Auteur(s) : Banque mondiale et Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Année de publication :
2017
Lien vers le document original
Résumé analytique
Pourquoi investir dans la couverture santé universelle (CSU) ?
Les investissements dans les systèmes de santé en Afrique sont la clé d’une croissance inclusive et durable. La forte croissance économique de ces dernières années a contribué à abaisser le taux de pauvreté à 43 % de la population. Toutefois, avec l’augmentation de la population de l’Afrique – qui devrait atteindre 2,5 milliards d’ici 2050 – un des défis cruciaux pour la région est de créer les bases d’une croissance inclusive à long terme.
De nombreux pays souffrent encore de taux élevés de mortalité infantile et maternelle, la malnutrition est encore trop répandue, et la plupart des systèmes de santé ne sont pas en mesure de gérer efficacement les épidémies ni le fardeau croissant des maladies chroniques telles que le diabète. Ces défis exigent un renouvellement des engagements et des progrès accélérés en vue de la couverture santé universelle (CSU) qui permettra à chacun de recevoir les soins de santé selon ses besoins, et sans difficultés financières.
Les dépenses de santé en Afrique ont fortement augmenté, mais les dépenses publiques domestiques marquent le pas
Investir dans la CSU est rentable. La première raison d’investir dans la CSU est d’ordre moral : il est inacceptable que certains membres de la société soient exposés à la mort, à l’invalidité, à la maladie et à l’appauvrissement pour des questions qui pourraient être réglées à peu de frais. Mais la CSU est également un bon investissement. La prévention de la malnutrition ainsi que de la mauvaise santé se traduira probablement par des effets bénéfiques considérables en termes de vies plus longues et productives, de niveaux de revenu plus élevé, et de frais médicaux épargnés.
Une réponse efficace à la demande de planification familiale accélèrera la transition en matière de fécondité, qui entraînera à son tour des taux de croissance économique plus élevés ainsi qu’une réduction plus rapide de la pauvreté. De plus, l’amélioration des systèmes de surveillance épidémiologiques peut endiguer le coût humain et les conséquences économiques des épidémies. En 2015, la perte de croissance économique due au virus Ébola s’est chiffrée à plus d’un milliard de dollars USD dans les trois pays touchés par l’épidémie.
La CSU en Afrique : progrès et défis
Les dépenses de santé en Afrique ont fortement augmenté, mais les dépenses publiques domestiques marquent le pas. Dans l’ensemble, la dépense de santé a augmenté rapidement au cours des vingt dernières années, en particulier dans les pays à revenu intermédiaire. Mais cette augmentation est due principalement aux dépenses de santé payées directement par les ménages et à l’aide au développement, dont environ la moitié était destinée aux dépenses liées au VIH/sida. C’est ainsi que la part des dépenses de santé dans la dépense publique totale a diminué dans la moitié des pays de la région.
En 2014, seuls quatre pays ont atteint l’objectif d’Abuja qui fixe à 15 % la part des dépenses publiques à consacrer à la santé. Le faible niveau des ressources domestiques engagées se traduit souvent par des pénuries d’intrants essentiels, tels que les ressources humaines pour la santé et les produits pharmaceutiques.
Les investissements dans les systèmes de santé en Afrique sont la clé d’une croissance inclusive et durable
Si la couverture des services de santé essentiels a augmenté, de graves lacunes subsistent. La couverture en matière de moustiquaires traitées à l’insecticide pour les enfants a rapidement augmenté en Afrique, ce qui explique partiellement la baisse de la mortalité infantile. D’autres indicateurs liés aux services de santé maternelle et infantile, tels que les soins prénatals et l’accouchement assisté par du personnel qualifié, se sont également améliorés. De grandes disparités subsistent néanmoins à l’intérieur des pays et la couverture reste très incomplète pour de nombreux services essentiels.
L’accès aux services de traitement du VIH/sida, de la tuberculose et du paludisme reste inégal et inférieur aux autres indicateurs de base de progrès de la CSU. Les progrès sont également lents quant à l’amélioration l’accès à l’eau et à l’assainissement, et la région est loin d’atteindre l’objectif de développement durable 2030 qui vise à assurer à 80 % de la population une couverture en matière de services de santé de base essentiels.
Des millions d’Africains sombrent dans la pauvreté à cause du niveau élevé des paiements directs de santé. La protection contre les risques financiers est généralement faible en Afrique, obligeant la plupart des patients à puiser dans les revenus de leur ménage pour payer les services de santé, ce qui s’appelle paiements directs de santé. Dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire (tranche inférieure), les patients sont moins protégés contre les paiements directs élevés que ceux des pays à revenu intermédiaire (tranche supérieure).
Les paiements directs de santé ont augmenté dans presque tous les pays, passant de 15 dollars USD par habitant en 1995 à 38 dollars USD en 2014. Ainsi, 11 millions d’Africains basculent chaque année dans la pauvreté à cause du niveau élevé des paiements directs de santé. Protéger les personnes de la paupérisation causée par les paiements de santé est une pierre angulaire de la CSU, et contribuera à empêcher la pauvreté en Afrique.
