Auteurs : Mohammed Rachid Doukkali Onasis Tharcisse A. Guèdègbé Fatima Ezzahra Mengoub
Organisation affiliée : OCP Policy Center
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2017
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Diversité de l’agriculture africaine et commerce intracontinental: quelles opportunités pour l’intégration?
Depuis plus de deux décennies, les économies africaines enregistrent des performances économiques remarquables, tirant profit d’un climat plus favorable à la croissance, notamment l’amélioration des politiques économiques et de la gouvernance. Cependant, une croissance plus robuste et plus inclusive constitue aujourd’hui l’un des principaux enjeux et une des priorités des décideurs africains.
Au nombre des politiques et instruments adoptés pour réaliser cet objectif, le choix a été porté sur l’intégration économique, comme levier pour la croissance et le développement. Et au nombre des secteurs qui doivent participer à réaliser cette intégration africaine figure le secteur agricole, de même que ses déclinaisons dans les secteurs secondaire et tertiaire.
La croissance agricole en Afrique: forte mais peu résiliente
A l’échelle continentale, 5 % de croissance agricole ont été en moyenne observées pendant les deux dernières décennies. L’expansion des superficies cultivées et le recours à une main d’œuvre plus importante ont été les principaux déterminants de cette croissance. Dans une moindre mesure, les gains de productivité ont également contribué à cette performance. Malgré les engagements des États africains visant à accroître la productivité, l’intensification agricole a moins évolué en Afrique que dans le monde en général et cela a limité l’exploitation du potentiel agricole du continent.
Cette faible transformation de la technologie de production agricole a contribué à la moindre résilience des productions agricoles. La variabilité des rendements en particulier des produits de consommation de base est illustrative de cet état des choses, en l’occurrence leur sensibilité aux variations du climat. Ceci contribue à accentuer la dépendance envers les importations pour subvenir aux besoins alimentaires des populations.
Entre 2004 et 2014, la volatilité des rendements des céréales, mesurée par l’écart type des taux annuels de croissance des rendements, a été globalement supérieure à 10 % dans trente-sept pays africains et a même atteint des niveaux très élevés dans certains pays, comme c’est le cas par exemple au Lesotho où elle a été de 81 %. A titre de comparaison et sur la même période, cette volatilité a été de 10 % dans le cas de la France et des États-Unis et de 3 % dans le cas de la Chine et l’Inde.
En conséquence, et comme l’indiquent les données de la FAO, plus de la moitié des pays africains dépendent des importations pour satisfaire plus du quart de leur consommation en produits alimentaires. Au-delà des produits de base, la croissance agricole a également été tributaire des performances réalisées dans les cultures de rente comme le coton, le cacao, l’hévéa ou encore la floriculture.
Ainsi, les résultats observés quant aux performances de production agricole obtenues dans le continent indiquent d’importantes marges de progrès réalisables, notamment en matière de gains de productivité et de résilience. Les efforts doivent donc se poursuivre dans le but d’accroitre les rendements et surtout la résilience des systèmes de production.
Diversité des productions et intégration
Selon l’approche par la diversité des productions, le potentiel d’intégration peut revêtir différents aspects selon qu’il s’agisse de produits alimentaires de base ou des cultures de rente. La sécurité alimentaire est une prérogative de premier plan lorsqu’il s’agit des produits alimentaires de base. Ainsi, il faudrait se pencher sur comment l’intégration peut renforcer la sécurité alimentaire. Pour ce qui est des cultures de rente, il s’agit plus de questions de spécialisation et de développement de chaines de valeur à l’échelle régionale.
Les céréales
Les céréales constituent le groupe de produits agricoles le plus important en Afrique. Elles occupent la part la plus importante de l’assolement et constituent une base de l’alimentation dans une grande partie des pays. Cela dit, et à l’instar des autres aliments de base, il demeure important d’élever les niveaux de production et d’échange de céréales au sein du continent pour réaliser la sécurité alimentaire.
