Auteur(s) :
Université d’Abobo-Adjamé (UAA) ; Centre Suisse de Recherches Scientifiques (CSRS) ; Centre National de Recherche Scientifique (CNRA) ; Société Ivoirienne de Technologie Tropicale (I2T).
Les politiques et programmes clés mis en place pour la réduction de la pauvreté et la sécurité alimentaire
Pour l’application opérationnelle de la LOA (Loi d’Orientation Agricole), un plan de passage à l’approche sectorielle (2009-2011), concomitamment à la mise en place de l’ECOWAP, est en cours. Il a pour but d’élaborer un document de planification unique sur un horizon de 10 ans, qui englobe ces deux démarches, et est appelé PNISA (Programme National d’Investissement Agricole et de Sécurité Alimentaire).
La formulation de la Politique de Développement Agricole (PDA) et du PNISA, plan d’investissement du PDDAA, a été validée à travers un processus de concertation intense avec l’ensemble des acteurs (2012-2013). Un plan intérimaire d’investissement prioritaire du PDDAA, le Plan national d’investissement prioritaire dans le secteur agricole (PNIP-SA) a été élaboré en 2010, puis examiné et approuvé par une équipe de la CEDEAO/Union Africaine en octobre de la même année.
Comme le PNISA, dont il est extrait, le Plan d’Investissement Prioritaire est issu du Plan de passage à une approche sectorielle et a pour but de mettre en cohérence et d’harmoniser les procédures et la synergie entre les dizaines de programmes et projets soutenus par les partenaires techniques et financiers. Il constitue une première programmation sur cinq ans (2011-2015) des investissements du PNISA, prévu pour une période de dix ans (2011-2020).
Le PNISA est le Programme National au Mali (fonds nationaux ou extérieurs) pour le secteur Agricole au sens large, prenant en compte les besoins (fonctionnement et investissement), les acquis, les gaps à rechercher pour l’investissement et le fonctionnement du secteur pour un horizon de 10 ans glissants. Il fédère l’ensemble des projets et programmes en cours et en perspective dans le secteur. Dans ce processus le rôle des acteurs, notamment la profession Agricole et les collectivités territoriales, est mis en avant dans la préparation et la mise en œuvre de l’approche sectorielle (exemple : suivi-évaluation, cadre institutionnel de mise en œuvre, …).
Les grandes orientations du PNISA portent sur :
- l’accroissement de la production céréalière (maïs, mil/sorgho, riz) par l’intensification et la modernisation des systèmes de production et de commercialisation ;
- l’accroissement des productions animales (viande/lait/poisson) par l’aménagement des ressources et l’intensification des systèmes de production pastorales et aquacoles.
- l’amélioration des revenus des producteurs par une meilleure valorisation économique des surplus de production ;
- l’amélioration de l’état nutritionnel par des actions d’Information, d’Education, et de Communication (IEC).
Par ailleurs, il faudra signaler que le principal document de planification agricole et rural couvrant environ 110 programmes et projets divers (en cours au Mali s’intitule le Schéma Directeur de Développement Agricole (SDDR) adopté en 2002. Ces programmes et projets bénéficient de l’appui d’une vaste gamme de partenaires au développement.
Parallèlement à ses efforts très attendus à moyen et long termes pour faire du secteur agricole le moteur de la croissance, le gouvernement malien a également lancé plusieurs Parmi ces initiatives, décrites plus en détail ci-dessous dans les sections consacrées aux différentes filières, figurent l’Initiative Riz lancée en 2008/09 (environ 1/3 d’augmentation du volume de production du riz paddy) et ultérieurement, des initiatives introduites pour le maïs, le blé et le lait en 2009/10. Aux travers de ces initiatives le gouvernement consacre des dépenses importantes à la subvention d’intrants et de semences et de l’équipement de production et transformation, au renforcement de la vulgarisation et à la participation publique à la commercialisation de certains produits.