Accélérer les progrès en vue de la CSU : opportunités, orientations et direction
Accélérer les progrès en vue de la CSU en Afrique est à portée de main, mais exigera un leadership politique et une vision stratégique claire. La plupart des pays africains ont intégré la CSU parmi les objectifs de leur stratégie nationale de santé. Mais ces engagements sont lents à se traduire par un accroissement des ressources domestiques consacrées à la santé, par une aide efficace au développement avec pour résultat des services de santé équitables et de qualité et une protection financière accrue. Les pays qui atteindront leurs objectifs en matière de CSU d’ici 2030 pourront éviter un grand nombre de décès materno-infantiles, renforcer la résilience face aux crises sanitaires, réduire les difficultés financières liées à la maladie et consolider les bases d’une croissance économique à long terme.
Des millions d’Africains sombrent dans la pauvreté à cause du niveau élevé des paiements directs de santé
Il n’existe pas d’approche unique pour atteindre la CSU – les stratégies dépendront du contexte local et du dialogue national. Malgré la grande diversité des pays africains, beaucoup d’entre eux sont confrontés à des défis communs. Le présent cadre propose aux pays et aux acteurs impliqués dans la réalisation de la CSU un ensemble de mesures. Il a pour ambition de stimuler des activités en démontrant que les progrès en vue de la CSU sont non seulement possibles, mais également primordiaux.
La CSU en Afrique : un cadre pour l’action
Financement : dépenser plus et mieux, assurer une protection financière efficace
– Améliorer l’efficacité des dépenses de santé publiques et privées pour obtenir de meilleurs résultats et accroître les ressources ;
– Accroître les dépenses publiques de santé par le biais d’une réallocation budgétaire et d’une mobilisation accrue des ressources nationales ;
– Réduire les obstacles financiers à l’utilisation des soins de santé et rendre les services de santé abordables pour tous ;
– S’assurer que les personnes pauvres et les travailleurs du secteur informel bénéficient du prépaiement et que les prestataires bénéficient de conditions équitables ;
– Allouer des ressources budgétaires spécifiques pour réduire les obstacles financiers à l’utilisation des soins de santé ;
– Améliorer l’efficacité de l’aide au développement pour la santé, en améliorant la coordination et l’utilisation des systèmes de santé des pays.
Services : centrage sur le patient, qualité des soins et action multisectorielle
– Mettre en place des services de santé centrés sur le patient afin d’améliorer la qualité des services et la sécurité des patients ;
– Donner la priorité aux investissements dans les services de soins communautaires et de santé primaires dans le cadre de systèmes viables de gouvernance au niveau local ;
– Créer des partenariats avec la société civile et les prestataires non gouvernementaux afin d’élargir l’accès aux services et aux interventions essentiels ;
Investir dans la formation initiale, particulièrement dans les zones mal desservies ;
– Entreprendre une action multisectorielle pour établir les déterminants de la santé.
Équité : cibler les pauvres et les groupes marginalisés, en ne laissant personne au bord du chemin
– Cibler les populations vulnérables et concevoir des programmes adaptés à leurs besoins ;
– Étendre les prestations de services aux groupes et lieux marginalisés ;
– Porter à l’échelle nationale les interventions favorables aux pauvres, telles que les incitations à la demande, notamment les bons et les transferts conditionnels en espèces ;
– Protéger les droits des femmes, des enfants et des minorités, en particulier durant les périodes de leur vie où ils sont vulnérables.
État de préparation : renforcer la sécurité sanitaire
– Améliorer les plans de préparation nationale, notamment la structure organisationnelle du gouvernement ;
– Promouvoir l’adhésion au Règlement sanitaire international (RSI) ;
– Utiliser le cadre international pour le suivi et l’évaluation du RSI ;
– Améliorer la collaboration avec les partenaires concernés et entre les pays pour la préparation et la réponse aux crises sanitaires.
Gouvernance : ancrages politiques et institutionnels de l’agenda de la CSU
– Mettre en place des plateformes et des processus pour encourager le dialogue sociétal ;
– Renforcer les mécanismes qui ont démontré leur efficacité dans le dialogue intersectoriel et l’action ;
– Établir un système de suivi et de rapports transparent sur les progrès en vue de la CSU ;
– Assurer à l’ensemble des citoyens l’accès aux données et aux informations relatives à la CSU, dans le cadre d’un dialogue sociétal et de processus participatifs ;
– Renforcer les institutions et les organisations nationales pour qu’elles puissent diriger la mise en oeuvre des réformes nécessaires à la CSU.
Les Wathinotes sont soit des résumés de publications sélectionnées par WATHI, conformes aux résumés originaux, soit des versions modifiées des résumés originaux, soit des extraits choisis par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au thème du Débat. Lorsque les publications et leurs résumés ne sont disponibles qu’en français ou en anglais, WATHI se charge de la traduction des extraits choisis dans l’autre langue. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
The Wathinotes are either original abstracts of publications selected by WATHI, modified original summaries or publication quotes selected for their relevance for the theme of the Debate. When publications and abstracts are only available either in French or in English, the translation is done by WATHI. All the Wathinotes link to the original and integral publications that are not hosted on the WATHI website. WATHI participates to the promotion of these documents that have been written by university professors and experts.