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Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP)
Le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) est un centre de recherche indépendant fondé à Bruxelles en 1979. Composé de vingt membres permanents et d’un vaste réseau de chercheurs associés, en Belgique et à l’étranger, le GRIP dispose d’une expertise reconnue sur les questions d’armement et de désarmement (production, législation, contrôle des transferts, non-prolifération), la prévention et la gestion des conflits (en particulier sur le continent africain), l’intégration européenne en matière de défense et de sécurité, et les enjeux stratégiques asiatiques
Date de publication: 2014
Résumé
Dans une économie de plus en plus mondialisée, la compétition pour l’accès aux énergies et aux matières premières est devenue un enjeu économique et géopolitique incontournable. Le pétrole, énergie dominante, est à ce titre une ressource stratégique majeure. Longtemps principal producteur et exportateur mondial, le Moyen-Orient est, depuis les années 1970, concurrencé par de nouvelles zones productrices dont l’Afrique de l’Ouest. Tous les États de la région mènent des opérations d’exploration pétrolière. Leur objectif n’est pas seulement de répondre à la demande mondiale, mais également de soutenir leur propre croissance économique, combinée jusqu’à présent à un faible accès à l’énergie. Cette Note se propose de dresser un état des lieux de l’exploration et de la production de pétrole en Afrique de l’Ouest, d’en cerner les principaux acteurs et de dégager les défis majeurs pour l’avenir.
Introduction
Dans une économie de plus en plus mondialisée, la compétition pour l’accès aux ressources énergétiques et aux matières premières est devenue un enjeu économique et géopolitique incontournable. Le pétrole, source d’énergie dominante des XXe et XXIe siècles, et dont on ne peut toujours pas se passer, est à ce titre une ressource stratégique majeure. Longtemps principal producteur et exportateur mondial, le Moyen-Orient est – depuis les années 1970 et particulièrement depuis le premier choc pétrolier de 1973 – soumis à la concurrence de nouvelles zones productrices.
En effet, pour faire face à « cette compétition toujours plus forte, qui ne fait que commencer du fait des besoins croissants des pays développés, mais aussi des émergents comme la Chine et l’Inde, sur un marché à flux tendus », on assiste depuis les années 1980 à une accélération de l’exploration et de la mise en production de nouveaux gisements, un peu partout dans le monde et notamment en Afrique de l’Ouest .
L’Afrique de l’Ouest fait désormais partie des zones pétrolières incontournables de la production mondiale. Mis à part le cas du Nigeria, premier producteur du continent, peu d’études analysent la situation pétrolière dans cette région. Elle est pourtant en plein essor, notamment du fait des découvertes récentes de gisements offshore et d’explorations pétrolières en cours dans tous les États ouest-africains.
Le pétrole ouest-africain dans le jeu de l’offre et la demande
Fin 2012, le pétrole restait le leader incontestable des combustibles avec 33,1% de la consommation mondiale d’énergie. Si depuis 19655 la tendance est plutôt à la contraction au profit d’autres sources d’énergie, y compris fossiles, tous les secteurs d’activité ne sont pas encore prêts à une transition énergétique, comme le montre le secteur du transport. En 2010, il absorbait à lui seul 61,5% 6 de la consommation mondiale, soit environ 15% de plus qu’en 1979.
Actuellement, encore peu d’alternatives concurrencent la situation quasimonopolistique8 du pétrole dans ce secteur, qu’il s’agisse des déplacements aériens, maritimes ou routiers. De plus, la demande mondiale n’est pas prête à s’affaiblir sous l’effet double d’un développement économique des pays émergents et d’une population mondiale croissante. Ainsi, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit une augmentation de la consommation – malgré une baisse de la demande des pays de l’OCDE9 – de 56% 10 entre 2010 et 2040 et attribue la moitié de cet accroissement aux deux géants asiatiques : l’Inde et la Chine.
La demande se concentre dans trois principaux pôles économiques et géographiques. Tout d’abord la région Asie-Pacifique, dont la consommation est passée de 22 Mb/j en 2002 à presque 30 millions en 2012 ; l’Amérique du Nord ensuite, qui a maintenu sa consommation aux alentours de 23 Mb/j sur la même période ; et enfin l’Europe et l’Eurasie, dont la consommation en recul depuis dix ans est passée de 19,5 à 18,5 Mb/j entre 2002 et 2012. Le 9 octobre dernier, l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) annonçait que la Chine avait dépassé les États-Unis, courant septembre 2013, devenant ainsi le premier importateur mondial de pétrole.
