Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition et Grow Africa, rapport d’étape annuel conjoint: 2014-2015
Ce rapport a été approuvé par le Comité technique spécialisé de l’Union Africaine pour l’agriculture, le développement rural, l’eau et l’environnement, lors de son assemblée (5-9 octobre 2015)
Introduction
L’investissement dans l’agriculture est essentiel pour mettre un terme à la faim et à la pauvreté en Afrique. L’on estime que la croissance induite par l’agriculture en Afrique subsaharienne est onze fois plus efficace dans le cadre de la réduction de la pauvreté que la croissance du PIB dans d’autres secteurs pour l’Afrique subsaharienne. L’investissement privé responsable est essentiel si l’on veut que l’agriculture assume sa fonction vitale qui est de contribuer au développement économique, à la réduction de la pauvreté et à la sécurité alimentaire. La production agricole doit s’accroître d’au moins 60% au cours des 40 prochaines années pour satisfaire la demande croissante de produits alimentaires résultant de la croissance démographique mondiale, des niveaux accrus de revenus et des changements de modes de vie.
L’Union africaine (UA), le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et le Forum économique mondial ont conjointement créé en 2011 la plateforme de partenariat dénommée Grow Africa. Grow Africa œuvre à accroître l’investissement du secteur privé dans l’agriculture, à accélérer l’exécution et la réalisation d’impact des engagements liés aux investissements dans le but de permettre aux pays de réaliser le potentiel du secteur agricole pour la croissance économique et la création d’emplois, en particulier chez les exploitants agricoles, les femmes et les jeunes.
En 2012, reconnaissant la nécessité d’accélérer le rythme et d’accroître l’impact de la mise en œuvre du PDDAA, les dirigeants africains, les partenaires du développement et le secteur privé ont lancé la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition visant à accélérer l’investissement responsable dans l’agriculture africaine et à sortir 50 millions d’individus de la pauvreté à l’horizon 2022.
Progrès et défis
Neuf pays ont fait état de progrès en matière d’engagements stratégiques des gouvernements en ce qui concerne leurs cadres de coopération respectifs en rapport avec la Nouvelle Alliance. Un total de 210 engagements stratégiques a été signalé: 156 devraient être terminés avant juin 2015, tandis que 54 devaient être terminés après juin 2015. Au total, 33% des engagements stratégiques ont été terminés, 59% avaient fait quelques progrès, 4% n’avaient réalisé aucun progrès, tandis que pour 4%, aucun point n’avait été fourni. En ce qui concerne les engagements stratégiques qui devaient être réalisés le 25 juin, 37% avaient été terminés et 54% avaient réalisé quelques progrès. Pour les engagements stratégiques qui devaient être réalisés après juin 2015, l’on a enregistré moins de progrès, avec 20% terminés et 72% enregistrant quelques progrès. Au total, les résultats montrent que les gouvernements à travers le continent se sont engagés à opérer des réformes stratégiques dans le secteur de l’agriculture, mais il semble que les réformes requièrent davantage de temps pour être intégralement mises en œuvre.
Les progrès accomplis dans les engagements stratégiques des gouvernements sont également examinés par domaines stratégiques. La Figure 1 montre les progrès pour huit catégories des engagements stratégiques qui devaient être réalisées avant juin 2015. Les résultats montrent que les réformes stratégiques semblent être plus rapides en matière de politiques d’intrants (62%), d’institutions stratégiques (50%) et de gestion de la résilience et des risques (43%). Les réformes stratégiques ont été plus lentes en ce qui concerne les droits fonciers et relatifs aux ressources (27%), la nutrition (22%) et dans le domaine du commerce et des marchés (17%). La Figure 2 montre six catégories pour les engagements stratégiques qui devaient être réalisés après juin 2015. Encore une fois, l’essentiel des progrès a été réalisé dans le domaine de la réforme des politiques d’intrants (33%) et dans la création d’un environnement favorable au secteur privé (28%). Ce sont dans les domaines des réformes stratégiques liées au développement de l’infrastructure et à la nutrition que l’on a enregistré le moins de progrès.
Engagements financiers des partenaires du développement
La proportion de fonds décaissés par rapport au financement attendu à ce jour varie considérablement entre les pays bénéficiaires, allant de 22% au Bénin à 191% au Malawi. Le volume réel varie également de façon considérable entre les pays, avec le décaissement le plus important d’un montant de 1,1 milliard de dollars en faveur de l’Éthiopie et le décaissement le plus faible d’un montant de 7 millions de dollars USD en faveur du Bénin. La Figure 4 montre l’état du financement pour chacun des dix pays dans le cadre du Partenariat de la Nouvelle Alliance. La proportion de décaissement par rapport à l’intention varie également entre les pays donateurs. La Figure 5 montre le taux de décaissement des pays du G7, allant du taux le plus bas qui est de 32% décaissé par l’Allemagne au taux le plus élevé de 144% décaissé par le Japon. En termes de volume, les États-Unis d’Amérique ont décaissé le montant le plus important (1,3 milliard de dollars USD) et l’Allemagne a décaissé le montant le plus faible (19 millions de dollars USD). Dans l’ensemble, les donateurs ont fourni un financement important aux pays africains en appui aux réformes stratégiques dans le secteur agricole et ont également fait montre d’engagements, comme en témoigne le taux élevé de décaissement par rapport au financement prévu.
