Auteurs : Achille Tefong
Site de publication : Agence Ecofin
Type de publication : Article
Date de publication : juillet 2021
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Le marché de l’emploi reste très sélectif, d’où la question de l’inadéquation entre la formation et les emplois disponibles sur le marché, très souvent remise sur le tapis. Cette question d’employabilité n’est-elle pas liée au fait que beaucoup de personnes soient formées à être des employés d’organisations existantes plutôt que de créer de nouvelles structures dans l’écosystème économique ?
Aujourd’hui, les économies africaines sont encore soutenues à environ 89% par le secteur informel . En Afrique Subsaharienne par exemple, 32% des jeunes de 18 à 35 ans, sont des entrepreneurs de « nécessité » Notons que ce pourcentage d’entrepreneuriat de nécessité pourrait augmenter drastiquement si l’on considère le facteur genre pour les tranches d’âge supérieures à 35 ans. Et si cette tendance était complètement chamboulée ? Si en Afrique Francophone des initiatives étaient prises pour voir émerger davantage d’entrepreneurs à impact, d’acteurs du changement ou d’entrepreneurs sociaux ? Si l’entrepreneuriat était une vraie solution au chômage ? Mais comment se tourner vers les générations futures, pour leur inculquer cette fibre entrepreneuriale dès leur plus jeune âge ?
Enseigner l’entrepreneuriat dès le primaire
Aujourd’hui le programme scolaire est très théorique. Inculquer l’esprit entrepreneurial très jeune présente de nombreux avantages et pourrait être considéré comme un enjeu sociétal. En effet, il développe chez les jeunes, des capacités et des aptitudes telles que la confiance en soi, la persévérance, l’autonomisation, la capacité à relever des enjeux sociétaux, la créativité, la découverte et l’exploitation d’opportunités, ou encore l’intention entrepreneuriale. Plusieurs études ont montré que la formation à l’entrepreneuriat influence positivement l’intention entrepreneuriale. Cette dernière étant le meilleur prédicteur de l’impact de la formation à l’entrepreneuriat. Par ailleurs, une telle démarche permet aux apprenants d’avoir très tôt connaissance de l’environnement économique de leur pays et de mieux appréhender la démarche entrepreneuriale.
C’est le cas du Rwanda. Depuis 2016, l’entrepreneuriat est enseigné au même titre que l’histoire ou les mathématiques. L’objectif est de faire des travailleurs de demain des « créateurs d’emploi » et non « des demandeurs d’emplois »
Les apprenants se familiarisent avec les procédures de création et de gestion d’une entreprise et sont informés de l’existence de structures d’accompagnement à la création d’entreprises (incubateurs, accélérateurs, cabinets de conseils, structures étatiques de création d’entreprises…). Sensibiliser les élèves au métier de chef d’entreprise peut également les amener à le considérer comme une voie professionnelle possible. En outre, l’éducation entrepreneuriale vise à développer chez les élèves un plaisir à entreprendre et à mener à terme des projets. Aussi, force est de constater que tous les élèves scolarisés n’atteignent malheureusement pas l’université et intègrent le monde du travail et cela pour diverses raisons dont le manque de moyens. En Afrique subsaharienne, sur les 98% de jeunes inscrits au niveau primaire, seuls 9% atteignent l’enseignement supérieur et seuls 6% obtiennent leur diplôme. Il est donc important que ceux-ci puissent avoir des bases en entrepreneuriat afin d’assurer leur survie.
Quelques pays ont intégré cette approche entrepreneuriale dans le cursus scolaire, et ont un meilleur impact
Certains pays africains ont déjà compris l’importance de cette approche éducative innovante, même si la dimension d’un écosystème complet semble émerger également.
C’est le cas du Rwanda. Depuis 2016, l’entrepreneuriat est enseigné au même titre que l’histoire ou les mathématiques. L’objectif est de faire des travailleurs de demain des « créateurs d’emploi » et non « des demandeurs d’emplois », et fournir aux élèves et étudiants les compétences nécessaires pour réussir sur le marché du travail. Ainsi pour mener à bien cette mission, le gouvernement collabore avec l’organisation non gouvernementale américaine Educate ! également présente en Ouganda et au Kenya. En 2019, le ministère ivoirien de l’Éducation nationale et de l’Enseignement technique avec ses partenaires que sont l’Organisation internationale des écoles communautaires entrepreneuriales conscientes (Oiecec) et l’Organisation internationale de la francophonie (Oif) a décidé d’intégrer l’entrepreneuriat dans le système scolaire allant du préscolaire au secondaire, afin de “former le leadership de l’enfant, de le rendre responsable, autonome et de former un nouveau ivoirien entreprenant, véritable pierre angulaire d’une Côte d’Ivoire émergente et développée” comme le mentionne Effimbra Nicolas, inspecteur général de l’éducation nationale, coordonnateur de la vie scolaire.
Trois idées/pistes pour repenser l’imprégnation à l’entrepreneuriat
- Intégrer des cours sur la notion de l’entrepreneuriat par le moyen de bandes dessinées et dessins animés, mais aussi toute sorte de jeux ludiques qui permet de transmettre aux plus jeunes; MakeSense a créé des programmes d’activités entrepreneuriales susceptibles de libérer le potentiel des jeunes en les aidant à créer des entreprises sociales pendant l’année scolaire.
- Créer au sein des collèges et lycées, des clubs d’entrepreneuriat avec lesquels les entrepreneurs à succès (pouvant devenir des mentors) pourraient être connectés pour susciter l’envie d’entreprendre des jeunes pousses. Si l’exemple du Rwanda est parlant, il convient d’ajouter à cette initiative des programmes d’éducation financière et autres types d’apprentissage indispensables pour entreprendre.
- Créer des “mini” incubateurs dans chaque ville universitaire ou capitaliser sur les laboratoires de recherche, afin de tester des concepts et prototypes de produits/services proposés par les porteurs de projet encore étudiants comme le Technopole Sup Valor mis en place par L’ENSP (Ecole Nationale Supérieure de Polytechnique) au Cameroun. Il pourrait s’agir aussi de développer des projets d’innovation technologique au niveau des pôles universitaires. Des mécanismes de mise à disponibilité d’accompagnements financiers et mentorat doivent être connus à ce niveau afin d’encourager les jeunes à vraiment s’y lancer.
L’Afrique fera face à un défi de taille. Ainsi, généraliser cette approche éducative à l’ensemble de l’Afrique serait une réponse efficace aux problèmes d’employabilité des jeunes sans qualification et des nombreux enfants qui sortent du système scolaire sans savoir-faire. Les compétences entrepreneuriales, telles que la résilience, l’assiduité et la résolution de problèmes, seront extrêmement utiles à mesure que le marché du travail évolue et devraient donc être enseignées dès le plus jeune âge. Il en est de même pour les soft skills tels que la confiance en soi, le savoir communiquer, le leadership, la flexibilité, l’esprit d’équipe et la faculté à gérer le temps. Pour que les jeunes réussissent aujourd’hui et à l’avenir, ils devront non seulement renforcer leurs compétences générales existantes, mais aussi en développer de nouvelles.
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