Comprendre et participer au processus ouest-africain d’intégration régionale
Auteurs :
Sayabou Laoual (RODADDHD), Marie-Christine Lebret (GRET), Laurent Levard (GRET), Edu Raven (FONGTO) et Guy Aho Tete Benissan (REPAOC)
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L’intégration régionale : processus et finalités
L’intégration régionale est un processus :
- de renforcement des interdépendances entre les pays d’un ensemble régional,
- de convergence entre les différents systèmes économiques et sociaux nationaux,
- d’intensification des échanges entre des peuples,
- d’amélioration de la cohérence dans la gestion des problèmes communs.
Les processus d’intégration régionale s’appuient sur des politiques qui peuvent viser différentes finalités :
- Stimuler la croissance économique et améliorer la productivité : L’intégration régionale peut favoriser la diminution des coûts de production et de transaction, l’amélioration de la qualité et une plus grande diversité des produits et l’émergence d’innovations. Le niveau des revenus, leur distribution et la création d’emplois dans la région s’en trouvent améliorés et offrent un développement économique et social plus favorable dans cet espace. Les revenus des producteurs augmentant, ceux-ci peuvent réinvestir une partie dans de nouvelles activités économiques, favorisant ainsi la croissance. Les consommateurs disposant aussi d’un pouvoir d’achat réel plus important peuvent acquérir davantage de biens et services, améliorant leur bien être et accroissant la demande globale, et donc stimulant à leur tour la production.
L’intégration régionale : différentes conceptions
La conception libérale
Dans la conception libérale le moteur est l’unification des marchés nationaux en un seul marché régional permettant ainsi la libre circulation des biens et services, du capital et de la force de travail.
Les objectifs sont :
- L’amélioration de la concurrence : la concurrence incite à son tour les entreprises à accroître la productivité du travail, améliorer la qualité des produits et réaliser des innovations.
- La réalisation d’économies d’échelle : le marché étant plus vaste, des unités de production plus importantes peuvent être construites et certains investissements peuvent être réalisés.
- L’encouragement à une plus forte spécialisation régionale, en fonction des avantages comparatifs de chacun des pays.
- Le développement des échanges au sein de la région, y compris en substituant des produits importés de pays extérieurs à la région par des produits de la région.
- Le développement des investissements (y compris étrangers) au sein de la région, du fait de l’attrait que constitue l’existence d’un marché unifié et plus vaste.
La conception « volontariste »
Dans la conception « volontariste », le moteur est le plan : planification d’actions communes (notamment d’investissements communs) entre les différents pays de la région.
Les objectifs sont :
- l’amélioration de la concurrence, la réalisation d’économies d’échelle et l’accroissement des investissements privés (objectifs communs avec la conception libérale décrite précédemment),
- l’orientation du développement des activités économiques sur la base d’une vision commune de l’aménagement du territoire régional et donc des complémentarités entre régions,
- une convergence économique et sociale entre les régions, et
- la capacité de négocier collectivement vis-à-vis de l’extérieur.
La conception « territoriale »
Dans la conception « territoriale » le moteur est la mise en relation et l’articulation des acteurs, notamment les acteurs économiques des différents territoires, ce qui leur permet d’élargir leur champ d’action spatial et de construire des réseaux.
Les objectifs sont :
- L’amélioration de la concurrence,
- la réalisation d’économies d’échelle et une spécialisation régionale en fonction des avantages comparatifs,
- la création et le développement des échanges de biens et de services,
- l’accroissement des investissements (objectifs communs avec la conception libérale), et
- la diffusion des connaissances et des savoir-faire techniques.
La conception « institutionnaliste »
Dans la conception « institutionnaliste », le moteur est l’établissement et le respect de règles communes (règles de la concurrence, fiscales, relatives aux investissements ou à la qualité des produits, etc.) entre les différents pays de la région, ce qui permet de renforcer la stabilité et la prévisibilité de l’environnement économique et facilite ainsi les échanges entre les acteurs économiques.
Les objectifs sont :
- l’amélioration de la concurrence, la réalisation d’économies d’échelle et l’accroissement des investissements privés (objectifs communs avec les conceptions « libérale », « volontariste » et « territoriale »),
- la création et le développement des échanges de biens et de services (objectif commun avec les conceptions «libérale» et « territoriale »), et
- l’amélioration de la gouvernance interne de chaque pays.
La conception « diplomatique »
Dans la conception « diplomatique », le moteur est le transfert de souveraineté du niveau national au niveau régional. Cette conception englobe les visions libérales (marché régional unifié), volontariste (actions communes) et institutionnaliste (règles communes), mais va plus loin.
L’objectif est le dépassement des rivalités entre les Etats et la création d’un cadre pertinent pour des politiques répondant à l’intérêt régional de la région.
L’Afrique de l’Ouest : espace pertinent d’intégration régionale.
L’Afrique de l’Ouest est constituée d’aires de peuplement ethno-linguistiques régionales que les frontières politiques issues de la colonisation sont venues diviser d’une façon totalement artificielle. Ainsi, les peuples ouest-africains sont-ils historiquement intégrés et ce sont les Etats issus de la colonisation qui ont créé des obstacles à cette intégration. L’intégration politique doit permettre de créer les conditions d’une nouvelle harmonie et d’un renforcement des échanges entre les peuples de la région.
Initiatives et activités transfrontalières
Les exemples d’initiatives d’activités ou de coopérations transfrontalières sont nombreux en Afrique de l’Ouest. A vocation économique, sociale, ou culturelle, ces activités s’appuient sur différents éléments dépassant les frontières politiques : la proximité de centres urbains comme dans la zone de Sikasso Korhogo Bobo, la langue comme dans le Réseau Transfrontalier des Radios Communautaires de la Guinée Bissau, du Sénégal et de la Guinée Bissau, ou encore la proximité d’un marché comme le louma de Diaobé au Sénégal
Apprécier les avancements de l’intégration régionale ouest-africaine
Le Programme Communautaire de Développement (PCD)
L’idée d’élaborer un PCD est née courant 2005 pour servir de cadre stratégique à la mise en œuvre de la vision 2020 (La CEDEAO des peuples). Il doit permettre de :
- Définir une stratégie de développement à long terme
Au regard de cette orientation, dix (10) axes stratégiques regroupant globalement le Programme Economique Régionale de l’UEMOA (PER), le Programme APE pour le Développement (PAPED) et la Stratégie Régionale de Réduction de la Pauvreté ont été retenus pour servir de cadre d’articulation de convergence des programmes d’action régionaux.
- Assurer une cohérence régionale des initiatives de développement
Le PCD vise à traduire la stratégie de développement à long terme de la Région en programmes cohérents capables de traduire dans les faits cette vision. L’objectif est d’établir une cohérence et une synergie à trois niveaux :
1) entre les programmes sectoriels internes à la Commission de la CEDEAO ;
2) entre les politiques et programmes de la CEDEAO et ceux des autres institutions régionales ;
3) entre les politiques et programmes de la Région CEDEAO et la stratégie de développement des Etats membres.
- Devenir à terme le programme de développement de la région
Cette ambition est justifiée par l’article 2 du Traité révisé de la CEDEAO. Le PCD s’est déjà doté d’un Document de Stratégie Régionale de Réduction de la Pauvreté (DSRRP) et d’autres documents de stratégie, visant à favoriser la transformation économique de la Région, sont en cours d’élaboration.
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