Les céréales cultivées diffèrent d’un pays à l’autre et au sein d’un même pays selon les régimes alimentaires, eux-mêmes tributaires des conditions du milieu de production agricole et du savoir-faire des agriculteurs. Classées selon leur importance dans l’assolement total, les cinq céréales les plus cultivées en Afrique sont le maïs, le sorgho, le mil, le riz et le blé. Sur les treize types de céréales cultivées dans le continent, seules ces cinq sont présentes dans toutes les zones agro-climatiques et géographiques.
Pour chacune des céréales, qu’elle soit cultivée ou non dans toutes les zones, l’existence de déficits indique un potentiel de commerce avec les pays excédentaires. Il y a également un potentiel en matière d’échange de différentes variétés d’une même culture, de constitution de réserves sous régionales de sécurité alimentaire et de partage d’expertise pour l’amélioration de la productivité.
Selon la FAO, sur l’ensemble du continent, la production des cinq principales céréales (maïs, sorgho, mils, riz et blé) a enregistré une croissance annuelle de 2,8 % sur la période 1995-2014, passant de près de 93 millions de tonnes à plus de 167 millions de tonnes. Elle a augmenté plus rapidement que celle de la population qui a crû à un rythme de 2,5 % par an. Cette hausse de production a été tirée par une extension des superficies cultivées et des gains de productivité de diverses origines.
Il faut également noter que plus de la moitié des 800 mille tonnes de riz exportés par des pays africains (soit 3 % de la production totale) provient de deux pays seulement, l’Égypte et l’Afrique du Sud. De même, plus de 80 % des exportations de sorgho proviennent uniquement de l’Afrique du Sud et de l’Ouganda. L’Afrique du Sud s’approprie également de 85 % des exportations de blé en Afrique. Le mil est beaucoup moins exporté que les autres céréales principales. Ses volumes d’exportations ont culminé à 2 324 tonnes en 2014, dont plus de moitié provient du Burkina-Faso et de l’Ouganda.
Ces données indiquent un développement relativement faible des capacités d’exportations de céréales au sein du continent. Pour chaque céréale principale, l’amélioration des capacités d’exportation reste encore à étendre à plusieurs autres pays producteurs. Le commerce céréalier est principalement intra-africain mais hors Afrique du Sud, de faibles volumes sont commercialisés. Il demeure donc nécessaire d’impulser les gains de productivité et accroître la résilience pour garantir la stabilité de l’offre. Il faut également investir dans les capacités de stockage et les réserves stratégiques aux niveaux national et régional. La stimulation du commerce est également tributaire des efforts entrepris pour la facilitation des échanges intra-africains.
Classées selon leur importance dans l’assolement total, les cinq céréales les plus cultivées en Afrique sont le maïs, le sorgho, le mil, le riz et le blé. Sur les treize types de céréales cultivées dans le continent, seules ces cinq sont présentes dans toutes les zones agro-climatiques et géographiques. Pour chacune des céréales, qu’elle soit cultivée ou non dans toutes les zones, l’existence de déficits indique un potentiel de commerce avec les pays excédentaires
Racines et tubercules
Les racines et tubercules sont également de principales sources d’alimentation dans plusieurs pays africains. Ils représentent 3 % de l’assolement total en milieu semi-aride à aride et 21 % en milieu subhumide à humide. La diversité rencontrée dans leur production est telle que deux sous-groupes peuvent être distingués. Premièrement, les patates douces et les pommes de terre forment un sous-groupe de cultures retrouvées dans toutes les zones agro-climatiques et géographiques du continent. Deuxièmement, l’igname, le manioc et le taro sont absents dans certaines zones. Par exemple, l’igname n’est pas cultivée en Afrique du Nord et dans les zones semi arides à arides d’Afrique australe. Le manioc n’est également pas produit en Afrique du Nord.
Par ailleurs, toutes les racines et tubercules sont produites dans toutes les zones géographiques de la zone subhumide à humide. A l’instar de la situation observée dans le cas des céréales, plus une culture est répandue, plus les transferts de technologie et de savoir-faire sont possibles dans les mêmes conditions de production. C’est notamment le cas du manioc qui représente à lui seul 53 % de l’assolement dans ce groupe de cultures en Afrique.
