l’étatisation de l’économie, qui l’empêche de créer des emplois. Malgré les grands progrès du pays en matière de climat des affaires – qu’a sanctionné un bond de 26 places en trois ans au classement Doing Business de la Banque mondiale (160e rang sur 190 pays étudiés dans l’édition 2018) –, la puissance publique étouffe l’initiative privée.
Car c’est toujours l’investissement public qui tire la croissance, avec l’exécution des projets présidentiels en matière de routes, de transports, d’électrification, d’irrigation ou de laiteries. Un exemple parmi cent : la Société nationale industrielle et minière de Mauritanie (Snim), qui est le bras armé de l’État au même titre que la Sonatrach en Algérie ou Gazprom en Russie, va être de nouveau mise à contribution pour la construction – interrompue par la crise – de l’hôtel Sheraton, premier cinq étoiles de Nouakchott, dont la première pierre avait été posée par le président Ould Abdelaziz en novembre 2015.
L’État et ses entreprises ne pouvant tout faire faute de moyens et de compétences, la diversification de l’économie et la transformation de ses produits d’exportation (poisson, minerais) ou de l’agriculture et de l’élevage (30 millions d’animaux) marquent le pas, sauf peut-être dans la filière du riz. Environ 80 % des investissements étrangers sont déployés dans le secteur des mines.
Cette économie de rente maintient la Mauritanie dans une situation d’extrême vulnérabilité par rapport aux fluctuations des prix des matières premières, qu’il s’agisse d’importations (pétrole, produits alimentaires de base) ou d’exportations (fer, or).
L’éducation sinistrée
Le second travers du pays est la grande précarité dans laquelle vit la majorité des Mauritaniens. Certes, le pourcentage de la population pauvre a reculé fortement, passant de 44,5 % en 2008 à 33 % en 2014 (sur la base du seuil national de pauvreté).
Cependant, selon le Rapport sur la situation économique en Mauritanie, publié en février dernier par la Banque mondiale, les estimations montrent que, si la réduction de la pauvreté s’est presque figée en 2017, paradoxalement, le nombre de pauvres continue d’augmenter.
Cette situation s’explique par le fait que les dépenses en faveur de l’éducation – sinistrée – et de la santé – mal en point – ont souffert de la crise. « Le focus sur les infrastructures a laissé peu de marges au profit des secteurs clés comme l’éducation, la santé et les filets sociaux », souligne le rapport. Or « le développement de ces secteurs est impératif à la soutenabilité de la croissance et à la prospérité future du pays », poursuit le texte de la Banque mondiale.
Autrement dit : « La Mauritanie est confrontée principalement à un problème d’optimisation et d’équité dans les allocations de ressources entre les infrastructures et le développement humain, conjugué avec un manque de gestion efficace et efficiente des investissements publics », conclut le rapport .
Par exemple, la grève menée par les médecins hospitaliers pendant un mois et demi (suspendue à la mi-juin pour tenter d’organiser des négociations) met en évidence l’état de désorganisation du secteur public de la santé. Les praticiens demandent en effet une revalorisation de leur salaire et dénoncent l’écart de rémunération, de 1 à 4, avec les confrères étrangers qui travaillent à leurs côtés. Les malades aisés ne pâtissent ni de ce conflit ni des piètres conditions d’accueil dans les hôpitaux, car ils sont soignés dans le privé.
Le focus sur les infrastructures a laissé peu de marges au profit des secteurs clés comme l’éducation, la santé et les filets sociaux
Investir dans les routes et les centrales électriques, c’est bien. Miser un peu plus sur le développement humain, sur des services publics de qualité et, notamment, sur des enseignants et des médecins motivés, ce serait encore mieux.
La Mauritanie à la veille des élections de 2019
Auteur: Institut français des relations internationales (IFRI)
Date de publication : mai 2018
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Dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique début mars, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a annoncé sans ambiguïté qu’il ne tenterait pas de modifier la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat. C’était devenu, ces dernières années, la question centrale de la vie politique mauritanienne, tant la figure présidentielle est écrasante.
Dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, l’institution présidentielle est souvent surpuissante et bien faiblement contrebalancée par les pouvoirs parlementaire et judiciaire. Ce présidentialisme se vérifie en Mauritanie, d’autant plus que la gouvernance de Mohamed Ould Abdel Aziz a été encore plus centralisée que durant les deux autres longs règnes depuis l’indépendance – ceux de Mokthar Ould Daddah (1960-1978) et de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya (1984-2005).
Toute description de la situation à la veille des élections présidentielles de 2019 s’apparente donc, peu ou prou, au bilan d’une phase politique qui s’ouvre à la fi n de la période Ould Sid’Ahmed Taya et dans laquelle Mohamed Ould Abdel Aziz devient la figure centrale, d’abord comme imam caché (2005-2009) de la politique (voir infra) puis comme président de la République (de 2009 à aujourd’hui).
Plusieurs transformations majeures ont touché la République islamique pendant cette période : le boom d’une économie extractive de plus en plus structurante pour le pays ; des libertés politiques et d’expression qui se sont développées en même temps que la vie des partis politiques tombait dans une sorte d’atonie ; un environnement géopolitique et sécuritaire complètement différent puisque le terrorisme s’est ancré au Sahel et a frappé durement le territoire mauritanien pendant la période 2005-2011 et reste à ses portes (Mali) aujourd’hui.
Un boom minier… qui renforce la structure rentière de l’économie
Le produit intérieur brut (PIB) de la Mauritanie a plus que doublé sur la période, passant de 2,1 milliards de dollars courants en 2005 à 4,7 en 2016, avec un pic à 5,7 en 2013. Si la part du secteur extractif paraît secondaire dans la structure du PIB, ce secteur en plein développement reste un grand pourvoyeur de devises et a grandement contribué à attirer les investissements directs étrangers (IDE). Plusieurs multinationales ont investi sur le territoire mauritanien, comme Kinross Gold Corporation dans la recherche puis l’exploitation de l’or, Xtrata (filiale de Glencore) dans le fer, ou First Quantum Minerals Limited dans le cuivre.
Les investissements d’entreprises cotées ont créé un attrait autour de ce pays auprès d’entreprises minières moins importantes, mais également dans d’autres secteurs (finance, BTP, etc.). Ces investissements ont été d’autant plus aisés que la Mauritanie, contrairement à d’autres pays de la zone, dispose d’une histoire minière ancienne – comme en témoigne l’existence d’une des rares sociétés minières nationales africaines, la Société nationale d’industrie minière (SNIM) –, et donc de réelles compétences. Parallèlement, se développait un secteur para-minier national (location de matériel, catering, sociétés de sécurité…).
