Auteur :
Pôle de Dakar (UNESCO-BREDA), 2008.
L’enseignement supérieur en Afrique s’écarte, dans de nombreux pays, de ses missions et des standards internationaux de référence. Ce document mobilise les données disponibles nécessaires au cadrage global des débats sur la réforme de l’enseignement supérieur en Afrique. Sont ainsi abordées quatre questions susceptibles d’alimenter ce débat: les flux d’étudiants, la qualité, la pertinence économique et le financement de l’enseignement supérieur en Afrique.
Les analyses conduites indiquent que l’enseignement supérieur en Afrique a quantitativement progressé de façon significative mais inégale selon les pays. Du fait de ces progrès quantitatifs, la participation des filles, bien qu’encore faible, s’est nettement améliorée.
L’enseignement supérieur en Afrique profite cependant davantage aux jeunes issus de groupes les plus favorisés; la structure des formations demeure fortement déséquilibrée, avec un faible développement des formations scientifiques et technologiques (qui ne couvrent qu’un quart du nombre total d’étudiants) contrairement aux formations en humanités et en sciences sociales qui couvrent à elles-seules près des trois-cinquièmes du nombre total d’étudiants du continent.
Dans de nombreux pays, les difficultés d’insertion professionnelle des diplômés du supérieur sont réelles. Elles résultent essentiellement d’une inadéquation de l’offre de formation supérieure aux besoins du marché de l’emploi en Afrique. Ainsi, l’amélioration de la pertinence des formations apparait comme un préalable à toute politique d’expansion de l’enseignement supérieur en Afrique.
On peut avancer que les progrès quantitatifs enregistrés ont été réalisés au détriment de la qualité. Cette dégradation se mesure au fait que échecs et abandons en premières années d’études ou en premier cycle universitaire sont légions, mais aussi à travers le constat que les taux d’encadrement des étudiants s’éloignent des références internationales et que dans de nombreux pays, on ne dispose pas d’un nombre suffisant d’enseignants ayant les qualifications académiques requises pour garantir la qualité de l’enseignement, assurer le leadership académique et revitaliser la recherche.
La baisse continue de la dépense publique par étudiant, qui renvoie essentiellement à la forte croissance des effectifs, donne une image d’autant plus concrète de cette situation que dans de nombreux pays, notamment en Afrique francophone, la prépondérance des dépenses sociales questionne sur les missions premières de l’enseignement supérieur. La poursuite de telles tendances, qui ne contribue ni à promouvoir le développement du continent, ni à asseoir sa position dans la concurrence internationale, n’est pas souhaitable.
La question du financement de l’enseignement supérieur devra également être posée avec l’idée d’accroître les coûts unitaires pour améliorer significativement la qualité et la pertinence des formations. Dans cette perspective, la poursuite du développement de mécanismes d’assurance qualité, souhaitable, ne sera cependant pas suffisante. Les problèmes de qualité et de pertinence ont continué d’exister en dépit du développement, dans la région, de tels mécanismes.
L’Afrique accuse un important retard en matière d’infrastructures, d’équipements pédagogiques et d’encadrement des étudiants. Il lui sera également nécessaire de recruter des enseignants en nombre suffisant et avec les qualifications académiques requises et de rendre suffisamment attractive la fonction enseignante pour «attirer» les meilleurs spécialistes et limiter la fuite des cerveaux.
L’amélioration de la pertinence de l’offre de formation exigera, à travers notamment le développement de filières technologiques et professionnelles mieux adaptées aux contextes nationaux, une mobilisation d’importantes ressources financières. Si le développement de l’enseignement supérieur privé est évidemment de nature à compléter et à diversifier l’offre de formation, certains États peuvent souhaiter que ce développement se double de la promotion d’un système public de qualité, fixant des références, notamment en matière de recherche.
Cet objectif, dans un contexte où il est nécessaire de hausser la dépense par étudiant sans ressources publiques supplémentaires conduit nécessairement à une remise en cause de la gratuité ou, lorsque celle-ci n’est déjà plus effective, à une hausse du coût privé d’accès aux institutions publiques.
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