L’attrait des gisements offshore de l’Afrique de l’Ouest
Les premières découvertes de pétrole en Afrique se situent aux alentours des années 1950, principalement dans le delta du Niger (Nigeria) et en Libye. À partir des années 1980, l’exploration pétrolière offshore débute et rapidement de nombreuses découvertes ont lieu dans le domaine de l’offshore profond (à plus de 1 000 mètres de fond) et produisent leurs fruits à l’aube des années 2000. En effet, les explorations offshore très couteuses ne sont plus un frein à la diversification des ressources. Au contraire, ces avancées territoriales et technologiques sont des atouts qui « permettent d’augmenter les réserves, en rendant possible la production de pétrole dans des zones auparavant inaccessibles ».
Ensuite, les gisements offshore et côtiers de l’Afrique de l’Ouest offrent une facilité d’accès et permettent une réduction des coûts et de la durée des transports. Par exemple, il faut seulement deux semaines pour que le pétrole ouest-africain atteigne les États-Unis, contre six pour celui en provenance du Moyen-Orient. Cette proximité constitue un atout indéniable pour les États-Unis, également en termes de diminution des risques.
État des lieux de l’exploration et de l’exploitation pétrolières dans les États ouest-africains
A l’exception du Burkina et du Cap-Vert, tous les États d’Afrique de l’Ouest mènent des opérations d’exploration pétrolière. Leur objectif n’est pas seulement de répondre à la demande mondiale, mais également de soutenir leur propre développement économique, ainsi que de diminuer leur dépendance énergétique. Le défi pour les États ouest-africain est également de lier cette croissance économique avec un meilleur accès à l’énergie.
La situation pétrolière est contrastée entre les différents États de la région : le Nigeria, poids lourd en termes de production, et les autres pays de la zone. Le Nigeria accumule les records : première exploration en 1956, premier producteur du continent et 13e au niveau mondial, 11e en termes de réserves avérées. La zone d’exploitation nigériane, le bassin du delta du Niger, couvre une zone de 75 000 km² et s’étend jusqu’au Cameroun et en Guinée équatoriale. En comparaison avec le géant nigérian, les autres pays producteurs en Afrique de l’Ouest ont une production marginale et sont venus beaucoup plus récemment rejoindre la liste des pays producteurs de pétrole.
Outre le Nigeria, cinq États de la région sont actuellement producteurs de pétrole : le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Mauritanie et le Niger. Tandis que les dix autres États en sont encore au stade de l’exploration. En termes de réserves avérées28, l’Afrique de l’Ouest affiche des proportions identiques à celles de la production : elles s’élèveraient à près de 40 milliards de barils (en 2012), soit environ 30 % des réserves totales de l’Afrique (130 milliards de barils) et 2,5% des réserves mondiales (1 669 milliards de barils) selon les projections de BP en 2013.
Les pays producteurs
- Bénin
Des explorations et une production limitée avaient commencé en 1982 dans le champ pétrolier côtier de Sème, atteignant rapidement 8 000 b/j avant de décliner à 1 900 b/j en 1996. Si la production annoncée se fait toujours attendre, le bassin sédimentaire côtier renferme des gisements d’hydrocarbures (4 blocs offshore et 2 onshore). La société nigériane South Atlantic Petroleum (Sapetro) a découvert, en octobre 2013, un gisement évalué à 87 millions de barils au large des côtes de Sème. Elle a également annoncé que l’exploitation de ces gisements pourrait débuter dès 2014.
- Côte d’Ivoire
Les premières données de l’exploration ont été obtenues dans les années 1960, dans la région côtière d’Eboïnda. Cependant, la production de la Côte d’Ivoire n’a réellement débuté qu’au milieu des années 1990 et reste encore modeste en 2012 (près de 40 000 b/j). La production pourrait cependant évoluer rapidement car des gisements à fort potentiel se trouvent dans le bassin offshore. Le bassin Tano, situé au large de la Côte d’Ivoire et en eau très profonde (à 5 000m de fond) semble offrir une perspective prometteuse avec les découvertes récentes de la compagnie française Total.