Ainsi, au cours de ces dix dernières années, la volonté manifeste de l’Etat (forte capacité institutionnelle18) orientée vers l’extension des aménagements hydro-agricoles, associée à l’engagement des exploitants et de leurs organisations professionnelles agricoles, à la disponibilité des facteurs de production notamment les intrants, équipements, infrastructures, les matériels de transformation à savoir les batteuses et décortiqueuses, le dispositif du Conseil Agricole, le respect du calendrier cultural et la meilleure application des techniques culturales sont autant des facteurs qui ont favorisé l’accroissement du rendement du riz en 2009 et 2010.
Les superficies cultivées et les volumes de production ont connu une croissance rapide ces dernières années à travers des programmes qui visent la sécurité alimentaire, la croissance économique et la réduction de la pauvreté rurale.
Mobilisation des ressources financières
La budgétisation et le financement du développement du Mali se font à travers: la Loi des finances ; le budget des Collectivités Territoriales décentralisées; le budget des ONG ; et le budget des PTF (Partenaires Techniques et Financiers) dans le cadre des assistances bilatérales ou multilatérales.
Dans cette perspective, la part des dépenses publiques dans le secteur agricole allouée par le budget national est supérieure aux directives du PDDAA, tandis que les résultats du rapport de l’équipe des experts sur le financement du PDDAA indiquent des projections et tendances actuelles indiquent qu’au Mali, la part des dépenses agricoles dans les dépenses totales se situe en moyenne autour de 9,7% entre 2000 et 2006, légèrement inférieur au taux de 10% préconisé par l’engagement de Maputo.
Les plans d’investissement nationaux n’ont pas de réflexion aussi poussée sur les instruments financiers à mobiliser et reposent essentiellement sur les dispositifs de subvention. Pourtant, les financements publics ne pourront pas être suffisants pour répondre à tous les besoins de financement du monde agricole et il est nécessaire de développer conjointement une réflexion sur les outils à mettre en place pour favoriser l’investissement privé. De surcroit, l’économie malienne étant frappée de plein fouet par le double choc institutionnel et sécuritaire. La récession, qui devra atteindre -3,1% en 2012, résulte de la suspension de l’aide publique, en particulier l’appui budgétaire (8,5% du budget initial), et de la hausse du risque pays qui a affaibli l’investissement privé.
Croissance et productivité agricole
Il faudra rappeler que l’économie du Mali est essentiellement basée sur le secteur Agricole. Les plus fortes contributions à la croissance économique proviennent des secteurs primaire (36% du PIB) et tertiaire (38,5% du PIB). La part du secteur secondaire dans le PIB global se situe à 18,6% en 2008.
Toutefois, la croissance agricole au Mali a atteint la cible de 6% du PDDAA sur l’ensemble de la période d’observation (2002-2011).
A cet effet, la préoccupation majeure à soumettre porte sur la pertinence du taux de croissance du PDDAA (6%) et celui exigible pour l’atteinte des OMD en 2015.
Selon les résultats provisoires de la campagne agricole 2010/2011(Ministère de l’Agriculture), la production céréalière a été estimée à 7 315 818,3 tonnes. Le taux de croissance annuel moyen de cette production au cours de la période 2006-2007 à 2010-2011 est estimé à 19,6%.Le riz et le maïs occupent plus de 50% de cette production totale, le mil et le sorgho environ 45%.
Des efforts ont été fournis dans les programmes et projets de la Stratégie Nationale de Développement Agricole, pour assurer la fourniture des services (approvisionnement en matières premières, emballages et équipement, études, prestations de services, etc.) et pour promouvoir la transformation et la commercialisation des produits agricoles à travers la réalisation de plusieurs projets. Toutefois, les résultats obtenus sont nettement en deçà des attentes.
Changements institutionnels
– Dispositifs institutionnels au sein de la Loi d’Orientation Agricole (LOA).
