Auteur(s): Franck Kuwonu
Date de publication: Décembre 2016 – Mars 2017
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Selon une étude d’Afrobaromètre, un réseau de recherche panafricain indépendant qui réalise des sondages d’opinion, près de la moitié des personnes interrogées dans 36 pays africains disent n’avoir pas eu accès aux soins médicaux qu’elles désiraient en 2014 ou 2015, et 4 personnes sur 10 ont indiqué avoir eu « du mal » ou « beaucoup de mal » à obtenir des soins nécessaires pendant cette période.
Partout en Afrique de l’Ouest, tel est le dilemme qui se pose à de nombreux patients en quête de soins de santé de qualité. Des citoyens de la Côte d’Ivoire, de la Gambie, du Libéria et de la Sierra Leone se rendent souvent au Ghana pour se faire soigner.
Quels sont donc ces soins de santé qu’offre le Ghana et qui attirent les Ghanéens tout comme les étrangers ?
Accès garanti
La réponse se trouve dans la disponibilité et l’accessibilité. Afin de rendre les soins de santé accessibles à tous, le Ghana a été l’un des premiers pays africains à mettre en place un système universel d’assurance maladie — le National Health Insurance Scheme (NHIS).
Le pays met actuellement en œuvre un programme de partenariat public-privé qui permet à un réseau d’établissements privés de dispenser des soins de santé dans des régions dépourvues de services de santé publique. Bien qu’il soit confronté à des défis, ce programme a été applaudi à l’échelle internationale, notamment par les Nations Unies et la Banque mondiale, en tant que modèle pour l’Afrique subsaharienne, face aux défis auxquels sont confrontés les systèmes de santé publique de la région.
Le NHIS est subventionné par le gouvernement et financé surtout grâce à la taxe sur certains biens et services. Il couvre le traitement des maladies les plus répandues dans le pays, dont le paludisme, les maladies de la peau, les troubles de l’estomac, l’hypertension, le diabète, l’asthme, les infections oculaires et auriculaires, les rhumatismes et la typhoïde. Le système couvre également les soins dentaires.
Conformément à la loi, toute personne résidant au Ghana est tenue de s’inscrire et, à moins qu’elle n’appartienne à l’un des groupes exemptés, de payer des primes annuelles. En contrepartie, ces personnes ne sont pas tenues d’effectuer d’autres paiements directs lorsqu’elles ont besoin de soins.
En 2013, plus de 10 millions de personnes étaient inscrites au NHIS, soit environ 38 % de la population totale. Dans le classement Afrobaromètre des pays par pourcentage de citoyens n’ayant pas accès aux soins de santé, le Ghana bénéficie du quatrième plus faible pourcentage (26 %) sur les deux dernières années, juste derrière l’Algérie (25 %), le Cap-Vert (19 %) et l’Île Maurice (2 %).
La performance du Ghana peut être attribuée au régime d’assurance. Une étude sur l’impact du NHIS sur l’utilisation des soins de santé, publiée en 2012 dans le Ghana Medical Journal, révèle que les personnes disposant d’une assurance maladie sont plus susceptibles d’obtenir des ordonnances, de se rendre dans les cliniques et de chercher des soins de santé formels en cas de maladie. Et les auteurs de conclure : « L’objectif du gouvernement ghanéen d’accroître l’accès au secteur des soins de santé formels grâce à l’assurance maladie a été atteint au moins en partie . »
Crise de croissance
Les choses n’ont cependant pas toujours été simples pour le NHIS depuis sa création il y a plus de dix ans et le système semble passer par une crise . Selon les estimations du gouvernement, seulement un peu plus de 38 % de la population participe au régime en place, et les hôpitaux continuent de demander à certains assurés de payer pour leurs soins. Les fournisseurs de soins de santé se plaignent régulièrement de ne pas être remboursés assez rapidement.
En outre, bien que l’assurance soit obligatoire pour tous les résidents du Ghana et qu’elle soit financée par les primes des abonnés — 2,5% de cotisation nationale d’assurance maladie, 2,5% de fonds d’affectation de la sécurité sociale et de l’assurance nationale, les déductions du secteur formel, les fonds du gouvernement, les associations caritatives et les retours d’investissement — les experts estiment que depuis 2009, le régime reste insuffisamment financé.
La National Health Insurance Authority ( Organisme national d’assurance médicale), qui administre la NHIS, note sur son site Web que 69 % des assurés sont exemptés du paiement des primes. Il s’agit des moins de 18 ans et des plus de 70 ans, des femmes enceintes, des nécessiteux et de ceux qui appartiennent à des catégories particulières d’invalidité.
L’agence reconnaît que le coût de la prestation de soins a augmenté beaucoup plus rapidement que les ressources financières disponibles depuis que le régime est devenu opérationnel en 2005, ce qui a donné lieu à des déficits annuels croissants ces dernières années.
En vue de pérenniser le régime, une étude commandée par le gouvernement propose de réduire les coûts en limitant la couverture médicale aux soins de base, maternels et infantiles.
Alors que le pays réfléchit à la pérennisation de son régime d’assurance et aux problèmes que rencontrent parfois les établissements publics en ce qui concerne la fiabilité des soins, Korle-Bu, le principal hôpital public d’Accra, continue d’attirer des patients venus de l’étranger du fait de sa réputation en matière d’innovation et de soins de pointe.
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