Mesures dynamisantes de la nouvelle alliance mondiale
Les mesures dynamisantes visent à stimuler la croissance agricole et à créer l’environnement favorable pour l’investissement responsable du secteur privé en Afrique, en mettant l’accent sur les petits exploitants et les femmes. Ces mesures visent à appuyer la mise en œuvre des cadres de coopération pays de la Nouvelle Alliance et à être intégrées dans les stratégies pays de sécurité alimentaire. Mises en œuvre ensembles, de concert avec les stratégies pays et les plans d’investissement coordonnés et les investissements du secteur privé, ces mesures dynamisantes devraient permettre d’appuyer efficacement une croissance accélérée du secteur agricole et une réduction soutenue de la pauvreté. L’évaluation des progrès réalisés en 2014/2015 montre que les engagements mondiaux de la Nouvelle Alliance pour faire progresser les mesures dynamisantes sont respectés pour l’essentiel, le soutien le plus tangible étant démontré par les subventions à des engagements particuliers, par exemple pour apporter une aide en termes de services de technologie de l’information et de la communication (TIC) ou de production de semences (Partenariat pour la promotion des semences et d’autres technologies).
Grâce à leurs investissements, les entreprises privées ont touché plus de 8,2 millions de petits exploitants agricoles en 2014, soit plus de deux fois et demi le nombre touché en 2013. Les petits exploitants agricoles avaient surtout bénéficié de produits et de services liés aux intrants, de services financiers ou de données et de formation. Plus d’efforts pourraient être requis pour promouvoir la mécanisation chez les petits exploitants agricoles, car c’est le moyen qui a été le moins utilisé pour les toucher.
En 2014, dans le cadre des LdI, les entreprises ont créé 21366 emplois, un peu moins qu’en 2013. Le nombre d’emplois créés en 2014 pour les femmes était un peu plus important que celui des hommes
Création d’un environnement favorable pour le secteur privé
L’accès insuffisant au financement a été mentionné par les dix pays
L’insuffisance de crédit empêche notamment les entreprises d’acheter l’équipement et le matériel nécessaires. Des politiques financières obsolètes ont également compliqué le processus d’obtention de crédits dans certains pays comme le Burkina Faso. Au Ghana, les entreprises peinent à étendre leur investissement au-delà de ce qu’elles peuvent autofinancer. Les entreprises ont signalé que seules quelques banques commerciales ont des produits financiers qui conviennent à l’agro-industrie et le coût du crédit est très élevé et inabordable pour les petites et moyennes entreprises. Les entreprises en Éthiopie ont signalé des problèmes similaires, en particulier l’accès au crédit par le biais des institutions financières.
Les entreprises au Nigeria, au Sénégal et en Tanzanie ont signalé que le manque de financement entraîne des problèmes de trésorerie. Dans quatre pays sur dix, les entreprises ont signalé l’absence de main-d’œuvre qualifiée et le manque d’accès aux intrants comme étant la deuxième série de contraintes les plus importantes après les finances. Les entreprises ont besoin d’employés qualifiés et professionnels pour travailler de manière efficace, mais ceci peut constituer un défi, en particulier dans les pays où l’on constate de faibles niveaux de formation pour les qualifications requises par les entreprises. Au Sénégal, les entreprises ont du mal à trouver des techniciens et des ingénieurs pour leurs projets.
Au Malawi, les entreprises ont signalé que trouver des personnes disposant de l’expérience requise en agro-industrie en dehors du secteur du tabac est un vrai défi. En Éthiopie, les entreprises ont signalé avoir augmenté leurs dépenses en matière de programmes de formation pour les employés. L’accès aux intrants agricoles, tels que les semences, les engrais et l’équipement, est essentiel pour les entreprises impliquées dans la production. Au Bénin, en Éthiopie, au Ghana et au Nigeria, les entreprises ont signalé qu’elles peinent à trouver les intrants nécessaires pour le processus de production. En Éthiopie, les entreprises ont répertorié le manque d’accès à de meilleures semences, ainsi qu’aux machines agricoles comme étant des contraintes majeures qui entraînent des coûts prohibitifs. D’autres problèmes signalés par trois pays sur dix portent notamment sur la faiblesse des politiques et des institutions, l’indisponibilité des intrants; et l’accès limité à la terre et à l’eau.