Le produit intérieur brut (PIB) de la Mauritanie a plus que doublé sur la période, passant de 2,1 milliards de dollars courants en 2005 à 4,7 en 2016, avec un pic à 5,7 en 2013
L’or et le cuivre sont devenus d’importants produits d’exportation du pays après les deux produits phares que sont le fer et les poissons et mollusques. Cette expansion du secteur extractif a donné à l’État des largesses budgétaires qui lui ont permis de construire des infrastructures. Le président Abdel Aziz a souvent communiqué sur ce point : le réseau de routes goudronnées a été par exemple très significativement amélioré, des points de vue quantitatif et qualitatif, des projets de production d’électricité ont pu être mis en chantier, le pays s’est mis à construire quelques villes nouvelles… En effet, les revenus miniers abondaient à 29 % les recettes de l’État en 2012 contre 13,4 % en 2006.
L’anthropologue Mohamed Fall Ould Bah affirmait dès 2012, lors d’une conférence à l’Institut français des relations internationales (IFRI), que la Mauritanie s’éloignait d’un modèle d’économie d’endettement, largement soutenue par la communauté internationale, pour devenir une économie minière. Elle quittait ainsi résolument les décennies perdues (de la fin des années 1970 à la fi n des années 1990), où les aides ont représenté en moyenne plus de 20 % du PIB, avec des pics à plus de 40 %, notamment pendant les années 1980, quand la grande sécheresse éprouvait le plus durement le pays.
Il faut noter que pendant cette même période, les espoirs que portaient les autorités du pays dans le secteur pétrolier ne se sont pas concrétisés. En offshore, la première expérience d’exploitation de différents gisements par un consortium dirigé par la société australienne Woodside Petroleum dans la première moitié des années 2000 se révéla très décevante. La production n’atteindra que difficilement la moitié des 75 000 barils par jour annoncés dans un premier temps, avant de s’effondrer.
L’or et le cuivre sont devenus d’importants produits d’exportation du pays après les deux produits phares que sont le fer et les poissons et mollusques
Dans l’onshore, les recherches dans le bassin du Taoudéni (Est du pays) depuis 2006 n’ont pour l’instant pas débouché sur des projets d’exploitation. Cependant, le secteur va connaître dans les toutes prochaines années une transformation importante avec la mise en exploitation du gisement Tortue, découvert en offshore en 2016 par la société Kosmos Energy, aujourd’hui en consortium avec British Petroleum. Ce gisement, à cheval sur les domaines maritimes mauritanien et sénégalais, présenterait une réserve équivalente à 16 % des réserves algériennes.
Si ces découvertes et les IDE d’entreprises de stature internationale afférents sont évidemment de bonnes nouvelles, celles-ci doivent être tempérées pour au moins deux raisons. D’une part, le modèle de croissance basé sur l’exportation d’un nombre limité de produits issus du secteur extractif rend l’économie extrêmement sensible aux chocs externes et en particulier aux variations des cours de ces produits.
Ces dernières années, la baisse des cours du fer et de l’or a brutalement contracté les recettes et entraîné des conséquences en cascade. De plus, ce sont des secteurs qui créent très peu d’emplois et la Mauritanie, à l’image des autres pays sahéliens, a surtout besoin de développer des secteurs massivement créateurs d’emplois. Au boom minier n’a pas correspondu, par exemple, une phase d’industrialisation du pays par transformation des produits miniers.
Dans l’onshore, les recherches dans le bassin du Taoudéni (Est du pays) depuis 2006 n’ont pour l’instant pas débouché sur des projets d’exploitation
D’autre part, cette phase d’expansion de l’économie mauritanienne n’a pas effacé un certain nombre de travers intrinsèques de son fonctionnement. La Mauritanie n’arrive pas à se départir d’une structure clientéliste où les positions économiques des entrepreneurs nationaux sont davantage dues aux (bonnes) relations entretenues avec le pouvoir politique qu’à la performance. Les success stories d’entreprises mauritaniennes sont généralement adossées à un accès facilité aux juteux marchés publics qui s’expliquent plus par les amitiés politiques que par la qualité technique ou financière de la réponse aux appels d’offres.
En 2016, nous citions l’exemple d’une entreprise mauritanienne qui avait obtenu le marché de la construction du nouvel aéroport de Nouakchott sans la moindre expérience dans ce domaine. Cet accès préférentiel aux marchés publics crée des conglomérats économiques avec de multiples filiales, dans des secteurs parfois très éloignés, sans économies d’échelle, et s’affaiblissant dès que les bonnes relations politiques viennent à se distendre. Il est la contrepartie d’une fidélité au régime, au président, et aux appels du pied pour financer les campagnes électorales ou les réimplantations du parti présidentiel. De la même manière, la gestion des ressources halieutiques est toujours aussi problématique.
En 2010, le gouvernement mauritanien signait avec l’entreprise chinoise de pêche PolyHondone Pelagic Fishery un vaste contrat décrit par les observateurs locaux comme l’un des plus grands scandales de l’histoire économique du pays, cette société ne respectant pas les contraintes imposées aux autres opérateurs de pêche industrielle (repos écologique, taille minimum des prises, techniques de pêche, etc.).
La corruption en Mauritanie, un gigantesque système d’évaporation
Auteur(s) : Sherpa
Date de publication : Juillet 2017
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En avril 2013, Sherpa avait rédigé ce rapport et l’avait envoyé à bon nombre de bailleurs internationaux de la Mauritanie pour les sensibiliser sur l’état de la corruption qui y prévalait. Des discussions avaient parfois été établies entre Sherpa et ces bailleurs institutionnels pour remédier aux graves problèmes de mal gouvernance.
Quatre années plus tard, Sherpa met à jour ce rapport avec un seul constat : la situation n’a fait qu’empirer, les spoliations se sont accentuées, alors même que le pays traverse une période difficile depuis la chute des prix des minerais de fer. Les ressources publiques continuent à être détournées par le clan au pouvoir.
Avec un nombre toujours croissant de partenariats publics-privés, notamment conclus avec des sociétés étrangères, les marchés truqués prolifèrent et avec eux, les pots-de-vin, la corruption,l’évaporation des ressources gangrènent toute réelle perspective de développement social et d’amélioration du climat des affaires. La Mauritanie suit actuellement une trajectoire extrêmement inquiétante et l’Etat de droit est en net recul.
