Thierno Souleymane Diop Niang
Les Fellowships dans la politique étrangère américaine
Les fellowships (bourse pour une formation académique et de leadership) sont devenus des programmes cruciaux dans le dispositif diplomatique des Etats-Unis. Le monde a évolué et l’affrontement militaire quoique possible est cantonné dans des zones avec naturellement des risques d’escalade. Toutefois, la domination revêt une nature plus subtile qui pousse les États à séduire, convaincre, et à policer leur image. Les États-Unis sont doués pour ce jeu.
La valeur ajoutée avec les fellowships est qu’ils invitent des générations entières d’intellectuels, de jeunes brillants, entrepreneurs, chercheurs à une vision différente de l’Amérique. Elle n’apparaît plus uniquement comme le « gendarme du monde » qui distribue des cartes ou régente le monde. Ces moments d’échanges pourvoient en ressources, idées, bonnes pratiques et financements à des projets innovants, suscitant un approfondissement des relations entre l’Afrique et l’Amérique.
Le génie du président Barack Obama est d’avoir rapidement incarné l’héritage de Nelson Mandela (Madiba), en baptisant le programme Young African Leaders Initiative (YALI),le Mandela Washington Fellowship, après la mort de ce dernier en 2013. Cette belle trouvaille a augmenté le regain pour cette prestigieuse bourse qui reste sponsorisée par le département d’État.
La valeur ajoutée avec les fellowships est qu’ils invitent des générations entières d’intellectuels, de jeunes brillants, entrepreneurs, chercheurs à une vision différente de l’Amérique
Des initiatives comme outils de rayonnement du « soft power » américain
Effectivement, ce n’est pas une générosité désintéressée, d’ailleurs la primauté des intérêts est un paradigme sur la scène internationale. La puissance militaire américaine n’est plus à démontrer, ce pays-continent qui est dans une certaine forme d’aisance depuis la chute du mur de Berlin en 1989 a très vite viré vers une politique d’influence. Cette stratégie qui consiste à pérenniser son hégémonie épouse des substrats subtils, culturels, économiques pour s’installer dans tous les coins du monde.
Le meilleur outil pour bâtir une perception universelle autour du rêve américain est le savoir. Celui qui permet de diriger les consciences vers cette terre de liberté et de réalisation de toutes les utopies. C’est dans cette dynamique que cette myriade de « fellowships » foisonnent et déterminent l’Amérique comme une « Mecque démocratique », un pays de justice et de liberté d’expression pour tous ceux qui veulent un monde meilleur.
De la nécessité de réinventer la relation
L’Amérique porte le continent noir dans ses entrailles. Autrefois par le truchement de la traite négrière, d’innombrables cohortes de femmes et d’hommes ont quitté le continent noir pour résider définitivement sur l’autre rive de l’Atlantique. Cette époque est dépassée et la justice sociale comme l’égalité des droits semblent progresser aux États-Unis. Pourtant, de fortes disparités perdurent et c’est un boulet traîné par les administrations successives depuis l’abolition de l’esclavage.
Les États-Unis résolument universalistes depuis la fin des deux guerres mondiales, chef de file du monde libre et démocratique butent sur une impasse congénitale, irriguée par le fleuve de l’histoire. Comment se projeter vers l’Afrique, y bâtir une relation durable et fructueuse, en échouant à l’intégration effective de la minorité afro-américaine ? Quel paradoxe criant.
Le meilleur outil pour bâtir une perception universelle autour du rêve américain est le savoir. Celui qui permet de diriger les consciences vers cette terre de liberté et de réalisation de toutes les utopies
L’affaire Georges Floyd qui a défrayé la chronique en pleine pandémie du Covid-19, a exacerbé la fracture sociale. Celui d’un pays fédéré au plan politique, qui avait su projeter avec dextérité un « soft power » adossé à son industrie culturelle et son « american way of life (mode de vie à l’américaine)», charmant le monde entier. Cependant cette entité fédérale peine à se construire en tant que Nation, en aménageant tout l’espace permettant aux noirs américains de s’épanouir dans tous les segments de la société.
L’Afrique observait ce drame minutieusement avec des appréciations diversifiées. Parce qu’elle est perçue depuis longtemps comme une zone meurtrie, qui lutte pour s’affranchir d’une injustice sociale structurelle. Le continent est solidaire de toute forme d’agression contre l’humanité, y compris celle d’un homme qui suffoque sous le coude mortel d’un policier.
