Auteur :
Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA)
Vision pour la maîtrise de l’eau agricole au Sahel
Objectifs
L’objectif de l’Initiative est d’appuyer les États et les acteurs de l’agriculture irriguée en vue de porter les superficies avec maîtrise de l’eau agricole à un million d’hectares, tout en assurant la viabilité, la performance et la durabilité environnementale des systèmes irrigués existants et futurs et le développement agricole connexe.
Vision
La vision portée par l’Initiative Irrigation au Sahel est la suivante :
Des solutions d’irrigation diverses adaptées au contexte sahélien sont établies et financées dans un cadre institutionnel renforcé pour permettre le développement d’une agriculture irriguée durable, adaptée au milieu, compétitive et inclusive.
Approche de mise en œuvre
La mise en œuvre de cette vision repose sur trois piliers :
De L’irrigation vers Les irrigations :
- Prendre en compte la diversité des opportunités d’investissement en matière de maîtrise de l’eau agricole ;
- Développer des solutions intégrées pour les différents types de systèmes irrigués incluant la revitalisation et la modernisation des systèmes existants tout autant que les extensions et nouveaux développements ;
- Insérer judicieusement ces solutions dans le territoire en assurant une gestion intégrée des ressources en eau et un engagement actif des collectivités et populations locales dans le processus de planification.
De l’Aménagement vers le Système de Production :
- Intégrer les irrigations dans les systèmes de productions, en tenant compte de la complexité de ces derniers => Mettre le producteur au centre de la démarche ;
- Sécuriser l’environnement productif des irrigants: droits fonciers et droits d’eau, qualité et prédictibilité du service de l’eau, organisation des filières et crédit agricole ;
- Concevoir des aménagements hydro agricoles évolutifs permettant de répondre à la dynamique des marchés.
De la Concertation vers l’Engagement de tous les acteurs :
- Assurer l’engagement actif des acteurs à tous les niveaux pour la construction de solutions partagées visant à développer une irrigation performante et viable ;
- Mettre à la disposition des acteurs des outils modernes de gestion des connaissances.
Sahel, Eau Sahel, Eau et Histoire: un ancrage indispensable pour comprendre et envisager l’avenir des territoires envisager l’avenir des territoires sahéliens
Une contrainte fondamentale au développement de l’agriculture : la variabilité climatique
Le Sahel, quoique généralement qualifié de “zone aride et semi-aride”, est un espace très vaste et diversifié. La mousson africaine et les grands bassins-versant qui le traversent constituent des ressources abondantes, mais dont la distribution dans le temps et dans l’espace est très irrégulière (longue saison sèche, aléas de sécheresses).
Des formes traditionnelles de maîtrise de l’eau adaptées au milieu
Au Sahel, les pratiques agricoles adaptatives minimisant les risques naturels comme les sécheresses ou ruptures de pluies durant l’hivernage sont très répandues. Ce sont généralement des pratiques extensives (dispersion des champs, faible travail du sol, étalement de semis, diversité variétale, élevage transhumant, pluriactivité…) qui sont possibles dans un contexte de faible densité de population. Elles sont fortement contraintes par la force de travail disponible au niveau des ménages ruraux d’où une division sexuelle des tâches très marquée. Cependant, la force de travail disponible varie entre zones sahéliennes et zones soudaniennes, résultant en une répartition des activités entre élevage et cultures et une organisation sociale et familiale différenciée selon les systèmes de production.
Le Sahel n’est cependant pas condamné à l’agriculture pluviale risquée : si l’irrigation africaine existe en zone de montagnes non sahéliennes, les bas-fonds et les systèmes de culture de crue-décrue-berges le long des grands cours d’eau mais aussi les irrigations par épandage de crue (spate irrigation) avec barrages d’épandage sur les cours d’eau temporaires permettent de limiter les risques et de diversifier les cultures. Sur les grands fleuves, les cultures de crue (riz flottant, bourgou1…) et surtout de décrue (sorgho, maïs, courges, haricots…) entrent pour un part importante dans les systèmes de production. Ces formes de maîtrise partielle de l’eau sont cependant rendues plus vulnérables suite à la régulation des fleuves par les grands barrages, alors qu’elles dégageaient la plus forte productivité du travail (peu de travail du sol et pas de désherbage) face au pluvial ou à l’irrigué.
