Bureau régional de l’Afrique de l’Organisation mondiale de la Santé,
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Ce rapport présente un tableau complet de l’état de la santé et de ses déterminants dans la Région africaine de l’OMS. Il entend servir de référence pour les progrès accomplis, à l’heure où les États Membres de la Région africaine adoptent une série d’actions pour entraîner leurs populations vers les idéaux de santé et de bienêtre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Le rapport reconnaît la complexité inhérente à la satisfaction de besoins sanitaires des populations, qui exige des actions de la part d’une multitude d’acteurs, et dont les résultats dépendent fortement du contexte.
Le Cadre d’action pour l’édification des systèmes de santé en vue d’atteindre les objectifs de développement durable et d’assurer la couverture sanitaire universelle dans la Région africaine (le Cadre d’action), adopté lors de la soixante-septième session du Comité régional pour l’Afrique (document AFR/RC67/10), sert de base pour cette analyse. Le rapport est organisé en deux parties : un aperçu de la situation au niveau régional, suivi d’une présentation pays par pays.
État de la santé dans la région africaine
État de la vie en bonne santé dans la Région africaine de l’OMS
Dans l’ensemble, la tendance de l’espérance de vie moyenne en bonne santé s’allonge dans la Région africaine, passant de 50,9 à 53,8 ans, au cours de la période 2012-2015. Il est de même pour l’espérance de vie médiane en bonne santé, qui est passée de 50,1 à 53,6 ans, entre 2012 et 2015. Cette évolution confirme une amélioration de la santé et du bien-être des habitants de la région.
La durée de vie en bonne santé dans la Région africaine demeure bien moins longue que dans le reste du monde. C’est la seule région de l’OMS où l’espérance de vie en bonne santé est inférieure à 60 ans (soit 52,3 ans contre 60,1 ans, pour la région qui la précède, à savoir la Région de la Méditerranée orientale). Il y a un écart de 16,4 années entre la Région africaine et la Région du Pacifique occidental – la plus performante au monde, écart qui est représentatif de la différence notable pour la population de la Région africaine.
Facteurs de risque qui influencent la vie en bonne santé dans la Région africaine
Les facteurs de risque qui influent sur la vie en bonne santé restent un sujet de préoccupation majeure dans la Région africaine, car ils sont associés à l’aggravation de la tendance de la charge de morbidité observée. Le Plan d’action mondial de l’OMS pour la lutte contre les MNT (2013-2020) recommande que les pays s’attaquent à quatre types de maladie (les affections respiratoires chroniques, les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabète) en luttant contre quatre facteurs de risque (l’abus d’alcool, la sédentarité, la mauvaise alimentation et le tabagisme).
À l’heure actuelle, un habitant de la Région africaine âgé de 30 à 70 ans a 20,7 % de risques de mourir de l’une de ces MNT majeures, une probabilité qui correspond à la tendance mondiale, soit 19,4 %. La probabilité la plus faible de mourir de ces maladies est enregistrée dans la Région des Amériques (15,4 %) et dans la Région européenne (18,4 %), ce qui peut s’expliquer par les services très spécialisés dont bénéficient les populations dans certains pays de ces régions. Les efforts visant à mettre à disposition des services très spécialisés pour lutter contre ces MNT peuvent donc être fructueux.
État de santé et résultats liés à la santé de la population dans la région africaine
Caractéristiques des résultats souhaités en matière de santé et liés à la santé dans le cadre des ODD
Une analyse plus poussée de l’indice de la santé et des résultats liés à la santé de la population a été réalisée en examinant la moyenne de l’indice des pays selon le niveau de revenu, tel qu’il est défini par la Banque mondiale. L’indice pour les pays augmente au fur et à mesure que leur produit intérieur brut (PIB) augmente, indiquant ainsi l’existence d’un lien entre le revenu du pays, d’une part, et la santé et les résultats liés à la santé de la population, d’autre part.
