Auteurs :
Njuguna Ng’ethe, George Subotzky and George Afeti, 2008.
Lien vers le document original
La différenciation est le processus par lequel des types distincts de formations supérieures émergent en réponse aux besoins du pays en matière de programmes éducatifs fournissant différents types de compétences et de connaissances à un nombre croissant d’étudiants aux capacités et aux intérêts divergents.
L’articulation renvoie aux mécanismes qui permettent la mobilité des étudiants au sein des institutions du réseau de l’enseignement supérieur ; l’accumulation et le transfert de crédits universitaires, la reconnaissance et l’équivalence des diplômes ainsi que la reconnaissance des acquis font entre autres parties de ces mécanismes.
La différenciation et l’articulation deviennent des caractéristiques importantes au sein des systèmes d’enseignement supérieur qui vont d’une formation élitiste vers une formation ouverte à tous et qui cherchent à fournir une économie nationale de plus en plus sophistiquée grâce aux diverses ressources humaines nécessaires pour la maximisation de la productivité, de l’efficacité et de la compétitivité globale.
La présente étude s’efforce de tracer une carte initiale de l’étendue et la nature de la différentiation institutionnelle et programmatique au sein des systèmes africains de l’enseignement supérieur. Ce faisant, elle cherche également à définir les modes d’articulation qui ont émergé ou qui ont été consciemment mis en place entre les différents types d’institutions, en l’occurrence les universités publiques et privées, les écoles polytechniques et les écoles de formation.
L’analyse de la différenciation et de l’articulation au sein de l’enseignement supérieur est basée sur des visites sur le terrain dans une dizaine de pays africains sélectionnés (Cameroun, Ghana , Kenya, Malawi, Mozambique, Nigeria, Rwanda, Sénégal, Afrique du Sud, Tanzanie, Ouganda, Zambie).
Dans les systèmes éducatifs africains, la différentiation est plus perceptible que l’articulation. Ces systèmes sont très variés et peuvent être classés selon les différents types d’institutions du réseau de l’enseignement supérieur ; les systèmes seront donc unitaires, binaires, ternaires, semi différenciés ou complètement différenciés. Bien que la nature et l’étendue de la différentiation varient d’un pays à l’autre, elle est clairement établie.
Bien que les systèmes d’enseignement supérieur soient assez variés, les faits montrent que le système binaire est celui qui domine, et les universités et les écoles polytechniques sont les deux principaux types d’institutions. Certaines institutions hybrides universitaires/non universitaires intéressantes ont vu le jour suite à la disparition progressive de la frontière binaire traditionnelle entre les universités et les autres établissements.
L’apparition et la multiplication des prestataires privés dans le secteur de l’enseignement universitaire sont communes à la plupart des pays visés dans la présente étude. Cette tendance régionale est significative. Le fait que toutes les personnes qualifiées pour un cursus universitaire préfèrent aller à l’université plutôt que fréquenter un autre type d’institution tel que les écoles polytechniques est une caractéristique commune aux pays faisant l’objet de cette étude. Il en résulte une forte demande pour l’enseignement universitaire, même si les conditions du marché (chômage des diplômés) indiquent le caractère peu rationnel d’un tel choix.
Ce document propose plusieurs pistes de réformes pour l’enseignement supérieur. Un meilleur accès aux institutions d’enseignement supérieur devrait être encouragé (de manière ciblée) et devrait passer par la différenciation tant institutionnelle que programmatique pour atteindre les objectifs de développement. La création d’universités parallèles avec des mandats distincts au sein du système de l’enseignement supérieur peut être l’option du futur comme c’est déjà le cas au Kenya et en Afrique du Sud.
Au niveau national, les agences chargées de promouvoir des standards de qualité et les entités en charge de l’accréditation des programmes de l’enseignement supérieur devraient s’efforcer d’établir des systèmes de transfert de crédits mutuellement acceptables et faciles à comprendre pour améliorer l’articulation à travers tout le secteur de l’enseignement supérieur.
L’image et la réputation des institutions non universitaires devraient être rehaussées grâce à l’amélioration de la qualité de leur formation. Les rapports entre l’enseignement supérieur et le monde du travail devraient être renforcées pour améliorer la qualité et la pertinence des formations. Le débat sur le rôle de l’enseignement supérieur dans le cadre du développement devrait être encouragé.
L’identité des institutions non universitaires devrait être définie de manière plus distincte. Une des suggestions possibles pour le renforcement de ces institutions et leur différentiation des universités est l’adaptation des critères d’admission grâce à un curriculum distinct dans les écoles secondaires ; ces curriculums prépareront les élèves aux formations professionnelles par l’acquisition de compétences pratiques avant leur carrière professionnelle.
Il faut reconnaître que les universités et les établissements non universitaires partagent le même objectif ultime : contribuer au développement national soit par l’évolution de la connaissance et la promotion des bourses d’études, la contribution à une société de connaissance, ou encore en appuyant directement la croissance industrielle et économique grâce à l’exploitation des connaissances existantes.
L’efficacité de la répartition de ces tâches entre les deux types d’institutions devrait être un paramètre de définition de l’efficacité générale du système d’enseignement supérieur. Les questions de différenciation et d’articulation doivent donc retenir toute l’attention des gouvernements et des décideurs politiques.
Les Wathinotes sont soit des résumés de publications sélectionnées par WATHI, conformes aux résumés originaux, soit des versions modifiées des résumés originaux, soit des extraits choisis par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au thème du Débat du mois. Lorsque les publications et leurs résumés ne sont disponibles qu’en français ou en anglais, WATHI se charge de la traduction des extraits choisis dans l’autre langue. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
The Wathinotes are either original abstracts of publications selected by WATHI, modified original summaries or publication quotes selected for their relevance for the theme of the Debate of the Month. When publications and abstracts are only available either in French or in English, the translation is done by WATHI. All the Wathinotes link to the original and integral publications that are not hosted on the WATHI website. WATHI participates to the promotion of these documents that have been written by university professors and experts.