Dans le cadre du débat sur l’alimentation en Afrique de l’Ouest, WATHI a échangé avec Sahabi Souley, ambassadeur d’Agro Boot Camp au Niger. Dans cet entretien, il aborde les défis auxquels font face les producteurs agroalimentaires nigériens, les mesures étatiques qui doivent être prises à cet effet ainsi que son choix d’entreprendre dans le domaine de l’agroécologie.
Sahabi Souley
Quelle appréciation faites-vous de la sécurité alimentaire dans votre pays ?
La sécurité alimentaire au Niger reste un défi à relever. Ainsi, mon appréciation est carrément négative. Au Niger, la préoccupation de la population reste la question de la consommation. La population nigérienne n’a pas accès à des aliments en quantité et la même question se pose pour la qualité des produits alimentaires consommés.
La population nigérienne n’a pas accès à des aliments en quantité et la même question se pose pour la qualité des produits alimentaires consommés.
Quels sont les obstacles de l’accès à l’alimentation au Niger ?
Les obstacles de l’accès à l’alimentation au Niger sont nombreux et peuvent être analysés à deux niveaux. Au premier niveau, on constate que les villageois qui représentent plus de 80 % des producteurs agroalimentaires au Niger rencontrent d’énormes difficultés dans le processus de production et ces difficultés les empêchent de produire en quantité suffisante. Au deuxième niveau, nous pouvons citer les obstacles liés au manque de bonne semence, au manque de techniques et de moyens appropriés pour une production agricole de bonne qualité.
Quelles mesures étatiques doivent être prises à cet effet ?
L’État nigérien doit d’abord comprendre que tant que nous ne produirons pas ce que nous consommons, le pays restera toujours en situation de crise alimentaire. Je peux dire que malgré les efforts consentis par l’État et ses partenaires pour améliorer et apporter un changement positif dans le secteur agricole du Niger, il reste beaucoup à faire.
Que faire pour que le Niger produise tout ce que sa population consomme ?
L’État nigérien doit réduire l’importation des produits agricoles et encourager les producteurs locaux, par des dons de matériaux, des subventions et promouvoir la création d’usines de transformation des produits locaux. Il faut qu’il y ait une forte volonté et un engagement politique de nos dirigeants vis-à-vis du secteur agricole. Si l’État Nigérien commence à accorder une réelle importance au secteur agricole, la mentalité de la population changera vis-à-vis de l’agriculture. L’agriculture est aussi une source de richesse. Toutefois, tout le problème c’est qu’au Niger, on considère les métiers de l’agriculture comme ceux des « ratés ».
Toutefois, tout le problème c’est qu’au Niger, on considère les métiers de l’agriculture comme ceux des « ratés »
Pourquoi avez-vous choisi précisément le secteur agricole pour y entreprendre ?
Mon choix de l’entrepreneuriat « vert » est motivé par ma volonté d’apporter ma contribution dans la résolution du problème sempiternel de l’insécurité alimentaire dans mon pays. Ainsi, j’ai décidé de faire partie du collectif des jeunes africains (Agro Boot Camp) pour la promotion de l’agroécologie et de la stimulation des jeunes à retourner à la terre en Afrique.
Source photo : Agro Boot Camp
Sahabi Souley est un entrepreneur nigérien qui s’active dans le secteur agricole. Il fait partie du collectif des jeunes africains (Agro Boot Camp) pour la promotion de l’agroécologie.