Auteur (s) :) Bureau International du Travail (BIT)
Organisation affiliée : Organisation internationale du travail (OIT)
Type de publication : Note d’orientation
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L’écologisation de l’économie rurale est essentielle pour accroître les possibilités d’emploi décent, améliorer la productivité des ressources et du travail et favoriser l’éradication de la pauvreté et l’inclusion sociale.
L’écologisation de l’économie rurale est essentielle pour améliorer la productivité des ressources et du travail, stimuler la lutte pour l’éradication de la pauvreté, accroître les possibilités de revenus et améliorer le bien-être des hommes et des femmes dans les zones rurales. La subsistance des populations rurales dépend souvent directement de l’environnement et des ressources naturelles, notamment dans des secteurs comme l’agriculture, la foresterie, le secteur minier et le tourisme. Quatre cent dix millions d’autochtones dépendent par exemple des forêts et plus de 180 millions de personnes de la pêche, souvent dans des communautés rurales et littorales.
Toutefois, la surexploitation des ressources naturelles et leur dégradation, mais aussi les modifications de l’environnement causées par le changement climatique, font peser des menaces croissantes sur les écosystèmes et les services et avantages qu’ils fournissent, souvent appelés « patrimoine naturel ».
Pour répondre à ces enjeux, il importe de concevoir des actions visant à préserver, restaurer et améliorer la qualité de l’environnement dans les zones rurales. L’une d’entre elles consiste à créer des emplois verts, c’est-à-dire des emplois intéressants, qui génèrent des bénéfices et des revenus satisfaisants, réduisent la consommation d’énergie, de matières premières et de ressources naturelles, réduisent les émissions de gaz à effet de serre, minimisent la production de déchets et la pollution, protègent et restaurent les écosystèmes et la biodiversité, et contribuent à l’adaptation au changement climatique.
Selon les estimations du BIT, une augmentation continue des émissions de gaz à effet de serre jusqu’en 2050 provoquerait une baisse de la productivité économique mondiale de plus de 7 %. Un certain nombre d’analyses et d’évaluations quantitatives ont par ailleurs démontré que le passage à une économie verte au niveau mondial pourrait générer 15 à 60 millions d’emplois supplémentaires au cours des deux prochaines décennies, et soustraire des dizaines de millions de travailleurs à la pauvreté, tout en entraînant d’importantes augmentations de la productivité et des niveaux de revenus pour les communautés rurales.
Stimuler les économies rurales par l’accès aux énergies propres
L’absence d’accès aux sources modernes d’énergie est fréquente dans les régions rurales des pays en développement, et entrave la croissance économique et la création d’emplois et de moyens de subsistance. La majorité des 1,5 millions de personnes n’ayant pas accès à l’électricité vit dans des zones rurales ; le potentiel de création d’emplois issu de la production et de la fourniture d’énergies propres est par ailleurs important dans les économies rurales.
Les sources d’énergies renouvelables, comme l’énergie sont souvent largement disponibles dans les zones rurales. L’énergie peut être produite à grande comme à petite échelle grâce à l’utilisation de ressources disponibles au niveau local, ce qui est bien adapté aux zones rurales. L’énergie produite au niveau local offre une solution au problème majeur de l’insuffisante fourniture d’énergie dans l’économie rurale.
Le passage à une économie verte au niveau mondial pourrait générer 15 à 60 millions d’emplois supplémentaires au cours des deux prochaines décennies, et soustraire des dizaines de millions de travailleurs à la pauvreté
Redynamiser l’agriculture grâce à des méthodes agricoles durables et à forte productivité
L’agriculture, qui emploie plus d’un milliard de personnes, est la deuxième source la plus importante d’emplois dans le monde, derrière le secteur des services. Le secteur agricole est confronté à d’importants défis en matière de croissance durable, et c’est en son sein que la concentration des travailleurs pauvres est la plus importante dans les pays en développement. Les activités agricoles subissent l’incidence négative du réchauffement climatique et de la dégradation de l’environnement, mais contribuent dans le même temps à ces deux phénomènes. L’agriculture peut être très gourmande en ressources : elle capte plus de 70 pour cent des ressources mondiales en eau douce disponibles et est responsable de 13 pour cent des émissions de gaz à effet de serre. Les pratiques agricoles conventionnelles reposant sur l’utilisation intensive de pesticides représentent également un risque important pour la santé des travailleurs, et provoquent environ 70 000 décès par empoisonnement chaque année et au moins 7 millions de cas de maladies graves non mortelles de longue durée.