Les patates douces et les pommes de terre forment un sous-groupe de cultures retrouvées dans toutes les zones agro-climatiques et géographiques du continent
Il est suivi de l’igname (23 %), de la patate douce (12 %), de la pomme de terre (6 %) et du taro (4 %). Les cultures moins répandues peuvent être sujettes à des spécialisations bénéfiques aux échanges. Cependant, le nombre relativement moins important de variétés dans les racines et tubercules offre un potentiel moins important en matière de commerce entre variétés. Cependant, les nombreuses voies de transformation de ces produits (variant selon les cultures alimentaires) peuvent offrir une gamme de spécialisation dans les produits dérivés.
Trois cultures (manioc, igname et patate douce) sont pratiquement absentes dans les échanges des pays africains, en particulier dans ceux des pays producteurs. Les pays dépendent pratiquement d’eux-mêmes pour leur approvisionnement alimentaire. Ils n’en exportent pratiquement pas. Les quantités exportées sont très faibles, relativement à la production nationale et le rapport du volume exporté sur le volume produit est pratiquement nul. Pareil du côté des importations.
Pratiquement tous les pays producteurs n’importent pas l’une de ces trois racines et tubercules, ou importent des quantités tellement faibles qu’elles représentent moins d’un pourcent des disponibilités intérieures. Très peu de pays non producteurs en demandent. Il importe de développer un marché intérieur de ces produits peu échangés sur le marché international, ce qui aurait par ailleurs un effet stimulant sur leur production.
Trois cultures (manioc, igname et patate douce) sont pratiquement absentes dans les échanges des pays africains, en particulier dans ceux des pays producteurs.
De consommation plus répandue et également consommée dans les pays non producteurs, la pomme de terre est plus présente dans le commerce que les trois précédentes racines et tubercules. Plusieurs pays, y compris des pays producteurs, dépendent de l’approvisionnement extérieur pour assurer leur disponibilité intérieure. Dans huit pays producteurs, plus de la moitié du disponible intérieur est assuré par les importations. Cependant, la contribution des importations au disponible intérieur s’est réduite dans onze pays producteurs , ce qui indique une tendance au développement de capacités d’exportations de la pomme de terre dans ces pays.
Légumineuses et légumes
Les légumineuses et les légumes entrent également dans la catégorie des aliments de base de la population africaine, quoique certaines de ces cultures constituent de principales exportations agricoles dans certains pays. Comme toutes les cultures alimentaires, les légumineuses et légumes cultivées par pays varient selon les habitudes de consommation. Sur les 10 principales légumineuses cultivées sur le sol africain, seules trois le sont dans toutes les zones agro-climatiques et géographiques.
De même, il n’y a que trois légumes (sur 23) qui sont cultivées dans toutes les zones. Selon l’importance de la demande de ces produits dans les différents pays, cette diversité dans la production de légumineuses et légumes, conjuguée à des hausses de production, peut se traduire en potentiel commercial non négligeable et en possibilités de spécialisations. Elle permet également des transferts de technologie et de savoir-faire, notamment dans les domaines de l’horticulture et du maraichage dans le but d’améliorer les rendements qui demeurent hétérogènes. Dans la culture de tomate par exemple, les rendements moyens obtenus en zone semi-aride à aride varient de 1 à 78 tonnes à l’hectare et varient de 3 à 76 tonnes à l’hectare en zone subhumide à humide.
Cultures de rente
Les cultures de rente peuvent être subdivisées en deux grands types selon la nature des produits cultivés. D’un côté, on a des cultures de rente de nature alimentaire et des matières premières non alimentaires. Les cultures alimentaires de rente sont globalement les fruits, les oléagineux, le thé ou le café. Ces produits peuvent être consommés directement sans préalable de transformation comme ils peuvent être à la base d’une industrie agroalimentaire plus dynamique qui peut être pensée à des échelles sous régionales ou régionales.
