FRANÇAIS
Le Togo: un manque de formation
Le Togo a clairement évolué sur les dépenses de l’éducation et sur le recrutement des enseignants ; mais en termes d’amélioration des niveaux de formation des enseignants, le chemin à parcourir est encore long. Les dernières données sur le financement indiquent que l’éducation est passée à 17,6 % du budget total, ou à plus de 20 % du budget de fonctionnement. Deux tiers de ce financement est consacré à l’éducation pré-élémentaire, élémentaire et de collège, ce qui représente une priorité bienvenue donnée à l’éducation de base. Les nombres globaux d’enseignants pourraient être améliorés, mais ne sont pas si mauvais : le nombre d’enseignants dans les écoles élémentaires du Togo ont atteint 31 712 en 2010, avec un rapport élèves/enseignant d’un peu plus de 40 pour 1. (Aucune donnée n’est disponible pour le premier cycle de l’enseignement secondaire).
Le programme de formation des enseignants du Togo a été presque éradiqué lors du programme « d’ajustement structurel » imposé de 1983 à 1994 par la Banque mondiale et le FMI, avec le soutien d’autres donateurs, ce qui a entraîné la fermeture ou la suspension des universités de formation des enseignants. Les établissements de formation ont rouvert en 1995, mais le retrait d’une grande partie de l’aide entre 1994 et 2007 a considérablement réduit les budgets. De 1983 à 2010, les enseignants ont été recrutés sans formation préalable, et avaient souvent un niveau d’études très limité. En même temps, les enseignants qualifiés sont partis en grand nombre, à cause de la rémunération et des conditions médiocres.
L’impact sur les profils des enseignants a été dramatique : en 1990, plus de trois quarts des enseignants togolais avaient bénéficié d’une formation préalable ou avaient un diplôme professionnel ; en 2007, le Togo indiquait que moins de 15 % de ses enseignants d’école élémentaire étaient qualifiés. (Cette proportion a considérablement augmenté depuis ; ceci reflète probablement le nombre d’enseignants ayant bénéficié d’une formation en cours d’emploi, souvent de seulement quelques semaines ou d’un mois). Plus récemment, certaines universités de formation des enseignants ont rouvert et d’autres ont été construites. En 2010, 510 enseignants ont été formés et déployés, et 1 750 autres ont terminé leur formation en août 2012. Tous les nouveaux enseignants qui prennent des postes au Togo doivent bénéficier d’une formation initiale de bonne qualité, et les enseignants en poste qui n’en disposent pas ont besoin d’un soutien supplémentaire.
Actuellement, les enseignants sont inégalement répartis dans le pays, dans les zones rurales et urbaines, riches et pauvres ; il existe un manque d’incitations pour les enseignants qui vivent et travaillent dans les zones rurales éloignées. Les pénuries d’enseignants en sciences sont particulièrement sévères dans ces régions. Il y a plus d’enseignants hommes que femmes (sauf au niveau pré-élémentaire) et, une fois encore, les écarts sont plus importants en sciences et dans les régions éloignées. L’effet collectif de ces pénuries, ainsi que le manque de formation, est visible dans les faibles résultats d’apprentissage, les niveaux élevés de redoublement et le niveau élevé d’abandons scolaires, en particulier chez les filles.
Le gouvernement a fait un gros effort de financement et bénéficie du soutien de donateurs externes. Il faut s’attacher à renforcer les compétences, la formation et le statut professionnel des enseignants. La Coalition nationale togolaise pour l’Éducation pour tous invite à s’attacher à la qualité des enseignants et de la formation des enseignants, ce qui nécessite également une meilleure rémunération et un emploi plus sécurisé, ainsi qu’à l’équité de la formation et de la répartition des enseignants.
Le Niger: des manques de soutien externes
Le Niger est l’un des pays les plus pauvres du monde, et l’un de ceux qui a fait des investissements considérables dans l’éducation ; mais le système fait encore face à d’immenses défis en termes d’accès, de qualité et d’équité. Le Niger a commencé à mettre en place son programme décennal de développement de l’éducation (PDDE), axé sur l’accès, la qualité et la gestion, en 2003. Le pays investit assez lourdement dans l’éducation : en 2010, par exemple, le gouvernement a consacré 17 % du budget total à l’éducation, dont 80 % (ou 13,4 % du budget total) pour l’éducation de base. Il a largement augmenté le nombre d’enseignants au niveau élémentaire, pour passer de moins de 16 000 enseignants en 2001 à près de 49 000 en 2011, soit un taux d’augmentation annuel impressionnant de 12 % ces cinq dernières années.
