L’épineuse question de l’emploi des jeunes au Cameroun
Marco Mbilla
Les pays africains sont aujourd’hui confrontés à l’épineux problème de l’emploi des jeunes. Au Cameroun, il connait des proportions inquiétantes. Malgré les efforts de l’Etat et ses tentatives pour apporter des réponses, le chômage des jeunes persiste. La démographie galopante est un effet amplificateur de la question de l’emploi car les jeunes constituent un segment important sur le marché du travail.
Si nous nous penchons un peu sur les chiffres, selon l’Institut national de la statistique (INS), le Cameroun abriterait entre 4,5% et 5% de chômeurs pour une population d’environ 20 millions de personnes (http://bit.ly/1XB4Z6k ). Ces taux représentent près d’un million de personnes qualifiées en quête d’un emploi. Dans les grandes métropoles telles que Yaoundé et Douala, le taux de chômage est estimé à 17% de la population active et plus de 70% de ces personnes sont en situation de sous-emploi. (http://bit.ly/20KAnRK ).
Selon le Groupement inter-patronal du Cameroun (GICAM), 100000 nouveaux demandeurs d’emploi arrivent chaque année sur le marché du travail. Les diplômés de l’enseignement supérieur sont «malheureusement» les plus nombreux dans cette cohorte. En milieu urbain, le chômage touche plus les diplômés ayant suivi un cursus académique général que ceux qui ont reçu un enseignement technique ou professionnel.
Le constat est clair : la question de l’emploi des jeunes nécessite bien plus que de simples reformes. L’Agence camerounaise Arch, spécialisée dans les études et conseils en management de ressources humaines, s’est penchée sur la question de l’accès à l’emploi afin de déceler les failles et proposer des solutions. Une enquête effectuée de juin 2015 à janvier 2016 incluant toutes les couches sociales et toutes les personnes en âge de travailler a permis de recueillir des informations sur le secteur le plus propice à la création d’emploi, les moyens utilisés pour la communication des offres, les critères qui prévalent dans le processus de recrutement, la ruée des jeunes vers le secteur public, la part de responsabilité des organismes privés, etc. La question de la résolution du chômage des jeunes se pose à plusieurs niveaux.
D’après cette étude, les offres d’emplois sont majoritairement annoncées sur internet. Le faible taux de pénétration d’internet dans le pays est donc un handicap pour de nombreux demandeurs d’emploi. Le Cameroun compte pourtant quatre opérateurs dans le secteur des télécommunications. Ces derniers devraient faciliter l’accès à internet aux jeunes dans leur recherche d’emploi.
Comment envisager des réponses idoines si la première source de recrutements est la recommandation? Ce système va à l’encontre du mérite et a des conséquences négatives sur la perception des jeunes de leurs chances de trouver un emploi par eux-mêmes.
En ce qui concerne les améliorations dans le domaine de l’emploi des jeunes, l’étude révèle que 81,5 % des personnes interrogées pensent que des actions doivent être entreprises au niveau de la communication. 71,2 % de ces personnes privilégient la révision des procédures de recrutement car l’accès à l’emploi reste encore réservé à certains groupes selon l’ethnie, l’école fréquentée ou encore le parrainage.
Selon des chiffres annoncés par le ministère des Relations extérieures, 38 000 jeunes Camerounais effectuent des démarches pour obtenir un passeport. Nombre d’entre eux ont pour objectif de quitter le pays. Les raisons du départ semblent plus ou moins claires et justifiées. La vulgarisation de l’entrepreneuriat devrait cependant diminuer la nécessité de recourir à l’émigration.
L’entrepreneuriat constitue une opportunité pour les jeunes de s’insérer dans la vie active. Cette option est de plus en plus prisée par les jeunes Africains pour échapper aux contraintes liées au marché de l’emploi. Le gouvernement camerounais devrait davantage accompagner les jeunes vers cette voie en mettant à la disposition des porteurs de projets les moyens et financements nécessaires.
Des fonds sont créés sur le continent afin de soutenir les initiatives des jeunes dans le domaine de l’agriculture et de l’économie numérique. Lors de la journée de la jeunesse le 11 février 2016, le président camerounais Paul Biya a annoncé une enveloppe de 102 milliards de Francs CFA pour soutenir l’entrepreneuriat des jeunes. Le ministère des Postes et des télécommunications porte une attention particulière sur les projets proposés par les jeunes et dans le domaine de l’économie numérique.
Les États africains sont dans une situation d’urgence quant à la question de l’emploi des jeunes. La baisse du niveau de chômage des jeunes nécessite des réformes courageuses et une nouvelle approche des gouvernements. Le secteur privé doit impérativement être associé aux stratégies des États. La promotion de l’entreprenariat et de l’auto-emploi permettra également aux jeunes porteurs de projets de participer à l’essor de l’économie de leurs pays.
Photo: www.cameroun24.net
Marco Mbilla est un entrepreneur social camerounais, fondateur de l’agence de conseil, de coaching et d’études Arch Agence.
4 Commentaires. En écrire un nouveau
cette question demeure aujourd’hui un sujet d’actualité. elle nécessite de plus en plus des solutions structurelles, des actions qui stabiliseront offreurs et demandeurs d’emploi. il s’agit de la révision de notre capital institutionnel, du capital humain et social, une réorientation de ces capitaux dans le processus d’insertion professionnel.
john_ntamack@yahoo.fr
bravvooo frère ajoute aussi le système éducatif et surtout l’orientation du cameroun dont le pays a besoin dans 10 ans
Le système éducatif actuel ne permet pas de créer de nouveaux emplois
Pour l’emploi des jeunes au Cameroun ,la formation adéquate dans les différents secteurs comme les universités par l’introduction des ppe(projet professionnel de l’étudiant ) doivent être bien encadrer pour un but précis.