Auteur (s) : Guy Stéphane DAGO
Organisation affiliée : Médiaterre
Type de publication : Article de presse
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Selon l’organisation de coopération et de développement économique (OCDE), la croissance verte consiste à favoriser la croissance économique et le développement tout en veillant à ce que les actifs naturels continuent de fournir les ressources et les services environnementaux sur lesquels repose notre bien-être.
Concernant l’Afrique, plus précisément l’Afrique de l’Ouest, l’on constate que bien que la notion d’économie verte soit de plus en plus médiatisée, bon nombre d’Africains restent sceptiques quant à l’obtention de résultats concrets sur le terrain.
Cela se justifie facilement quand on sait que la majorité des instituts de statistique estime que bien que l’Afrique de l’Ouest connaîtra une croissance de 6% en moyenne pour 2013, un peu plus de 52 % de sa population vivra toujours en dessous du seuil de pauvreté.
Cependant l’erreur à ne pas commettre serait d’espérer des résultats positifs sans avoir mis en place au préalable un environnement économique, social et juridique favorable.
Le développement durable repose sur un équilibre entre social, économie et environnement. Malheureusement le social est quelques fois marginalisé par rapport aux autres notions. En ce qui concerne l’Afrique, cela ne doit pas être le cas. Le développement durable se doit de replacer l’Homme au centre des préoccupations et la sensibilisation sur ce point doit se faire de manière plus pragmatique.
En effet dans ces pays-là, l’accent est particulièrement mis sur des initiatives favorisant une économie sobre en CO2 …On parle de produits du quotidien plus respectueux de l’environnement comme par exemple l’utilisation de sacs biodégradables etc…Bien que tout ceci soit louable ; cela n’intéresse pas premièrement l’Africain qui n’arrive pas à satisfaire ses besoins de première nécessité.
Le développement durable devrait plutôt lui être présenté comme une réponse au mécontentement des populations défavorisées qui généralement habitent non loin des dépôts d’ordures et sont ainsi exposées à toutes sortes de maladies.
En d’autres termes, l’on devrait présenter le développement durable comme une option concrète aux problèmes d’accès à l’eau potable, à l’assainissement, à l’énergie et à la sécurité alimentaire…
Le développement durable se doit de replacer l’Homme au centre des préoccupations et la sensibilisation sur ce point doit se faire de manière plus pragmatique
Le développement durable et l’État
Voici deux faits importants constatés :
D’une part, les pays en voie de développement ont beaucoup de difficultés pour financer et garantir un usage propre et durable de leurs ressources naturelles.
D’autre part, ils doivent faire face aux principes sans frein de l’économie de marché qui n’hésite pas à user du fait que sous la pression des besoins, les populations pauvres ont tendance à brader leurs ressources et leur environnement.
Cela révèle une vérité indéniable, en Afrique, le premier ennemi du développement durable est la pauvreté.
L’action de l’Etat devrait s’établir en deux grandes parties :
Dans une premier partie, la mise en place de mécanismes économiques et juridiques qui auront une double fonction pour les entreprises ; Une fonction de “régulateur” et une fonction de “catalyseur”.
Dans une seconde partie, maintenir la paix dans le pays, rendre la sensibilisation sur les problématiques durables plus adaptée aux réalités africaines et surtout la rendre plus accessible à toute la population.
Comment tendre vers un environnement économique et juridique favorable à la croissance verte ?
Les mécanismes qui devront être mis en place par l’Etat et les institutions économiques concernées doivent avoir pour objectif d’améliorer la qualité de vie de la population mais aussi de rendre la croissance verte inclusive.
La croissance verte inclusive se définit comme une croissance verte favorisant la création d’une société où tous les citoyens ont accès au marché du travail et bénéficient des retombées de la croissance économique.
Cela révèle une vérité indéniable, en Afrique, le premier ennemi du développement durable est la pauvreté
Pour atteindre ces objectifs voici quelques propositions :
- Mise en place d’un cadre réglementaire et politique favorisant une réduction des coûts (Baisse des taxes, Subventions etc..) pour les entreprises intégrant le développement durable dans leur procédure.
- Mise en place par chaque Etat d’une stratégie nationale visant à promouvoir l’économie de proximité. L’économie de proximité se définit d’abord comme un mode d’organisation de l’économie autour de la relation directe. Son objectif est d’augmenter le bien-être en valorisant le territoire par les acteurs qui l’habitent et pour eux. Elle se définit ensuite par son rapport au développement local. Elle est également source d’emplois induits (emplois affectés par l’activité d’autres secteurs) et renforce la vitalité du territoire.
- Mise en place d’une réglementation transparente, équitable et efficace privilégiant dans l’établissement des partenariats Nord-Sud ou Sud-Sud, le transfert de technologie et la transformation sur place des matières premières. Cela sous-entend la mise en place d’une politique d’industrialisation
- Mise en place d’une fiscalité environnementale adaptée à l’essor des énergies renouvelables et à la protection des terres rares
- Application du principe de précaution, de la responsabilité élargie du producteur et du principe du pollueur-payeur à l’échelle des entreprises
- Mise en place d’un environnement d’investissement favorable pour le secteur privé. Cela implique en plus d’un environnement macro-économique et juridique stable, des mécanismes pour promouvoir des modèles spécifiques tels que les partenariats public-privé (PPP) et la disponibilité de financements concessionnels, de dons pour la préparation de projets et de capital d’amorçage
- Sensibilisation portant sur les avantages stratégiques du développement durable et de la croissance verte inclusive dans tous les domaines (agricoles, économiques, industriels etc…)
- Sensibilisation sur les coûts du non-respect des démarches environnementales, de ses impacts à court et à long terme et comment est-ce qu’on peut en tirer économiquement des avantages décisifs
- Mise en place d’une politique encourageant la promotion des méthodes d’économie d’énergies, l’optimisation de la gestion des déchets, les stratégies agricoles durables pour lutter contre l’insécurité alimentaire, les facilités d’accès à l’eau potable…
Faire de la croissance verte inclusive et du développement durable une priorité est non seulement un enjeu stratégique majeur pour l’Afrique mais aussi une opportunité exceptionnelle à saisir dans sa marche vers son épanouissement.
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