Entretien avec Marthe Anignikin, Inspecteur général au Ministère de l’Enseignement secondaire à la retraite au Bénin
Dans le cadre du Débat sur l’enseignement primaire et secondaire de WATHI, Mme Marthe Anignikin, Inspecteur Général au Ministère de l’Enseignement secondaire du Bénin, à la retraite, a accordé un entretien à notre équipe. Dans cet entretien, Mme Anignikin revient sur plusieurs maux de l’enseignement secondaire au Bénin.
Extraits :
Au début, lorsque j’ai installé la Direction Pédagogique, cela coïncidait avec la réforme des nouveaux programmes. Ceux-ci ont été lancés avec l’aide des partenaires (les Américains puis les Danois). C’était un bon départ et ces nouveaux programmes avaient correctement débuté au niveau de l’enseignement primaire.
“Les ressources matérielles avaient été données par les partenaires, les ressources humaines existaient en partie, le secondaire devait suivre parce que l’enfant qui avait terminé le système au niveau du CM2 devait continuer avec ces nouveaux programmes en 6e. Donc à mon arrivée, nous avons lancé au niveau du secondaire (6e, 5e, 4e) mais les ressources humaines n’ont pas suivi et les ressources matérielles faisaient défaut également. Les partenaires préféraient aider le primaire et pas le secondaire.”
“J’étais en partie satisfaite quand je partais et je donnais comme consigne aux inspecteurs de continuer la tâche de conception et de ne pas se disperser dans la correction des examens et concours. Mais, ça n’a pas été le cas. N’ayant pas les moyens nécessaires, ils faisaient ce qu’ils pouvaient…”
“Depuis deux ans, nous nous sommes dit que ces nouveaux programmes devraient être révisés davantage. On devrait les revoir car au niveau des établissements (même urbains), il y avait des problèmes. Les enseignants n’ont pas les connaissances requises, le matériel fait défaut, le nombre d’enseignants ne suit pas, les classes sont pléthoriques, il faut donc tout revoir.”
“Le forum de l’éducation qui s’est tenu en 2015 n’a pas écouté les inspecteurs. Ils ont été très minoritaires dans ce forum… J’espère que le nouveau gouvernement va en tenir compte pour revoir ces programmes par compétence. C’est vrai qu’il faut des compétences dans la vie, mais les moyens ne suivent pas. Les enseignants sont formés au rabais…, ils préfèrent devenir très vite surveillants, censeurs, directeurs, ou chercher de l’argent dans les établissements privés plutôt que de se consacrer à la préparation correcte des cours… Le programme par compétence exige une grande préparation et il faut du temps pour le faire.”