Valoriser une céréale traditionnelle africaine, le fonio
Jean-François Cruz, Famoï Béavogui et Djibril Dramé, Inter-réseaux Développement rural, 2012.
Extraits tirés des pages : 180-182, 185.
Jean-François Cruz, Famoï Béavogui et Djibril Dramé, Inter-réseaux Développement rural, 2012.
Extraits tirés des pages : 180-182, 185. [Fr]Ces extraits ont pu être modifiés par WATHI. Les notes de bas et de fin de page ne sont pas reprises. Merci de toujours vous référer aux documents originaux pour des citations et des travaux académiques. [En] Excerpts might have been modified by WATHI, footnotes have been deleted. Please refer to the original document for quotations and academic research.
Le fonio est certainement la plus ancienne céréale cultivée en Afrique de l’Ouest. Malgré de bonnes qualités nutritionnelles, sa valorisation a longtemps été freinée par la pénibilité de sa transformation artisanale. Des recherches récentes ont permis de mécaniser plusieurs étapes de sa transformation pour mieux le valoriser.
Dans la cosmogonie du peuple Dogon, au Mali, la graine de fonio, appelée pô, est considérée comme «le germe du monde ». Le fonio donne des grains minuscules, de moins de 1 mm, très difficiles à décortiquer. Cette difficulté de transformation a longtemps réduit le fonio à l’état de céréale marginale et a conduit à sa disparition dans certaines régions. Longtemps considéré comme une céréale mineure, le fonio (appelé aussi « céréale du pauvre ») connaît aujourd’hui un regain d’intérêt en zone urbaine en raison des qualités gustatives et nutritionnelles que lui reconnaissent les consommateurs.
De nouvelles techniques adaptées aux besoins des petites entreprises
Aujourd’hui, au Mali, au Burkina Faso, au Sénégal ou en Guinée, plusieurs dizaines de petites entreprises ou des groupements féminins commercialisent du fonio déjà transformé et conditionné en sachets plastiques de 1 kg (ou plus rarement de 500 g). La gamme de produits du fonio est la suivante :
– Fonio précuit (le plus courant) vendu au Mali, au Burkina Faso, au Sénégal…
– Fonio blanchi (assez rare) vendu au Mali, au Burkina Faso, au Sénégal, en Guinée…
– Fonio grillé (assez rare) exclusivement vendu en Guinée
– Fonio « djouka » ou fonio à l’arachide, essentiellement vendu au Mali.
– Farine de fonio (assez rare).
– Couscous « moni » et « dégué » ou produits roulés à base de farine de fonio (assez rares).
– Fonio étuvé.
Produit nouveau, encore rare, souvent réservé à l’exportation. Ces différents produits sont surtout vendus dans les boutiques de quartier ou les supermarchés des grandes villes d’Afrique de l’Ouest. Le produit le plus commercialisé est le fonio précuit qui est aussi exporté en Europe ou aux États-Unis pour être vendu sur des marchés de niche. Pour permettre le développement de ces nouveaux produits, il a été indispensable d’améliorer les techniques de transformation en modernisant les rares équipements existants et en concevant de nouvelles machines. C’est à la demande des transformatrices, et en collaboration étroite avec certaines d’entre elles, que des progrès ont pu être réalisés dans le cadre de projets d’amélioration des technologies post-récolte du fonio coordonnés par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et financés par le Common Fund for Commodities puis par l’Union européenne.
Un développement du secteur grâce aux résultats de la recherche
Le fonio transformé et emballé (précuit ou simplement blanchi) connait un succès croissant et la demande tend à s’accroître au niveau local comme à l’exportation. Les petites entreprises confrontées aux limites imposées par le travail manuel peuvent dorénavant s’équiper en machines spécifiques et performantes tant en termes de productivité que de qualité du travail réalisé. Même si des recherches sont encore nécessaires pour mécaniser des opérations essentielles comme le lavage et le dessablage, la mise au point d’équipements de décorticage, de nettoyage et de séchage a permis aux entreprises existantes de mieux répondre à la demande croissante et a favorisé l’émergence de nouvelles petites entreprises de production ou même de prestation de service.