Les financements mis à la disposition de la Mauritanie par les bailleurs institutionnels (plus de 4,5 milliard de dollars en 2016) ne sont qu’un facteur d’aggravation tant ils sont détournés. A ce rythme,l’aide internationale à la Mauritanie ne fait qu’alimenter les risques de corruption. La Mauritanie, avec son fantastique potentiel en matières premières, est aujourd’hui le terreau parfait pour tous les receleurset autres délinquants en col blanc qui peuvent y bénéficier en toute tranquillité d’une totale impunité en matière de crimes financiers.
Dans cette période particulièrement critique, il est donc de la responsabilité des bailleurs de surveiller la façon avec laquelle les fonds versés sont dépensés et de s’assurer qu’ils contribuent effectivement àl’émergence d’un réel Etat de droit et à l’amélioration des performances de développement. Enparticulier, les bailleurs doivent scrupuleusement veiller à la régularité des marchés conclus dans lecadre des projets précis qu’ils soutiennent.
La Mauritanie ou le syndrome de la malédiction des ressources
La République Islamique de Mauritanie (ci-après « la Mauritanie ») dispose d’importantes ressources naturelles. Avec 13 millions de tonnes de minerais de fer produites en 2013, elle est le deuxième producteur du continent africain. Son sol est également riche en gisements d’or, de cuivre et d’hydrocarbures.Au-delà des ressources extractives, la Mauritanie dispose par ailleurs d’un considérable potentiel halieutique du fait de ses 720 km de côtes et de sa Zone Economique Exclusive qui couvre une surface de 234.000 km2 et est réputée pour être l’une des plus riches au monde, et d’un cheptel et d’un potentiel agricole bien au dessus des besoins du pays..
Grâce notamment au développement de son industrie minière, la Mauritanie a connu une forte croissance des investissements étrangers depuis quelques années : en 2014, 83 opérateurs miniers et 13 permis d’exploitation figuraient sur ses cadastres minier et pétrolier, soit 17 sociétés de plus qu’en 2010.
La République Islamique de Mauritanie (ci-après « la Mauritanie ») dispose d’importantes ressources naturelles. Avec 13 millions de tonnes de minerais de fer produites en 2013, elle est le deuxième producteur du continent africain
La flambée des prix des matières premières, notamment du minerai de fer, a d’ailleurs permis à la Mauritanie de surmonter l’impact de la crise économique mondiale et de la sécheresse que le pays a connue en 2011 et d’afficher en 2012 un taux de croissance de 5,8%. Si ce taux s’est maintenu en 2013et 2014 à hauteur respectivement de 6,4% et 6,6%, il a plongé à 1,9% en 2015 en raison de la chutedes prix internationaux des métaux et du ralentissement de l’activité dans la construction et la pêche. LeFonds monétaire international estime cependant que la croissance devait rebondir à 4,1% en 2016.
Malgré ce fort potentiel économique et une petite population de 4 millions d’habitants, la Mauritanie figure encore aujourd’hui parmi les pays en développement dits « les moins avancés »6 et bénéficie à ce titre du dispositif d’allègement de la dette en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). Selon le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la Mauritanie occupe la 156ème place (sur 188 pays analysés) au classement de l’Indicateur de DéveloppementHumain. Suivant ce même rapport :
- 55,6% des Mauritaniens sont exposés à la pauvreté et 29,9% à l’extrême pauvreté – 23,4% de la population vit notamment avec moins de 1,25 USD par jour ;
- L’espérance de vie à la naissance ne dépasse pas 63 ans ;
- Et seuls 45,55% des adultes sont alphabétisés.L’ensemble de ces éléments ont amené la Banque mondiale, dans un rapport de juillet 2014, à relever que les Objectifs millénaires du développement ne seront pas atteints, notamment concernant la santé maternelle et infantile, l’accès à l’eau potable et la lutte contre l’extrême pauvreté.La Mauritanie n’échappe donc pas au syndrome de la malédiction des ressources – également appelé le « paradoxe de l’abondance » – qui postule que l’abondance de richesses naturelles accroitparadoxalement la pauvreté et les inégalités.Aux yeux de bon nombre d’observateurs, ce contraste entre la croissance rapide de l’économie mauritanienne et la perduration d’une situation d’extrême pauvreté est en grande partie dû à la mauvaise gouvernance, et plus particulièrement à la corruption qui gangrène la sphère publique et détériore le climat des affaires.
La flambée des prix des matières premières, notamment du minerai de fer, a d’ailleurs permis à la Mauritanie de surmonter l’impact de la crise économique mondiale et de la sécheresse que le pays a connue en 2011 et d’afficher en 2012 un taux de croissance de 5,8%
Dans son dernier rapport sur les consultations de 2016 au titre de l’Article IV, le Fonds monétaire international considère que la Mauritanie «occupe une place décevante sur les indices de corruption ». La Mauritanie figure en effet de façon constante parmi les plus mauvais élèves du classement publié chaque année par l’organisation allemande Transparency International (TI) en matière de perception de la corruption : son indice de perception de la corruption (IPC) la place à la 142e place sur 176 pays.
La corruption endémique en Mauritanie est perçue comme un obstacle important aux affaires. Dans son dernier rapport sur la compétitivité mondiale, le Forum économique mondial place la Mauritanie à la 137e place sur 138 pays. En 2015, la Mauritanie a perdu deux places dans le classement élaboréselon l’Indice Mo Ibrahim pour se situer au 41ème rang sur 54 pays. Dans son Document de Stratégie Pays 2016-2020 pour la Mauritanie, la Banque africaine de développement écrit :
« La corruption constitue un problème épineux en Mauritanie, notamment dans l’octroi des prêts bancaires, l’attribution de permis de pêche, l’acquisition des terrains, l’attribution des contrats,et le paiement des impôts et taxes. […] L’accès au financement, l’insuffisance de l’infrastructure et la corruption sont considérés comme les obstacles majeurs pour les affaires en Mauritanie ». Les scandales politico-financiers, la mal gouvernance et une mauvaise gestion des ressources plombent l’économie du pays et bon nombre d’observateurs redoutent une “trabelsisation” de la Mauritanie.
Première source de préoccupation : les conditions d’attribution des marchés publics
« Nerf de la guerre » dans un pays dont l’économie se développe rapidement et qui doit par conséquent investir massivement dans ses infrastructures, les marchés publics sont bien souvent conclus au mépris de l’intérêt général : les mieux-disant, les plus talentueux, les plus compétents dans les différentes sphères de la vie économique du pays semblent constamment écartés au profit d’intérêts particuliers. A ce titre, dans son rapport pour les consultations de 2016 en Mauritanie au titre de l’Article IV, le FMI a considéré :
«Les partenariats public-privé (PPP) pourraient être à l’origine de risques budgétaires supplémentaires. Les autorités cherchent à mobiliser des investissements privés pour certains projets de développement au moyen de PPP, essentiellement pour la zone franche et la poursuite de l’extension du réseau routier. Si elles vont dans ce sens, les garanties explicites et implicites devraient être enregistrées au niveau central et les risques budgétaires devraient être évalués de près. L’expérience d’autres pays montre que les risques budgétaires liés aux PPP sont plus susceptibles de survenir en l’absence d’une législation globale, transparente et stable inspirée par des principes communs ».