Lors de sa visite en Afrique en novembre 2021, le secrétaire d’État américain Antony Blinken déclarait : « Les États-Unis savent que, pour la plupart des défis urgents et des opportunités qui se présentent à nous, l’Afrique joue un rôle décisif. Nous ne pouvons pas atteindre nos objectifs dans le monde, qu’il s’agisse de mettre fin à la pandémie de Covid-19, de construire une économie mondiale forte et inclusive, de lutter contre la crise climatique ou de revitaliser la démocratie et de défendre les droits humains, sans le leadership des gouvernements, des institutions et des citoyens africains ».
Si les rues africaines, principalement les jeunes exigent un changement de paradigmes entre le continent et l’Occident qui est invité à dépasser sa condescendance, la narration de sanglots devient inopérante. La globalisation étant une réalité tangible, l’Amérique appréhende les potentialités du continent. Le biais doit évoluer.
Les problématiques qui interpellent l’humanité sont éparses et asymétriques. La solution est de les “mondialiser”, cela signifie amorcer une stratégie globale. Les États-Unis par leur expérience, et parce qu’il n’existe pas un passif lourd entre les deux continents, causé par le colonialisme, peuvent être un partenaire stratégique qui accompagne le continent dans sa marche irréversible vers le développement, tout en évitant d’embrasser une posture de “donneur de leçons” inefficace.
Quel apport des États-Unis aux défis liés à l’éducation en Afrique, particulièrement au Sahel ?
L’éducation est l’arme la plus puissante. Son effet est performant dans le long terme . L’Amérique est bien placée pour le savoir. Ce pays a fait de l’économie de la connaissance le pilier de son essor socio-économique. La recherche-développement est une réalité tangible depuis des dizaines d’années ; avec des universités qui sont dotées de moyens astronomiques pour maintenir le cap. Elle doit se positionner en partenaire du continent. Les innombrables défis qui interpellent l’humanité et qui sont manifestes au Sahel notamment l’extrémisme violent, la migration, la démographie, le changement climatique nécessitent une valse de solutions bien pensées.
Le savoir précède les actions et les États-Unis doivent apporter plus d’expertise dans la formation du capital humain, un transfert accru de technologies, le renforcement des capacités. Les GAFA (les géants américains du numérique) de la Silicon Valley trouvent un marché fécond en Afrique, d’ailleurs l’avenir numérique du monde se trouve sur le continent qui est en perpétuelle croissance démographique et qui est pressenti pour devenir un hub numérique. Quel est en retour le bénéfice pour l’Afrique ?
Et pourtant , l’espace virtuel pourrait offrir beaucoup d’opportunités aux jeunes du continent et ceux qui subissent un horizon assombri au Sahel. Ils pourraient y puiser des ressources pour élargir leur champ de vision, appréhender les arcanes de l’entrepreneuriat, échanger avec les citoyens américains, pour créer une passerelle culturelle entre ces deux peuples. Cela, sans compter l’immense marché que le web a créé.
En Afrique, les populations développent des capacités de résilience inédites, mais les disparités sont criantes et motivent la frange majoritaire de la population à projeter le regard vers un ailleurs capable de leur assurer un avenir différent et radieux
L’humanité recèle des crises successives et les communautés vulnérables ressentent constamment les contrecoups. En Afrique, les populations développent des capacités de résilience inédites, mais les disparités sont criantes et motivent la frange majoritaire de la population à projeter le regard vers un ailleurs capable de leur assurer un avenir différent et radieux. L’Europe a mal géré les flux migratoires, avec le lot de désolation affiché dans les médias et ces vies échouées sur les plages sans une réelle indignation.
Dès lors, l’Amérique ne peut plus s’abriter derrière une puissance qui est certes capable de dresser des barbelés à la frontière mexicaine, mais qui ne peut ériger des murs sur l’océan. Elle ne pourra pas stopper les cohortes de jeunes migrants qui pourraient faire du Nord, leur prochaine destination édénique.
Source photo : icilome
Thierno Souleymane Diop Niang est auteur, juriste et spécialiste en relations internationales. Diplômé en Public Management, il est éditorialiste, chroniqueur sur une chaîne de télévision et alumni du Mandela Washington Fellowship 2021.
3 Commentaires. En écrire un nouveau
J’adore les premiers puissance mondiale (USA)
s.o.s je suis orphelin j’ai vraiment besoin d’aide je suis togo et j’aimerais allez aux êtas unis pour me trouver un jobs c’est mon plus grand rêve je vous demande pardon
Je suis un jeune de 17 ans et j’aimerais trouver un job aux états-unis n’importe lequel