On a ainsi vu apparaitre dans le quartier de Missira à Bamako des entreprises assurant un décorticage à façon pour des ménagères ou des transformatrices. Alors qu’on ne comptait que quelques unités au début des années 2000, le nombre de petites entreprises qui produisent du fonio précuit en Afrique de l’Ouest avoisine aujourd’hui la cinquantaine. Grâce aux avancées technologiques réalisées par la recherche en collaboration avec les transformatrices, du fonio transformé de qualité est maintenant disponible dans les boutiques de quartier et les supermarchés des grandes villes d’Afrique de l’Ouest et régulièrement exporté, en petites quantités, vers l’Europe ou les États-Unis. Mais comme les pays du Nord disposent déjà de leurs propres céréales « rustiques » ou « sans gluten », la valorisation du fonio devrait être prioritairement orientée vers l’alimentation des villes du Sud et notamment des pays producteurs eux-mê- mes.
Les exigences des consommateurs des villes du Sud sont souvent comparables à celles des consommateurs du Nord et portent sur les qualités hygiéniques, nutritionnelles, culinaires, organoleptiques et sur la diversification des produits proposés. Pour disposer de produits de qualité, il est indispensable d’apporter un appui aux transformatrices locales qui ne disposent souvent que de moyens techniques et financiers précaires. Le développement des nouveaux produits du fonio répondant à ces exigences peut, à terme, offrir de meilleurs revenus aux producteurs et potentiellement relancer sa culture dans les zones où il a progressivement été abandonné.
Fonio is certainly the oldest cereal grown in West Africa. Despite good nutritional qualities, its valuation has long been hampered by the arduousness of its small-scale processing. Recent advances have helped mechanize several processing stages in order to better develop it.
In the cosmology of the Dogon people in Mali, the fonio seed, called pô, is considered “the seed of the world”. Fonio has tiny grains, less than 1mm in size, making it very difficult to husk. This difficulty in processing has reduced fonio to a marginal cereal and led to its disappearance in certain regions. Long regarded as a minor cereal, fonio (also called “the poor man’s cereal”) is experiencing a renewed interest in urban areas because of its taste and nutritional qualities.
New techniques adapted to the needs of small businesses
Today in Mali, Burkina Faso, Senegal, and Guinea dozens of small businesses or women’s groups sell fonio that is already processed and packaged in plastic 1kg bags (or even more rarely 500g). The range of fonio products is as follows:
– Precooked fonio (most common) sold in Mali, Burkina Faso, and Senegal…
-Milled fonio (quite rare) sold in Mali, Burkina Faso, Senegal, and Guinea…
-Grilled fonio (quite rare) exclusively sold in Guinea.
-Fonio ‘djouka’ or peanut fonio, mainly sold in Mali.
-Fonio flour (Very rare).
-Couscous ‘moni’ and ‘dègue’ or products rolled with fonio flour (very rare).
-Steamed fonio.
New products, while still rare, are often reserved for the export market. These different products are mainly sold in neighborhood shops or supermarkets in West African cities. The most commercialized product is precooked fonio which is exported to Europe or the United States to be sold in specialty shops. To enable the development of these new products, it was essential to improve processing techniques by modernizing the few existing machines and to design new ones. It was at the request of and close collaboration with processors that progress in improving post-harvest technologies has been made. This was coordinated the French Agricultural Research and International Cooperation Organization (CIRAD) and financed by the Common Fund for Commodities with support from the European Union.
Sector development through research breakthroughs
Processed and packaged fonio (pre-cooked or simply milled) is becoming increasingly popular and demand is growing at both the local and export levels. Small companies who were faced with the limits imposed by manual labor can now equip themselves with fonio processing machines that are both highly efficient and high quality. Although research is still needed to mechanize essential operations such as washing and grit removal, the development of stripping, cleaning, and drying equipment has helped existing businesses to better meet growing demand and has led to the emergence of a new set of small enterprises based around the production and delivery of fonio related services.
In the Missira neighborhood of Bamako we have seen businesses who specialize in milling or processing the grain at the household level appear. Whereas in the early 2000s there were only a few businesses that produced precooked fonio in West Africa, today that number is close to 50. Thanks to the technological advances made by researchers and in collaboration with processors, high quality processed fonio is now available in the neighborhood shops and supermarkets of West African cities and is regularly exported in small quantities to Europe or the United States. But as northern countries already have their own “rustic” or “gluten-free” cereals, the development of fonio should be primarily oriented towards the cities of the global South and to include producer countries.
The requirements of consumers in the cities of the South are often comparable to those of consumers in the North and are based on the product’s hygienic, nutritional, culinary, and gustatory qualities as well as on the diversity of products offered. To have quality products, it is essential to support local processors who often rely on precarious techniques and uncertain financing. The development of new fonio products can satisfy these requirements and provide greater income to the producers while potentially reviving its cultivation in areas where it has been gradually abandoned.
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