- Ghana
En 2012, le pétrole est devenu le deuxième produit d’exportation du pays, après l’or, en termes de valeur. Le Ghana possède plusieurs bassins offshores explorés depuis la fin des années 1970. Mais ce n’est qu’après la découverte du bassin du Jubilee en 2007 (par la compagnie américaine Kosmos) que la production de pétrole s’est intensifiée : d’un peu plus de 8 000 b/j en 2010, elle est passée à près de 80 000 b/j en 2012 et ses réserves avérées (janvier 2013) sont évaluées à 660 millions de barils. « Cette production ne concerne pour l’instant que l’exploitation du site du Jubilee.
D’autres Les explorations continuent et l’on soupçonne déjà de nouvelles découvertes, qui vont très probablement gonfler ces chiffres : « 23 nouvelles découvertes ont été faites et huit accords sont sur la table du gouvernement dont deux concernant des travaux d’exploration seront bientôt signés ». Preuve de ces explorations encourageantes, en janvier 2013, la compagnie italienne Eni a confirmé le succès de son forage exploratoire dans le bloc offshore Cape Three Points. Elle estime que le potentiel global de la découverte est d’environ 450 millions de barils de pétrole qui s’ajouteraient aux 660 millions réserves déjà prouvées.
- Mauritanie
C’est en 2006 que la Mauritanie devient officiellement productrice de pétrole, après une décennie d’exploration. Le pays renferme deux bassins : l’un côtier, en partie offshore, et l’autre onshore (bassin de Taoudeni couvrant un espace de 500 000 km2 ) au sud-est de la Mauritanie et qui se prolonge au Mali. La Mauritanie reste jusqu’à présent un très petit État producteur (avec à peine 20 millions de barils en réserve avérée). Cependant, les espoirs persistent, comme en témoigne la signature avec Total de nouveaux contrats d’exploration et de production depuis 2011 sur le bassin de Taoudeni et avec Tullow Oil principalement en offshore.
- Niger
Les premières découvertes de pétrole remontent à 1975, mais c’est surtout au début des années 1990 que l’exploration pétrolière a connu un nouvel essor, grâce à la mise en œuvre d’un vaste programme d’interprétation des données géologiques et géophysiques. Le pays figure parmi les États producteurs de pétrole depuis septembre 2011. Quatre bassins sédimentaires couvrent 90 % du territoire national mais seulement 4 sur 34 blocs cadastrés font l’objet de licences, le reste étant ouvert aux investisseurs.
L’exploration des 10 pays non-producteurs
- Burkina Faso
Le Burkina Faso n’a aucune ressource pétrolière avérée. En 2020, une partie du pétrole importé par le Burkina Faso (en provenance notamment du Nigeria, du Ghana et de Côte d’Ivoire), pays enclavé, passera notamment par le pipeline en cours de construction entre Abidjan et Ouagadougou (dont les travaux ont commencé en septembre 2007). Fin juillet 2013, le président ivoirien Alassane Ouattara a procédé à la mise en service du premier pipeline entre Abidjan-Yamoussoukro. D’un coût global d’environ 213 millions d’euros (sur financement de la Société nationale des opérations pétrolières de Côte d’Ivoire, la Petroci), ce pipeline est la première phase d’un projet global devant relier la capitale économique ivoirienne à Ouagadougou.
- Cap Vert
On ne recense aucune réserve de gaz ou de pétrole au Cap Vert (ni souterraine, ni offshore). L’industrie pétrolière dépend entièrement de l’importation de pétrole du Portugal ou d’États africains (Nigeria et Angola notamment).
- Gambie
Le pays n’est pas producteur de pétrole et dépend largement des importations provenant, en partie, du Sénégal. L’exploration pétrolière offshore a débuté au début des années 2000. Dès 2004, le président Yahya Jammeh annonce que ces explorations ont donné des résultats très encourageants et permis la découverte de gisements de pétrole au large des côtes gambiennes mais pour le moment sans résultat en vue d’une exploitation. En mai 2012, le pays a finalement signé un contrat d’exploration pétrolière offshore avec la compagnie pétrolière américaine Camac Energy.