Selon les conditions agro-climatiques, différents produits alimentaires de rente sont cultivés dans le continent. Certains comme la banane, l’orange, l’arachide et le sésame sont présents dans toutes les zones agro-climatiques et géographiques. Si la demande y est, ils peuvent donner lieu à des échanges entre variétés et des transferts de savoir-faire. D’autres produits sont spécifiques à certains milieux de culture. C’est notamment le cas du cacao, de l’ananas, de la pomme, de la betterave à sucre, de la noix d’acajou, de la noix de palme, des olives et du soja. Au-delà des transferts de savoir-faire et de technologie, ces cultures peuvent donner lieu à des spécialisations permettant d’améliorer le commerce intra-régional.
Les cultures alimentaires de rente sont globalement les fruits, les oléagineux, le thé ou le café. Ces produits peuvent être consommés directement sans préalable de transformation comme ils peuvent être à la base d’une industrie agroalimentaire plus dynamique qui peut être pensée à des échelles sous régionales ou régionales.
Les cultures de rente non alimentaires sont principalement le coton et le tabac, également présents dans toutes les zones agro-climatiques et géographiques. D’autres cultures comme le caoutchouc, le sisal, le pyrèthre et le jute sont cultivées dans un nombre limité de pays. Ces cultures peuvent également être à la base d’une agro-industrie dynamique aux échelles nationales, sous régionales, et régionales, stimulant la production.
Ces cultures sont jusque-là cultivées pour l’exportation de matières premières, avec ainsi une faible part des chaines de valeur mondiales captées dans les économies africaines. Comme cela a été constaté dans les cas précédents, des amplitudes importantes existent dans les niveaux de rendements des cultures de rente en Afrique. Les rendements du coton par exemple ont varié entre 0,3 et 3,1 tonnes par ha en moyenne pendant la période 2010-2014.
Commerce agricole en Afrique: quelles complémentarités possibles?
Un déficit commercial qui se creuse
Les hausses de productions agricoles en Afrique se sont accompagnées d’augmentations dans les recettes à l’exportation. Ces recettes ont été portées à la hausse d’une part par les hausses conjoncturelles des cours de ces produits, mais également par la tendance d’augmentation des quantités exportées. Selon l’indice des quantités exportées de la FAO, plus de trois quarts des pays du continent ont enregistré une hausse des quantités exportées de produits agricoles entre 1995 et 2013. Les importations de produits agricoles ont toutefois augmenté dans tous les pays, d’un taux moyen de croissance annuelle variant entre 0,44 % par an en Sierra Leone et 13 % par an à Djibouti. Ces tendances ont eu pour conséquence l’inversement de l’excédent commercial que le continent enregistrait avant cette période.
Le creusement du déficit commercial agricole s’est globalement accompagné d’une dépendance plus accrue envers les importations des produits de base, notamment les céréales. D’après la FAO, le taux de dépendance envers les importations de céréales est passé de 25 % dans la période 1990-92 à 29 % dans la période 2009-11. Cette dépendance a toutefois évolué de façon différente selon les pays et selon les périodes. Plus de la moitié des pays africains (31 pays sur 48) ont enregistré une augmentation de leur dépendance envers les importations de céréales. Dans la période 2009-11, 19 pays ont enregistré une dépendance envers les importations de céréales supérieures à 50 %.
Une structure concentrée sur des produits à faible valeur ajoutée
Les exportations agricoles africaines ont représenté en 2013 plus de 50 milliards de dollars et se déclinent en plusieurs centaines de produits. Sur les vingt groupes de produits agricoles et agro-industriels échangés avec le monde, les quatre premiers selon leur importance dans les exportations représentent plus de 50 % des exportations du continent.
Quant aux importations agricoles, elles sont aussi nombreuses et culminaient à plus de 70 milliards de dollars en 2013. Quatre groupes de produits représentent également plus de 50 % des importations de ces produits, comme le montre la Figure 3. Cette dernière indique que plus de la moitié des dépenses d’importations de ces produits sont destinées à des produits alimentaires, dont des produits de base (céréales et sucres).
Évaluation des complémentarités dans le commerce agricole intra-africain
Les niveaux actuels de complémentarités entre les économies africaines peuvent être évalués grâce aux indices de complémentarité commerciale . Le continent africain étant caractérisé par une hétérogénéité des milieux de production entre les pays et même au sein des pays, un potentiel important d’échange peut être décelé entre des zones (groupes de pays) homogènes du point de vue de leurs conditions agro-climatiques. Ainsi deux grands ensembles agro-climatiques sont ici distingués.