Dans les dispositifs de la LOA, il est créé un Conseil Supérieur de l’Agriculture (CSA), doté d’un Comité Exécutif National et de Comités Exécutifs Régionaux. Il est présidé par le Président de la République et composé de représentants du secteur public, des collectivités territoriales, de la profession Agricole, du secteur privé et de la société civile, participant à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques agricoles et péri-agricole. Le CSA est un organe de concertation sur les politiques nationales de développement Agricole et péri Agricole. Il a pour mission de veiller à l’application de la Loi d’Orientation Agricole.
Pour la mise en œuvre collégiale de cette politique, la LOA a consacré la responsabilité des organisations interprofessionnelles agricoles dans la gestion et le développement des filières agricoles.
– Dispositifs institutionnels de suivi évaluation des politiques agricoles
La forte importance du suivi-évaluation pour mesurer les progrès faits en termes de résultats mesurables et non pas seulement en termes de mise en œuvre des activités, a permis une auto évaluation progressive du processus. Un Comité National de Suivi a été mise en place à cet effet.
Ce comité a pour mission le suivi de la mise en œuvre des décisions et des recommandations du CSA. Coordonner l’élaboration des instruments de mise en œuvre de la LOA en rapport avec les départements ministériels concernés par la politique de développement Agricole.
Quant aux Comités Exécutifs Régionaux de l’Agriculture, ils sont chargés du suivi de la mise en œuvre de la LOA aux niveaux des régions. Il émet des avis et fait des propositions sur les questions de développement Agricole d’intérêt régional ou national.
Marché et commerce
Les producteurs agricoles sont toujours de petits producteurs familiaux qui, pour la plupart, développent encore des stratégies orientées vers l’autosuffisance alimentaire et qui, de ce fait, commercialisent peu leurs productions.
De 2007 à 2010, les importations du pays ont représenté en moyenne annuelle, près de 15,2% du PIB. Un tel poids dans le PIB reflète l’enclavement du Mali, sa position frontalière avec sept pays et sa forte tradition commerciale.
Parmi les autres obstacles au développement du commerce de produits alimentaires de base, citons des interdictions d’exportation et d’importation, des quotas et des droits de douane à l’importation variables, des règles d’origine restrictives et des contrôles des prix.
Pour renforcer ces atouts, les principales actions conduites sur le plan institutionnel en 2010 pour stimuler le commerce ont concerné :
- la création de l’Agence pour la Promotion des Exportations (APEX) ;
- la Poursuite de la mise en œuvre du Projet d’Appui aux Commerçants Détaillants (PACD), du projet pilote du processus Cadre Intégré d’Assistance Technique lié au Commerce (CIATC),
- la Participation aux négociations internationales sur la suppression des subventions au coton (ce qui rehausserait le prix international du coton et augmenterait les revenus des ménages producteurs en Afrique de l’Ouest d’environ 30 %) ;
- la mise en œuvre des stratégies d’exportation du karité, du sésame, de la gomme arabique ;
- l’élaboration du projet de Loi portant règlementation de la Production, de la Commercialisation et de la Consommation du Tabac et des Produits du Tabac ;
- le lancement du TRIE-unique entre le Mali et le Sénégal pour fluidifier les échanges commerciaux et promouvoir la libre circulation des hommes et des marchandises entre les deux pays.
Au Mali, pays enclavé et éloigné des côtes ouest-africaines, la faiblesse des infrastructures de transports, routes et pistes, transport aérien, énergie, communications, mais aussi capacités de stockage et de conservation, limite la commercialisation des produits agricoles, renchérit les coûts de production et de transaction, augmente les risques et, en définitive, limite la compétitivité de l’ensemble des acteurs économiques. Même si, depuis le début des années 1990, des progrès importants ont été enregistrés, le pays reste largement sous équipé.
Pauvreté et sécurité alimentaire
Le Mali, comme du reste les pays du Sahel connaît depuis plusieurs années des cycles périodiques de sécheresse qui ont profondément transformé le contexte physique, dans lequel se déroule le processus de production agricole.