- Guinée-Bissau
L’exploitation pétrolière offshore a débuté dans les années 1960, après la découverte de champs pétroliers par la société américaine Esso (société intégrée à Exxon Mobil). Cependant ces espoirs ne sont toujours pas couronnés de succès, notamment en raison des retards causés par les tensions frontalières avec le Sénégal. Une fois ce différend résolu juridiquement en 1993, un accord d’exploitation conjoint a pu être finalisé via l’Agence de gestion et de coopération entre la Guinée-Bissau et le Sénégal.
« La GuinéeBissau est devenue depuis quelques années une destination intéressante pour les sociétés pétrolières, après qu’elle ait entrepris d’encourager l’exploration de son espace offshore. Cette politique s’est traduite par l’octroi de licences d’exploration qui ont porté sur des blocs dont Esperança, Sinapa, Caudo et Golfinho ». Cependant, la viabilité économique de ces blocs n’est pas encore prouvée.
- Guinée-Conakry
La découverte du pétrole est très récente en Guinée-Conakry ce qui explique que le pays n’en soit qu’au stade de l’exploration. En décembre 2009, la Guinée décidait du découpage des champs offshore de pétrole pour une répartition en 22 blocs. En 2012, c’est la compagnie texane Hyperdynamics, qui faisait les premières découvertes de pétrole. Suite à ces découvertes, de nombreuses compagnies investissaient également en Guinée-Conakry, dont Tullow Oil, qui compte démarrer l’exploration offshore en 2014.
- Liberia
L’exploration pétrolière, débutée dans les années 1970, est toujours en cours. La compagnie australienne African Petroleum est en train d’évaluer la viabilité des champs pétroliers découverts en 2012. Cependant, l’octroi de contrats de concession pour d’autres blocs offshore a été suspendu pendant la révision de la politique pétrolière, et la production ne devrait pas commencer avant plusieurs années.
- Mali
Les explorations pétrolières en sont encore à leur stade initial et le sous-sol est encore largement sous-exploré. Cependant, un conseiller technique du ministère en charge du pétrole déclarait en janvier 2013 : « Notre pays réunit toutes les conditions pour que le Mali exploite un jour le pétrole […], mais tel n’est pas le cas pour le moment ». Les cinq bassins sédimentaires se divisent en 29 blocs et s’étendent sur de gigantesques espaces comme le bassin de Taoudeni, à cheval sur la Mauritanie. Plusieurs sociétés s’intéressent au potentiel pétrolier malien, comme la société algérienne Sonatrach et la compagnie Eni, qui agissent particulièrement dans le bassin de Taoudeni. D’autres explorations sont en cours dans les bassins de Graben, de Gao, des Ullimiden, du Tamesma et de la Fosse de Nara.
- Sénégal
Le Sénégal n’est pas encore producteur. Néanmoins de nombreux contrats d’exploration offshore sont en cours et les premiers résultats, dès 2011, notamment de la compagnie australienne African Petroleum, sont très encourageants. La société envisage même des résultats comparables à ceux du bassin du Jubilee au Ghana.
- Sierra Leone
Les premières explorations offshores ont débuté en 2009. La compagnie américaine Anadarko confirmait alors la présence d’hydrocarbures au large du pays de ses côtes Face à ces découvertes, en juillet 2012, le gouvernement de Sierra Leone a accordé des permis d’exploration pour 9 zones de prospection offshore, notamment aux compagnies Chevron et Lukoil. Fin octobre 2013, Lukoil a achevé l’exploration du premier puits d’exploration Savannah-1X sur le bloc offshore SL 5-11 couvrant 4 022 km2. Lukoil procédera à l’évaluation du potentiel découvert pour « confirmer son caractère commercial de sorte à envisager la production du pétrole en Sierra Leone » .
- Togo
Des explorations sont en cours et des travaux sismiques, réalisés en offshore sur toute la côte, ont décelé des zones favorables à une exploitation industrielle. Les travaux d’exploration sont actuellement entrepris par la société italienne Eni, qui a obtenu un permis de recherche et d’exploitation offshore en octobre 2010. En 2012, elle confirmait l’existence de champs pétroliers. Puis, en janvier 2013, elle annonçait débuter rapidement le forage d’un bloc de pétrole offshore dont le résultat demeure inconnu.