La proportion des enseignantes a également augmenté, pour passer à 45 % au niveau élémentaire en 2011. Pourtant, même ces efforts impressionnants ne permettent pas au Niger d’être au niveau nécessaire : les problèmes d’ampleur du défi, la qualité des enseignants et le manque comparatif d’attention portée au niveau secondaire signifient que les manques restants sont énormes. Au niveau élémentaire, l’ISU estime que le Niger aurait besoin de 85 100 enseignants afin de fournir une éducation primaire universelle, avec un enseignant pour 40 élèves. Ceci voudrait dire augmenter le nombre d’enseignants de 15 % par an entre 2012 et 2015.
De plus, les normes professionnelles de l’enseignement ont été régulièrement érodées. Depuis les années 1990, il y a eu une explosion du recrutement d’enseignants en contrats à durée limitée, souvent sans aucune formation, avec peu de sécurité de l’emploi et payés à seulement 125 $ par mois (même si ceci représente une amélioration par rapport aux 70 $ précédents). En 2010, ces enseignants sous contrat représentaient 82 % du personnel enseignant. Les enseignants sont souvent incapables de subvenir à leurs besoins, sont insuffisamment formés et sous-motivés.
Ceci a un impact évident sur la qualité : sur 1 000 enfants entrant à l’école élémentaire (en notant que de nombreux autres enfants n’ont pas accès à l’école), seuls 429 obtiennent leur diplôme d’études élémentaires, dont 311 sans redoubler. En outre, il y a de grandes disparités, à l’image de celles en termes de disponibilité et de niveaux de formation des enseignants : il y a un écart de presque 30 points entre les zones rurales et urbaines en ce qui concerne le suivi d’études élémentaires.
Au niveau secondaire, les problèmes sont sans doute encore plus importants, et aggravés par un manque de soutien des donateurs. La Coalition Nigérienne des Associations, Syndicats et ONG de Campagne pour L’Education pour Tous au Niger (ASO-EPT Niger) dénonce des problèmes de classes surpeuplées, de violence, de suivi médiocre, de mauvais taux de réussite aux examens et le manque de formation en notions de vie pratique pour les jeunes. En 2010, le Niger ne comptait que 1 059 enseignants qualifiés (notamment via une formation accélérée) au niveau du collège, malgré un nombre supérieur à 1,4 million d’enfants en âge d’aller au collège. Selon les derniers chiffres, un tiers seulement des jeunes au Niger (entre 15 et 24 ans) savent lire et écrire, et moins d’un quart des jeunes filles. Le soutien des donateurs pour l’éducation au Niger contredit la promesse stipulant qu’aucun pays ne manquerait d’atteindre les objectifs de l’Éducation pour tous à cause d’un manque de financement.
Le Niger a des besoins considérables, un programme décennal et un engagement prouvé à utiliser les finances nationales ; pourtant, il n’a jamais bénéficié d’un soutien adéquat des donateurs. Une étude de l’ASO-EPT en 2010 a indiqué que, malgré la pauvreté et le manque de ressources du Niger, les donateurs ont contribué à hauteur d’environ 11 à 13 % seulement du budget de l’éducation par rapport à la décennie précédente. Un soutien beaucoup plus agressif est nécessaire pour que le Niger relève ses défis de fournir des enseignants qualifiés de qualité pour tous.
ENGLISH
Togo : a training gap
Togo has made clear progress on education spending, and on the recruitment of teachers – but in terms of improving teachers’ training levels, it still has a long way to go. The latest financing data show education has grown to 17.6 percent of the total budget – or more than 20 percent of the recurrent budget. Two thirds of this goes to pre-primary, primary and lower secondary education, representing a welcome focus on basic education. Overall teacher numbers could be improved, but are not very bad: the number of teachers in Togo’s primary schools reached 31,712 in 2010, with a Pupil-Teacher Ratio of just over 40:1. (Data are not available for lower secondary.)
Togo’s teacher training programme was almost wiped out during the programme of “structural adjustment” imposed from 1983 to 1994 by the World Bank and IMF, with the support of other donors, which led to the closure or suspension of teacher training colleges. Training institutions reopened in 1995, but the withdrawal of much donor aid from 1994 to 2007 meant that budgets were extremely constrained. From 1983 until 2010, teachers were recruited without any pre-service training, and often with very limited academic backgrounds. At the same time, qualified teachers left in huge numbers in response to poor pay and conditions.