Un passif historique: de grands investissements consentis dans les décennies 70 et 80 avec des rentabilités médiocres et des impacts négatifs substantiels
La région subsaharienne, et le Sahel en particulier, ont connu une phase d’investissements importants pour le développement d’aménagement hydro-agricole au cours des décennies 70 et 80. Il s’agissait principalement de projets intégrés visant au développement de cultures comme le riz, sous la responsabilité de sociétés nationales d’aménagement ayant un mandat allant de la construction des infrastructures jusqu’à la commercialisation des produits agricoles.
Cette période était caractérisée par la mise en valeur « décrétée » du potentiel irrigable selon des standards établis par l’ingénieur, résultant d’une démarche descendante « top down », avec omnipuissance de la puissance publique, aboutissant souvent à l’exclusion des autres usages de l’eau et du sol, notamment la pêche et l’élevage . Elle s’est traduite finalement par l’hyperspécialisation du milieu avec des impacts écologiques et sociaux majeurs – par exemple en termes de maladies hydriques, d’épuisement ou de salinisation des sols, etc.
Ces aménagements ont contribué de façon variable à réduire le déficit de production de riz dans les pays du Sahel. Ainsi le cas du Sénégal montre l’ampleur du déficit croissant en riz, entre production et importations. Malgré les lourds investissements consentis pour le développement de l’irrigation, le taux d’autosuffisance en riz reste situé aux alentours de 20% avec une légère tendance à la baisse.
Dans le cas de l’Office du Niger au Mali, les rendements en paddy ont fortement progressé depuis les réhabilitations des années 1980-90 et l’abandon du contrôle de l’État sur la transformation et la commercialisation du paddy, entrainant un début de double culture du riz et une forte diversification (maïs, maraîchage, fourrages…irrigués) en saison sèche.
De façon plus générale, on constate une hausse de la production sur plusieurs filières stratégiques, notamment céréalières dans la région Afrique de l’Ouest. Ainsi la production de céréales a progressé de 59% entre 2000 et 2012. Les hausses les plus importantes ont concerné le riz (+95%) et le maïs (+130%) qui sont les principales céréales irriguées. Et contrairement aux autres céréales, ces hausses seraient attribuables principalement à l’augmentation des rendements.
Or, au Sahel en général, la réponse à la croissance de la demande alimentaire s’opère d’abord par l’expansion spatiale des aires cultivées en pluvial, ce au détriment de l’élevage, des jachères et de l’environnement naturel, provoquant des tensions foncières liées à la saturation de l’espace. Les faibles gains de productivité agricole en système pluvial en sont la cause essentielle.
L’irrigation, si elle n’est pas une réponse systématique, ni même univoque, à l’aridité ou à la variabilité climatique, se justifie pleinement au regard des nombreux autres enjeux (emplois, pauvreté, croissance économique, productivité, balance commerciale…). Mais la productivité du travail agricole en système irrigué reste toujours contrainte par les excès d’eau (drainage insuffisant), les défauts d’entretien et maintenance du réseau hydraulique, l’enherbement des canaux et leur faible hydraulicité, la baisse de la taille des parcelles accessibles aux ménages de plus en plus nombreux. L’irrigation se justifiera d’autant mieux qu’elle répondra aux besoins de diversification des productions et de valorisation du travail agricole grâce à la prise en compte des différentes formes sociotechniques à la portée des sociétés rurales dans leur grande diversité.
Des opportunités: une pratique “endémique” de la maîtrise de l’eau agricole et de nombreuses expériences innovantes et succès récents sur lesquels baser un développement durable et économiquement compétitif
Des formes de maîtrise de l’eau bien adaptées au milieu existaient dès avant l’ère coloniale et permettaient une exploitation harmonieuse et profitable des potentialités du territoire. Par exemple l’agriculture de décrue, dont l’étendue a été réduite suite à la construction des grands ouvrages de régulation sur les principaux fleuves reste, aujourd’hui encore, souvent préférée à la maîtrise totale de l’eau par les exploitants quand il s’agit d’allouer leurs moyens de production.
Ailleurs, les pratiques paysannes locales comme le zaï, les demi-lunes ou les cordons pierreux ont été remises en avant par des ONGs suite aux longues sécheresses du Sahel des années 70- 80, souvent dans le cadre de projets sociaux « vivres contre travail.
Le zaï est une technique paysanne qui consiste à créer une cuvette sur un sol induré afin de faire un mini-réservoir d’eau (impluvium) en cas de pluie insuffisante, où l’on met de la matière organique qui sera travaillée par la microfaune du sol et les termites, créant une porosité et une capacité d’infiltration. Le semis est effectué à l’intérieur de la cuvette.