La corruption constitue un problème épineux en Mauritanie, notamment dans l’octroi des prêts bancaires, l’attribution de permis de pêche, l’acquisition des terrains, l’attribution des contrats,et le paiement des impôts et taxes
Le FMI demande également à l’État mauritanien de mieux veiller à sélectionner et à suivre rigoureusement les investissements publics. Bon nombre de marchés publics sont conclus de gré à gré 1/ au mépris des règles élémentaires de transparence, d’égalité de traitement des candidats et de liberté d’accès aux marchés publics, 2/ en dehors de toute autorisation ou contrôle du Parlement (pas plus que de la Cour des comptes) et 3/ au profit et/ou dans l’intérêt d’individus et de groupes proches des cercles du pouvoir.
Au-delà des commissions occultes versées en marge de la conclusion des marchés publics, l’opposition dénonce par ailleurs des actes de favoritisme : certains marchés conclus « officiellement » seraient ensuite sous-traités à des sociétés proches de l’entourage présidentiel, et de citer en exemples les marchés liés à la construction des routes ou encore celui de l’approvisionnement en eau potable de la ville de Magta- Lahjar. Parmi les récents scandales dont la presse locale s’est fait l’écho, certains en particuliers doivent être cités.
Le contrat de construction du nouvel aéroport de Nouakchott :
Ce contrat a été attribué en 2011 à la société mauritanienne Najah Major Works (NMW). Créée seulement en 2011, cette entreprise appartient au groupe ASML dont le groupe AON est actionnaire. Ahmed Saleck Ould Mohamed Lemine et Abdallahi Ould Noueigued, respectivement à la tête d’ASML et d’AON, sont deux entrepreneurs influents du pays ; pour autant, ni leurs groupes, ni NMW ne justifient d’une quelconque expertise en matière de construction d’aéroports.
Le FMI demande également à l’État mauritanien de mieux veiller à sélectionner et à suivre rigoureusement les investissements publics.
La transaction s’est effectuée dans des conditions particulièrement opaques : non seulement le projetn’a pas été soumis à l’approbation des députés (faute d’avoir été inscrit au budget), mais en outre lemarché a été conclu sans passer par une quelconque procédure d’appel d’offres. Suivant le ministre des transports mauritanien, cette dispense résulterait de ce que le marché en question constitue un contrat consensuel car il « ne comporte aucune exonération fiscale, ni un éventuel financement extérieur ou un engagement monétaire de la part du gouvernement » et qu’il relèverait donc de l’ordonnance 126/89 fixant le code des obligations et des contrats (et non pas du code des marchés publics).
S’appuyant sur cette base légale pour le moins contestable eu égard à l’envergure du projet, les autorités ont ainsi procédé à un véritable « troc » : moyennant la construction du futur aéroport, le consortium s’est ainsi vu offrir un vaste domaine d’une superficie totale de 451 hectares occupés pour un tiers par un quartier résidentiel et pour deux tiers par l’ancien aéroport. Plus préoccupante qu’encore aujourd’hui la valeur des terrains reste indéterminée et que les données sur les coûts sont très approximatives. L’entrepreneur devrait ainsi prendre en charge l’ensemble des coûts de construction et d’équipement du nouvel aéroport.
Pourtant, en violation des textes régissant l’activité de crédit en Mauritanie,22 la Société nationale industrielle et minière (SNIM) a consenti un « prêt » de 50 millions de dollars américains à la société (privée) NMW. En outre, les obligations de l’entrepreneur ont été revues à la baisse, sans réductionéquivalente de la superficie des terrains qui lui ont été octroyés. Enfin, l’accumulation des nombreux retards pour l’achèvement des travaux, initialement prévu pour 2013 (l’aéroport n’a été inauguré qu’en2016) aurait occasionné un surcoût de 400.000 euros à régler à une entreprise française chargée du contrôle des travaux.
Le FMI a également remarqué que « parmi les nouveaux crédits octroyés en 2015, une partieimportante a servi à financer la construction d’un aéroport ».25 D’aucuns craignent que ce montagen’avait d’autre finalité que de permettre à un groupe privé lié à des personnalités influentes au sein du pouvoir (et in fine à ces mêmes personnes) d’accaparer des terrains de l’Etat à des fins spéculatives. A noter d’ailleurs que la construction de ce nouvel aéroport pouvant accueillir près de 2 millions de passagers par an n’a jamais été justifié alors que le nombre de voyageurs en Mauritanie s’élève à environ 120.000 personnes par an.
La construction de la centrale électrique de Nouakchott :
En octobre 2012, la Société Mauritanienne d’Électricité (SOMELEC) a lancé un appel d’offres international pour la construction à Nouakchott d’une centrale électrique à la suite de l’obtention par la Mauritanie d’un financement du FADES et de la Banque islamique de Développement.
Le marché a été attribué à la filiale française du groupe finlandais Wärtsilä alors même que son offre financière était la plus élevée de toutes celles présentées par les entreprises sélectionnées à l’issue del’évaluation technique (153.8M€ contre 139M€ pour le chinois China National Machinery et 125.8M€ pour l’espagnol TSK) – évaluation qui avait par ailleurs suscité de nombreuses interrogations du fait del’éviction de plusieurs entreprises qualifiées sans motivation, notamment celle de l’entreprise espagnole OHL.
Deuxième source de préoccupation : La gestion irresponsable des ressources naturelles
Seul retiendra ici notre attention le cas des ressources halieutiques dont l’exploitation représente un enjeu stratégique pour l’économie mauritanienne : principal pourvoyeur de devises après les mines, le secteur de la pêche représente en effet 10% du PIB, entre 35 et 50% des exportations du pays. La pêche crée 45.000 emplois directs et indirects, ce qui représente 36% de l’emploi formel.
Soucieux de préserver le potentiel de ce secteur, le gouvernement mauritanien a ainsi pris soin d’adopter une « Stratégie de Gestion durable du Secteur des Pêches et de l’Aquaculture 2008-2012 » destinée à « assurer, dans le cadre d’une gestion durable des ressources halieutiques, l’optimisation des bénéfices socio-économiques tirés du secteur, en termes de recettes budgétaires, de revenus des opérateurs privés, d’emplois, de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté ».
