Auteur : François-Xavier Freland
Organisation affiliée : Jeune Afrique
Type de publication : Article
Date de publication : 10 mai 2016
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Place boursière majeure en Afrique de l’Ouest, métropole cosmopolite, foisonnante et créative, Abidjan est aussi, depuis les années 1980, l’un des phares de la scène artistique de la sous-région. Elle devient l’un des principaux marchés d’art contemporain en Afrique francophone. Depuis 2011, avec le retour de la croissance, des golden boys et des expatriés, ce marché explose, se diversifie et n’est plus réservé à un petit cercle de mécènes ou aux membres des puissantes familles liées aux grandes monocultures locales.
Parmi les amateurs, Janine Diagou, directrice générale du pôle banque du groupe NSIA, fait figure de précurseur. Elle possède la plus importante collection privée de peintures et de sculptures signées par les principaux maîtres ivoiriens, de Michel Kodjo à Ouattara Watts.
« Abidjan s’est imposée comme la capitale de l’art plastique ouest-africain dans l’espace francophone, car il y a du pouvoir d’achat, soutient Thierry Dia Brou. Nous voyons désormais passer beaucoup de collectionneurs à la recherche de perles rares. Ils n’hésitent pas à payer dans les 300 euros pour un jeune artiste et jusqu’à 2 000 ou 3 000 euros pour d’autres plus reconnus. »
Conscient de la demande croissante et de la place prépondérante qu’occupe la capitale économique ivoirienne dans la sous-région, le galeriste a lancé le concours national des arts plastiques Houkami Guyzagn, qui expose et récompense chaque année les meilleurs artistes ouest-africains.
Les galeries d’art au cœur d’un business épanouissant
Après avoir déménagé à Riviera-Bonoumin, la plus ancienne galerie abidjanaise accueille des artistes en résidence, venus des quatre coins du continent. « Autrefois, ce que je ne trouvais pas à Abidjan, je l’achetais durant mes voyages, raconte Nahim Suti, financier, collectionneur et ami de Thierry Dia.
Aujourd’hui, l’offre est considérable à Abidjan, et j’y ai déjà acquis des œuvres d’une cinquantaine d’artistes reconnus, comme le Ghanéen Ablade Glover et l’Ivoirien Monne Bou. Ce sont des valeurs montantes, et j’envisage de me concentrer sur une collection ouest-africaine. »
Abidjan s’est imposée comme la capitale de l’art plastique ouest-africain dans l’espace francophone, car il y a du pouvoir d’achat, soutient Thierry Dia Brou. Nous voyons désormais passer beaucoup de collectionneurs à la recherche de perles rares. Ils n’hésitent pas à payer dans les 300 euros pour un jeune artiste et jusqu’à 2 000 ou 3 000 euros pour d’autres plus reconnus.
Et la galerie affiche des prix assez proches de ceux de Londres ou de Paris, avec une fourchette moyenne allant de 2 000 à 70 000 euros pour les pièces les plus exceptionnelles. « J’expose des œuvres qui ne sont pas forcément décoratives, j’ai fait le choix de prendre des risques, reconnaît Cécile Fakhoury. Je ne suis pas un dépôt-vente. Les collectionneurs viennent, achètent, mais ils ne repartent pas tout de suite avec l’œuvre. »
Le célèbre sculpteur ivoirien Jems Robert Koko Bi comme le plasticien sénégalais Cheikh Ndiaye y ont exposé. Et cela a été un tremplin pour eux. « Mon marché est à 70 % tourné vers l’étranger, avec principalement des collectionneurs ouest-africains, précise Cécile Fakhoury. Cependant, de plus en plus de grands galeristes américains, français et anglais s’intéressent à nos artistes. »
En quête d’émulation, de reconnaissance, de sécurité ou de liberté d’expression, beaucoup d’artistes ouest-africains se sont installés à Abidjan. C’est le cas de Sadikou Oukpedjo, qui vit dans un modeste atelier de Riviera 2. Ce plasticien togolais au look rasta expose depuis la mi-avril et jusqu’au 11 juin à la galerie Cécile Fakhoury. Il a quitté son Lomé natal il y a six ans pour se faire connaître à l’étranger.
En quête d’émulation, de reconnaissance, de sécurité ou de liberté d’expression, beaucoup d’artistes ouest-africains se sont installés à Abidjan
Dans cette logique, à défaut de disposer d’un musée d’art contemporain, la ville accueille l’une des plus importantes fondations d’Afrique de l’Ouest. C’est en revenant de la biennale de Dakar de 2007 qu’Illa Donwahi, économiste et productrice de caoutchouc, a eu l’idée de créer un grand espace d’art contemporain. L’année suivante naissait la Fondation Donwahi, dans la grande maison familiale des Deux Plateaux, dans le centre d’Abidjan.
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