Le premier ensemble regroupe 21 pays dont le climat est majoritairement semi-aride à aride. Les conditions climatiques au niveau de cette aire géographique se caractérisent par des précipitations faibles et irrégulières. Le deuxième ensemble regroupe 33 pays à climat majoritairement subhumide à humide. Cette aire géographique se caractérise par une pluviosité importante, pouvant atteindre plus de 3000 mm. Chacun de ces groupes est subdivisé en sous-groupes, de sous-zones géographiques (Nord, Sud, Centre, Est et Ouest) et les complémentarités sont observées à l’échelle des sous zones.
Complémentarités intra-zone semi-aride à aride
L’analyse croisée de la structure actuelle des échanges agricoles (et agro-industriels) entre les pays appartenant à la zone semi-aride à aride indique qu’il existe des complémentarités commerciales entre ces pays, quoique les niveaux soit relativement faibles. Les exportations des pays d’Afrique du nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Égypte) correspondent respectivement à 26 %, 25 % et 27 % aux importations des pays de l’ouest, de l’est et du sud appartenant à cette zone.
Les faibles complémentarités commerciales peuvent s’expliquer par des niveaux modérés de diversification de l’offre d’exportation et de la demande d’importation du couple de partenaires à l’échange. En d’autres termes, cela peut s’expliquer par la concentration des exportations dans des produits peu (ou pas) importés par le partenaire importateur. La similarité des structures de production peut également contribuer à expliquer ce phénomène. Mais dans ce cas, plus la similarité des productions est importante, plus le potentiel de commerce intra-industrie est élevé.
Les exportations des pays d’Afrique du nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Égypte) correspondent respectivement à 26 %, 25 % et 27 % aux importations des pays de l’ouest, de l’est et du sud appartenant à cette zone.
Les préparations alimentaires sont un cas de produits agricoles et agro-alimentaires potentiellement échangeables entre les pays du nord et les autres pays de la zone semi-aride à aride. Ils représentent 3,5 % des exportations des pays du nord et respectivement 7,2 %, 2,9 % et 5,5 % des importations des pays de l’ouest, de l’est et du sud. Le blé et la farine de blé représentent une bonne partie des importations de ces pays, quoique les exportations des pays de l’Afrique du nord soient très négligeables.
Le riz figure parmi les exportations des pays du nord de l’Afrique et est beaucoup importé par les autres partenaires de la zone semi-aride à aride. Les progrès techniques développés dans la production de cette céréale au niveau de la partie nord de l’Afrique peuvent aussi être transmis aux autres parties (les rendements les plus élevés observés en Afrique se trouvent au niveau de l’Égypte «9 T/ha» et au Maroc «7,5 T/ha»).
Complémentarités intra-zone semi-humide à humide
En tenant compte de la structure actuelle des échanges des pays de la zone agro-climatique semi-humide à humide, on constate globalement des niveaux de complémentarité commerciale d’ampleur similaire aux niveaux observés entre les pays de la zone semi-aride à aride. Quoique l’amplitude des indices de complémentarité commerciale soit plus grande dans la zone semi-humide à humide, le niveau global de complémentarité est tout aussi faible.
Les produits échangeables entre les pays de l’ouest de la zone semi-humide à humide et les autres régions de cette zone sont limités. Les indices de complémentarité commerciale sont faibles et ne dépassent pas 14 %. Cela peut s’expliquer par la faible diversification des exportations de ce groupe de pays. Les cinq produits phares exportés par ces pays sont le cacao qui représente 40 % des exportations totales, le caoutchouc naturel qui occupe 11 % des exportations, les noix de cajou qui représentent 9 % des produits exportés, de l’huile de palme composent 3 % du total exporté et enfin le sésame qui occupe 2,3 % des exportations totales.
En ce qui concerne la région Est, les pays de cette zone n’exportent que de faibles quantités de produits agricoles. Cependant, les produits exportés correspondent à 22 % des produits importés dans les pays de l’ouest, 25 % des pays du centre et 32 % des pays du sud. Les principaux produits exportés sont le thé qui représente 25 % des produits agricoles exportés, le café vert, avec une part de 13 %, et la matière organique brute qui occupe 12 % du total exporté.