Or, les termes de la convention sur la pêche conclue dans le même temps par la Mauritanie avec la société chinoise POLY-HONDONE PELAGIC FISHERY CO. s’éloignent sensiblement de cette mêmestratégie. Signée le 7 juin 2010, cette convention prévoit que, moyennant un investissement de 100 millions USD en nature via la construction d’un complexe industriel, la société chinoise bénéficie d’undroit de pêche sur une durée de 25 ans dans des conditions fiscales et commerciales extrêmement avantageuses.
En particulier, aucune restriction aux modalités de pêche n’est prévue ; la question de la gestion durable des ressources n’est évoquée que rapidement en préambule, alors même que la Banque mondiale a récemment exprimé son inquiétude quant à la possibilité pour la pêche de devenir en Mauritanie une « ressource limitée ». La société chinoise s’est en outre vue attribuer un domaine de 60.000 m2 avec la possibilité que l’Etat mauritanien lui attribue gratuitement toute autre parcelle de terre nécessaire à l’activité de l’entreprise et bénéficie d’une exonération de nombreux impôts. Enfin,cette convention de pêche viole un certain nombre de lois mauritaniennes.
Plus de six années après la signature du contrat avec POLY-HONDONE, les observateurs ont puremarquer que l’embauche promise par la société chinoise de 2.000 personnes n’a pas été respectée puisqu’elle n’emploie que 700 travailleurs. Le transfert des technologies n’a pas non plus eu lieu lespirogues continuant à être construites en Chine.
D’aucuns s’interrogeaient sur les motivations ayant présidé à la décision du gouvernement mauritanien de conclure une telle convention avec – ce qui rend cette affaire d’autant plus trouble – une société essentiellement connue pour des faits de vente illégale d’armes chinoises à l’étranger. En effet, la société POLY-HONDONE est une filiale de la société POLY TECHNOLOGIES INC ou est, tout aumoins, intimement liée à cette dernière puisque leurs noms sont utilisés indifféremment entre l’accord d’investissement et la convention d’établissement.
En décembre 2016, le gouvernement mauritanien a justement choisi POLY TECHNOLOGIES INC pour la construction d’un nouveau port militaire et commercial dans la commune de N’Diago (250 km au sudde Nouakchott), estimée à 325 millions de dollars, entièrement financée par l’Etat mauritanien, sansqu’aucun appel d’offres n’ait été, semble-t-il, publié.
POLY TECHNOLOGIES INC est pourtant une société connue pour des affaires de corruption en Namibie, au Niger et au Zimbabwe. En 2013, elle a été sanctionnée par le gouvernement américain pour avoir violé une loi sur la non-prolifération d’armes en Iran, en Corée du Nord et en Syrie.
Dans le cadre de la dernière renégociation de l’accord de pêche avec l’Union Européenne, le gouvernement mauritanien avait introduit une clause excluant les céphalopodes, qui constituent 40% de la valeur globale des exportations du secteur de la pêche, de son champ d’application.51 Les Mauritaniens en ont récemment compris les raisons : le ministère des pêches vient d’instituer des quotas (cessibles sur le marché). A la « seule » discrétion du ministre, ces quotas ont été accordés à une liste très restreinte de Mauritaniens qui ont, comme seul point commun, la proximité du Président de la République : proches membres de sa famille, ou activistes politiques.
Troisième source de préoccupation : La mauvaise gestion et le pillage des finances publiques
Si certains observateurs pointent du doigt la mauvaise gestion des finances publiques , d’autres voient dans cette mal gouvernance une volonté cachée des dirigeants de les piller .
La mauvaise gestion des finances publiques :
Dans son rapport annuel pour l’année 2016, le FMI regrette non seulement que ses conseils sont appliqués de façon mitigée par les autorités mauritaniennes, mais également que ses recommandations destinées à dissiper les craintes de la viabilité de la dette moyennant un assainissement budgétaire et àrenforcer le cadre de la politique monétaire n’ont pas toujours été appliquées.53 La Banque africaine de Développement a également épinglé la mal gouvernance et la mauvaise gestion des finances publiques.54
Le déficit budgétaire s’est détérioré et la dette publique s’est aggravée pour atteindre 93% du PIB à lafin 2015, les autorités ayant emprunté pour des projets d’investissement prioritaires et renforcer lesréserves.55 Entre 2010 et 2015, la dette aurait augmenté de 153%.56 La Banque centrale mauritanienne a dû contracter un emprunt bilatéral avec l’Autorité d’investissement du Koweït pour soutenir la position de la dette extérieure.57
L’ouguiya mauritanienne a quant à elle enregistré une dépréciation nominale de 9% en glissement annuel par rapport au dollar américain58 et aucune politique de change n’a pour le moment été adoptée pour remédier à cette forte surévaluation de l’ouguiya.
Le FMI, comme la Banque mondiale, critique le manque de transparence des finances publiques. Ces institutions financières mettent en cause les liens étroits existant entre des conglomérats industriels et des banques compromettant ainsi la transparence et la gouvernance, ce qui pourrait entraîner des risques systémiques. La banque mondiale dénonce le secteur parapublic comme un « fardeau » pourl’économie mauritanienne :
« Le secteur parapublic a augmenté et dispose de quelque 150 établissements qui reçoivent des transferts qui représentent désormais 17 pour cent des dépenses, mais il y a très peud’informations pour évaluer leur performance en termes de services rendus ou de leur efficacité opérationnelle. Ces entités représentent un risque et une menace considérable pour les bonnesperformances de la politique budgétaire et des finances publiques. […] Un grand nombre de ces entreprises publiques ont un niveau d’opacité modéré ou élevé, et il est encore très difficile d’obtenir des données précises sur la position financière nette ou la contribution de ces entités envers les investissements publics.
Une étude récente de la Banque mondiale a constaté que le nombre d’agences avait augmenté depuis 2010 et que les subventions aux entreprises publiques et aux organismes avaient fortement augmenté, passant de 5 milliards d’ouguiyas en 2005 (soit 17,2 millions de USD) à plus de 70 milliards d’ouguiyas en 2013 (soit 240 millions USD), tandis que les services fournis par ces entités restent médiocres, et les contrôles externes peu fréquents ».