Résumé des recommandations résultant des réunions de validation pays
Gouvernements:
Démontrer une plus grande volonté politique pour l’amélioration de l’investissement dans l’agriculture.
- Susciter un dialogue ouvert et une transparence dans l’esprit de responsabilisation mutuelle.
- Accélérer les solutions pour résoudre les problèmes structurels afin de permettre au secteur privé de mieux se positionner dans le développement agricole.
- Intégrer le processus de rapports de la Nouvelle Alliance dans le système de suivi et évaluation du ministère de l’Agriculture, ainsi que dans les processus d’Examen sectoriel conjoint (ESC) des pays.
- Concevoir et mettre en œuvre des mécanismes de financement adéquats pour le secteur agricole. • Mobiliser davantage de ressources pour mettre en œuvre les engagements.
- Faciliter de façon responsable la mise en place d’un régime foncier sûr permettant aux agriculteurs et aux entreprises d’investir.
- S’engager dans des partenariats public-privé pour combler le déficit d’infrastructures (électricité, irrigation, routes de desserte et installations de stockage).
- Faciliter l’accès au financement et à l’octroi de crédits.
- Sensibiliser les différents organismes gouvernementaux à la Nouvelle Alliance et à Grow Africa.
- Améliorer la formation professionnelle des travailleurs agricoles.
- Accélérer le rythme de création d’un environnement favorable, de sorte que le secteur privé puisse jouer son rôle de manière plus efficace pour réaliser ses engagements.
- Investir davantage dans la recherche agricole, le développement du capital humain, réduire la bureaucratie et lutter contre la corruption.
- Atténuer les incertitudes provoquées par les fréquents changements apportés aux politiques et réglementations du secteur agricole
- Mettre en place un cadre de suivi des investissements du secteur privé.
- Renforcer les capacités de la société civile et des organisations d’agriculteurs
Secteur privé
S’engager dans des partenariats public-privé pour régler les questions de déficit d’infrastructures.
- Fournir davantage de facilités de crédit aux agriculteurs.
- S’engager davantage dans la fourniture de services privés de vulgarisation.
- Faire mieux connaître les partenariats dans le pays.
- Améliorer l’appropriation des plateformes de la Nouvelle Alliance et de Grow Africa.
- Améliorer le suivi et l’évaluation des engagements du secteur privé.
- Fournir plus de données statistiques fiables, notamment un exercice de cartographie pour identifier l’emplacement exact des projets, ainsi que leurs échéanciers
Prochaines étapes et questions transversales
Au cours de sa troisième année, la Nouvelle Alliance et le Conseil du leadership ont mis en place des mesures transversales pour soutenir les petits exploitants agricoles par la responsabilisation mutuelle et des processus de revue pays, ainsi que par la mise en place d’un groupe de travail sur l’autonomisation économique des femmes pour échanger les meilleures pratiques et faire progresser l’autonomisation économique des femmes par des investissements dans l’agriculture.
En outre, la Nouvelle Alliance a été le fer de lance du développement d’un cadre analytique pour les investissements fonciers dans l’agriculture africaine, conçu pour aider les investisseurs à veiller à ce que leurs investissements dans les terres agricoles soient inclusifs, durables, transparents et respectueux des droits humains. Ce cadre s’appuie sur (et harmonise) les efforts des donateurs qui, ces derniers mois, ont proposé des outils opérationnels pour aider le secteur privé et d’autres acteurs à opérationnaliser les principes des Directives volontaires sur la gouvernance responsable des terres, des pêches et forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale (VGGT) et des institutions multilatérales, y compris l’Union africaine dont les Principes directeurs sur les investissements à grande échelle dans les terres en Afrique sont un important document source.
Le Conseil du leadership, qui a été mis en place comme groupe informel de leaders s’engageant à réaliser les promesses d’investissement faites au sein de la Nouvelle Alliance et de Grow Africa, se réunit une fois par an pour assurer le suivi, le soutien et réaliser des progrès. Cette année, le Conseil du leadership a accueilli et reconnu le cadre analytique comme outil pour les investisseurs et a convenu d’évaluer l’expérience du cadre au bout d’une année et de travailler également avec le Groupe d’acteurs non-étatiques du PDDAA pour étendre le dialogue et les contacts avec la société civile concernant le Conseil.
Le Conseil a également bien accueilli la recommandation portant sur l’inclusion d’une enquête sur les perspectives des agriculteurs dans le rapport d’étape conjoint annuel de la Nouvelle Alliance et de Grow Africa, les années à venir. Ces engagements, en plus de ceux présentés dans l’ensemble du rapport, seront soutenus par une unité de soutien de la Nouvelle Alliance au sein du Département de l’économie rurale et de l’agriculture de la Commission de l’Union africaine. Cette unité est en cours de constitution dans le cadre du PDDAA et travaillera avec les partenaires de la Nouvelle Alliance et le Conseil du leadership pour poursuivre la réalisation des engagements pris par toutes les parties
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