Stratégie sectorielle de santé 2016-2027
Le ministère de la Santé publique
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La Stratégie Sectorielle de Santé (SSS) 2001-2015, cadre d’orientation de l’action gouvernementale en matière de santé, est arrivée à échéance en 2015. Une évaluation de son contenu et de sa mise en œuvre a guidé l’élaboration d’une nouvelle SSS qui couvrira la période 2016-2027.Cette nouvelle stratégie s’aligne sur le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE)et sur les Objectifs de Développement Durable (ODD). Le processus d’évaluation de la stratégie2001-2015 échue et d’élaboration de la nouvelle stratégie a été participatif.
Il a bénéficié de l’encadrement technique du Ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT) et des experts de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) d’une part, et des contributions des administrations partenaires, des représentants du secteur privé, des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) et de la société civile, d’autre part.
Conformément à ses missions, le Comité de Pilotage et de Suivi de la Mise en Œuvre de la Stratégie Sectorielle de la Santé a validé les projets d’évaluation de la SSS2001-2015 et d’élaboration d’une nouvelle SSS, ainsi que tous les rapports d’étape et les différents livrables du processus. Il s’agissait nommément:
– du « Rapport de l’évaluation finale de la mise en œuvre de la SSS 2001-2015 » ;
– du document « État des lieux et diagnostic du secteur santé» ; – du document « Choix stratégiques du secteur santé » ;
– de la « Stratégie sectorielle de santé 2016-2027 ».
Evaluation de la mise en oeuvre de la SSS 2001-2015
Évaluation quantitative
Le processus d’élaboration de la nouvelle stratégie a été amorcé par l’évaluation de la SSS 2001- 2015. L’analyse du niveau d’atteinte des objectifs fixés de la SSS échue a révélé que les efforts consentis par le Gouvernement et ses partenaires nationaux et internationaux ont, d’une manière générale, amélioré la santé des populations. A titre illustratif, dans le domaine de la lutte contre la maladie, le taux d’années de vie corrigées de l’incapacité (AVCI ou DALY) qui est un indicateur évaluant le poids de la maladie a globalement baissé de 23,5% entre 2000et 2013.Cette réduction concerne principalement les maladies transmissibles.
A titre illustratif, on relève que la prévalence du VIH/SIDA est passée de 5,5% à 4,3 % entre 2004 et 2011, et le taux de mortalité spécifique du paludisme en milieu hospitalier de 43% à 22,4% entre 2008 et 2013. De même, la mortalité infanto-juvénile a connu une réduction significative de 28%, passant de 144 à 103 décès d’enfants de moins de 5 ans pour 1000 naissances vivantes entre 2004 et 2014. Concernant la promotion de la santé, la réalisation majeure est la réduction de plus de 50% des cas de sous-alimentation sur l’ensemble du territoire national entre2001 et 2014.
Alors que les progrès sont perceptibles pour les maladies transmissibles, il n’en est pas de même pour les maladies non-transmissibles dont la charge morbide n’a diminué que de 4,3% entre 2000 et 2010, avec une tendance à la hausse à partir de 2010. Par ailleurs, la mortalité maternelle qui devait être réduite de 2/3 a plutôt augmenté, passant de 669 à 782 décès pour 100 000 naissances vivantes entre 2004 et 2011. En outre, le pourcentage des districts viabilisés dont la cible était fixée à 80% est resté rivé autour de 7%.
A l’issue de l’évaluation qualitative, les points fortset les points faibles de la stratégie 2001-2015 ont été classés et analysés suivant leur nature.
