Le marché rizicole ouest-africain et la sécurité alimentaire : leçons et perspectives après la flambée des prix de 2008
Auteur (s) :
Frédéric Lançon, économiste, Université de Montpellier 3, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
Patricio Mendez del Villar, économiste, Le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
Introduction : un enjeu renouvelé
Les marchés internationaux du riz ont connu en 2008 l’une des pires crises de leur histoire. Les prix mondiaux se sont envolés, triplant en quelques semaines, et les pays importateurs ont subi un véritable choc économique et financier. Mais c’est surtout la limitation des exportations, imposée par les gouvernements des grands pays asiatiques producteurs, qui a frappé les esprits car elle a brisé le paradigme néo-libéral du commerce international, en tant que source de stabilité et de sécurisation pour approvisionner les marchés déficitaires. Or, c’est ce paradigme qui, dans les années quatre-vingt-dix, avait conduit les pays d’Afrique de l’Ouest à s’engager dans des politiques de libéralisation et de démantèlement de leurs systèmes d’intervention publique et d’encadrement des filières céréalières, en particulier celle du riz.
Cinq ans après la crise, le bilan apparaît donc contrasté. Certaines mesures d’accompagnement, lancées durant la période post-crise afin de limiter les hausses des prix à la consommation et soutenir la production, restent en vigueur en 2013. La Guinée, le Mali et le Sénégal ont, par exemple, maintenu leurs restrictions sur les exportations et le Liberia, ses exonérations de taxes à l’importation. Dans le cas du riz, ces mesures ont permis à la production de progresser de 5 % par an entre 2009 et 2012, avec des évolutions diverses selon les pays.
Les importations ont effectivement été stabilisées sur les années 2009 et 2010, mais les mesures n’ont pas réussi à renverser la tendance et réduire significativement la dépendance rizicole. Depuis 2011, les importations ouest-africaines connaissent même une forte reprise : + 20 % en 2011 et + 60 % en 2012 par rapport à 2008 4 et elles restent indispensables pour couvrir près de 50 % des besoins des consommateurs régionaux. Résultat : l’Afrique de l’Ouest constitue l’un des pôles majeurs d’importations de la planète. En 2012, avec 8 millions de tonnes importées sur un commerce mondial de 38 Mt, elle a représenté plus de 20 % des échanges internationaux.
En 2013, le potentiel d’exportation est excédentaire grâce à la reprise de la production mondiale et au retour en force de l’Inde comme exportateur depuis 2011. Dans ce contexte, la reprise des importations ouest-africaines indique que l’élan initié en 2008 pour relancer les rizicultures locales tend à s’essouffler.
Le marché du riz en Afrique subsaharienne
Un marché en croissance rapide, dominé par l’Afrique de l’Ouest
Avec un volume moyen de près de 18 millions de tonnes de riz consommé par an, l’Afrique subsaharienne (ASS) représente, aujourd’hui, seulement 5 % du volume total consommé dans le monde.
De plus, le marché africain se distingue des autres régions du monde (hors Asie) par sa forte croissance. Selon les données du ministère américain de l’Agriculture (USDA), la consommation totale de riz en ASS s’est accrue de + 4,1 % par an sur les cinquante dernières années, soit le double du rythme de croissance du marché mondial (+ 2,1 %).
Au sein même de l’Afrique subsaharienne, de fortes disparités apparaissent en termes de volumes consommés et de dynamique de marchés.
Les cinquante dernières années ont en fait été marquées par la consolidation de la position dominante de l’Afrique de l’Ouest. La région représente environ les deux tiers du riz consommé en Afrique subsaharienne et la consommation continue d’y augmenter à un rythme élevé.
Répartition de la consommation de riz par grandes régions d’Afrique subsaharienne
1960 − 1979 | 1980 − 1999 | Depuis 2000 | Taux de croissance | |
annuel 1961 − 2009 | ||||
Afrique de l’Ouest | 55 % | 65 % | 63 % | 5,1 % |
Afrique de l’Est | 40 % | 27 % | 27 % | 3,2 % |
Afrique centrale | 3 % | 3 % | 5 % | 6,2 % |
Afrique australe | 3 % | 4 % | 6 % | 6,7 % |
Total Afrique subsaharienne | 100 % | 100 % | 100 % | 4,5 % |
Source : calculs des auteurs d’après Faostat (2013).