Complémentarités inter zone climatique
Les niveaux des indices de complémentarité dans le commerce agricole et agro-industriel des groupes de pays appartenant à différentes zones agro-climatiques indiquent des complémentarités en moyenne tout aussi faibles que dans le cas du commerce à l’intérieur des zones agro-climatiques. Les mêmes explications (des faibles niveaux de complémentarités) s’appliquent également dans ces cas. Ces faibles indices confirment l’insuffisante diversification des exportations.
Les résultats d’analyse de la structure actuelle des échanges des pays africains selon une perspective agro-climatique ont révélé l’existence d’un potentiel de complémentarité dans le commerce de produits agricoles et agro-industriels, à l’intérieur des zones agro-climatiques et entre elles. Toutefois, les niveaux de ces complémentarités sont relativement faibles. Pour la réussite du projet d’intégration, l’offre et la demande d’importation des économies africaines devrait être améliorées pour que les structures d’exportation et d’importation soient plus compatibles.
Dynamiser l’intégration intra-africaine devra aussi passer par l’exploitation et l’amélioration des complémentarités commerciales entre les économies du continent, à travers l’amélioration de l’offre et la demande
Par ailleurs, il est important de noter que les niveaux obtenus de complémentarité à l’échange doivent être relativisés est à relativiser compte tenu de l’ampleur du commerce informel qui caractérise les échanges entre économies du continent. Ainsi, les niveaux réels de complémentarité seraient relativement plus importants. Au-delà de la complémentarité révélée par les flux actuels d’échanges officiels, le potentiel de complémentarité réside dans la diversité des productions dans le continent qui dénote de l’existence de potentielles spécialisations agro-climatiques. Ces spécialisations peuvent également être le socle de l’intensification des échanges de biens et d’expertises.
Conclusions et implications
La production agricole en Afrique a été récemment tirée à la hausse par l’extensification plus que par l’intensification. L’agriculture en Afrique est très diversifiée, caractérisée par plusieurs cultures allant des aliments de base (céréales, racines et tubercules, légumes et légumineuses) aux cultures de rente, génératrices de plus de valeur ajoutée. Les performances entre pays, entre cultures, entre zones agro-climatiques et même à l’intérieur de ces zones sont très variées, présentent des opportunités pour la sécurité alimentaire, le développement de chaines de valeurs et des exportations.
L’exploitation de ces opportunités doit passer, d’une part, par le transfert de technologies et de savoir-faire, et, d’autre part, par l’accélération de la mise en œuvre et l’enrichissement des partenariats agricoles intra-africains, le développement de nouveaux axes de collaboration autour de la recherche, de l’intensification raisonnée et du commerce, entre autres. Dynamiser l’intégration intra-africaine devra aussi passer par l’exploitation et l’amélioration des complémentarités commerciales entre les économies du continent, à travers l’amélioration de l’offre et la demande.
Agir sur l’offre signifie notamment qu’il faut accroître et diversifier la production de produits agricoles et agro-industriels. Cela passe entre autres par l’accroissement de la productivité globale dans le secteur, le développement du stockage (pour éliminer les pertes post récoles), le développement des industries de transformation et également des services de commercialisation. Améliorer la demande d’importation requiert également le développement du tissu agro-industriel africain à même d’exploiter l’offre de matières premières émanant de la production agricole.
Les améliorations de l’offre d’exportation et de la demande d’importation de ces pays sont également tributaires de l’amélioration de l’environnement de production et de commerce. Ainsi, il importe de rendre effective la libéralisation du commerce intra-africain notamment en éliminant réellement les barrières tarifaires et non tarifaires, en améliorant la qualité des infrastructures et des services de logistique adaptés aux produits alimentaires. Il importe également d’améliorer l’environnement du producteur agricole et agro-industriel de telle enseigne à lui fournir un package de services et inputs adaptés (crédit/assurance, énergie, intrants, infrastructures, etc.) et de renforcer son savoir-faire.
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