The impact on teacher profiles was dramatic: in 1990, more than three quarters of Togolese teachers had received pre-service training or had a professional diploma; by 2007, Togo reported that less than 15 percent of its primary school teachers were trained. (This proportion has increased considerably since; this is likely to be a reflection of the number of teachers who have received in-service training, often of just a couple of weeks or a month.) More recently, some teacher training colleges have reopened and others are being built. In 2010, 510 teachers were trained and deployed, and a further 1750 completed training in August 2012. All new teachers taking up posts in Togo must benefit from good quality initial training, and more support is required for those teachers in post who did not benefit from this.
Currently, teachers are unequally distributed throughout the country – in rural and urban areas, in rich and poor areas – and there is a lack of incentives for teachers to live and work in remote, rural areas. The shortages of science teachers are particularly acute in these areas. There are more male than female teachers (except in pre-primary), and again, the disparities are greater in the sciences and in remote areas. The collective effect of these shortages, and the lack of training, can be seen in low learning outcomes, high levels of repetition of grades, and the high level of school drop-outs, particularly among girls.
The government has made a strong effort with financing, and has some support from external donors. Much more focus is needed on reinforcing the skills, training and professional status of teachers. The Togolese National Coalition for Education For All is calling for a focus on the quality of teachers and teacher training, which also requires better pay and more secure employment, and a focus on equity in training and distribution of teachers.
Niger : gaps in external support
Niger is one of the poorest countries in the world, one that has made considerable investments in education, but the system still faces huge challenges in terms of access, quality and equity. Niger began implementing its 10-year Education Development Plan (PDDE), focused on access, quality and management, in 2003. It has been investing fairly heavily in education: in 2010, for example the government allocated 17 percent of the total budget to education, of which 80 percent (or 13.4 percent of the total budget) went to basic education. It has hugely scaled up the number of teachers at primary level, from fewer than 16,000 in 2001 to nearly 49,000 in 2011, which represents an impressive annual rate of expansion of 12 percent in the last five years.
There has also been a growth in the proportion of female teachers, up to 45 percent at primary level in 2011. Yet even these impressive efforts do not put Niger where it needs to be: problems with the scale of the challenge, the quality of teachers and the comparative lack of focus at secondary level mean that the remaining gaps are enormous. At primary level, UIS estimates that Niger would need 86,100 teachers in order to provide universal primary education, with one teacher for every 40 pupils.
This would mean expanding the teacher workforce by 15 percent a year from 2012 to 2015. Moreover, the professional standards for teaching have been steadily eroded. Since the 1990s, there has been an explosion in the recruitment of teachers on limited-term contracts, often without any training, who have little job security and are paid just $125 a month (although even this is an improvement on the $70 a month previously offered). By 2010, these contract teachers made up 82 percent of the teacher workforce. Teachers are often unable to support themselves, are under-trained and under-motivated. There is a clear impact on quality: of 1,000 children starting primary school (noting that many other children do not have access to school), just 429 obtain their primary diploma, of whom only 311 do so without repeating a year.
Moreover, there are stark disparities, mirroring the disparities in availability and training levels of teachers: there is a gap of almost 30 points in primary completion rates between rural and urban areas. At secondary level, problems are arguably even greater, and are aggravated by a lack of donor support. The Coalition of Union Associations and NGOs for Education For All in Niger (ASO-EPT Niger) points to problems with large class sizes, violence, poor completion and exam success rates and the lack of training in life-skills for young people.
In 2010, Niger had just 1,059 trained teachers (including through accelerated training), at lower secondary level, despite having more than 1.4 million children of lower secondary school age. According to the latest figures, only just over one third of young people in Niger (aged 15 to 24) can read and write, and fewer than a quarter of young women.
Donor support to education in Niger belies the promise that no country will fail to achieve Education For All goals because of a lack of funding. Niger has huge needs, a 10-year plan and a demonstrated commitment to use of domestic finances, yet has never had adequate donor support. A study by ASO-EPT in 2010 showed that, despite Niger’s poverty and lack of resources, donors had contributed only around 11 to 13 percent of the education budget over the previous decade. Much more aggressive support is needed for Niger to meet its challenge of providing high quality trained teachers for all.
Les Wathinotes sont soit des résumés de publications sélectionnées par WATHI, conformes aux résumés originaux, soit des versions modifiées des résumés originaux, soit des extraits choisis par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au thème du Débat du mois. Lorsque les publications et leurs résumés ne sont disponibles qu’en français ou en anglais, WATHI se charge de la traduction des extraits choisis dans l’autre langue. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
The Wathinotes are either original abstracts of publications selected by WATHI, modified original summaries or publication quotes selected for their relevance for the theme of the Debate of the Month. When publications and abstracts are only available either in French or in English, the translation is done by WATHI. All the Wathinotes link to the original and integral publications that are not hosted on the WATHI website. WATHI participates to the promotion of these documents that have been written by university professors and experts.