La moyenne de l’indice varie de 0,68 aux Seychelles (le seul pays à revenu élevé) à 0,45 dans les pays à faible revenu, soit une variation de plus de 50 %. Cet écart illustre, une fois de plus, les niveaux de disparité dans la région, où les populations des pays les plus riches utilisent davantage les services de santé et les services connexes dont ils ont besoin pour leur santé et leur bien-être. Des méthodes innovantes sont nécessaires pour améliorer la santé et les résultats liés à la santé dans les pays à faible revenu.
Disponibilité des services essentiels à toutes les étapes de la vie
La disponibilité des services essentiels est un indicateur des prestations qui sont disponibles pour la population. Ces services doivent correspondre aux besoins de santé et de bien-être. La disponibilité des services essentiels est le «parent pauvre» de la CSU; un système capable de fournir les services dont les gens ont besoin, dans n’importe quel groupe d’âge, est en passe d’avoir la CSU.
Le Cadre d’actions propose un ensemble de services pour chaque cohorte.
Tableau 1 : Services de référence essentiels pour chaque cohorte d’âge
Couverture des interventions médicales essentielles
La disponibilité des services essentiels ne concerne que ce qui est disponible pour les différentes cohortes d’âge. Toutefois, la présence de services ne signifie pas qu’ils seront utilisés comme prévu par les bénéficiaires potentiels. La couverture des interventions médicales essentielles examine dans quelle mesure les bénéficiaires potentiels utilisent les services, comme il convient. Des niveaux d’utilisation élevés signifient de meilleurs résultats en termes d’amélioration de la santé et du bien-être, et vice versa. Des interventions sanitaires essentielles doivent être effectuées dans toutes les fonctions de santé publique – promotion de la santé, prévention des maladies, soins curatifs et réadaptation ou soins palliatifs.
Niveaux de protection contre les risques financiers
De nombreux pays n’ont pas mis en place de mécanismes d’assurance sociale pour la santé en raison des coûts élevés que les gouvernements auraient à supporter, en subventionnant les personnes qui ont une faible capacité financière et en couvrant au moins les frais de gestion au démarrage. Toutefois, pour évoluer efficacement vers la protection contre le risque financier de manière à aboutir à la CSU, il est important que les pays portent un regard critique sur la façon dont ils peuvent davantage orienter leur financement vers la sécurité sociale.
Couverture des cibles des ODD liées à la santé
La Région africaine ne réalise que 57 % des objectifs qu’elle pourrait atteindre pour tous les ODD liés à la santé. Il est clair que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer ce score. De plus, les scores varient considérablement d’un pays à l’autre, allant de 0,45 à 0,8.
Parmi ces déterminants, ce sont ceux relatifs à l’environnement qui contribuent le plus à la hausse de l’indice global (0,65) contrairement aux déterminants économiques qui le tirent le plus vers le bas (0,40). Le faible rendement global des économies de la région entraîne la non-réalisation des objectifs de développement durable liés à la santé, la faiblesse des infrastructures étant le facteur principal.
Performances des systèmes de santé dans la Région africaine
Caractéristiques des systèmes de santé efficaces
On qualifie d’efficace, un système de santé à même de fournir à la population des services essentiels de santé et des services connexes, en tant que de besoin.
Dans son Cadre d’action dans la Région africaine, l’OMS a proposé de mettre l’accent sur les retombées des investissements effectués dans les systèmes de santé, notamment dans quatre domaines, tels qu’ils figurent dans le tableau ci-dessous. Ces derniers représentent les résultats attendus des investissements dans le système de santé. En faisant des progrès dans ces quatre domaines, la prestation des services essentiels de santé et connexes est assurée.
Tableau 2 : Caractéristiques des performances du système de santé
Accès aux services essentiels dans la Région africaine
Le niveau d’accès à la santé des populations est le facteur clé qui permet de déterminer si des services essentiels de santé et des services connexes peuvent être proposés pour soutenir les progrès en matière de santé et de bien-être. Les investissements dans le secteur de la santé en faveur de la main-d’œuvre, des infrastructures/de l’équipement et des fournitures restent faibles dans la région, comme le montre le faible indice d’accès de 0,32. En moyenne, les systèmes de la région ne sont en mesure d’assurer que 32 % de l’accès potentiellement possible aux services essentiels. Cette situation continuera de constituer un obstacle majeur aux efforts déployés par les États membres pour atteindre les objectifs de la CSU et connexes, nécessaires à la santé et au bien-être de leurs populations.
