Position des OP (Opérateurs) dans la filière mangue en Afrique de l’Ouest et au Sénégal
Le présent rapport a été produit avec le soutien de la direction de la Coopération de l’Union européenne EuropAid et de la Direction générale du Développement (Coopération belge).
Auteur (s) :
Patrice Ndimanya, Professeur, Economie rurale et des entreprises agro-alimentaires,
Jacques Strebelle, Centre d’investissement pour l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
La filière mangue au niveau mondial et en Afrique de l’Ouest
La production et le marché mondial de la mangue
La production mondiale de mangue (Mangifera indica), estimée à plus de quelques 37 millions de tonnes (Mt) en 2010, a été multipliée par deux en 30 ans. L’Asie, zone d’origine de la mangue , est le plus grand producteur, représentant 76,3 % de la production mondiale, suivi des Amériques avec 12,3% et de l’Afrique 11,4%. Environ 40% de la production mondiale est assuré par l’Inde avec quelque 15 millions de tonnes de mangues. En Amérique, les premiers producteurs sont le Mexique (environ 1,6 millions de tonnes) et le Brésil (environ 1,2 millions de tonnes). Au niveau de l’Afrique le premier pays producteur est le Nigeria (790 200 tonnes)
Le volume d’exportation mondiale des mangues en 2010 a été estimé à 1 144 296 tonnes, contre 715 341 tonnes en 2001 (Sources : ITC, Trade Map). Le Mexique, sixième producteur, est le premier exportateur mondial avec 275 000 tonnes
Source : ITC, Trade Map
Les Etats-Unis et l’Union Européenne sont le deux grands marchés d’importation. Ce sont des marchés concurrentiels, dynamiques et exigeants en matière de réglementations sanitaires et phytosanitaires. En 2010 les volumes de mangues importées a été de 330 000 tonnes aux Etats-Unis et de 225 000 tonnes en Europe. (CNUCED mai 2012). L’Union Européenne s’approvisionne surtout en Amérique latine. Les Pays-Bas sont les principaux importateurs et distributeurs en Europe, suivi de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la France.
La filière mangue en Afrique de l’Ouest
La production globale en Afrique occidentale a été estimée à environ 1 374 000 tonnes en 2010 provenant de plantations étendues sur quelques 340 000 ha. La production ainsi que le surfaces couvertes par les manguiers ont presque doublé depuis une vingtaine d’années (environs 700 000 tonnes et 164 000 ha en 1991) (source : FAOSTAT).
Le produit frais est destiné essentiellement au marché local. Un volume très faible, en moyenne moins de 2% sur les 10 dernières années est destiné à l’exportation.
Les principaux pays producteurs de mangue en Afrique de l’Ouest ne sont pas des exportateurs. Les pays leaders dans l’exportation sont la Côte d’Ivoire (environ 50% des exportations de l’Afrique de l’Ouest), le Mali, le Burkina Faso et le Sénégal.
Les mangues de l’Afrique de l’Ouest sont exportées surtout en Europe où elles occupent depuis une dizaine d’année, environ 10% du marché, bien qu’elles aient atteint 13 % en 2006 et 2007.
Qualité, taille et couleur des mangues sont parmi les facteurs qui conditionnent le marché. Les consommateurs européens demandent des mangues de qualité, peu fibreuses. Ils apprécient des mangues bien colorées avec une taille moyenne et un poids entre 200 et 800 grammes. La « Tommy Atkins » dont le Brésil est le principal pays producteur, bien qu’elle ait des fibres, a une peau rouge bien colorée, ce qui fait qu’elle soit la variété la plus demandé par le marché de l’Europe occidentale. Les pays de l’Afrique de l’Ouest sont plus performants dans la production de mangues peu fibreuses et avec une peau jaune-orange, telles que les variétés « Kent », « Keitt » et « Haden », auxquelles s’ajoute la mangue « Amélie » produit en Côte d’Ivoire, Burkina Faso et Mali. Celles-ci sont les variétés exportées en Europe.
Les jus et les confitures produits avec des technologies artisanales sont destinés plutôt au marché local car les strictes normes sur les caractéristiques qualitatives et sanitaires, ainsi que les coûts de production limitent l’exportation. Des expériences de production des produits de base pour les jus de fruits (pulpe) destinés à l’exportation se retrouvent dans le privé avec des unités industrielles ou semi-industrielles.
Les acteurs
– Les opérateurs, c’est-à-dire ceux qui sont concernés directement par la filière. Il s’agit de : producteurs, commerçants (intermédiaires, grossistes, détaillants, …), exportateurs, transformateurs, importateurs, distributeurs, consommateurs, etc.
– Les structures de service, c’est-à-dire tous les acteurs qui permettent ou facilitent les opérateurs d’acquisition de biens, financements et services : fournisseurs d’intrants et d’équipements pour la production, la transformation et la commercialisation ; fournisseurs de crédit : banques et IMF ; transporteurs ; operateurs des centres de conditionnement et de commercialisation (marchés, port…).
– Les acteurs institutionnels qui doivent faciliter l’action des opérateurs et de structures de service en leur permettant d’évoluer dans un environnement favorable du point de vu législatif et réglementaire qui vise le développement de la filière et sa rentabilité. Les acteurs concernés sont les Ministères et leurs services déconcentrés, l’administration locale, les collectivités locales et les chefs coutumiers, la douane, la police et la gendarmerie, les services publics de recherche et de vulgarisation, les chambres de commerce, etc.
– Les partenaires techniques et financières. Ils sont les bailleurs de fonds, les structures d’appui-conseil, les ONG (nationales et internationales) qui soutiennent la filière au travers de projets de coopération et qui mobilisent des ressources financières et de l’assistance technique.
La filière mangue au Sénégal
Au Sénégal la production globale de mangue a été estimée à environ 100 000 tonnes en 2010 (FAOSTAT).
La période de production de mangues au Sénégal suit celle du Mali, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire (de mars à juin) permettant ainsi de prendre le relais de la production ouest africaine. La période de production s’étale sur 6 mois, du mois de mai au mois d’octobre avec une fenêtre de 3 à 4 mois pour l’exportation. Elle est la plus longue d’Afrique de l’Ouest (6 mois).
Les variétés appréciées et exportées sont la Kent et la Keitt, bien que d’autres intéressantes pour l’exportation (Tommy Atkins, Zill, Palmer) et plusieurs variétés de mangue locales (diorou, sierra leone, papaye, bouko diékhal, balanta, passy, thias, duile, mbeug mbeug…) peuvent se trouver dans les vergers sénégalais et surtout au sud du pays.