Le FMI, comme la Banque mondiale, critique le manque de transparence des finances publiques. Ces institutions financières mettent en cause les liens étroits existant entre des conglomérats industriels et des banques compromettant ainsi la transparence et la gouvernance, ce qui pourrait entraîner des risques systémiques
Le pillage des finances publiques
Concernant le budget de l’État, les procédures prévues par la loi ne sont pas respectées : d’importants volumes de recettes et de dépenses publiques (au premier rang desquelles celles afférentes aux marchés publics) échappent ainsi au contrôle du Parlement et de la Cour des Comptes. Ce pillage des finances publiques s’opère principalement au travers de la Banque Centrale Mauritanienne (BCM) par laquelle transite la majorité des flux financiers du pays.
Ainsi, d’après l’opposition, de nombreuses recettes extérieures encaissées par la BCM pour le compte de l’Etat ne sont pas inscrites dans la loi de finances et sont utilisées en dehors des procédures budgétaires ; ce serait notamment le cas d’un don d’un montant de 50 millions USD accordé par leRoyaume d’Arabie Saoudite à la Mauritanie au sujet duquel l’opposition n’a cessé de réclamer en vain la transparence.
L’opposition s’interroge pareillement sur le sort des 200 millions USD que la Mauritanie a perçus de la Lybie en échange de l’extradition vers Tripoli d’Abdallah Al-Senoussi, ancien chef des renseignements de Kadhafi, sous le coup d’un mandat d’arrêt international de la Cour Pénale Internationale une recette qui n’a jamais été inscrite au budget de l’Etat.
Ces opérations ne constituent pas des cas isolés: la BCM est en effet accusée d’effectuer régulièrement des prélèvements directs illégaux sur les comptes de l’Etat dans les livres de la BCM. Plus généralement, il apparaît que la BCM a été progressivement détournée de sa mission initiale de service public (i.e. garantir le bon fonctionnement et l’équilibre du système financier de laMauritanie) pour servir les intérêts du régime en place : ainsi, bon nombre des agréments bancaires octroyés récemment par cette dernière ne sont dictés que par des considérations népotistes ; ces mêmes considérations semblent être à l’origine des manipulations des taux de change auxquelles procède régulièrement et en toute irrégularité la BCM. De telles pratiques contredisent par ailleurs ouvertement les engagements pris auprès des bailleurs de fonds internationaux.
Les différents rapports d’audit des comptes de la BCM réalisés ces dernières années confirment lesrelations troubles que la BCM entretient avec l’Etat : ainsi, faisant écho aux rapports d’audits relatifs aux exercices 2008, 2009 et 2010,67 les auditeurs du cabinet Ernest & Young ont ainsi exprimé de sérieuses réserves dans leur audit des comptes 2011 du fait notamment de l’existence de créances nonrecouvrées portant sur des sommes colossales et de nature à fausser la situation financière réelle de la BCM.
L’opposition s’interroge pareillement sur le sort des 200 millions USD que la Mauritanie a perçus de la Lybie en échange de l’extradition vers Tripoli d’Abdallah Al-Senoussi, ancien chef des renseignements de Kadhafi, sous le coup d’un mandat d’arrêt international de la Cour Pénale Internationale
Au-delà d’une créance sur l’Etat d’un montant de 20.010 millions MRO (soit plus de 55 millions€) – dont plus de la moitié relatifs à des impayés sur les engagements nets de l’Etat des exercices 2010et 2011 – les auditeurs évoquent notamment le cas de la créance sur la Sonimex : d’un montant hors intérêt de près 11.000 millions MRO (plus de 30 millions €), cette créance remonte à 2008 ; date à laquelle la BCM avait accordé un prêt à la Société Mauritanienne d’Importation et d’Exportation (Sonimex) – société détenue à 51% par l’Etat mauritanien – afin de lui permettre de s’approvisionner en produits importés à des prix raisonnables.
« Oubliée » pendant plusieurs années, cette créance nerefera surface qu’à la suite des rapports d’audit précités. Aucune mesure n’a été prise à ce jour pour régulariser ces différentes opérations. Les irrégularités auxquelles se livrent la BCM ne vont pas sans rappeler les années 2001-2005 et les malversations politico-financières auxquelles elle était alors associée ; de nouveau, la BCM fait office de « caisse noire » de l’Etat.
Mauritanie : l’économie repart, la précarité persiste
Auteur(s) : Alain Faujas
Date de publication : 02 juillet 2018
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La Mauritanie est un bon élève. Dans leurs rapports, le FMI et la banque mondiale applaudissent les efforts que le gouvernement a réalisés depuis 2015 pour contrer la chute du prix du minerai de fer, principale source de revenus de l’État. Il a taillé dans les dépenses de fonctionnement comme dans celles concernant les investissements, fait la chasse au gaspillage – les emplois fantômes dans la fonction publique, par exemple –, et laissé la monnaie, l’ouguiya, perdre environ 20 % de sa valeur. Le nouveau statut de la Banque centrale devrait lui assurer une plus grande indépendance qui rassurera les investisseurs.
L’économie repart
Les résultats de ce pilotage approprié sont là. Les réserves en devises sont confortables. Le budget dégage désormais un surplus qui permettra de maîtriser une dette extérieure très importante, puisqu’elle représente 72 % du PIB, sans compter la vieille dette dormante à l’égard du Koweït (20 %). Avec ce surplus, le pays pourra commencer à rembourser la lourde dette, d’un montant de 350 millions de dollars contractée à l’égard de l’Arabie saoudite. Le déficit du compte courant se réduit lui aussi.
Premier hôtel cinq étoiles
Un certain nombre de travers n’ont pas disparu pour autant. Le premier est l’étatisation de l’économie, qui l’empêche de créer des emplois. Malgré les grands progrès du pays en matière de climat des affaires – qu’a sanctionné un bond de 26 places en trois ans au classement Doing Business de la Banque mondiale (160e rang sur 190 pays étudiés dans l’édition 2018) –, la puissance publique étouffe l’initiative privée.
Car c’est toujours l’investissement public qui tire la croissance, avec l’exécution des projets présidentiels en matière de routes, de transports, d’électrification, d’irrigation ou de laiteries. L’État et ses entreprises ne pouvant tout faire faute de moyens et de compétences, la diversification de l’économie et la transformation de ses produits d’exportation (poisson, minerais) ou de l’agriculture et de l’élevage (30 millions d’animaux) marquent le pas, sauf peut-être dans la filière du riz. Environ 80 % des investissements étrangers sont déployés dans le secteur des mines.
Cette économie de rente maintient la Mauritanie dans une situation d’extrême vulnérabilité par rapport aux fluctuations des prix des matières premières, qu’il s’agisse d’importations (pétrole, produits alimentaires de base) ou d’exportations (fer, or).