Une croissance qui repose sur un changement d’habitude alimentaire
La croissance du marché du riz en Afrique subsaharienne s’explique évidemment, pour une part, par la croissance démographique : sur les cinquante dernières années, la population a augmenté à un rythme annuel de + 2,7 %. Mais elle résulte surtout du changement rapide des habitudes alimentaires régionales.
Les déterminants de la forte croissance de la consommation de riz en Afrique subsaharienne sont multiples. Celle-ci résulte d’événements particuliers, comme les vagues de sécheresse des années soixante-dix qui ont durement frappé la production de céréales locales (mil, sorgho, maïs) et favorisé la diffusion du riz via l’aide alimentaire. Elle a aussi été largement encouragée et entretenue par la conjonction de deux phénomènes : l’utilisation de la politique alimentaire pour assurer la stabilité sociopolitique dans les zones urbaines au moment de l’indépendance des États africains et, d’autre part, la disponibilité de surplus croissants sur le marché mondial, avec l’émergence des grands exportateurs asiatiques (Thaïlande, puis Vietnam et Inde) qui ont « offert » une dépendance alimentaire à prix abordable.
Il faut d’ailleurs souligner que cette politique alimentaire fondée sur la spécialisation internationale a été mise en œuvre dès la période coloniale, la France utilisant les surplus rizicoles indochinois pour alimenter à moindre coût les fonctionnaires et les ouvriers d’Afrique occidentale.
Le changement d’habitudes alimentaires a aussi été soutenu par l’urbanisation rapide de l’Afrique subsaharienne. Le pourcentage de population vivant en ville est passé de 15 % dans les années soixante à plus de 35 % aujourd’hui.
Enfin, la croissance plus rapide de la consommation de riz en Afrique de l’Ouest que dans le reste de l’Afrique subsaharienne prouve que les préférences alimentaires sont aussi déterminées par la tradition culinaire. C’est en effet la seule région du continent où la production est endémique : des espèces de riz y sont cultivées depuis plusieurs milliers d’années. Autrement dit, le riz est à la fois un produit traditionnel et un vecteur de la transformation du système alimentaire et cette singularité lui confère un poids beaucoup plus important que dans le reste de l’Afrique.
Une balance alimentaire en riz structurellement déficitaire
La croissance exponentielle de la consommation subsaharienne n’a pas été satisfaite par une croissance similaire de la production locale : ni en Afrique de l’Ouest, ni a fortiori dans les régions où le riz ne constitue pas une composante traditionnelle des systèmes de productions. Les importations se sont développées parallèlement à la consommation. Leur poids dans la consommation totale est ainsi passé de moins de 20 % dans les années soixante à environ 45 % durant la dernière décennie.
La première hausse de la dépendance résulte ainsi du temps nécessaire à la mise en place des premiers programmes de promotion de la riziculture qui reposaient notamment sur l’accroissement des surfaces irriguées. Par la suite, la crise financière qui a frappé l’Afrique subsaharienne à partir des années quatre-vingt, a réduit le pouvoir d’achat des consommateurs, aussi bien que la capacité des pouvoirs publics à subventionner le riz importé.
La croissance de la demande comme des importations a ralenti au moment où les effets des plans d’investissement dans la riziculture se concrétisaient et où la production augmentait.
Dans ce contexte, les pouvoirs publics nigérians, principal marché en volume d’Afrique de l’Ouest, ont mis en place des mesures de protection en frappant les importations d’embargo.
Enfin, le milieu des années quatre-vingt-dix a marqué une nouvelle phase de hausse de la dépendance. Elle a résulté de la libéralisation des importations et de la levée de l’embargo au Nigeria. Mais elle a aussi été favorisée par une période de prix internationaux bas, liée à l’arrivée de deux nouveaux exportateurs asiatiques, le Vietnam et l’Inde, dont les stratégies d’exportations ont pesé sur les cours.
Sur les cinquante dernières années, la production a crû à un rythme annuel de + 3,4 %, soit un taux significativement plus élevé que celui de la production mondiale (+ 2,1 %). Mais cette croissance n’a permis de couvrir que la part de l’expansion du marché correspondant à l’augmentation de la population.