Gestion pétrolière en Afrique de l’Ouest : des acteurs internationaux et nationaux
Les acteurs pétroliers internationaux : des « majors » aux compagnies « indépendantes »
Les majors européennes et américaines : la compagnie française Total, la compagnie britannique BP, la compagnie anglo-hollandaise Royal Dutch/Shell, la compagnie italienne Eni, les compagnies américaines Exxon et Chevron. À titre d’exemples, « le golfe de Guinée représente environ 14,5% des activités amont64 de Shell (essentiellement au Nigeria), 30% pour Total (en Angola et dans les États francophones ouest-africains) et 35% pour Chevron ». Pour Total, la part des investissements pétroliers en Afrique en 2012, s’élève à 32% dont une part importante se concentre en Afrique de l’Ouest, principalement au Nigeria et dans le golfe de Guinée.
En Afrique de l’Ouest, les majors sont encore aujourd’hui les premières compagnies en lice pour l’attribution des contrats d’exploration, et surtout de production. Cette dernière est encore souvent réservée aux majors, car contrairement aux « indépendantes », elles ont les capacités financières et surtout techniques d’exploitation : « souvent meilleurs explorateurs que développeurs, les indépendants préfèrent généralement vendre leurs actifs aux plus offrants ».
De plus, les majors « sont intégrées dans une logique concurrentielle mondiale, et leur puissance s’exprime de plus en plus en termes de capacité financière et de savoir-faire technique ». En effet, le savoir-technique apparaît être le point d’orgue des majors, qui restent premières dans les domaines de Recherche et Développement et profitent du prix élevé du pétrole.
Les nouvelles compagnies dites « indépendantes ». Moins grandes que les majors, elles ont des origines diversifiées : souvent américaines (comme Kosmos), mais aussi australiennes, canadiennes, chinoises ou européennes (comme la britannique Tullow Oil, un des acteurs clefs de l’offshore ouest-africain). « Elles ciblent généralement des segments de marché où les majors sont absentes : soit l’exploitation de gisements en fin de cycle, qui ne sont plus rentables pour les grandes compagnies, soit des activités de prospection pionnières qu’elles pourront exploiter pour elles-mêmes (comme le fait par exemple la compagnie australienne Woodside en Mauritanie) ou revendre à des majors si elles n’ont pas les moyens de les exploiter (comme la compagnie canadienne Encana au Tchad) »
Les compagnies nationales de pays émergents : la Chine (notamment présente au Niger avec sa société China National Petroleum Corporation, CNPC) et l’Inde, (notamment active en Côte d’Ivoire avec sa société nationale, Oil Naturel Gas Corporation, ONGC). « Ces compagnies cherchent autant à acquérir une expérience et des technologies à l’international qu’à contrôler des sources d’approvisionnement exclusif ». Cette nouvelle présence offre aux États d’Afrique de l’Ouest de nouvelles possibilités pour négocier les octrois de licences d’exploration et d’exploitation.
Cependant, des pays de la région dénoncent déjà les agissements de ces compagnies. C’est par exemple le cas du Niger, qui par la voix de son ministre en charge du pétrole, déclarait, en octobre 2013 : « Si nous cédons nos ressources naturelles, nous ne nous en sortirons jamais ». Ses propos visaient principalement les firmes chinoises, notamment CNPC, accusée de gonfler les coûts et de facturer indûment des prestations.
Face aux nombreux acteurs étrangers, et mués par la volonté de mieux encadrer et surveiller les opérations sur leur territoire, les États ont peu à peu développé des compagnies nationales du pétrole. Par ailleurs, ils ont tous intégré la question pétrolière au sein d’un ministère spécifique. En outre, l’adhésion de nombreux pays de a zone ouest-africaine à l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE) devrait permettre une meilleure régulation de l’exploitation pétrolière.
La gestion du pétrole par les acteurs nationaux
Les compagnies nationales pétrolières : 12 des 16 États d’Afrique de l’Ouest ont créé, au moment de leurs premières explorations pétrolières, une compagnie nationale. « Alors que, dans de nombreux pays du Moyen-Orient, d’Amérique latine ou d’Afrique du Nord, les compagnies nationales ont un monopole ou jouent un rôle actif et déterminant dans les activités pétrolières en amont », en Afrique de l’Ouest la situation est différente. Par exemple, au Nigeria, « 95% environ du pétrole est produit par des joint-ventures, c’est-à- dire des associations entre la société nationale NNPC (Nigeria National Petroleum Corporation) et les compagnies étrangères qui sont, dans la quasi-totalité des cas, les opérateurs »…
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