Où va-t-on ? La place stratégique de l’irrigation au Sahel : enjeux sécurité alimentaire et emplois
Une série d’enjeux cruciaux appelle à la relance de toutes les formes de maîtrise de l’eau dont l’irrigation. L’accroissement rapide de la population sahélienne, faute de transition démographique accomplie, son urbanisation rapide et le besoin d’emplois pour les cohortes de jeunes tant ruraux qu’urbains arrivant sur le marché du travail appellent à des investissements productifs massifs. Plus récemment, l’insécurité et les troubles sociopolitiques dans les régions sahéliennes appellent à développer des réponses technico-économiques visant à réduire le niveau de pauvreté, parmi lesquelles l’irrigation est souvent évoquée comme opportunité de création d’emplois pour la jeunesse rurale et périurbaine.
Pour répondre à ces enjeux, la définition et la coordination des politiques publiques est essentielle, avec au premier chef celles de l’agriculture, de l’alimentation et du développement rural. Historiquement, la place de l’irrigation et des autres formes de maîtrise de l’eau est le résultat de cycles institutionnels qui façonnent les politiques agricoles et alimentaires.
Les diverses formes d’irrigation peuvent contribuer avantageusement, en termes de valeur ajoutée, d’emplois créés, de gestion environnementale, à l’atteinte des finalités combinées des politiques alimentaires. Au regard des pratiques paysannes en matière de petite irrigation spontanée, on pourrait presque dire que les agriculteurs sahéliens anticipent leur mise en œuvre, ce qui devrait faciliter l’investissement en la matière.
Ce faisant, il est nécessaire d’anticiper les facteurs de blocage des dynamiques de l’irrigation paysanne. Ces facteurs de blocage peuvent être hydrologiques et hydrauliques et sont alors résolus par des aménagements structurants et des économies d’eau. Les blocages fonciers et sociaux peuvent être anticipés par des cadres de négociations appropriés et par la mise en œuvre d’outils méthodologiques performants (ex : Plans d’Occupation et d’Aménagement des Sols – POAS au Sénégal), mais également par l’appui au développement des services aux irrigants (prestations de services, appui aux filières, etc.) ou aux pôles de croissance (type Bagrépôle au Burkina Faso).
L’eau en partage L’eau en partage: les irrigations au Sahel : les irrigations au Sahel
L’irrigation qui fonctionne: une diversité de types d’irrigation
Des aménagements de bas-fonds aux grands périmètres publics et privés, en passant par la petite irrigation individuelle et l’irrigation villageoise, la palette des types d’aménagements hydro agricoles est très large. Cette diversité des systèmes est un atout régional qu’il convient de préserver et sur lequel il convient de bâtir des solutions sahéliennes de maîtrise de l’eau agricole.
Les bas-fonds aménagés permettent de mieux sécuriser la production principale de saison pluvieuse mais ils permettent également d’améliorer la recharge de la nappe et ainsi de développer de la petite irrigation individuelle à haute rentabilité en saison sèche. Il s’agit là de solutions qui peuvent être mises à l’échelle et produire des bénéfices économiques tout à fait significatifs.
Autre exemple, des solutions de petite irrigation privée ou collective peuvent être développées au sein même des grands périmètres publics afin de mieux valoriser l’eau grâce à un usage conjoint de l’eau de surface apportée par les canaux, et de l’eau souterraine mobilisée au travers de forages à faible profondeur et qui bénéficient de la recharge liée aux surplus de l’irrigation de surface. Ce début de réutilisation des eaux d’irrigation, facteur d’intensification culturale et de diversification, peut être observé en saison sèche mais il indique aussi les difficultés de coordination de l’irrigation collective et les problèmes d’engorgement liés au manque de drainage d’où l’importance de la recherche de solutions institutionnelles.
Les Sociétés d’Aménagement et de Gestion de l’Irrigation : un rôle clé à consolider dans une relation tripartite avec l’Etat et les irrigants
Depuis les années 1970 (avant pour l’Office du Niger au Mali et au contraire plus récemment pour BagréPôle au Burkina Faso), les Etats Sahéliens ont créé des Sociétés d’Aménagement et de Gestion de l’Irrigation (SAGI) pour aménager de vastes zones d’irrigation collective le long des principaux cours d’eau ou à proximité des grands barrages, sans cependant étendre leur mandat à l’échelle du pays.