Qualité des soins dans la Région africaine
Seuls cinq des 47 pays de la région ont un indice de qualité supérieur à 0,75 : les Seychelles, l’Algérie, Madagascar, le Malawi et la Zambie, classés par ordre de performance. Le score de la qualité des soins ne semble pas être influencé par le niveau de revenu du pays.
Ces résultats suggèrent que des progrès dans l’amélioration de la qualité des soins peuvent être accomplis, quel que soit le niveau de financement dans un pays. Il faudrait déployer des efforts dans l’ensemble de la région pour améliorer la qualité des soins.
Résilience des systèmes de santé en matière de prestation de services essentiels dans la Région africaine
Dans la Région africaine, il existe un lien direct entre le faible score enregistré pour la résilience et les effets fréquents et dévastateurs des épidémies et des catastrophes. Les pays qui sont en proie à ces chocs connaissent généralement une baisse importante des résultats liés aux services de santé en raison de leur faible résilience. Les niveaux de résilience dans la Région correspondent seulement à 39 % de ce qui serait nécessaire pour assurer la prestation des services essentiels pendant les épidémies et les catastrophes.
Situation des investissements dans les systèmes de santé
Caractéristiques des investissements dans les systèmes de santé
Les domaines présentés ci-après sont ceux où le secteur de la santé doit vraiment investir pour pouvoir fonctionner au niveau requis en vue de réaliser des progrès vers l’obtention de la CSU. Le cadre définit sept domaines d’investissement dans la santé, répartis en deux grandes catégories : i) Les intrants concrets qui permettent de fournir les services essentiels nécessaires, tels que le personnel de santé, les infrastructures de santé, ainsi que les produits et les technologies médicaux; ii) Les processus immatériels nécessaires permettant d’accompagner l’utilisation des intrants concrets – qui comprennent la façon dont les systèmes sont conçus pour assurer la prestation des services, la gouvernance de la santé, l’information sanitaire et le financement de la santé.
Figure 1 : Classement des domaines d’investissement du système de santé
Certaines activités nécessitent des investissements. Elles vont de la production à la motivation du personnel requis pour pouvoir assurer la prestation des services, en passant par son recrutement, son déploiement et sa gestion. Les résultats de tous ces investissements visent à disposer, dans chaque pays, d’un personnel suffisant, qualifié et techniquement adapté, à même d’assurer la prestation des services essentiels de santé et connexes requis pour conserver la santé et le bien-être.
Certaines activités nécessitent des investissements. Elles vont de la production à la motivation du personnel requis pour pouvoir assurer la prestation des services, en passant par son recrutement, son déploiement et sa gestion. Les résultats de tous ces investissements visent à disposer, dans chaque pays, d’un personnel suffisant, qualifié et techniquement adapté, à même d’assurer la prestation des services essentiels de santé et connexes requis pour conserver la santé et le bien-être.
La conception et le niveau de performance des systèmes de prestation de services ont un impact déterminant sur les niveaux d’accessibilité, de couverture et d’utilisation des services de santé essentiels et des services liés à la santé. Pour faciliter la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) en matière de santé, ce système de prestation de services devrait être conçu non seulement comme un mécanisme de coordination et de gestion de la prestation de services publics, mais également comme un système solide permettant d’assurer :
▶ la participation des prestataires de services non étatiques, en particulier le secteur privé, à tous les niveaux de fourniture et de gestion des services;
▶ l’identification et l’implication des acteurs des secteurs sociaux, économiques, environnementaux et politiques liés à la santé, à tous les niveaux de fourniture et de gestion des services;
▶ une liaison appropriée avec les communautés et les ménages an de les associer au processus de soins de façon à garantir la prise en compte de leurs besoins et leurs attentes par rapport au processus de soins.
