Abdou Sané Gnanthio
Le rôle des forces de sécurité dans le développement du pays n’est plus à démontrer. Rappelons que le principal atout de la vie au Sénégal et de son rayonnement international découle de sa légendaire stabilité politique et sécuritaire. Celle-ci doit être jalousement consolidée et perpétuée car elle est notre premier atout pour le développement économique, social et culturel. Cette stabilité, nous la devons exclusivement aux forces de défense et de sécurité. Car aucune stabilité ne peut être imaginée en dehors des forces de défense et de sécurité.
Ces forces de défense et de sécurité ont choisi au nom de la patrie et pour la cause nationale de protéger la nation au prix de leur vie. Elles méritent ainsi notre attention notamment sur la dimension environnementale. En 2017, la célébration de l’accession à l’indépendance du Sénégal a été dédiée aux forces de défense et de sécurité sous le thème : le rôle des forces de défense et de sécurité dans la protection de l’environnement.
Ce fut une opportunité pour toute la nation de leur rendre un hommage pour leur rôle prépondérant dans l’essor et la protection de l’environnement. C’est dans cette même trajectoire que nous nous proposons d’interpeller nos hautes autorités en vue d’une amélioration du cadre de travail des forces de défense et de sécurité en particulier celles qui ont en charge la surveillance et la régulation du trafic routier.
De façon générale, les populations sénégalaises subissent à des degrés divers les effets néfastes de la dégradation de la qualité de l’air. Toutefois, certaines forces de sécurité ressentent particulièrement ces conséquences car ils sont exposés aux risques liés à la pollution et à la dégradation de la qualité de l’air dans l’exercice de leurs missions. Cette pollution est imputable à l’effet combiné de certains gaz tels que : le monoxyde de carbone, le dioxyde de carbone, le dioxyde de soufre, les oxydes d’azote ainsi que de la matière particulaire (fines matières solides et/ou liquides en suspension dans l’air).
De façon générale, les populations sénégalaises subissent à des degrés divers les effets néfastes de la dégradation de la qualité de l’air. Toutefois, certaines forces de sécurité ressentent particulièrement ces conséquences car ils sont exposés aux risques liés à la pollution et à la dégradation de la qualité de l’air dans l’exercice de leurs missions.
Les effets de la pollution atmosphérique sur la santé sont reconnus depuis l’épisode tragique du smog londonien de décembre 1952 où plus de quatre mille décès supplémentaires ont été associés à l’augmentation excessive, pendant cinq jours, de deux polluants atmosphériques majeurs, le dioxyde de soufre et les fumées noires. Depuis, de nombreuses études épidémiologiques ont corrélé les niveaux de certains polluants, à l’extérieur mais aussi à l’intérieur des locaux, à l’aggravation de pathologies respiratoires telles que l’asthme et la broncho-pneumopathie chronique obstructive ou BPCO.
Notre système respiratoire et circulatoire est très sensible au dioxyde de carbone. Une augmentation minime de la concentration de ce gaz (CO2) dans l’air inspiré accélère quasi-immédiatement le débit respiratoire qui est normalement de 7 litres/minute (sous 0,03 % de CO2 dans l’air inspiré), et qui passe à 26 litres/minutes (pour 5% de CO2 dans l’air inspiré).
L’exposition répétée ou continue à ces gaz tout au long de la vie, favorise la poursuite et/ou l’accroissement de problèmes sanitaires, induit une surmortalité et une baisse de l’espérance de vie. Elle peut être considérée comme responsable du développement ou de l’aggravation de maladies chroniques : cancers, pathologies cardiovasculaires et respiratoires, troubles neurologiques…
Les particules fines d’origine automobile ont été classées cancérogènes pour l’homme par le Centre international de recherches sur le cancer (CIRC). C’est fort de ce constat que nous plaidons en faveur d’une amélioration des conditions de travail des agents de sécurité affectés à la circulation et exposés à ces divers risques.
À court terme, les effets liés à cette dégradation de la qualité de l’air affectent majoritairement le système cardiovasculaire (infarctus du myocarde, altérations du rythme cardiaque et de sa variabilité, accidents vasculaires cérébraux entre autres) et respiratoire (exacerbations de l’asthme et des bronchites chroniques, altération de la fonction respiratoire). De même, des expositions chroniques aux particules ont été associées à une augmentation de la mortalité, une augmentation des symptômes de maladies respiratoires, des diminutions de la fonction pulmonaire et à une augmentation des cas de cancer du poumon.
Par ailleurs les particules fines d’origine automobile ont été classées cancérogènes pour l’homme par le Centre international de recherches sur le cancer (CIRC). C’est fort de ce constat que nous plaidons en faveur d’une amélioration des conditions de travail des agents de sécurité affectés à la circulation et exposés à ces divers risques. Il urge de prendre des initiatives susceptibles de mettre nos vaillantes forces de défense et de sécurité à l’abri de ce danger potentiel. L’état de santé de nos forces de sécurité impactera sur notre stabilité, notre développement et sur notre devenir et ce, dans un contexte où se dressent de nouveaux défis sécuritaires.
Il est urgent que les forces de sécurité soient en bon état de santé pour poursuivre des performances remarquables conformément à leur tradition. Ces performances sont reconnues par la communauté internationale et constituent une source de motivation et de fierté pour tout sénégalais. Au demeurant, notre Constitution, dans son préambule, reconnaît que la vie humaine est sacrée et ajoute que nous avons tous droit à un environnement sain.
Au regard de ce qui précède, nos agents de sécurité méritent plus qu’un plaidoyer mais des actions concrètes pour protéger leur cadre de vie. C’est un signe de reconnaissance des Sénégalais à la hauteur du niveau de rayonnement sécuritaire de notre pays !
Crédit photo : Police National du Sénégal
Abdou Sané Gnanthio est un géographe-environnementaliste. Il est le président de l’Association africaine pour la promotion de la réduction des risques de catastrophes. Actuel conseiller départemental de Ziguinchor, Abdou Sané a aussi été député de l’Assemblée nationale du Sénégal.