- Parce que la corruption à travers ses différentes formes fragilise les Etats de l’Afrique de l’Ouest et compromet leur stabilité. Elle constitue un fléau qui freine tout processus de développement économique et humain. Les pays de la région perdent chaque année des points de croissance à cause de la corruption sous ses multiples formes.
- Parce que les pratiques corruptives sont généralisées à tous les étages de la vie économique, sociale et politique. Les scandales et cas avérés de corruption sont légion dans les pays de la zone WATHI. Le versement de fortes sommes par de grandes entreprises à des responsables politiques, des hauts fonctionnaires et des dirigeants d’entreprises publiques et semi-publiques pour obtenir des contrats dans des conditions qui vont à l’encontre des intérêts nationaux affecte les économies des Etats et leur capacité à répondre aux besoins de leurs populations.
- Parce que la remise quasi systématique de sommes peu élevées à des agents publics dans le but d’obtenir des avantages ou de contourner certains obstacles bureaucratiques est tout aussi préjudiciable pour la création et la pérennisation d’une administration de qualité. Qualifiées de petite corruption, ces pratiques observées au quotidien dans la majorité des pays de la région brouillent les frontières entre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas et conduit à installer un système de corruption généralisée.
- Parce que la corruption est une menace pour la bonne marche de la démocratie. Les pratiques fréquentes de corruption dans l’espace politique et plus particulièrement lors de consultations électorales avec l’achat de votes, la remise de sommes d’argent à des figures de l’opposition pour rejoindre le parti au pouvoir ou la distribution massive de biens matériels, comme des sacs de riz et des tee-shirts, sont des entorses aux règles démocratiques. L’utilisation des deniers publics préalablement détournés ou de fortunes privées aux origines douteuses pour orienter le choix des populations lors d’élections présidentielles, parlementaires et locales, est un mal qui gangrène les systèmes politiques dans la région.
- Parce que certaines formes de corruption sont acceptées voire légitimées par les populations qui l’associent à une manière de vivre en société. La remise d’une somme d’argent ou de tout autre «cadeau» après la réception d’un acte administratif est une pratique fréquente des usagers à l’endroit de fonctionnaires pourtant rémunérés pour rendre un service public.
- Parce que les habitudes de corruption installées et considérées comme normales finissent par être associées à des caractéristiques culturelles. Ces justifications de pratiques qui nuisent à l’amélioration du bien-être de la majorité des populations, et encore davantage à celui des plus démunis, ne sont en rien culturelles. Elles donnent une mauvaise image des pays de la région et attaquent les bases éthiques des sociétés ouest-africaines.
1 Commentaire. En écrire un nouveau
Merci pour avoir choisi ce thème de la corruption pour le Débat. Après un bref aperçu des publications et évènements en relation avec ce thème, je voudrais attirer l’attention des lecteurs sur l’évaluation des mécanismes de lutte contre la corruption au niveau national. Il y a certes pas mal d’indices/indicateurs sur la gouvernance qui couvrent ce sujet, mais celui de l’organisation Global Integrity mérite une attention particulière , parce que non seulement il couvre l’évaluation des lois existantes mais aussi et surtout il relève les carences dans leur mise en oeuvre, surtout à travers l’existence d’une entité de lutte contre la corruption. Global Integrity ne s’intéresse pas uniquement à l’existence d’une commission anti-corruption, mais aussi à son indépendance vis-à-vis de l’exécutif ou du parlement où les hommes politiques peuvent restreindre son action, à l’existence de moyens adéquats à la disposition de la commission, à la capacité de la commission de s’auto-saisir des cas de corruption et de pouvoir poursuivre les hautes personnalités au même titre que les «petits poissons», à la nomination des responsables de la commission (pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat v. équilibre des pouvoirs). De même, pour Global Integrity, criminaliser la corruption est une chose, mais la lutte ne sera pas effective si la dénonciation n’est pas une obligation pour les fonctionnaires et si les protections des fonctionnaires dénonciateurs ou donneurs d’alerte n’existent pas.