La plupart des SAGI se sont retirées des fonctions de production pour se concentrer sur la gestion de l’eau et la maintenance des infrastructures, selon les cas comme opérateur technique (grand réseau complexe de l’Office du Niger au Mali) ou prescripteur-vérificateur lorsque la gestion de l’eau relève des irrigants, suite au retrait de fait de l’Etat ou à un processus de transfert de gestion formalisé (périmètres de taille moyenne – quelques centaines d’hectares).
L’eau au Sahel: une ressource à partager équitablement à différents niveaux d’échelle: bassin-versant, systèmes irrigués, maille hydraulique et parcelle
L’irrigation c’est avant tout partager l’eau socialement avant de la distribuer physiquement. Il s’agit d’un contrat entre la puissance publique chargée de la gestion de la ressource et des usagers individuels ou collectifs, et entre les usagers eux-mêmes à l’intérieur d’un même système.
Potentiel de développement le long des principaux axes hydrauliques
Sur les six pays sahéliens considérés, la superficie totale irriguée à partir des grands fleuves et de leurs affluents est actuellement 400.000 ha en maîtrise totale de l’eau et environ 800.000 ha tous systèmes d’irrigation confondus (y compris les périmètres en submersion). Comme le montre le tableau ci-après, les différents documents élaborés à l’échelle des bassins versants montrent que cette superficie pourrait être portée à plus de 1,1 million d’ha dont 800 000 ha seraient irrigués en hivernage et 300 000 en contre-saison. Les besoins en eau associés seraient alors de 10 milliards de mètres cubes en hivernage et 9 milliards en contre-saison et pour les cultures pérennes (essentiellement la canne à sucre). On retiendra que les superficies irriguées du bassin du fleuve Sénégal pourraient être augmentées sans nouveau barrage ou ouvrage de régulation pour atteindre 300 000 ha à l’horizon 2025 ; ce sont également 150 000 ha qui pourraient être irrigués à long terme dans le bassin du lac Tchad, principalement au Niger.
Pour le bassin du Niger, le développement de l’irrigation reste possible en hivernage mais le développement de l’irrigation en contre-saison nécessite l’aménagement d’ouvrages régulateurs. Dans le cas où seul le barrage de Kandadji, actuellement en construction, serait aménagé la superficie irrigable dans le bassin serait de 400 000 ha (contre 230 000 ha irrigués aujourd’hui).
Dans le bassin de la Volta, et plus particulièrement au Burkina Faso, la quasi-totalité des ressources est déjà utilisée en année très sèche et il n’y a pas vraiment de volume disponible pour le développement de nouvelles superficies irriguées. Des ouvrages de régulation sont donc nécessaires pour développer l’irrigation. Dans le cas où tous les ouvrages ne seraient pas construits au Burkina Faso, l’aménagement maximal le long des grandes artères resterait proche de la situation actuelle (20 000 ha) contre les 120 000 ha prévus avec les divers ouvrages de régulation.
Potentiel de développement diffus
En sus des superficies irrigables le long des principaux axes hydrauliques, la région du Sahel dispose d’un potentiel encore largement inexploité de mobilisation locale des eaux pluviales : l’aménagement des bas-fonds permet ainsi d’améliorer la maîtrise de l’eau en saison des pluies ; les mares et retenues collinaires et les ressources en eau souterraines autorisent une irrigation d’appoint en complément des pluies mais également l’irrigation de saison sèche. Ce potentiel est probablement sous-estimé dans les chiffres couramment utilisés. La récente étude Drylands annonce ainsi un potentiel irrigable de 322 000 ha au Burkina Faso, essentiellement dans les zones périphériques, au lieu des quelques 110 000 ha indiqués ci-dessus.
Le potentiel d’utilisation de l’eau souterraine est également élevé bien que très diversifié mais sa mobilisation pour l’irrigation se heurte à des problèmes de rentabilité, compte tenu de la faible hydraulicité des forages et du coût de l’énergie. Dans les zones favorables, un grand potentiel existe pour de très petits captages en zones de dépression interdunaires ou de cuvettes voire de nappe affleurante en utilisant les techniques de forage à faible coût déjà largement diffusées dans certains pays (Niger notamment, mais également Nigeria, Burkina Faso etc.).
Comment accompagner ce développement? Comment accompagner ce développement? Vers la mise à l’échelle Vers la mise à l’échelle des solutions disponibles et testées
Quelle ambition pour les irrigations sahéliennes à grande échelle?