On estime qu’en 2050, la quantité de nourriture devra augmenter de 70 pour cent pour nourrir les 9,2 milliards d’êtres humains que devrait compter la planète. Selon les prévisions, dès 2020, les rendements de l’agriculture pluviale pourraient baisser de 50 pour cent dans certaines parties du monde. Comprendre l’impact de l’agriculture sur l’environnement et encourager les pratiques agricoles adaptées au changement climatique et aux enjeux interdépendants de la sécurité alimentaire et du changement climatique est essentiel pour parvenir à un développement rural durable.
Encourager le tourisme durable
Le tourisme est l’un des secteurs dont la croissance est la plus rapide, et les destinations rurales gagnent en popularité car elles offrent un rythme de vie plus paisible, des aliments produits localement et un environnement naturel. Le tourisme jouit d’un important potentiel en termes économiques et d’emplois dans les zones rurales, qu’il s’agisse de possibilités d’emplois dans le secteur lui-même, ou dans des secteurs connexes comme la construction, l’agriculture, la pêche, l’industrie alimentaire, l’ameublement, l’artisanat, les transports, les services collectifs et autres. Ces emplois peuvent se révéler très attractifs pour les jeunes, car le secteur et nombre de ses activités et professions véhiculent une certaine image de « modernité », vont de pair avec un « statut » social, requièrent des qualifications supérieures et représentent une source solide de revenus.
Les pratiques agricoles conventionnelles reposant sur l’utilisation intensive de pesticides représentent également un risque important pour la santé des travailleurs, et provoquent environ 70 000 décès par empoisonnement chaque année et au moins 7 millions de cas de maladies graves non mortelles de longue durée
Restaurer les écosystèmes pour améliorer la productivité, les revenus et la résilience
Les travaux verts (c’est-à-dire les travaux d’infrastructure et les travaux connexes ayant des avantages environnementaux directs ou répondant à des contextes environnementaux particuliers comme les modifications du climat et les phénomènes météorologiques extrêmes) dans les zones rurales peuvent être une stratégie efficace pour créer des emplois, protéger les moyens de subsistance précaires et restaurer le patrimoine naturel. L’approche des travaux d’infrastructure reposant sur les ressources locales (conservation de l’eau et des sols, infrastructures de protection contre les inondations et amélioration et entretien des transports ruraux) et l’écologisation des entreprises rurales favorisent la création d’emplois locaux. Or, employer des travailleurs au niveau local, c’est encourager l’utilisation responsable des ressources locales.
Mettre en œuvre des programmes de protection sociale en faveur d’une transition juste pour réduire les effets négatifs des politiques de développement
Les politiques d’écologisation de l’économie rurale, y compris les mesures visant à contrôler et limiter l’exploitation forestière, peuvent produire des effets inattendus sur l’emploi, les coûts de production, les revenus et la sécurité sociale. Afin de minimiser ces effets négatifs potentiels, il est nécessaire de mettre en place des politiques et programmes d’accompagnement pour créer des possibilités de remplacement du revenu, fournir une protection sociale et contribuer à créer des capacités productives rurales. Des programmes innovants allant dans ce sens ont été mis en œuvre au Brésil dans les secteurs de la foresterie et de la pêche.
Stimuler le dialogue social pour une transition effective, inclusive et productive
Le dialogue social a un rôle majeur à jouer dans l’écologisation de l’économie rurale. Il exige l’implication active des gouvernements, des travailleurs et des employeurs dans les secteurs formels traditionnels, et dans l’économie informelle et les secteurs plus récents, où les travailleurs ne sont pas syndiqués et où des organisations d’employeurs ne sont pas encore établies à tous les niveaux (supranational, national, régional et local). Un engagement tripartite efficace dans la conception des stratégies locales de développement durable et la conduite de programme spécifiques de sensibilisation et de renforcement des capacités peuvent susciter la formation d’un consensus et l’appropriation collective par les partenaires sociaux. Cela peut leur permettre de mieux comprendre les défis et les opportunités de l’économie verte. Un dialogue plus inclusif est souvent propice à une bonne mise en œuvre des politiques.
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