L’éducation sinistrée
Le second travers du pays est la grande précarité dans laquelle vit la majorité des Mauritaniens. Certes, le pourcentage de la population pauvre a reculé fortement, passant de 44,5 % en 2008 à 33 % en 2014 (sur la base du seuil national de pauvreté).
Cependant, selon le Rapport sur la situation économique en Mauritanie, publié en février dernier par la Banque mondiale, les estimations montrent que, si la réduction de la pauvreté s’est presque figée en 2017, paradoxalement, le nombre de pauvres continue d’augmenter.
Cette situation s’explique par le fait que les dépenses en faveur de l’éducation sinistrée et de la santé mal en point ont souffert de la crise. « Le focus sur les infrastructures a laissé peu de marges au profit des secteurs clés comme l’éducation, la santé et les filets sociaux », souligne le rapport. Or « le développement de ces secteurs est impératif à la soutenabilité de la croissance et à la prospérité future du pays », poursuit le texte de la Banque mondiale.
Autrement dit : « La Mauritanie est confrontée principalement à un problème d’optimisation et d’équité dans les allocations de ressources entre les infrastructures et le développement humain, conjugué avec un manque de gestion efficace et efficiente des investissements publics », conclut le rapport .
Cette situation s’explique par le fait que les dépenses en faveur de l’éducation sinistrée et de la santé mal en point ont souffert de la crise
Mauritanie, la faillite de l’économie
Auteur(s) : Nicolas Beau
Date de publication : 13 janvier 2019
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Lors de l’arrivée au pouvoir du chanceux président Aziz en 2008, la charge de la dette extérieure a été pratiquement réduite à zéro grâce à la gestion rigoureuse d’un de ses prédécesseurs, le président Ely Ould Mohamed Vall, qui se trouvait aux commandes du pays entre 2005 et 2007. Ensuite, les richesses pétrolières et minières, qui conditionnent l’état de cette économie vulnérable, vont connaître une formidable embellie entre 2010 à 2014.
Hélas, la présidence mauritanienne va dilapider cette cagnotte inespérée. Du coup, ce pays se retrouve fort démuni aujourd’hui, alors que le retournement de conjoncture des cours miniers et pétroliers ont fait chuter drastiquement les ressources du pays. Aucun chantier structurant, aucun bas de laine pour amortir la crise actuelle des liquidités.
Des niveaux records
Durant les quatre années fastes qui vont de 2010 à 2014, l’économie mauritanienne enregistre des performances exceptionnelles. Le taux de croissance est de 5,5% en moyenne (contre 1% précédemment). Les recettes provenant des exportations ont augmenté en quatre ans de 71%. Les seules recettes annuelles du budget de l’Etat ont doublé en passant d’un niveau de 200 milliards d’ougayas par an à plus de 400 milliards d’ougayas.
Les investissements directs de l’étranger, attirés par des participations dans les groupes industriels mauritaniens florissants, vont progresser, eux aussi, de façon spectaculaire, atteignant le niveau record de 756 millions de dollars par an. Autant de résultats brillants qui s’expliquent par la hausse vertigineuse des matières premières. Le chiffre d’affaires de la SNIM, qui détient le monopole de l’exploitation du fer, la principale richesse du pays, progresse de 140% en moyenne annuelle à production inchangée. A cette manne, s’ajoute les débuts de la production d’or après 2008.
L’once qui valait en moyenne 760 dollars entre 2006 et 2008 voit son cours doubler pour atteindre 1428 dollars après 2010. Sans parler de la découverte de richesses en cuivre et de ressources pétrolières, le tout dans un climat de flambée des prix. Même les exportation de la pêche qui se chiffraient à 280 millions de dollars ont connu un bond considérable de 2011 à 2014 en dépassant les 400 millions de dollars en moyenne annuelle.
L’explosion de la dette
Au total entre 2010 et mi 2014, la Mauritanie a encaissé un volume considérable de ressources extérieures s’élevant à 17,24 milliards de dollars. Or la surprise, la voici: d’après les chiffres que « Mondafrique » s’est procuré, le pouvoir mauritanien, bien que gorgé de ressources, a continué à charger la barque de l’endettement public.
En l’absence de données officielles, soigneusement tenues secrètes, il nous faut retenir les chiffres de la chef de mission du FMI qui a séjourné cet hiver en Mauritanie et que nous avons pu consulter. L’encours de la dette mauritanienne s’élève désormais à 4,904 milliards de dollars, soit une progression de 153% durant les six années qui vont de 2010 à 2015.
Cherchez l’erreur
Le pouvoir mauritanien s’endette, alors qu’il bénéficie d’une formidable embellie de la situation financière. D’où les questions légitimes sur l’utilisation des ressources et la qualité de la gouvernance. L’erreur commise par le président mauritanien et son gouvernement est d’avoir gaspillé, en ces temps de vaches grasses, cette rente minière et pétrolière tombée du ciel, sans préparer l’avenir.
Des fonds dilapidés
Le retournement du cours des matières premières et du pétrole que connait aujourd’hui une Mauritanie sans marges de manoeuvre a plongé le pays dans une grave récession. La croissance mauritanienne a plongé en 2015 à un taux de 2% seulement. » La question qui se pose, poursuit notre expert, est de savoir où est passé tout l’argent que l’Etat a reçu pendant les années fastes ».
Le pouvoir mauritanien s’endette, alors qu’il bénéficie d’une formidable embellie de la situation financière
Sans même évoquer les circuits occultes qui ont permis aux clans présidentiel de d’enrichir, il convient de se pencher sur la partie visible de l’iceberg. L’Etat mauritanien s’est lancé dans une politique d’investissement anarchique qui n’intègre aucune stratégie cohérente. Au nombre des réalisations les plus désastreuses ou les plus surdimensionnées, on peut citer notamment la construction d’un aéroport encore inachevé d’une capacité de deux millions de voyageurs. Les besoins du pays se limitent à 120000 passagers par an. Pourquoi cette folie des grandeurs?
Attention au crash
Le peuple mauritanien n’a bénéficié ni de près ni de loin des fruits de la croissance de ces années glorieuses. Le taux de chômage de la population reste à 31,5%, un des plus élevés du monde, selon un rapport de la Banque Mondiale de février dernier. La moitié de la population mauritanienne n’a toujours pas accès à l’eau potable, selon un rapport du Programme Alimentaire Mondial (PAM). Enfin l’indice de développement humain (santé, éducation, pauvreté…) classe la Mauritanie au 156ème rang mondial en 2015 contre le 154ème rang mondial en 2008.