On peut retenir comme conséquence majeure une forte dégradation des sols et l’apparition de ravageurs engendrant et aggravant un ensemble de facteurs défavorables. Cette situation combinée avec le manque de compétitivité de certains segments du secteur, a entraîné une stagnation voire une baisse de la production agricole. Avec l’accroissement démographique annuel de 3,6% de la population (2009) se pose avec acuité le problème de sécurité alimentaire des ménages. Au Mali, le couple pauvreté et insécurité alimentaire se côtoie depuis un bon moment au détriment d’un développement harmonieux du pays et du bien-être des populations. La pauvreté a atteint des niveaux inquiétants dans le pays, surtout dans le milieu rural. Heureusement que des opérations importantes ont été réalisées en vue de bien cerner les manifestations et l’ampleur du phénomène de pauvreté afin de mieux cibler les actions de développement en faveur des populations pauvres et des groupes vulnérables.
Les facteurs explicatifs du blocage ou du progrès
Les facteurs explicatifs des progrès ou des blocages identifiés dans l’atteinte des priorités de la déclaration de Maputo, seront indissociables des améliorations et efforts supplémentaires attendus dans la mise en œuvre du cadre unique de référence de la stratégie nationale de développement et de réduction de la pauvreté du Mali.
Cette idylle coordination entre programmes et projets de développement de l’agriculture a permis dans l’ensemble une évolution en dent de scie de la productivité´ globale des facteurs de production avec deux chutes (1992 et 2000) et deux pics (2001 et 2003). Cependant, depuis le démarrage de la mise en œuvre du CSLP en 2002 la TFP est significativement positive.
Cette bonne performance du secteur agricole peut s’expliquer par un gain d’efficience technique liée à la forte mécanisation du secteur agriculture conformément aux recommandations des acteurs du secteur en vue de faire l’agriculture le moteur de la croissance et l’outil prioritaire de réduction de la pauvreté rurale.
Après une année 2004 particulièrement difficile, avec un taux de croissance de seulement 2,3%, l’économie malienne a amorcé une marche ascendante en 2005, grâce à la relance de la production d’or, et surtout à l’augmentation de la production agricole (due à la bonne pluviométrie), avec son corollaire de réduction de la pauvreté rurale pour la même période (de 39 à 30). La production céréalière est passée de 2 844 900 tonnes en 2004 à 3 399 000 tonnes en 2005.
L’agriculture malienne a enregistré quelques succès indéniables au cours de vingt dernières années, notamment dans les régions où d’importants investissements publics ont été réalisés et où la libéralisation de la commercialisation intérieure a permis de dynamiser les économies locales. Cependant, ces succès reposent également sur la mobilisation de facteurs « non-marchand » : c’est le cas de la zone cotonnière où l’augmentation de la production s’est appuyée sur la consommation du stock de fertilité des sols et sur une mise en valeur extensive des terres et des autres ressources naturelles.
Il ressort de cette analyse que l’augmentation des volumes de production depuis 1980 en Afrique de l’Ouest est essentiellement due à l’extension des superficies cultivées.
L’adoption d’une politique nationale agricole puis l’initiative engagée au Mali de passage à une approche sectorielle (PNISA) constitue à ce titre une voie innovante à explorer.
Toutefois, la faiblesse du suivi, du contrôle et de l’évaluation des activités des projets et programmes, faute d’un budget de fonctionnement conséquent affecte significativement l’atteinte des objectifs qui leur sont assignés.
Le principal problème est la faiblesse des capacités des différentes structures nationales, sectorielles et régionales chargés du suivi et évaluation pour identifier les goulots d’étranglement et les dysfonctionnement dans la mise en œuvre du CSCRP.
Cependant, ces insuffisances peuvent altérer la bonne continuation des tendances actuelles de croissance toute chose capable d’empêcher le Mali d’atteindre l’objectif de croissance de PDDAA, et une réduction significative du taux de pauvreté d’ici à 2015.
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