Par ailleurs, la croissance de la production repose essentiellement sur l’extensification des surfaces (+ 2,5 % par an). Les rendements, eux, progressent seulement d’environ + 1 %. Le rendement régional moyen – déjà l’un des plus faibles dans les années soixante – ne dépasse pas aujourd’hui les 2 tonnes par hectare, alors que, sur la même période, il est passé de 2 tonnes à plus de 4 tonnes à l’échelle mondiale grâce à des variétés plus productives et à une meilleure maîtrise de l’eau.
La stagnation des rendements africains ne résulte pas seulement des contraintes économiques ou institutionnelles ayant affecté les effets des programmes d’appui à la riziculture. Elle s’explique aussi par le type de systèmes rizicoles.
En Afrique de l’Ouest, les surfaces irriguées occupent seulement 13 % des superficies contre 80 % pour la riziculture pluviale. Or, cette dernière souffre d’un potentiel de rendement beaucoup plus faible : 2 tonnes maximum contre 6, voire 7 tonnes en irrigué. De plus, elle n’a pas bénéficié d’investissements de recherche aussi importants, même si des innovations fortes ont été réalisées depuis une dizaine d’années, notamment avec l’introduction des variétés New rice for Africa (Nerica).
Répartition des superficies rizicoles par systèmes de culture | ||||||||
Inondé | Irrigué | Plaine | Coteau | |||||
Afrique de l’Ouest | 8 % | 13 % | 38 % | 41 % | ||||
Afrique centrale | 0 % | 5 % | 23 % | 71 % | ||||
Afrique de l’Est & australe | 1 % | 41 % | 30 % | 28 % | ||||
Monde | 3 % | 57 % | 31 % | 9 % |
Sources : IRRI, 2006, Rice World Statistics
Pourquoi l’expansion rizicole d’Afrique de l’Ouest repose-t-elle d’abord sur la riziculture pluviale ?
- Dans les zones de forêt, elle est traditionnellement insérée dans un système de défrichage – brûlis et l’expansion s’est faite au détriment de la durée de la jachère dans la rotation : celle-ci diminue afin d’accroître le nombre d’années de production du riz et des autres cultures céréalières, favorisant l’épuisement des sols et remettant en cause la durabilité du système.
- Les bas-fonds ont constitué le deuxième vecteur de croissance des superficies rizicoles. Ils sont mis en valeur grâce à des techniques plus ou moins intensives en capital (prise au fil de l’eau, micro-barrages). Les plaines inondables de la bande soudanienne 11 offrent aussi un potentiel important dans un environnement moins favorable à la production de plantes peu adaptées à des périodes de submersion.
- Enfin, dans certaines zones proches des marchés urbains, comme au Bénin ou au Togo, la riziculture s’est substituée à d’autres cultures devenues moins rémunératrices, tel le coton.
Quelles stratégies de développement pour la riziculture ouest-africaine
La question récurrente de la compétitivité de la riziculture ouest-africaine
La question a été soulevée dès 1981, avec la publication de travaux approfondis 12 analysant les avantages comparatifs de la riziculture dans cinq pays de la région, et elle continue d’être discutée aujourd’hui.
Les chercheurs estiment ainsi que le taux de change fixe entre le Franc CFA – la devise de l’Union économique monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) – et le Franc français s’est traduit par une sur-évaluation du premier et a donc constitué une source de distorsions en faveur des importations. Par ailleurs, ils montrent que les pays enclavés, où une grande partie de la production est auto-consommée, bénéficient d’une protection spatiale liée au coût élevé du transport pesant sur les importations. Enfin, ils soulignent que les systèmes rizicoles les plus compétitifs sont les systèmes pluviaux à faible niveau d’intrants et que les systèmes irrigués, intensifs en capital (engrais, énergie) et nécessitant des infrastructures importantes (aménagements) ont une compétitivité plus faible.
Le bilan de la politique de libéralisation – mise plus ou moins systématiquement en œuvre dans la région à partir du milieu des années quatre-vingt-dix – ne permet pas de trancher le débat de façon univoque. Mais, force est de constater que la production ne s’est pas effondrée, malgré la réduction drastique des soutiens publics à la riziculture (baisse des tarifs douaniers, suppression des subventions aux intrants, réforme des services de vulgarisations, arrêt des investissements dans les aménagements hydro-agricoles).