Le pire est à venir. Pour financer dans l’année qui vient la baisse constatée du revenu national, l’Etat mauritanien s’apprête à augmenter encore les prélèvements sur la consommation des ménages, y compris les plus pauvres. La discrète et continue dévaluation de la monnaie locale, l’ouguiya, par rapport au dollar renchérit également les produits importés de première nécessité.
Mauritanie : Contexte politico-économique
Auteur : La plateforme d’information internationale des Experts Comptables
Date de publication : Mai 2019
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Le contexte économique
La conjoncture économique
Après que la Mauritanie a connu plusieurs années de croissance dynamique en raison des prix auparavant élevés des produits de base, le pays a été gravement touché par la chute des prix en 2014-15. La croissance a ensuite rebondi pour atteindre 3,5% du PIB en 2018 (selon les dernières données du FMI), tirée principalement par l’agriculture irriguée, la pêche, la construction, la hausse des prix des métaux et l’industrie manufacturière.
La reprise devrait se poursuivre en 2019, la croissance du PIB du FMI, estimée à 5,2%, a récemment été revue à la hausse et s’établit à 7,5%. La performance de l’économie dépendra de la poursuite des réformes en cours dans les secteurs de l’agriculture, des infrastructures portuaires, du climat des affaires et de l’accroissement de la production du secteur extractif à la suite de l’expansion des mines d’or du pays.
En 2018, l’économie mauritanienne a continué de se redresser grâce aux efforts d’assainissement budgétaire déployés conformément aux recommandations du FMI. Le solde budgétaire global a dégagé un excédent estimé à 0,2% du PIB, après avoir légèrement reculé par rapport à 2017. La dette publique a continué de diminuer, passant de 100% du PIB en 2016 à 97,5% en 2018, mais elle reste élevée et vulnérable aux chocs exogènes, principalement externe.
La dette publique devrait diminuer lentement pour atteindre 81,1% en 2019 et 79,6% en 2020 (FMI). Le déficit de la balance courante s’est creusé pour atteindre 16,0% du PIB en 2018 et 17,3% en 2019, contre 14,4% en 2017, en raison principalement de la hausse des prix du pétrole. L’inflation est passée de 2,3% en 2017 à environ 3,8% en 2018 et devrait rester à ce niveau en 2019.
Le gouvernement a pris des mesures pour améliorer le fonctionnement de l’administration fiscale, ainsi que pour augmenter la TVA et le coût des permis de pêche, tout en allouant les dépenses de manière plus efficace pour promouvoir la diversification économique. En décembre 2018, le FMI a achevé le deuxième examen de l’accord de trois ans approuvé par la facilité élargie de crédit un an plus tôt. Il a jugé la mise en œuvre satisfaisante, mais a indiqué que les vulnérabilités et les risques subsistent, en particulier eu égard à l’environnement international de moins en moins favorable et à la baisse des prix à l’exportation des produits de base, ce qui pèse lourdement sur la situation extérieure et budgétaire.
La dette publique a continué de diminuer, passant de 100% du PIB en 2016 à 97,5% en 2018, mais elle reste élevée et vulnérable aux chocs exogènes, principalement externe
Parmi les défis soulignés par le FMI, il est apparu la nécessité d’une stratégie d’investissement prudente et disciplinée afin d’élargir les infrastructures et de créer des emplois tout en assurant la viabilité de la dette publique; la limitation des emprunts non concessionnels et l’amélioration de la gestion de la dette; le renforcement de la lutte contre la corruption et l’amélioration du climat des affaires. Le gouvernement devra moderniser le pays et soutenir l’éducation et la diversification industrielle afin de limiter sa dépendance aux fluctuations des prix des matières premières (fer, cuivre, or, quartz, bétail, poisson).
Le pays dépend également de l’aide internationale et tente actuellement de renégocier sa dette avec le Fonds souverain koweïtien. Les autorités ont élaboré une stratégie de croissance inclusive pour la période 2017-2030, prévoyant des réformes structurelles et des investissements importants dans les infrastructures. Les trois piliers de cette stratégie d’investissement sont la croissance économique inclusive, le développement du capital humain et l’amélioration de la gouvernance.
Sur le plan politique, les élections législatives ont abouti à la nomination d’un nouveau Premier ministre, Mohamed Salem Ould Bechir. Des élections présidentielles sont prévues pour juin 2019, auxquelles le président Abdel Aziz ne se présentera pas, conformément à la constitution. Ce dernier a néanmoins affirmé sa volonté de rester actif sur la scène politique. Malgré la forte baisse de la proportion de la population pauvre, qui est passée de 44,5% de la population du pays en 2008 à 33% en 2014, la pauvreté n’a pas diminué dans la capitale (Banque Mondiale). De plus, si l’esclavage a été officiellement aboli en 1981, il concerne toujours une partie non négligeable de la population (1%). Le taux de chômage en Mauritanie représentait 9,90% de la population totale en 2018.
Les principaux secteurs économiques
Vaste désert bordé à l’est par la côte atlantique longue de 700 km et au sud par le fleuve Sénégal, la Mauritanie vit depuis longtemps de ses ressources essentielles en minerai de fer et en produits de la pêche. Le pays possède également d’importants gisements d’or et de cuivre et les licences d’exploration dans le secteur des hydrocarbures sont de plus en plus nombreuses et diversifiées.
Le secteur primaire représente 23% du PIB et emploie plus de 75% de la population active. Le pays possède des mines de fer et ses côtes maritimes comptent parmi les plus grandes réserves de poisson au monde. La Mauritanie produit du mil, du sorgho, des dattes et du riz, mais la production est principalement orientée vers l’extraction du fer et la pêche industrielle. L’agriculture, pratiquée par les nomades mauritaniens, constitue également un important domaine d’activité.
Le pays dispose de ressources minérales, pétrolières et gazières, qui représentent un marché émergent en pleine expansion. En ce qui concerne la production de gaz naturel liquéfié, un accord a été conclu avec le Sénégal sur la répartition égale des revenus provenant de l’exploitation de la plate-forme offshore de Grande Tortue Ahmeyim (GTA), prévue pour 2021. Le secteur secondaire (construction comprise) contribue à moins de 30% du pays et emploie moins de 10% de la population active.
La Mauritanie produit du mil, du sorgho, des dattes et du riz, mais la production est principalement orientée vers l’extraction du fer et la pêche industrielle
Le secteur tertiaire (transports et télécommunications en particulier) représente plus de 35% du PIB et emploie environ 17% de la population active. La récente reprise du tourisme dans la région de l’Adrar dépend de la capacité du gouvernement à garantir la sécurité.