La Kent reste la variété la plus recherché pour sa couleur, son gout et la faible présence de fibres, ce qui amène de plus en plus les producteurs à investir en plantations de cette variété et/ou à renouveler les vergers existants avec la technique du surgreffage.
Les vergers de mangues peuvent être classés en trois grandes catégories : vergers villageois et vergers de case, vergers améliorés et vergers modernes ou industriels.
Ces vergers se situent sur des terres attribuées par les Communautés Rurales. En effet la gestion du foncier au Sénégal est assurée par le Conseil Rural qui peut attribuer des terres à des organisations de producteurs ou directement à des privés. Une affectation de terre ne leur confère que le droit d’usage personnel et individuel et ne constitue pas une sécurité foncière pour l’investisseur. La durée d’affectation est indéterminée pour les personnes bénéficiaires de parcelles, par délibération du Conseil rural, dès lors que la condition de mise en valeur suffisante est respectée.
Les contraintes majeures liées à la production de mangues pour le marché local ainsi que destinées à l’exportation, sont les suivants:
- Faible organisation des producteurs dans l’approvisionnement de matériel végétal de qualité (plantes greffées), intrants et équipements
- Faible application d’itinéraires techniques adéquats et performants – Le faible encadrement de proximité dans la conduite de vergers modernes et améliorés selon des techniques culturales appropriées (tailles, engrais, lutte contres les parasites) limite les rendements et la qualité de la production ;
- Absence d’une stratégie de lutte concrète pour éradiquer les mouches de fruits et autres fléaux qui peuvent pénaliser la production ;
- Enclavement des zones de production, surtout en Casamance.
Récolte, post-récolte et conditionnement
Les contraintes dépendent du niveau d’organisation et de maîtrise des techniques de récolte et post-récolte, ainsi que de la présence/absence d’infrastructures de stockage/conservation. Celles-ci peuvent se résumer comme suit :
- Inorganisation de la récolte et de la collecte
- Faible maîtrise des techniques de récolte et post-récolte. La mangue pour l’exportation doit être récoltée et traitée avec des techniques appropriées et beaucoup de soins. Choques, blessures, taches de sève, etc. font écarter la mangue et cela est une manque à gagner pour le producteur.
- Méconnaissance des techniques de conditionnement pour les mangues destinées à l’exportation. Les mangues destinées à l’exportation avant d’être mis en cartons suivent une procédure de triage et sélection au niveau des centres de conditionnement qui demande des connaissances et capacités spécifiques.
- Accès difficile aux équipements de conditionnement
- Faible disponibilité, voir absences, de magasins de stockage pour conserver la mangue fraîche, la mettre à l’abri du soleil, de la pluie, et minimiser ainsi les pertes par pourriture. Les chambres froides existantes sont utilisées pour les mangues destinées à l’exportation.
Transformation artisanale
Comme dans les autres pays de la sous-région, la mangue séchée est le produit transformé artisanalement qui a plus de possibilités de s’insérer dans le marché international. Par contre les confitures et les jus se limitent au marché interne, bien que la forte concurrence des produits transformés importés demande le développement d’une stratégie de commercialisation bien ciblée pour positionner les produits locaux sur le marché.
Les contraintes et l’instabilité des ces unités de transformation artisanale sont surtout:
- La difficulté d’approvisionnement de la matière première, périssable et saisonnière avec des pointes de production de juin à août selon les régions. Cette contrainte ne se présente qu’en forme réduite si le centre de transformation est en milieu rural.
- Les techniques de transformation non performantes
- Les équipements artisanaux et inadéquats.
- Les emballages coûteux et difficiles à trouver sur le marché,
- La méconnaissance du marché des mangues transformées aussi bien pour le marché national que pour celui à l’export (demande, exigence de qualité, compétitivité par rapport à d’autres origines).
Commercialisation
Commercialisation au niveau national
Les principales contraintes que les producteurs rencontrent dans la commercialisation peuvent se résumer comme suit :
- Faible capacité de négociation. Les circuits de commercialisation sont contrôlés par des gros commerçants et intermédiaires (coxers, bana bana) qui dictent les conditions de vente aux petits producteurs et avec des accords verbaux. Les producteurs vendent de façon individuelle et les cas de mise en marché collective sont rares.
- Incertitude sur la demande et instabilité des prix de vente. Les prix fluctuent surtout sous le contrôle des coxeurs qui connaissent mieux les marchés, s’informent et structurent les prix, d’où ils ont un fort pouvoir de négociation devant les producteurs et même les bana bana.
- Méconnaissance des quantités réelles de produit vendu. L’utilisation d’unités de mesure aléatoires, telles que les paniers, les sacs ou la vente sur pied (forfait pour la production du verger) détermine la vente et donc le revenu sur des estimations et non sur les quantités réelles des produits.
- Accès difficile aux zones de production (surtout en Casamance) où l’insuffisance et/ou le mauvais état des pistes et des routes peut nuire à la qualité de la mangue et augmenter le coût de l’écoulement et transport du produit.
- Entraves au transport des mangues. Le coût des péages et/ou taxes arbitraires le long de la route pénalisent les producteurs qui veulent rejoindre les marchés. Cela est une forte limitation surtout pour les producteurs de la Casamance qui doivent traverser l’Etat et le fleuve Gambie.
Les acteurs de la demande également manifestent certaines contraintes liées à la qualité de l’offre et aux délais de livraison. Souvent les producteurs ne font pas assez d’attention à la qualité et au calibrage des fruits. Des mangues avec parasites (mouche des fruits, cochenilles), piqûres d’insectes (mouches fourmis), blessures, taches de sève sont mélangées avec les fruits de qualité en pénalisant l’ensemble de la fourniture. Dans le même emballage ou type de conditionnement, se retrouvent mangues de différents calibres et parfois de différentes variétés.
Exportation
Bien que le volume exporté soit petit par rapport à la production, le Sénégal a fortement augmenté le commerce vers l’extérieur et surtout vers l’Europe durant les dernières 10 années, pour atteindre des quantités moyenne entre 5 000 à 6 000 tonnes par an, malgré la chute de 50% en 2010 (environ 3 000 tonnes) due à la qualité des mangues ainsi qu’aux attaques de la mouche des fruits qui ont compromis la campagne de commercialisation (source : CNUCED).
Les exportations se font surtout par voie maritime (95%) et seulement une petite quantité (produits de haute gamme) est commercialisée par avion (5%). Il est à signaler que le transport maritime vers l’Europe est le plus court d’Afrique de l’Ouest: 6 à 7 jours.
Le “guide export – mangue du Sénégal” dont les opérateurs sénégalais disposent est un outil qui leurs permet de se conformer au cahier de charges et capitalise le savoir-faire développé au Sénégal. Ce guide est une source de conseils pratiques, de techniques et de connaissances du produit, un document de référence de qualité, un outil de formation, un outil promotionnel de la filière.