Pour autant, ce maintien de la croissance de la production après la libéralisation ne peut être entièrement attribué aux réformes. Il résulte sans doute aussi, en partie, des effets des investissements publics et de la réponse apportée par les acteurs des filières riz aux opportunités offertes par une demande en pleine expansion. Ainsi, au Mali par exemple, le décollage de la production rizicole à l’Office du Niger témoigne des effets conjoints de la réorganisation institutionnelle d’accès au foncier 14 qui a permis de mieux exploiter le périmètre irrigué, de la libéralisation du commerce des céréales et de la dévaluation du Franc CFA.
Le marché mondial n’est pas une référence
L’une des principales critiques adressées à l’encontre des thèses libérales (et de son cadre conceptuel) porte sur le fait que le marché mondial – qui constitue la référence vis- à-vis de laquelle est évaluée l’efficience des filières locales de production de riz – n’est qu’un marché « résiduel », dont les cours ne peuvent pas refléter la valeur optimale du prix à l’échelle mondiale. En effet, seulement 7 % de la production mondiale font l’objet d’échanges internationaux.
La majeure partie du riz produit sur la planète est consommée dans les pays producteurs, voire par les riziculteurs eux-mêmes. De plus, ce marché est fortement asymétrique puisque cinq pays (Thaïlande, Vietnam, Inde, États-Unis et Pakistan) assurent plus de 80 % des exportations face à une demande mondiale beaucoup plus fragmentée. Enfin, les volumes d’exportations ne sont pas nécessairement déterminés par les variations des cours mondiaux.
Des préférences de consommation déterminées par de multiples facteurs.
L’histoire récente du développement de la riziculture ouest-africaine prouve que les changements de stratégies de politiques ou les évolutions macro-économiques nationales et internationales n’empêchent pas une coexistence durable entre productions locales et importations. Celle-ci n’a été affectée qu’à la marge par les changements, même radicaux, de politiques tarifaires ou la hausse des prix internationaux. Le marché du riz africain est approvisionné via une filière locale et une filière d’importation, les deux étant fortement segmentées et leur produit final n’ayant pas les mêmes propriétés.
Le riz paddy local, c’est-à-dire avec sa balle, est collecté par des intermédiaires qui vont le faire décortiquer dans de petites unités, disséminées dans les zones de production. Il est ensuite généralement vendu sur les marchés de rue. Mais cette technique ne permet pas d’obtenir un produit propre et homogène, comparable au riz décortiqué industriellement dans les pays exportateurs.
La qualité du décorticage souffre également de l’hétérogénéité des variétés produites dans une même aire de production, ainsi que d’un séchage incomplet qui augmente le taux de grains brisés. Afin de tenter de limiter ce taux de brisure – encore plus élevé lorsque le riz est décortiqué manuellement, au pilon – le riz paddy peut être étuvé dans les zones traditionnelles de production car l’étuvage (trempage, passage à la vapeur) renforce la solidité du grain. De plus, il apporte des propriétés nutritives supérieures au riz blanchi grâce à l’absorption dans la graine des vitamines et des sels minéraux contenus dans l’enveloppe.
La filière du riz importé est, elle, dirigée par un importateur qui assure les fonctions logistiques (acheminement, stockage, conditionnement) et alimente un réseau de distributeurs et de détaillants installés dans les grands centres urbains, mais aussi de plus en plus souvent dans les zones rurales.
Réduire la segmentation des circuits de distribution est l’un des enjeux que doit relever la riziculture ouest-africaine. Pour cela, il lui faut améliorer le conditionnement du riz local pour mieux valoriser ses propriétés organoleptiques. Depuis une dizaine d’années, des opérateurs investissent ainsi dans des équipements performants afin de mettre en marché un riz conditionné de façon similaire au riz importé. Parallèlement, des opérateurs internationaux, comme le groupe Olam au Nigeria, ont lancé des projets pilotes de rizeries industrielles pour intégrer la production locale à ses circuits de distribution.