L’importance relative des changements préconisés dans le cadre de la Déclaration de Dakar varie en fonction des cinq principaux types de périmètres irrigués qui sont les suivants :
- Type 1 : amélioration de la mobilisation des eaux pluviales (aménagements de submersion contrôlée et bas-fonds).
- Type 2 : irrigation individuelle de produits agricoles de haute valeur ajoutée (aménagements de quelques ha à quelques centaines d’ha réalisés à titre individuel ou à titre d’entreprise).
- Type 3 : petite et moyenne irrigation gérées par les communautés villageoises pour les besoins alimentaires des ménages et les marchés locaux (aménagements de moins de 100 ha exploités collectivement, réalisés sur financement extérieur à la collectivité, mais avec une participation éventuelle de celle-ci) : périmètres irrigués villageois (PIV) et petits périmètres maraîchers (PPM).
- Type 4 : modernisation et expansion des grands périmètres publics irrigués existants, notamment rizicoles (aménagements de 100 ha à plus de 1000 ha, réalisés sur financement public, avec participation éventuelle des bénéficiaires, exploités par un paysannat traditionnel, structuré en organisations de producteurs).
- Type 5 : irrigation à vocation commerciale (marchés nationaux ou d’exportation) fondée sur des PPP. Superficies de quelques centaines à quelques milliers d’hectares. Aménagements réalisés et financés par des entrepreneurs privés (agro-industriels), éventuellement sur la base d’infrastructures structurantes réalisées sur financement public.
Le concept de solution
L’Initiative promeut la mise en œuvre des solutions à grande échelle, toujours en tenant compte de l’existant, de façon à générer les économies d’échelle qui permettront la réduction des coûts et l’amélioration de la compétitivité. Cette mise en œuvre à l’échelle nécessite un vaste effort de formation des acteurs (inclus dans le concept de solution) mais également une harmonisation des interventions autour des principes retenus pour chaque solution. A cette fin, l’Initiative encourage :
- Une programmation des investissements et des appuis publics fondés sur des processus consultatifs et une connaissance opérationnelle des enjeux territoriaux : disponibilité des ressources productives terres – eau, profil socio-économique permettant d’apprécier les dotations (argent, main d’œuvre, foncier, capital social…) et logiques d’action des bénéficiaires potentiels, niveau d’insertion dans les filières, risques environnementaux et sociaux.
- L’institutionnalisation des solutions par (1) une communauté de vue autour des solutions afin que les acteurs, chacun en ce qui le concerne, agisse en faveur de l’harmonisation des pratiques sur le terrain, (2) un effort substantiel de renforcement des capacités de tous les acteurs chargés de les faire appliquer ou les mettre en œuvre, notamment les services techniques des Etats.
Une gestion efficace et juste du foncier irrigué : l’une des clés de voute de la performance
Régulariser et sécuriser le foncier sur les périmètres irrigués existants où les producteurs sont installés de longue date est un objectif louable mais il convient de l’aborder avec prudence : il peut réveiller des frustrations nées d’un processus d’attribution autoritaire lors de la mise en place de l’aménagement, il est très coûteux, complexe et long. Il peut perturber un équilibre peut-être informel mais localement accepté.
Sur l’existant, il peut être pertinent de modifier les règles dans le sens d’un système de sanctions graduel pour le non-paiement de la redevance hydraulique, le retrait d’une parcelle n’étant envisagé qu’en dernier ressort.
La sécurisation foncière des irrigants dans des aménagements collectifs réalisés par la puissance publique favorise l’intensification culturale et l’effort de maintenance et la propension à couvrir les coûts, deux impératifs importants. Pour cela, des baux emphytéotiques de long terme constituent un instrument intéressant car l’Etat propriétaire conserve ainsi le pouvoir d’inciter à la mise en valeur. C’est alors qu’on peut parler de sécurité foncière ressentie.
Les Wathinotes sont soit des résumés de publications sélectionnées par WATHI, conformes aux résumés originaux, soit des versions modifiées des résumés originaux, soit des extraits choisis par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au thème du Débat. Lorsque les publications et leurs résumés ne sont disponibles qu’en français ou en anglais, WATHI se charge de la traduction des extraits choisis dans l’autre langue. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
The Wathinotes are either original abstracts of publications selected by WATHI, modified original summaries or publication quotes selected for their relevance for the theme of the Debate. When publications and abstracts are only available either in French or in English, the translation is done by WATHI. All the Wathinotes link to the original and integral publications that are not hosted on the WATHI website. WATHI participates to the promotion of these documents that have been written by university professors and experts.