Auteur : Banque européenne d’investissement
Type de publication : Article
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Évaluation des besoins numériques en Afrique et de la capacité des pays à déployer des solutions L’étude approfondie qui a été réalisée a porté sur les technologies numériques déjà utilisées dans les pays africains et celles qui doivent encore être mises au point. L’une des principales conclusions tirées des entretiens menés dans ce cadre est que beaucoup d’initiatives numériques ont déjà été mises en œuvre dans un grand nombre de pays africains, mais qu’il serait possible de faire bien davantage pour améliorer la capacité du continent à lutter contre le COVID-19 et à gérer les problèmes connexes, tout en se préparant à lutter contre d’autres crises à l’avenir. Les investissements dans les technologies numériques qui apportent des solutions immédiates à la pandémie permettront également de renforcer la résilience économique à moyen et à long terme.
Peu de pays ont adopté une loi ou une décision officielle spécifique pour réglementer le déploiement de solutions numériques en lien avec le COVID-19. Pour beaucoup d’entre eux, le déploiement de solutions numériques est déjà régi par les réglementations existantes
Tout d’abord, la majorité des pays ayant participé à l’enquête ont mis en place une structure ou des groupes de travail spécifiques pour lutter contre la pandémie de COVID-19. Pour plus de la moitié d’entre eux, cette unité ne se concentre pas uniquement sur la coordination des initiatives numériques, mais aussi sur toutes les mesures prises pour faire face à la pandémie. Ces structures spécifiques sont parfois dirigées par les premiers ministres et comprennent le plus souvent plusieurs institutions et ministères, tels que les ministères chargés de l’économie numérique, de la santé, des technologies de l’information et de la communication, de la sécurité ou des télécommunications. Dans certains cas, les autorités de régulation des télécommunications et les opérateurs de téléphonie mobile du pays sont également membres de ces groupes de travail. Il s’agit parfois d’initiatives volontaires de la part du public.
Toutefois, peu de pays ont adopté une loi ou une décision officielle spécifique pour réglementer le déploiement de solutions numériques en lien avec le COVID-19. Pour beaucoup d’entre eux, le déploiement de solutions numériques est déjà régi par les réglementations existantes.
Parmi les sous-priorités recensées, deux ont presque toujours été traitées par les pays ayant participé à l’enquête : la communication d’informations officielles aux populations par l’intermédiaire de plateformes d’administration en ligne ou d’applications de téléphonie mobile (priorité 1) et le maintien de l’accès aux services essentiels, en particulier à l’éducation (priorité 3).
- Communication d’informations officielles aux populations par l’intermédiaire de plateformes d’administration en ligne ou d’applications de téléphonie mobile La coordination des communications officielles à destination du public est considérée comme la première priorité dans le cadre de la réponse à la pandémie. De multiples solutions sont apparues. Elles vont de la simple communication d’informations par l’intermédiaire d’un site web officiel du gouvernement ou du ministère de la santé à la mise en œuvre d’applications mobiles, et parfois d’agents conversationnels, de plateformes SMS ou de centres d’appels spécifiques. Ces solutions permettent de communiquer des informations sur la pandémie dans le pays, les mesures de sécurité et les directives gouvernementales, mais aussi des informations pour lutter contre les infox. De nombreux pays ont mis en œuvre plusieurs solutions.
- Maintien de l’accès aux services essentiels Les services essentiels, tels que l’éducation, l’accès à l’énergie, l’assainissement ou la sécurité, constituent également des priorités, selon les différentes déclarations et préoccupations formulées par tous les pays africains. L’amélioration de l’enseignement à distance figure également au rang des priorités absolues des pays africains. Les solutions numériques dans ce domaine se sont multipliées. Elles font appel à des applications mobiles, à Skype ou à la diffusion de cours à la radio ou à la télévision nationales.
Un grand nombre de solutions basées sur le canal USSD ont été développées, en particulier pour les personnes qui ne possèdent pas de téléphone intelligent et qui sont souvent les plus isolées. Ce type de solution améliore également l’inclusion
Certaines priorités sont souvent traitées par les pays africains, mais dans une deuxième phase : l’analyse des données géographiques visant à comprendre la propagation de la pandémie et les mouvements de population (priorité 1), la maîtrise de l’épidémie par des méthodes telles que l’autodiagnostic et l’amélioration de la prise en charge des patients (priorité 2), ainsi que l’amélioration des systèmes d’information et de l’équipement de santé (priorité 2).