Les accords entre l’exportateur et le producteur pour la commande des mangues définissent plusieurs aspects de l’opération, dont la quantité (poids récolté ou poids conditionné), la variété, le délai de livraison, le type de livraison (bord champs ou centre de conditionnement), les appuis éventuels durant la phase de pré-récolte et de récolte et le prix par kilogramme. Ce dernier dépend fortement des facteurs définis plus haut.
Au niveau de la vente des mangues pour l’exportation, les petits producteurs rencontrent des contraintes spécifiques, au delà de celles déjà mentionnées pour le commerce interne. Il s’agit de :
- L’incertitude sur les quantités réellement conditionnées et vendues. Normalement l’exportateur paie les quantités réellement conditionnées, c’est à dire la quantité récoltée qui peut être exportée. Les écarts du triage sont normalement remis au producteur qui pourrait le mettre sur le marché interne. La vente de toute la récolte permettrait au producteur d’écouler toutes les mangues, mais à des prix moins intéressants.
- Les entraves liées à l’envoi des mangues (exportation directe): accès aux ports, document à présenter pour l’envoi (LTA, certificat phytosanitaire, etc.), rapports avec les transitaires, réservation des chambres de pré-réfrigération, calendrier des bateaux, etc. Normalement les transitaires doivent faciliter ces opérations, mais les imprévus se présentent constamment: documentations incomplètes, chambres de pré-réfrigération non disponible malgré la réservation, changement improvise de la date de départ des bateaux, etc.
Financement du secteur
Le financement des activités agricoles, reste un goulot d’étranglement pour le monde rural et pour les petits producteurs en particulier. Les producteurs de mangues nécessitent de financements à moyen et longue terme pour l’implantation des vergers (équipements, intrants) qui ne pourront donner des revenus qu’après 4-5 ans et de financements de campagne (court terme) pour les opérations de commercialisation et exportation.
Les contraintes liées au financement de la filière mangue concernent :
- L’inexistence de produits financiers adéquats aux besoins des petits et moyens producteurs pour l’implantation de vergers, unité de conditionnement, unités de transformation (crédit à moyen terme)
- Le taux d’intérêt excessif et le manque de garantie financière;
Le manque de fonds de préfinancement de la commercialisation.
Expérience d’exportation directe de petits producteurs en Casamance
En Casamance, l’Association des Planteurs et Apiculteurs de l’Arrondissement de Diouloulou (APAD) est un exemple de petits et moyens producteurs et exploitations familiales qui se sont associés et organisés sous forme de GIE pour (i) valoriser leurs produits, (ii) assurer une augmentation de revenus des producteurs en créant ainsi de l’emploi surtout pour les jeunes et les femmes, (iii) faire face aux contraintes liées à la production (difficulté d’approvisionnement d’intrants, petit équipement, semences et matériel végétal de qualité, faible accès à l’information et à la formation), ainsi que à la commercialisation (recherche de marchés, dépendance des bana bana et coxer, etc.) aux quelles sont confrontés comme toutes les producteurs de la zone et du Sénégal.
Afin de diversifier les débouchés et les risques, au cours des années l’APAD a cherché de se présenter sur le marché avec différents produits (frais et transformés) et a expérimenté plusieurs types de commercialisation : la commercialisation avec différents types d’acteurs, l’exportation en direct et en partenariat avec des importateurs européens, les prestations de services pour des exportateurs sénégalais (vente de mangues conditionnées prêtes pour l’exportation).
Dans ce cadre, l’exportation directe des mangues est destinée au circuit du commerce équitable, grâce à la certification pour la production de mangues que l’APAD a obtenu de FLO (Fairtrade Labelling Organisations) depuis 2003. C’est avec ce label qu’APAD a exporté directement en Italie et ses mangues ont été distribuées par la grande distribution Coop (Coopératives de consommateurs).
Pour soutenir tous les frais de l’opération d’exportation directe ou de vente aux exportateurs (récolte, conditionnement, transport, envoie), ainsi que pour couvrir les risques et être compétitif, le prix par kilogramme de mangues que l’APAD paye au producteur est de 100 FCFA. Ce montant est inferieur à ce que les producteurs reçoivent dans le Niayes (environ 250 FCFA/Kg), mais il faut considérer que dans les Niayes les exportateurs payent aux producteurs seulement la mangue conditionnée et exportée. Par contre l’APAD paye au producteur le produit récolté et elle s’endosse les écarts des opérations de conditionnement. Le prix au producteur reste toujours plus intéressant par rapport à celui payé par un coxer ou bana bana pour les mêmes variétés (Kent ou Keitt) qui est autour de 40-60 FCFA/Kg.
La filière mangue au niveau mondial et en Afrique de l’Ouest
La production et le marché mondial de la mangue
La production mondiale de mangue (Mangifera indica), estimée à plus de quelques 37 millions de tonnes (Mt) en 2010, a été multipliée par deux en 30 ans. L’Asie, zone d’origine de la mangue , est le plus grand producteur, représentant 76,3 % de la production mondiale, suivi des Amériques avec 12,3% et de l’Afrique 11,4%. Environ 40% de la production mondiale est assuré par l’Inde avec quelque 15 millions de tonnes de mangues. En Amérique, les premiers producteurs sont le Mexique (environ 1,6 millions de tonnes) et le Brésil (environ 1,2 millions de tonnes). Au niveau de l’Afrique le premier pays producteur est le Nigeria (790 200 tonnes)
Le volume d’exportation mondiale des mangues en 2010 a été estimé à 1 144 296 tonnes, contre 715 341 tonnes en 2001 (Sources : ITC, Trade Map). Le Mexique, sixième producteur, est le premier exportateur mondial avec 275 000 tonnes
Source : ITC, Trade Map
Les Etats-Unis et l’Union Européenne sont le deux grands marchés d’importation. Ce sont des marchés concurrentiels, dynamiques et exigeants en matière de réglementations sanitaires et phytosanitaires. En 2010 les volumes de mangues importées a été de 330 000 tonnes aux Etats-Unis et de 225 000 tonnes en Europe. (CNUCED mai 2012). L’Union Européenne s’approvisionne surtout en Amérique latine. Les Pays-Bas sont les principaux importateurs et distributeurs en Europe, suivi de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la France.
La filière mangue en Afrique de l’Ouest
La production globale en Afrique occidentale a été estimée à environ 1 374 000 tonnes en 2010 provenant de plantations étendues sur quelques 340 000 ha. La production ainsi que le surfaces couvertes par les manguiers ont presque doublé depuis une vingtaine d’années (environs 700 000 tonnes et 164 000 ha en 1991) (source : FAOSTAT).
