Auteur : Centre de recherches pour le développement international
Site de publication : CRDI
Type de publication : Étude
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Depuis la fin des années 90, de nouvelles formes de violence ont accompagné la transformation de la société ivoirienne. L’on peut craindre que cette violence se nourrisse encore des conséquences des inégalités secrétées par les politiques de croissance en cours. En plus d’explorer les défis liés à gouvernance urbaine, l’objectif de ce programme pluridisciplinaire de recherches est de comprendre l’évolution des formes, des causes et des acteurs de la violence et de leurs logiques, ainsi que des stratégies de résilience des populations défavorisées.
Un équipe de chercheurs et d’étudiants des Universités Alassane Ouattara de Bouaké et Houphouet Boigny d’Abidjan a été mobilisé pour faire des recherches dans trois villes du pays. Il en ressort que l’approfondissement de la pauvreté et la marginalité sociale favorisent un écosystème social et géo-localisé de la criminalité juvénile.
Qu’avons-nous appris ?
Les modes d’expression de la violence criminelle découlent principalement du viol, des conflits fonciers et de la rupture de la cohésion sociale qui conduit à la désocialisation des jeunes défavorisés des quartiers précaires. En effet, les conflits récurrents, la paupérisation des ménages et une urbanisation mal maitrisée ont contribué à rendre vulnérables les enfants, livrés à eux-mêmes, en marge des cellules familiale, éducative et communautaire, et ainsi exposés à la violence.
En conséquence, les nouveaux gangs sont de plus en plus jeunes, avec un âge moyen de 10 ans. Leur resocialisation à a violence s’effectue alors dans les gares routières et les fumoirs. Cette mutation de la violence se manifeste aussi par une féminisation des gangs avec la présence de plus en plus remarquée de femmes chez les « Microbes » et les coupeurs de routes, générant des cellules familiales dans ces milieux.
Dans ce contexte, les jeunes considèrent la violence comme une activité économique légitime et la maîtrise de la violence criminelle comme une compétence. La précarité des quartiers dépourvus d’infrastructures publiques est un autre facteur favorisant la criminalité avec un habitat insalubre, une mauvaise planification urbaine, des ruelles sinueuses et labyrinthiques, de profonds ravins faisant office de cachettes de criminels.
Par ailleurs, les conséquences des conflits fonciers ruraux s’exportent en milieu urbain avec autant d’ampleur. Les concurrences sur le foncier rural alimentent alors les ressentiments intercommunautaires en milieu urbain et les jeunes sont au cœur du conflit foncier qui est aussi un conflit de générations fondé sur la défense d’intérêts politico-communautaires. « Faire la politique » devient pour eux une voie rapide d’ascension sociale.
En conséquence, les nouveaux gangs sont de plus en plus jeunes, avec un âge moyen de 10 ans. Leur resocialisation à a violence s’effectue alors dans les gares routières et les fumoirs. Cette mutation de la violence se manifeste aussi par une féminisation des gangs avec la présence de plus en plus remarquée de femmes chez les « Microbes » et les coupeurs de routes, générant des cellules familiales dans ces milieux
Parmi les multiples manifestations de la violence, le viol — particulièrement celui des petites filles (4 mois à 10 ans) et des adolescentes — favorisé par des croyances et des représentations dévalorisantes du corps féminin, est préoccupant notamment à Bouaké et Duékoué. Des normes sociales et culturelles forcent les communautés à contenir le viol dans la sphère privée, privilégiant les arbitrages coutumiers, aboutissant souvent à des sanctions financières, très légères.
Lorsque la justice est saisie, la qualification du viol comme un acte criminel n’est pas systématique car si la loi ivoirienne, à travers l’article 354 du code pénal précise les peines, elle ne fournit pas une définition précise du viol, rendant aléatoire l’accès à la justice. De plus, les difficultés financières auxquelles les victimes sont confrontées pour constituer un dossier recevable compromettent la saisine de la justice.
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