Auteur(s) :
Martin Jaurès NDZANA Eloundou, Ph.D
Cyrille Bergaly KAMDEM, Ph.D, Senior Lecturer, University of Yaounde
INTRODUCTION
Le cacao contribue significativement à la croissance du secteur agricole camerounais. Avec le café, il représente 28% des exportations non pétrolières, 40% des exportations du secteur primaire. Au plan social, environ 400 000 familles de producteurs tirent directement l’essentiel de leurs revenus de cette culture (ONCC, 2009). Malgré son importance, sa culture fait face à plusieurs contraintes dont le vieillissement de son verger (environ 50% des plantations ont plus de 40 ans), la faiblesse des rendements dont la moyenne est estimée à 300 kg/ha, une très faible utilisation du matériel sélectionné (ONCC, 2009).
C’est dans ce contexte que depuis 2006 l’IRAD et le CIRAD proposent des innovations aux producteurs par le biais d’un programme de recherche participative. Ce dernier, qui vise entre autre l’amélioration significative des rendements et des conditions de vie des cacaoculteurs, porte également sur la diversification des productions, dans la mesure où sont proposés aux producteurs les associations cacaoyer-fruitiers (M1), cacaoyer-palmier à huile (M2) et cacaoyer-cocotier (M3). Les innovations techniques et de produit développées consiste à co-construire avec un réseau de cacaoculteurs des dispositifs d’associations et de gestions agroforestières raisonnés. Ainsi, sont proposées des variétés améliorées pour le cacaoyer et les espèces associées, une plante de couverture (Brachiaria brizantha) pour restaurer la fertilité des sols de jachères ou savane.
Au regard de l’importance de ces innovations, il nous a semblé pertinent d’évaluer les performances (rentabilité, efficacité technique) de ces exploitations afin d’envisager leur diffusion à plus grande échelle et d’éclairer les responsables des dits programmes de recherche et en charge des politiques d’innovations agricoles ainsi que les agriculteurs quant aux stratégies à appliquer pour l’amélioration des performances de ces systèmes agroforestiers.
Matériel et méthodes
Trois méthodes ont été retenues: La méthode d’analyse coût bénéfice pour évaluer le revenu agricole net (RAN); la méthode Data Envelopment Analysis pour déterminer les niveaux d’efficacité technique. Ci-après, les variables pour le calcul des niveaux d’efficacité.
Enfin, les différences d’efficacité sont appréciées à partir d’un modèle Tobit censuré (Amemiya, 1981). Les données collectées entre 2006 et 2010 sur un réseau de parcelles expérimentales couvrent deux zones agro-écologiques (savane et forêt) de la région du centre Cameroun.
L’association M3 est le modèle privilégié puisqu’adopté par 75% des cacaoculteurs. En revanche, l’association M1est peu adoptée. Son faible tôt d’adoption (7,69%) est dû au fait que le cocotier est peu commercialisé localement par rapport aux fruitiers et au palmier à huile.
Tableau 3: RAN des exploitations en FCFA
Ce tableau montre que les cacaoculteurs de Bokito ont une meilleure rentabilité puisque leur RAN moyen annuel est de 240 679 contre 216 291 et 187 155 respectivement pour Awae et Obala. Par ailleurs, on observe une baisse du RAN entre la troisième et la quatrième année de l’exploitation. Cela est dû à la disparition des cultures vivrières. En effet, il a été recommandé aux cacaoculteurs de cultiver du vivrier au cours des premières années afin d’amortir le coût d’investissement initial.
Compte tenu de l’absence d’un groupe de contrôle, nous avons opté pour une comparaison entre les RAN obtenus par les exploitations et les marges nettes prévisionnelles établies en station de recherche. Il ressort que seule M3 est rentable. Cela s’explique à notre avis par le fait que les prévisions en station se sont faites en considérant que les espèces associées (palmier à huile, cocotiers) au cacao produiraient à partir de la quatrième année. Or, les données recueillies montrent que ces espèces ne produisent pas encore.
Rentabilité soutenable à moyen et long terme
Sur la base des revenus obtenus par les cacaoculteurs sur la période 2006-2010, nous avons estimés les revenus sur des périodes de dix ans et sur la durée de vie d’une exploitation cacaoyère.
Tableau 5: Estimation des marges annuelles
Globalement, il ressort que toutes les associations seront rentables dans la mesure où on observe une évolution des marges espérées. En effet, les rendements du cacao diffèrent suivant les associations. Soit 1000 Kg/ha à partir de la dixième année pour M1 et 800 Kg/ha pour M2 et M3. Si ces marges semblent satisfaisantes, en revanche il convient au préalable d’identifier les facteurs explicatifs de ces performances.
Facteurs d’efficacité des performances
Les résultats ci-après montrent dans l’ensemble que l’efficacité demeure marginale, puisque le score moyen est de 0,506.
Tableau 6: Scores moyens d’efficacité technique
Ces résultats montrent qu’il existe des possibilités d’améliorer leur efficacité soit en réduisant l’utilisation d’intrants de 49,4%, soit à travers une meilleure appropriation des innovations et des techniques agricoles qui leur sont proposées. Ainsi les déterminants de l’efficacité montrent que ce sont les facteurs endogènes qui influencent considérablement le niveau de performance des exploitations.
Tableau 7: Déterminants de l’efficacité
Conclusion
L’analyse des performances des agroforestiers cacaoyers innovants entre 2006-2010 montre que la rentabilité et l’efficacité sont faibles et que ce sont les facteurs endogènes qui déterminent davantage l’efficacité. Par conséquent, s’il est souhaitable de poursuivre et vulgariser ces systèmes, l’accent doit être mis sur le désenclavement des bassins de production, les formations en milieu paysan. Enfin, les producteurs doivent créer des exploitations grandes en vue d’améliorer leur niveau d’efficacité à travers les économies d’échelles.
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