Le produit frais est destiné essentiellement au marché local. Un volume très faible, en moyenne moins de 2% sur les 10 dernières années est destiné à l’exportation.
Les principaux pays producteurs de mangue en Afrique de l’Ouest ne sont pas des exportateurs. Les pays leaders dans l’exportation sont la Côte d’Ivoire (environ 50% des exportations de l’Afrique de l’Ouest), le Mali, le Burkina Faso et le Sénégal.
Les mangues de l’Afrique de l’Ouest sont exportées surtout en Europe où elles occupent depuis une dizaine d’année, environ 10% du marché, bien qu’elles aient atteint 13 % en 2006 et 2007.
Qualité, taille et couleur des mangues sont parmi les facteurs qui conditionnent le marché. Les consommateurs européens demandent des mangues de qualité, peu fibreuses. Ils apprécient des mangues bien colorées avec une taille moyenne et un poids entre 200 et 800 grammes. La « Tommy Atkins » dont le Brésil est le principal pays producteur, bien qu’elle ait des fibres, a une peau rouge bien colorée, ce qui fait qu’elle soit la variété la plus demandé par le marché de l’Europe occidentale. Les pays de l’Afrique de l’Ouest sont plus performants dans la production de mangues peu fibreuses et avec une peau jaune-orange, telles que les variétés « Kent », « Keitt » et « Haden », auxquelles s’ajoute la mangue « Amélie » produit en Côte d’Ivoire, Burkina Faso et Mali. Celles-ci sont les variétés exportées en Europe.
Les jus et les confitures produits avec des technologies artisanales sont destinés plutôt au marché local car les strictes normes sur les caractéristiques qualitatives et sanitaires, ainsi que les coûts de production limitent l’exportation. Des expériences de production des produits de base pour les jus de fruits (pulpe) destinés à l’exportation se retrouvent dans le privé avec des unités industrielles ou semi-industrielles.
Les acteurs
– Les opérateurs, c’est-à-dire ceux qui sont concernés directement par la filière. Il s’agit de : producteurs, commerçants (intermédiaires, grossistes, détaillants, …), exportateurs, transformateurs, importateurs, distributeurs, consommateurs, etc.
– Les structures de service, c’est-à-dire tous les acteurs qui permettent ou facilitent les opérateurs d’acquisition de biens, financements et services : fournisseurs d’intrants et d’équipements pour la production, la transformation et la commercialisation ; fournisseurs de crédit : banques et IMF ; transporteurs ; operateurs des centres de conditionnement et de commercialisation (marchés, port…).
– Les acteurs institutionnels qui doivent faciliter l’action des opérateurs et de structures de service en leur permettant d’évoluer dans un environnement favorable du point de vu législatif et réglementaire qui vise le développement de la filière et sa rentabilité. Les acteurs concernés sont les Ministères et leurs services déconcentrés, l’administration locale, les collectivités locales et les chefs coutumiers, la douane, la police et la gendarmerie, les services publics de recherche et de vulgarisation, les chambres de commerce, etc.
– Les partenaires techniques et financières. Ils sont les bailleurs de fonds, les structures d’appui-conseil, les ONG (nationales et internationales) qui soutiennent la filière au travers de projets de coopération et qui mobilisent des ressources financières et de l’assistance technique.
La filière mangue au Sénégal
Au Sénégal la production globale de mangue a été estimée à environ 100 000 tonnes en 2010 (FAOSTAT).
La période de production de mangues au Sénégal suit celle du Mali, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire (de mars à juin) permettant ainsi de prendre le relais de la production ouest africaine. La période de production s’étale sur 6 mois, du mois de mai au mois d’octobre avec une fenêtre de 3 à 4 mois pour l’exportation. Elle est la plus longue d’Afrique de l’Ouest (6 mois).
Les variétés appréciées et exportées sont la Kent et la Keitt, bien que d’autres intéressantes pour l’exportation (Tommy Atkins, Zill, Palmer) et plusieurs variétés de mangue locales (diorou, sierra leone, papaye, bouko diékhal, balanta, passy, thias, duile, mbeug mbeug…) peuvent se trouver dans les vergers sénégalais et surtout au sud du pays.
La Kent reste la variété la plus recherché pour sa couleur, son gout et la faible présence de fibres, ce qui amène de plus en plus les producteurs à investir en plantations de cette variété et/ou à renouveler les vergers existants avec la technique du surgreffage.
Les vergers de mangues peuvent être classés en trois grandes catégories : vergers villageois et vergers de case, vergers améliorés et vergers modernes ou industriels.
Ces vergers se situent sur des terres attribuées par les Communautés Rurales. En effet la gestion du foncier au Sénégal est assurée par le Conseil Rural qui peut attribuer des terres à des organisations de producteurs ou directement à des privés. Une affectation de terre ne leur confère que le droit d’usage personnel et individuel et ne constitue pas une sécurité foncière pour l’investisseur. La durée d’affectation est indéterminée pour les personnes bénéficiaires de parcelles, par délibération du Conseil rural, dès lors que la condition de mise en valeur suffisante est respectée.
Les contraintes majeures liées à la production de mangues pour le marché local ainsi que destinées à l’exportation, sont les suivants:
- Faible organisation des producteurs dans l’approvisionnement de matériel végétal de qualité (plantes greffées), intrants et équipements
- Faible application d’itinéraires techniques adéquats et performants – Le faible encadrement de proximité dans la conduite de vergers modernes et améliorés selon des techniques culturales appropriées (tailles, engrais, lutte contres les parasites) limite les rendements et la qualité de la production ;
- Absence d’une stratégie de lutte concrète pour éradiquer les mouches de fruits[1] et autres fléaux qui peuvent pénaliser la production ;
- Enclavement des zones de production, surtout en Casamance.
Récolte, post-récolte et conditionnement
Les contraintes dépendent du niveau d’organisation et de maîtrise des techniques de récolte et post-récolte, ainsi que de la présence/absence d’infrastructures de stockage/conservation. Celles-ci peuvent se résumer comme suit :
- Inorganisation de la récolte et de la collecte
- Faible maîtrise des techniques de récolte et post-récolte. La mangue pour l’exportation doit être récoltée et traitée avec des techniques appropriées et beaucoup de soins. Choques, blessures, taches de sève, etc. font écarter la mangue et cela est une manque à gagner pour le producteur.
- Méconnaissance des techniques de conditionnement pour les mangues destinées à l’exportation. Les mangues destinées à l’exportation avant d’être mis en cartons suivent une procédure de triage et sélection au niveau des centres de conditionnement qui demande des connaissances et capacités spécifiques.