De manière générale, un grand nombre de solutions basées sur le canal USSD ont été développées, en particulier pour les personnes qui ne possèdent pas de téléphone intelligent et qui sont souvent les plus isolées. Ce type de solution améliore également l’inclusion.
L’étude a mis en évidence trois catégories de pays africains en fonction de leur état d’avancement numérique et de leur capacité d’utiliser ces solutions. Par exemple, les pays entrant dans la catégorie 1 ont adopté les technologies numériques d’une manière lente et limitée, tandis que ceux de la catégorie 3 ont recouru aux technologies numériques sans tarder pour résoudre un vaste éventail de problèmes liés à la pandémie. D’après les entretiens, la rapidité de l’adoption de ces technologies dépend de l’aptitude à les développer, de la coordination locale, de la propagation de la pandémie et de l’accès à des prêts ou à d’autres formes de financement.
Perspectives pour la suite
La plupart des pays africains utilisent déjà de nombreuses technologies numériques pour lutter contre le nouveau coronavirus. Toutefois, selon la plupart des personnes interrogées, ces solutions ne suffisent pas. Quelles sont les solutions qui méritent des investissements supplémentaires pour contribuer à la lutte contre la pandémie tout en améliorant la résilience sociale et économique ? Cette réponse peut varier considérablement d’un pays à l’autre et en fonction de l’état de développement des technologies numériques.
Pour les pays de catégorie 1, l’objectif est de trouver des solutions abordables pour répondre aux besoins immédiats et essentiels, tout en apportant une grande différence dans la vie des populations ciblées. Voici ce dont ces pays ont besoin :
- des sites web simples pour éduquer la population et lutter contre les infox ;
- des outils de collaboration pour faciliter le travail. Ces outils peuvent aussi améliorer le travail quotidien en dehors d’une pandémie ;
- des technologies abordables et faciles à mettre en œuvre (USSD ou SMS) qui aident pour : o les autodiagnostics ou les services qui permettent de poser une question et d’obtenir des conseils médicaux ; o l’approvisionnement en biens de consommation et autres biens de première nécessité ; o les solutions de type messagerie permettant de repérer et d’aider les populations qui ont le plus besoin d’aide ;
- l’acquisition de terminaux bon marché contenant des applications intégrées pour l’apprentissage en ligne, par exemple, dans les pays où la possession de téléphones intelligents est peu répandue.
Pour les pays de catégorie 2, l’objectif est d’améliorer et de développer les systèmes de santé grâce à des programmes à moyen et à long terme qui rationalisent la chaîne médicale, depuis la prise en charge des patients jusqu’au traitement, y compris la fourniture de matériel médical.
Les services en ligne et mobiles dans les domaines de la santé, de l’agriculture, des affaires et de l’éducation offrent de grandes avancées aux sociétés et aux économies. Bon nombre de ces technologies peuvent être mises au point localement et ne nécessitent pas beaucoup d’investissements.
Pour les pays de catégorie 3, le premier objectif est de construire un système de soins de santé pérenne en mettant en place un système d’information centralisé et connecté, permettant de traiter efficacement les patients et de recueillir des informations pour une prise de décision rapide. Il s’agit de solutions un peu plus coûteuses. Dans ce type de pays, des investissements sont nécessaires dans deux domaines : • la reprise au terme de la pandémie grâce à la collecte de meilleures données pour gérer la fin de la crise et la relance économique ; • l’offre de davantage de services numériques, tels que des services administratifs en ligne et l’éducation en ligne.
De manière générale, les investissements peuvent répondre à plusieurs priorités en même temps et apporter une aide à long terme à la société et à l’économie, allant bien au-delà de la pandémie.
En fin de compte, il se pourrait que le meilleur moyen d’aider les pays à adopter des solutions numériques consiste à multiplier les possibilités d’investissement et à offrir des conseils sur la mise en place de solutions au niveau local. La clé consiste à trouver des solutions qui permettent de faire face au mieux à la pandémie tout en aidant la société et l’économie à se redresser, en améliorant les perspectives dans le cadre de crises futures et en maintenant les investissements au niveau minimum requis pour répondre aux besoins des pays concernés. La Banque européenne d’investissement continuera à œuvrer avec l’équipe d’Europe, les Nations unies et d’autres organisations, tout en encourageant le développement de nouvelles idées et de nouveaux investissements qui améliorent la vie de tous.
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