Nombre de citadins préfèrent ainsi le riz importé au riz local car le produit est plus homogène, plus propre, mieux conditionné et disponible de façon régulière. De plus, la capacité des distributeurs de riz importé à proposer des facilités de paiement à leurs clients favorise la consolidation des parts de marché de celui-ci. Dans ce contexte, il est clair que la concurrence entre riz local et importé en Afrique de l’Ouest n’est pas biaisée par le seul jeu des aides, directes ou indirectes, dont bénéficient les filières d’exportation asiatiques ou sud-américaines. Elle est aussi faussée par les contraintes pesant sur les modalités de transformation et de commercialisation du riz local : techniques artisanales, sinon sommaires pour l’étuvage et le décorticage, moyens de conditionnement insuffisants et capacités de financement limitées pour assurer la régularité des flux d’approvisionnement sur les marchés urbains.
Conclusion : des synergies croissantes entre filières d’importation et filières locales ?
La remise en cause de l’option libérale par « la crise alimentaire » de 2008 a débouché sur le retour de l’intervention publique, centrée essentiellement sur la relance de la production via des subventions aux semences, aux engrais et à l’achat d’équipement de pompage : autrement dit, des « recettes » dont les résultats n’avaient pas nécessairement été probants il y a vingt ans. Reformuler ainsi les politiques rizicoles vers plus d’intervention tend à ignorer ou, du moins, à minimiser l’importance des processus d’intermédiation entre production et consommation et à supposer, comme dans l’option libérale, que le marché domestique se développera spontanément.
Le démantèlement des monopoles publics d’importation s’est d’abord traduit par la multiplication des importateurs privés. Puis, le nombre de ceux-ci s’est progressivement réduit en raison de l’incertitude qui caractérise le marché du riz, ainsi que des stratégies d’intégration verticale des exportateurs asiatiques qui ont créé des filiales dans les principaux pays de la région. Des firmes comme Olam ont commencé à considérer l’offre locale comme une source d’approvisionnement complémentaire pour alimenter leur réseau. Dans un premier temps, elles ont investi dans des rizeries pour usiner et conditionner du riz cargo (non encore blanchi) dans les ports d’importations. Cette stratégie leur permettait aussi de profiter de tarifs douaniers moins élevés pour le riz paddy (non décortiqué), en particulier au Nigeria. Enfin, elle correspondait à une volonté d’améliorer leur image de marque et leur réputation dans les pays importateurs en devenant un acteur économique local.
La crise de 2008 a accéléré ce processus car elle a fait prendre conscience aux firmes opérant sur le marché mondial du riz comme aux États importateurs que leurs sources d’approvisionnement pouvaient s’interrompre par simple décision des pouvoirs publics des pays exportateurs. Diversifier leurs sources d’approvisionnement est devenu une impérieuse nécessité dans ce contexte d’incertitude croissante. Pour y parvenir, elles ont d’abord élargi leur réseau d’approvisionnement aux nouveaux pays exportateurs asiatiques (Cambodge et Birmanie), mais aussi intégré des projets d’investissement dans des périmètres irrigués à développer ou à réhabiliter en Afrique de l’Ouest.
Les enjeux fonciers, la mobilisation d’une main-d’œuvre suffisante et stable ou la maîtrise de l’eau constituent en tout cas autant de défis à relever. De plus, l’articulation de ces investissements agro-industriels avec les systèmes de production de l’agriculture familiale est une option encore non explorée. Enfin, ces périmètres irrigués privés ne se situent pas toujours à proximité des centres de consommation et n’échappent donc pas au manque d’infrastructures de communication et aux contraintes entravant la circulation des marchandises dans la région.
Le vide laissé par le démantèlement et / ou la baisse de moyens des services publics d’appui à l’agriculture a été partiellement comblé par l’émergence d’associations de producteurs et d’organisations non-gouvernementales de plus en plus impliquées dans le débat public et expérimentées dans l’appui aux petits producteurs. Cette professionnalisation des acteurs agricoles peut faciliter la mise en place de nouveaux types d’arrangements institutionnels (contractualisation, normes de qualité acceptées, adaptées et respectées), même si ceux-ci émergent plutôt sur des filières à haute valeur ajoutées tournées vers l’exportation
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