- Accès difficile aux équipements de conditionnement
- Faible disponibilité, voir absences, de magasins de stockage pour conserver la mangue fraîche, la mettre à l’abri du soleil, de la pluie, et minimiser ainsi les pertes par pourriture. Les chambres froides existantes sont utilisées pour les mangues destinées à l’exportation.
Transformation artisanale
Comme dans les autres pays de la sous-région, la mangue séchée est le produit transformé artisanalement qui a plus de possibilités de s’insérer dans le marché international. Par contre les confitures et les jus se limitent au marché interne, bien que la forte concurrence des produits transformés importés demande le développement d’une stratégie de commercialisation bien ciblée pour positionner les produits locaux sur le marché.
Les contraintes et l’instabilité des ces unités de transformation artisanale sont surtout:
- La difficulté d’approvisionnement de la matière première, périssable et saisonnière avec des pointes de production de juin à août selon les régions. Cette contrainte ne se présente qu’en forme réduite si le centre de transformation est en milieu rural.
- Les techniques de transformation non performantes
- Les équipements artisanaux et inadéquats.
- Les emballages coûteux et difficiles à trouver sur le marché,
- La méconnaissance du marché des mangues transformées aussi bien pour le marché national que pour celui à l’export (demande, exigence de qualité, compétitivité par rapport à d’autres origines).
Commercialisation
Commercialisation au niveau national
Les principales contraintes que les producteurs rencontrent dans la commercialisation peuvent se résumer comme suit :
- Faible capacité de négociation. Les circuits de commercialisation sont contrôlés par des gros commerçants et intermédiaires (coxers, bana bana) qui dictent les conditions de vente aux petits producteurs et avec des accords verbaux. Les producteurs vendent de façon individuelle et les cas de mise en marché collective sont rares.
- Incertitude sur la demande et instabilité des prix de vente. Les prix fluctuent surtout sous le contrôle des coxeurs qui connaissent mieux les marchés, s’informent et structurent les prix, d’où ils ont un fort pouvoir de négociation devant les producteurs et même les bana bana.
- Méconnaissance des quantités réelles de produit vendu. L’utilisation d’unités de mesure aléatoires, telles que les paniers, les sacs ou la vente sur pied (forfait pour la production du verger) détermine la vente et donc le revenu sur des estimations et non sur les quantités réelles des produits.
- Accès difficile aux zones de production (surtout en Casamance) où l’insuffisance et/ou le mauvais état des pistes et des routes peut nuire à la qualité de la mangue et augmenter le coût de l’écoulement et transport du produit.
- Entraves au transport des mangues. Le coût des péages et/ou taxes arbitraires le long de la route pénalisent les producteurs qui veulent rejoindre les marchés. Cela est une forte limitation surtout pour les producteurs de la Casamance qui doivent traverser l’Etat et le fleuve Gambie.
Les acteurs de la demande également manifestent certaines contraintes liées à la qualité de l’offre et aux délais de livraison. Souvent les producteurs ne font pas assez d’attention à la qualité et au calibrage des fruits. Des mangues avec parasites (mouche des fruits, cochenilles), piqûres d’insectes (mouches fourmis), blessures, taches de sève sont mélangées avec les fruits de qualité en pénalisant l’ensemble de la fourniture. Dans le même emballage ou type de conditionnement, se retrouvent mangues de différents calibres et parfois de différentes variétés.
Exportation
Bien que le volume exporté soit petit par rapport à la production, le Sénégal a fortement augmenté le commerce vers l’extérieur et surtout vers l’Europe durant les dernières 10 années, pour atteindre des quantités moyenne entre 5 000 à 6 000 tonnes par an, malgré la chute de 50% en 2010 (environ 3 000 tonnes) due à la qualité des mangues ainsi qu’aux attaques de la mouche des fruits qui ont compromis la campagne de commercialisation (source : CNUCED).
Les exportations se font surtout par voie maritime (95%) et seulement une petite quantité (produits de haute gamme) est commercialisée par avion (5%). Il est à signaler que le transport maritime vers l’Europe est le plus court d’Afrique de l’Ouest: 6 à 7 jours.
Le “guide export – mangue du Sénégal” dont les operateurs sénégalais disposent est un outil qui leurs permet de se conformer au cahier de charges et capitalise le savoir-faire développé au Sénégal. Ce guide est une source de conseils pratiques, de techniques et de connaissances du produit, un document de référence de qualité, un outil de formation, un outil promotionnel de la filière.
Les accords entre l’exportateur et le producteur pour la commande des mangues définissent plusieurs aspects de l’opération, dont la quantité (poids récolté ou poids conditionné), la variété, le délai de livraison, le type de livraison (bord champs ou centre de conditionnement), les appuis éventuels durant la phase de pré-récolte et de récolte et le prix par kilogramme. Ce dernier dépend fortement des facteurs définis plus haut.
Au niveau de la vente des mangues pour l’exportation, les petits producteurs rencontrent des contraintes spécifiques, au delà de celles déjà mentionnées pour le commerce interne. Il s’agit de :
- L’incertitude sur les quantités réellement conditionnées et vendues. Normalement l’exportateur paie les quantités réellement conditionnées, c’est à dire la quantité récoltée qui peut être exportée. Les écarts du triage sont normalement remis au producteur qui pourrait le mettre sur le marché interne. La vente de toute la récolte permettrait au producteur d’écouler toutes les mangues, mais à des prix moins intéressants.
- Les entraves liées à l’envoi des mangues (exportation directe): accès aux ports, document à présenter pour l’envoi (LTA, certificat phytosanitaire, etc.), rapports avec les transitaires, réservation des chambres de pré-réfrigération, calendrier des bateaux, etc. Normalement les transitaires doivent faciliter ces opérations, mais les imprévus se présentent constamment: documentations incomplètes, chambres de pré-réfrigération non disponible malgré la réservation, changement improvise de la date de départ des bateaux, etc.
Financement du secteur
Le financement des activités agricoles, reste un goulot d’étranglement pour le monde rural et pour les petits producteurs en particulier. Les producteurs de mangues nécessitent de financements à moyen et longue terme pour l’implantation des vergers (équipements, intrants) qui ne pourront donner des revenus qu’après 4-5 ans et de financements de campagne (court terme) pour les opérations de commercialisation et exportation.
Les contraintes liées au financement de la filière mangue concernent :
- L’inexistence de produits financiers adéquats aux besoins des petits et moyens producteurs pour l’implantation de vergers, unité de conditionnement, unités de transformation (crédit à moyen terme)
- Le taux d’intérêt excessif et le manque de garantie financière;
Le manque de fonds de préfinancement de la commercialisation.
