Auteur : Peter Anti Partey
Site de publication : Global Partnership for Education/globalpartnership.org
Date de publication : janvier 2021
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La pandémie a aggravé la situation de l’éducation dans le monde. Cependant, les pays les plus touchés sont ceux dont les systèmes éducatifs sont les moins solides, comme ceux d’Afrique subsaharienne. Il est temps que les gouvernements réforment leurs systèmes éducatifs pour mieux former les élèves et s’assurer qu’ils soient en mesure de contribuer au développement économique de leurs pays et d’être compétitifs au niveau mondial. Voici comment s’y prendre.
Selon les données de l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU), l’Afrique subsaharienne dispose de faibles capacités d’apprentissage et affiche les taux d’exclusion scolaire les plus élevés avec plus de 20 % des enfants de 6 à 11 ans qui ne sont pas scolarisés, environ 33 % de ceux âgés de 12 à 14 ans et 60 % des jeunes de 15 à 18 ans (ISU 2019).
En matière de genre, le taux d’exclusion des filles (36 %) est supérieur de 4 % à celui des garçons (32 %). La région a connu une légère augmentation du taux d’alphabétisation par rapport à l’année précédente, atteignant 65,5 % en 2018 (ISU 2018). Cela reste tout de même faible par rapport à la moyenne mondiale de 86,3 %. L’urgence d’améliorer les systèmes éducatifs dans la région est plus que jamais d’actualité au regard de ces statistiques.
La pandémie de COVID-19 a mis en évidence les difficultés en matière d’éducation en Afrique subsaharienne
La robustesse des systèmes se traduit par des taux élevés d’enfants sachant lire, écrire et compter, taux pouvant être utilisés pour estimer le futur capital humain du pays.
Selon la Banque mondiale, l’impact de la pandémie sur l’éducation pourrait se faire ressentir durant des décennies. Cela va bien au-delà des simples pertes d’apprentissage (qui sont un problème à court terme) et touche à la diminution des opportunités économiques (qui sont un problème sur le long terme).
Le problème de la pauvreté des apprentissages, qui s’est intensifié en raison de la fermeture continue des écoles, devrait mobiliser les gouvernements et les ministères de l’Éducation de la région. Dans les pays à revenu élevé, les mesures d’atténuation telles que l’apprentissage en ligne ont contribué à assurer la continuité de l’éducation des élèves. Toutefois, en Afrique subsaharienne, l’adoption de mesures similaires semble avoir creusé le fossé des inégalités.
Ceci est en partie dû à l’ampleur de la fracture numérique dans la région et aussi au niveau des disparités entre les enfants des villes et ceux des campagnes. Le niveau d’investissement des gouvernements africains dans l’éducation, qui, selon les perspectives économiques africaines (2020), s’élève à 5 % du PIB, est également le deuxième plus élevé de toutes les régions et aurait dû donner de bons résultats.
Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Et avec l’arrivée de la pandémie, les bénéfices tangibles ne seront pas visibles de sitôt si des politiques drastiques et innovantes ne sont pas mises en place rapidement.
La Covid-19 comme élément catalyseur des réformes nécessaires
Pour commencer, les gouvernements et les responsables de l’éducation dans la région devraient s’engager dans la transformation des systèmes éducatifs. Ils devraient fournir un effort conscient pour améliorer les résultats et rendre l’apprentissage pertinent pour les élèves.
Il est temps que les gouvernements de la région réforment leurs systèmes éducatifs, afin de préparer les élèves et s’assurer qu’ils sont en mesure de contribuer au développement économique de leur pays ; et qu’ils sont compétitifs au niveau mondial. Cela nécessite une révision complète des programmes scolaires pour qu’ils reflètent les besoins et les aspirations de la société du 21e siècle et au-delà. Le Ghana a pris les devants à cet égard.
Les politiques éducatives dans cette région sont plus exclusives qu’inclusives. Une politique sur l’intégration scolaire permet à tous les enfants, en particulier ceux qui ont des besoins spéciaux, de s’épanouir et de réussir. L’une des mesures stratégiques dont les gouvernements de la région ont besoin consiste en une politique d’éducation inclusive. Les élèves ne devraient pas être privés des ressources éducatives de base en raison de leur situation géographique, de leur statut socio-économique, de leur milieu familial ou de leurs déficiences physiques ou psychologiques.
En outre, pour pouvoir combler le déficit d’apprentissage et s’assurer que les enseignants soient capables de rattraper les pertes de leurs élèves en termes d’apprentissage, des techniques d’évaluation plus informatives et ipsatives devraient être adoptées par les autorités éducatives et mises en œuvre dans les écoles. Les pays de la région devraient mettre en œuvre des évaluations nationales des élèves du primaire et du secondaire au cours des premières semaines de la réouverture, afin d’éclairer les diverses décisions à prendre en matière d’éducation (pédagogique, didactique, etc.) à tous les niveaux d’intervention, des enseignants au responsables des ministères en charge de l’Éducation.
La bonne utilisation du temps d’enseignement est un enjeu majeur dans la région. Les recherches ont montré qu’il y a toujours un écart entre le temps d’enseignement réel et le temps d’enseignement prévu en raison de l’absentéisme des enseignants, des pauses, du manque de manuels scolaires (qui contraint parfois les enseignants à rédiger des notes détaillées au tableau pour les élèves), etc.
Selon l’Indice du capital humain (2018), un enfant au Ghana passe 2,7 années de plus à l’école qu’un enfant né en Sierra Leone s’ils commencent tous deux leur scolarisation à l’âge de 4 ans. Cependant, il y a un gaspillage de 5,9 années de la vie scolaire du jeune ghanéen, ce qui signifie que l’enfant n’apprend que durant 5,7 années sur les 11,6 années totales passées à l’école.
Dans le cas du jeune Sierra-Léonais, 4,4 années sont des années perdues et l’enfant n’apprend réellement que pendant 4,5 ans. Cette situation est inacceptable et les gouvernements de la région doivent trouver des solutions pour mettre fin à ce gaspillage et cette utilisation inefficace du temps d’instruction.
Enfin, les gouvernements d’Afrique subsaharienne doivent également s’efforcer de renforcer les capacités des enseignants. La pandémie a mis en évidence les insuffisances de nos programmes de préparation et de formation professionnelle continue des enseignants. La plupart des enseignants de la région ne sont pas au fait des nouvelles technologies, ce qui rend difficile la mise en œuvre sans heurts des programmes et des politiques d’apprentissage en ligne et d’EdTech.
Des ateliers, des programmes de formation et des cours spéciaux devraient être organisés pour permettre aux enseignants d’améliorer leurs connaissances sur les systèmes d’apprentissage en ligne et l’EdTech. Des dispositifs numériques éducatifs devraient être mis à la disposition de tous les enseignants au cours de ces sessions de formation.
Un appel à améliorer les systèmes éducatifs
En conclusion, la pandémie de Covid-19 pourrait être une occasion de tirer la sonnette d’alarme et appeler à de meilleurs systèmes éducatifs en Afrique subsaharienne. La pandémie a révélé les insuffisances de nos systèmes éducatifs par rapport à d’autres régions et a mis en évidence la nécessité de les renforcer pour résister à l’épreuve du temps et faire face aux crises futures.
Il est de notre responsabilité de faire face aux défis que présente la pandémie et de remettre à niveau nos systèmes éducatifs pour qu’ils répondent aux besoins et aux aspirations de nos enfants et les rendent pertinents et compétitifs au niveau mondial.
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