Dans la Région africaine, l’accent n’est pas suffisamment mis sur la conception, le financement et le suivi des systèmes de prestation de services nécessaires pour une prestation efficace des services de santé et des services liés à la santé. En conséquence, l’utilisation des ressources disponibles est peu efficace.
État des systèmes de gouvernance de la santé dans la Région africaine
L’examen de la situation des attributs de la gouvernance révèle plusieurs freins au niveau des pays :
-Structure et culture organisationnelles : Alors que tous les ministères (et les structures infranationales) sont dotés d’une structure par un document officiel ou de manière implicite, dans la pratique, un grand nombre de ces ministères fonctionnent différemment.
-Systèmes juridiques et réglementaires : Tous les pays disposent d’un cadre juridique d’orientation de la santé qui est généralement défini à trois niveaux : les dispositions constitutionnelles qui ont un impact sur la santé; une loi générale de la santé et des lois spécifiques aux maladies/domaines (par exemple, la Loi sur les ressources humaines pour la santé, la Loi sur le diabète, etc.); et/ou des lois de santé décentralisées. Celles-ci sont rarement interreliées, si bien que l’on trouve certains domaines qui disposent de multiples dispositions juridiques tandis que d’autres en sont dépourvus.
-La lutte contre la corruption, l’intégrité et la confiance de la population
-Près de 60 % des informateurs interrogés étaient d’avis que leur pays avait un type ou un autre de mécanisme de génération régulière de données factuelles permettant de faciliter la prise de décisions éclairée. Toutefois, ce processus de responsabilisation n’est pas bien institutionnalisé.
– Tous les pays ont une forme ou une autre de politique, de stratégie et/ou de plan. Toutefois, ces outils ne sont pas toujours produits avec la participation active des parties prenantes. En outre, ils sont souvent incomplets, manquant de couvrir la totalité des priorités qui devraient être prises en compte.
Situation des systèmes d’information et de recherche en santé dans la Région africaine
La capacité et l’orientation de la recherche en santé varient considérablement au sein de la région. Une analyse basée sur un outil-baromètre de la recherche en santé a révélé une capacité moyenne de 42,3 % seulement dans la région, pour une plage allant de 6 % à 81 % au sein des pays. Les capacités varient dans les domaines d’action et comportent de nombreuses lacunes dans le domaine de la gestion, de la gouvernance de la gestion ou des compétences techniques de recherche.
L’application de la recherche à la politique demeure un défi critique dans la région. Dans certains pays, des réunions officielles de diffusion de la recherche sont organisées avec les décideurs pour partager les conclusions. Par ailleurs, dans certains pays, les chercheurs travaillent avec les décideurs pour définir les programmes de recherche qui permettront d’orienter la conduite de la recherche. Tous ces efforts donnent des résultats spécifiques localisés, du fait de la nature complexe du processus décisionnel.
État des systèmes de financement de la santé dans la Région africaine
Les systèmes de financement de la santé sont complexes et comprennent différents mécanismes de mobilisation, de gestion et d’utilisation des ressources.
Il n’y a pas une voie unique de s’assurer que les objectifs de financement de la santé sont atteints ; chaque pays doit plutôt définir ses processus, en tenant compte de son contexte particulier, pour s’assurer d’atteindre les objectifs de pertinence, d’équité et d’efficience des ressources dans son système de financement. Les pays doivent réfléchir de manière stratégique aux éléments de financement de la santé pour déterminer le meilleur système à appliquer.
Une stratégie nationale de financement de la santé vise à faciliter ce processus. Toutefois, 29 des 47 pays de la région n’ont pas encore commencé à élaborer leur stratégie de financement de la santé. Le financement reste donc un processus passif, dont la structure, la forme et les résultats ne sont pas bien coordonnés. Les ministères des différents pays doivent mettre l’accent sur le financement de la santé de manière plus proactive et veiller à conduire le programme d’action pour obtenir de meilleurs systèmes de financement de la santé.
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