Expérience d’exportation directe de petits producteurs en Casamance
En Casamance, l’Association des Planteurs et Apiculteurs de l’Arrondissement de Diouloulou (APAD) est un exemple de petits et moyens producteurs et exploitations familiales qui se sont associés et organisés sous forme de GIE pour (i) valoriser leurs produits, (ii) assurer une augmentation de revenus des producteurs en créant ainsi de l’emploi surtout pour les jeunes et les femmes, (iii) faire face aux contraintes liées à la production (difficulté d’approvisionnement d’intrants, petit équipement, semences et matériel végétal de qualité, faible accès à l’information et à la formation), ainsi que à la commercialisation (recherche de marchés, dépendance des bana bana et coxer, etc.) aux quelles sont confrontés comme toutes les producteurs de la zone et du Sénégal.
Afin de diversifier les débouchés et les risques, au cours des années l’APAD a cherché de se présenter sur le marché avec différents produits (frais et transformés) et a expérimenté plusieurs types de commercialisation : la commercialisation avec différents types d’acteurs, l’exportation en direct et en partenariat avec des importateurs européens, les prestations de services pour des exportateurs sénégalais (vente de mangues conditionnées prêtes pour l’exportation).
Dans ce cadre, l’exportation directe des mangues est destinée au circuit du commerce équitable, grâce à la certification pour la production de mangues que l’APAD a obtenu de FLO (Fairtrade Labelling Organisations) depuis 2003. C’est avec ce label qu’APAD a exporté directement en Italie et ses mangues ont été distribuées par la grande distribution Coop (Coopératives de consommateurs).
Pour soutenir tous les frais de l’opération d’exportation directe ou de vente aux exportateurs (récolte, conditionnement, transport, envoie), ainsi que pour couvrir les risques et être compétitif, le prix par kilogramme de mangues que l’APAD paye au producteur est de 100 FCFA. Ce montant est inferieur à ce que les producteurs reçoivent dans le Niayes (environ 250 FCFA/Kg), mais il faut considérer que dans les Niayes les exportateurs payent aux producteurs seulement la mangue conditionnée et exportée. Par contre l’APAD paye au producteur le produit récolté et elle s’endosse les écarts des opérations de conditionnement. Le prix au producteur reste toujours plus intéressant par rapport à celui payé par un coxer ou bana bana pour les mêmes variétés (Kent ou Keitt) qui est autour de 40-60 FCFA/Kg.
La filière mangue au niveau mondial et en Afrique de l’Ouest
La production et le marché mondial de la mangue
La production mondiale de mangue (Mangifera indica), estimée à plus de quelques 37 millions de tonnes (Mt) en 2010, a été multipliée par deux en 30 ans. L’Asie, zone d’origine de la mangue , est le plus grand producteur, représentant 76,3 % de la production mondiale, suivi des Amériques avec 12,3% et de l’Afrique 11,4%. Environ 40% de la production mondiale est assuré par l’Inde avec quelque 15 millions de tonnes de mangues. En Amérique, les premiers producteurs sont le Mexique (environ 1,6 millions de tonnes) et le Brésil (environ 1,2 millions de tonnes). Au niveau de l’Afrique le premier pays producteur est le Nigeria (790 200 tonnes)
Le volume d’exportation mondiale des mangues en 2010 a été estimé à 1 144 296 tonnes, contre 715 341 tonnes en 2001 (Sources : ITC, Trade Map). Le Mexique, sixième producteur, est le premier exportateur mondial avec 275 000 tonnes
Source : ITC, Trade Map
Les Etats-Unis et l’Union Européenne sont le deux grands marchés d’importation. Ce sont des marchés concurrentiels, dynamiques et exigeants en matière de réglementations sanitaires et phytosanitaires. En 2010 les volumes de mangues importées a été de 330 000 tonnes aux Etats-Unis et de 225 000 tonnes en Europe. (CNUCED mai 2012). L’Union Européenne s’approvisionne surtout en Amérique latine. Les Pays-Bas sont les principaux importateurs et distributeurs en Europe, suivi de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la France.
La filière mangue en Afrique de l’Ouest
La production globale en Afrique occidentale a été estimée à environ 1 374 000 tonnes en 2010 provenant de plantations étendues sur quelques 340 000 ha. La production ainsi que le surfaces couvertes par les manguiers ont presque doublé depuis une vingtaine d’années (environs 700 000 tonnes et 164 000 ha en 1991) (source : FAOSTAT).
Le produit frais est destiné essentiellement au marché local. Un volume très faible, en moyenne moins de 2% sur les 10 dernières années est destiné à l’exportation.
Les principaux pays producteurs de mangue en Afrique de l’Ouest ne sont pas des exportateurs. Les pays leaders dans l’exportation sont la Côte d’Ivoire (environ 50% des exportations de l’Afrique de l’Ouest), le Mali, le Burkina Faso et le Sénégal.
Les mangues de l’Afrique de l’Ouest sont exportées surtout en Europe où elles occupent depuis une dizaine d’année, environ 10% du marché, bien qu’elles aient atteint 13 % en 2006 et 2007.
Qualité, taille et couleur des mangues sont parmi les facteurs qui conditionnent le marché. Les consommateurs européens demandent des mangues de qualité, peu fibreuses. Ils apprécient des mangues bien colorées avec une taille moyenne et un poids entre 200 et 800 grammes. La « Tommy Atkins » dont le Brésil est le principal pays producteur, bien qu’elle ait des fibres, a une peau rouge bien colorée, ce qui fait qu’elle soit la variété la plus demandé par le marché de l’Europe occidentale. Les pays de l’Afrique de l’Ouest sont plus performants dans la production de mangues peu fibreuses et avec une peau jaune-orange, telles que les variétés « Kent », « Keitt » et « Haden », auxquelles s’ajoute la mangue « Amélie » produit en Côte d’Ivoire, Burkina Faso et Mali. Celles-ci sont les variétés exportées en Europe.
Les jus et les confitures produits avec des technologies artisanales sont destinés plutôt au marché local car les strictes normes sur les caractéristiques qualitatives et sanitaires, ainsi que les coûts de production limitent l’exportation. Des expériences de production des produits de base pour les jus de fruits (pulpe) destinés à l’exportation se retrouvent dans le privé avec des unités industrielles ou semi-industrielles.
Les acteurs
Les opérateurs, c’est-à-dire ceux qui sont concernés directement par la filière. Il s’agit de : producteurs, commerçants (intermédiaires, grossistes, détaillants, …), exportateurs, transformateurs, importateurs, distributeurs, consommateurs, etc.
Les structures de service, c’est-à-dire tous les acteurs qui permettent ou facilitent les opérateurs d’acquisition de biens, financements et services : fournisseurs d’intrants et d’équipements pour la production, la transformation et la commercialisation ; fournisseurs de crédit : banques et IMF ; transporteurs ; operateurs des centres de conditionnement et de commercialisation (marchés, port…).
Les acteurs institutionnels qui doivent faciliter l’action des opérateurs et de structures de service en leur permettant d’évoluer dans un environnement favorable du point de vu législatif et réglementaire qui vise le développement de la filière et sa rentabilité. Les acteurs concernés sont les Ministères et leurs services déconcentrés, l’administration locale, les collectivités locales et les chefs coutumiers, la douane, la police et la gendarmerie, les services publics de recherche et de vulgarisation, les chambres de commerce, etc.
Les partenaires techniques et financières. Ils sont les bailleurs de fonds, les structures d’appui-conseil, les ONG (nationales et internationales) qui soutiennent la filière au travers de projets de coopération et qui mobilisent des ressources financières et de l’assistance technique.
La filière mangue au Sénégal
Au Sénégal la production globale de mangue a été estimée à environ 100 000 tonnes en 2010 (FAOSTAT).
La période de production de mangues au Sénégal suit celle du Mali, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire (de mars à juin) permettant ainsi de prendre le relais de la production ouest africaine. La période de production s’étale sur 6 mois, du mois de mai au mois d’octobre avec une fenêtre de 3 à 4 mois pour l’exportation. Elle est la plus longue d’Afrique de l’Ouest (6 mois).
Les variétés appréciées et exportées sont la Kent et la Keitt, bien que d’autres intéressantes pour l’exportation (Tommy Atkins, Zill, Palmer) et plusieurs variétés de mangue locales (diorou, sierra leone, papaye, bouko diékhal, balanta, passy, thias, duile, mbeug mbeug…) peuvent se trouver dans les vergers sénégalais et surtout au sud du pays.
La Kent reste la variété la plus recherché pour sa couleur, son gout et la faible présence de fibres, ce qui amène de plus en plus les producteurs à investir en plantations de cette variété et/ou à renouveler les vergers existants avec la technique du surgreffage.
Les vergers de mangues peuvent être classés en trois grandes catégories : vergers villageois et vergers de case, vergers améliorés et vergers modernes ou industriels.
Ces vergers se situent sur des terres attribuées par les Communautés Rurales. En effet la gestion du foncier au Sénégal est assurée par le Conseil Rural qui peut attribuer des terres à des organisations de producteurs ou directement à des privés. Une affectation de terre ne leur confère que le droit d’usage personnel et individuel et ne constitue pas une sécurité foncière pour l’investisseur. La durée d’affectation est indéterminée pour les personnes bénéficiaires de parcelles, par délibération du Conseil rural, dès lors que la condition de mise en valeur suffisante est respectée.
Les contraintes majeures liées à la production de mangues pour le marché local ainsi que destinées à l’exportation, sont les suivants:
- Faible organisation des producteurs dans l’approvisionnement de matériel végétal de qualité (plantes greffées), intrants et équipements
- Faible application d’itinéraires techniques adéquats et performants – Le faible encadrement de proximité dans la conduite de vergers modernes et améliorés selon des techniques culturales appropriées (tailles, engrais, lutte contres les parasites) limite les rendements et la qualité de la production ;
- Absence d’une stratégie de lutte concrète pour éradiquer les mouches de fruits et autres fléaux qui peuvent pénaliser la production ;
- Enclavement des zones de production, surtout en Casamance.
Récolte, post-récolte et conditionnement
Les contraintes dépendent du niveau d’organisation et de maîtrise des techniques de récolte et post-récolte, ainsi que de la présence/absence d’infrastructures de stockage/conservation. Celles-ci peuvent se résumer comme suit :
- Inorganisation de la récolte et de la collecte
- Faible maîtrise des techniques de récolte et post-récolte. La mangue pour l’exportation doit être récoltée et traitée avec des techniques appropriées et beaucoup de soins. Choques, blessures, taches de sève, etc. font écarter la mangue et cela est une manque à gagner pour le producteur.
- Méconnaissance des techniques de conditionnement pour les mangues destinées à l’exportation. Les mangues destinées à l’exportation avant d’être mis en cartons suivent une procédure de triage et sélection au niveau des centres de conditionnement qui demande des connaissances et capacités spécifiques.
- Accès difficile aux équipements de conditionnement
- Faible disponibilité, voir absences, de magasins de stockage pour conserver la mangue fraîche, la mettre à l’abri du soleil, de la pluie, et minimiser ainsi les pertes par pourriture. Les chambres froides existantes sont utilisées pour les mangues destinées à l’exportation.
Transformation artisanale
Comme dans les autres pays de la sous-région, la mangue séchée est le produit transformé artisanalement qui a plus de possibilités de s’insérer dans le marché international. Par contre les confitures et les jus se limitent au marché interne, bien que la forte concurrence des produits transformés importés demande le développement d’une stratégie de commercialisation bien ciblée pour positionner les produits locaux sur le marché.
Les contraintes et l’instabilité des ces unités de transformation artisanale sont surtout:
- La difficulté d’approvisionnement de la matière première, périssable et saisonnière avec des pointes de production de juin à août selon les régions. Cette contrainte ne se présente qu’en forme réduite si le centre de transformation est en milieu rural.
- Les techniques de transformation non performantes
- Les équipements artisanaux et inadéquats.
- Les emballages coûteux et difficiles à trouver sur le marché,
- La méconnaissance du marché des mangues transformées aussi bien pour le marché national que pour celui à l’export (demande, exigence de qualité, compétitivité par rapport à d’autres origines).
Commercialisation
Commercialisation au niveau national
Les principales contraintes que les producteurs rencontrent dans la commercialisation peuvent se résumer comme suit :
- Faible capacité de négociation. Les circuits de commercialisation sont contrôlés par des gros commerçants et intermédiaires (coxers, bana bana) qui dictent les conditions de vente aux petits producteurs et avec des accords verbaux. Les producteurs vendent de façon individuelle et les cas de mise en marché collective sont rares.
- Incertitude sur la demande et instabilité des prix de vente. Les prix fluctuent surtout sous le contrôle des coxeurs qui connaissent mieux les marchés, s’informent et structurent les prix, d’où ils ont un fort pouvoir de négociation devant les producteurs et même les bana bana.
- Méconnaissance des quantités réelles de produit vendu. L’utilisation d’unités de mesure aléatoires, telles que les paniers, les sacs ou la vente sur pied (forfait pour la production du verger) détermine la vente et donc le revenu sur des estimations et non sur les quantités réelles des produits.
- Accès difficile aux zones de production (surtout en Casamance) où l’insuffisance et/ou le mauvais état des pistes et des routes peut nuire à la qualité de la mangue et augmenter le coût de l’écoulement et transport du produit.
- Entraves au transport des mangues. Le coût des péages et/ou taxes arbitraires le long de la route pénalisent les producteurs qui veulent rejoindre les marchés. Cela est une forte limitation surtout pour les producteurs de la Casamance qui doivent traverser l’Etat et le fleuve Gambie.
Les acteurs de la demande également manifestent certaines contraintes liées à la qualité de l’offre et aux délais de livraison. Souvent les producteurs ne font pas assez d’attention à la qualité et au calibrage des fruits. Des mangues avec parasites (mouche des fruits, cochenilles), piqûres d’insectes (mouches fourmis), blessures, taches de sève sont mélangées avec les fruits de qualité en pénalisant l’ensemble de la fourniture. Dans le même emballage ou type de conditionnement, se retrouvent mangues de différents calibres et parfois de différentes variétés.
Exportation
Bien que le volume exporté soit petit par rapport à la production, le Sénégal a fortement augmenté le commerce vers l’extérieur et surtout vers l’Europe durant les dernières 10 années, pour atteindre des quantités moyenne entre 5 000 à 6 000 tonnes par an, malgré la chute de 50% en 2010 (environ 3 000 tonnes) due à la qualité des mangues ainsi qu’aux attaques de la mouche des fruits qui ont compromis la campagne de commercialisation (source : CNUCED).
Les exportations se font surtout par voie maritime (95%) et seulement une petite quantité (produits de haute gamme) est commercialisée par avion (5%). Il est à signaler que le transport maritime vers l’Europe est le plus court d’Afrique de l’Ouest: 6 à 7 jours.
Le “guide export – mangue du Sénégal” dont les opérateurs sénégalais disposent est un outil qui leurs permet de se conformer au cahier de charges et capitalise le savoir-faire développé au Sénégal. Ce guide est une source de conseils pratiques, de techniques et de connaissances du produit, un document de référence de qualité, un outil de formation, un outil promotionnel de la filière.
Les accords entre l’exportateur et le producteur pour la commande des mangues définissent plusieurs aspects de l’opération, dont la quantité (poids récolté ou poids conditionné), la variété, le délai de livraison, le type de livraison (bord champs ou centre de conditionnement), les appuis éventuels durant la phase de pré-récolte et de récolte et le prix par kilogramme. Ce dernier dépend fortement des facteurs définis plus haut.
Au niveau de la vente des mangues pour l’exportation, les petits producteurs rencontrent des contraintes spécifiques, au delà de celles déjà mentionnées pour le commerce interne. Il s’agit de :
- L’incertitude sur les quantités réellement conditionnées et vendues. Normalement l’exportateur paie les quantités réellement conditionnées, c’est à dire la quantité récoltée qui peut être exportée. Les écarts du triage sont normalement remis au producteur qui pourrait le mettre sur le marché interne. La vente de toute la récolte permettrait au producteur d’écouler toutes les mangues, mais à des prix moins intéressants.
- Les entraves liées à l’envoi des mangues (exportation directe): accès aux ports, document à présenter pour l’envoi (LTA, certificat phytosanitaire, etc.), rapports avec les transitaires, réservation des chambres de pré-réfrigération, calendrier des bateaux, etc. Normalement les transitaires doivent faciliter ces opérations, mais les imprévus se présentent constamment: documentations incomplètes, chambres de pré-réfrigération non disponible malgré la réservation, changement improvise de la date de départ des bateaux, etc.
Financement du secteur
Le financement des activités agricoles, reste un goulot d’étranglement pour le monde rural et pour les petits producteurs en particulier. Les producteurs de mangues nécessitent de financements à moyen et longue terme pour l’implantation des vergers (équipements, intrants) qui ne pourront donner des revenus qu’après 4-5 ans et de financements de campagne (court terme) pour les opérations de commercialisation et exportation.
Les contraintes liées au financement de la filière mangue concernent :
- L’inexistence de produits financiers adéquats aux besoins des petits et moyens producteurs pour l’implantation de vergers, unité de conditionnement, unités de transformation (crédit à moyen terme)
- Le taux d’intérêt excessif et le manque de garantie financière;
Le manque de fonds de préfinancement de la commercialisation.
Expérience d’exportation directe de petits producteurs en Casamance
En Casamance, l’Association des Planteurs et Apiculteurs de l’Arrondissement de Diouloulou (APAD) est un exemple de petits et moyens producteurs et exploitations familiales qui se sont associés et organisés sous forme de GIE pour (i) valoriser leurs produits, (ii) assurer une augmentation de revenus des producteurs en créant ainsi de l’emploi surtout pour les jeunes et les femmes, (iii) faire face aux contraintes liées à la production (difficulté d’approvisionnement d’intrants, petit équipement, semences et matériel végétal de qualité, faible accès à l’information et à la formation), ainsi que à la commercialisation (recherche de marchés, dépendance des bana bana et coxer, etc.) aux quelles sont confrontés comme toutes les producteurs de la zone et du Sénégal.
Afin de diversifier les débouchés et les risques, au cours des années l’APAD a cherché de se présenter sur le marché avec différents produits (frais et transformés) et a expérimenté plusieurs types de commercialisation : la commercialisation avec différents types d’acteurs, l’exportation en direct et en partenariat avec des importateurs européens, les prestations de services pour des exportateurs sénégalais (vente de mangues conditionnées prêtes pour l’exportation).
Dans ce cadre, l’exportation directe des mangues est destinée au circuit du commerce équitable, grâce à la certification pour la production de mangues que l’APAD a obtenu de FLO (Fairtrade Labelling Organisations) depuis 2003. C’est avec ce label qu’APAD a exporté directement en Italie et ses mangues ont été distribuées par la grande distribution Coop (Coopératives de consommateurs).
Pour soutenir tous les frais de l’opération d’exportation directe ou de vente aux exportateurs (récolte, conditionnement, transport, envoie), ainsi que pour couvrir les risques et être compétitif, le prix par kilogramme de mangues que l’APAD paye au producteur est de 100 FCFA. Ce montant est inferieur à ce que les producteurs reçoivent dans le Niayes (environ 250 FCFA/Kg), mais il faut considérer que dans les Niayes les exportateurs payent aux producteurs seulement la mangue conditionnée et exportée. Par contre l’APAD paye au producteur le produit récolté et elle s’endosse les écarts des opérations de conditionnement. Le prix au producteur reste toujours plus intéressant par rapport à celui payé par un coxer ou bana bana pour les mêmes variétés (Kent ou Keitt) qui est autour de 40-60 FCFA/Kg.
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