POINTS FORTS
Les points forts concernent particulièrement les domaines suivants : offre en infrastructures, ressources humaines, médicaments, financement et recherche opérationnelle. Offre infrastructurelle : Les points forts suivants ont été relevés : (i) l’engagement fort de l’Etat pour la construction des formations sanitaires de proximité et surtout des hôpitaux de référence dans toutes les régions ;
(ii) l’existence des normes en équipements ;
(ii)la disponibilité des dossiers techniques de réhabilitation des formations sanitaires faisant ressortir les possibilités séquentielles de mise en œuvre des travaux à réaliser (plan de développement architectural et technique des hôpitaux de districts sur financement interne ordinaire);
(iii) la disponibilité des techniciens capables d’élaborer des plans architecturaux ainsi que des plans d’aménagement selon les normes ;
(iv) l’existence d’une stratégie partenariale permettant de renforcer l’implication du privé dans l’offre de service ;
(v) l’existence d’un réseau dense d’instituts de formation ; et (vi) la subvention par l’Etat des formations sanitairesprivées et des établissements privés de formation des personnels de la santé.
Ressources humaines :
S’agissant des ressources humaines on a relevé : la disponibilité des données sur l’état des besoins en RHS ; l’amélioration de la carte sanitaire ; la disponibilité du logiciel de gestion du personnel (SIGIPES) et des outils de gestion prévisionnelle des carrières (Logiciel de Cartographie des Postes et des Emplois, Observatoire National des RHS) et ; des effectifs croissants de personnels formés par les multiples universités et écoles professionnelles en plein essor.
Médicaments :
Concernant les médicaments, les points forts relevés sont les suivants : les prix des médicaments essentiels ont été uniformisés dans le secteur public et leurs coûts sont abordables, même dans les zones reculées où l’indice de pauvreté est élevé. Par ailleurs, une politique de gratuité est appliquée pour plusieurs produits médicaux dans le cadre des programmes prioritaires, ce qui constitue un avantage pour les groupes vulnérables (enfants de moins de 5ans, femmes enceintes…).
Financement :
On note comme progrès réalisés dans cette thématique, l’opérationnalité et l’effectivité de plusieurs stratégies innovantes pour améliorer le financement de la santé, notamment le Financement Basé sur les Résultats (FBR), le chèque santé, etc. Par ailleurs, le budget de l‘Etat en faveur de la santé a connu un accroissement discret au cours des dix dernières années.
Recherche opérationnelle en Santé :
Les points forts relevés en matière de recherche opérationnelle sont notamment : le renforcement du cadre institutionnel de la recherche opérationnelle en santé ; le renforcement de la régulation par la création d’un Comité National d’Ethique en Santé Humaine et d’un cadre de concertation en matière de recherche en santé à travers la CCSSRS (Commission Consultative Scientifique et Stratégique pour la Recherche en Santé Humaine); l’existence de structures et outils de mise à disposition et de vulgarisation des données sanitaires et résultats de la recherche en santé, notamment le CDBPS (Centre de Développement de Bonne Pratique en Santé) et le CDNSS (Centre de Documentation Numérique du Secteur Santé).
POINTS FAIBLES
Les faiblesses observées portent pour l’essentiel sur les aspects suivants : législation, réglementation et politique, Budget/dépenses, Gestion (planification, direction, contrôle et suivi- xvi évaluation), disponibilité des infrastructures et des équipements de base, et certains aspects relatifs à la recherche opérationnelle en santé.
Législation, réglementation et engagement politique :
Le nombre des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) qui ont travaillé dans une approche sectorielle est resté constant (deux partenaires seulement, AFD et GIZ/KfW œuvrent dans ce sens depuis 2011), dénotant ainsi d’un faible engagement politique. De plus, en raison de l’absence d’un code de santé publique et des vides juridiques constatés, il n’a pas été possible de mieux encadrer les acteurs dans le secteur santé.
Enfin, l’impact des déterminants de la santé n’a pas été analysé avec la même rigueur que celui de la prévention et de la prise en charge des maladies dites prioritaires. L’engagement politique de haut niveau est insuffisant au regard du pourcentage de financement de l’État alloué au secteur de la santé. La Déclaration d’Abuja préconise l’allocation d’une proportion de 15% du budget de l’État à ce secteur. Les outils actuels ne permettent pas de disposer de toute l’information sur les financements alloués à la santé au niveau des autres administrations œuvrant dans le secteur ; toutefois, la proportion du budget national alloué au Ministère de la santé oscillerait ces dernières années autour de 8%.
Budget/dépenses :
L’existence de multiples régimes de financement de la santé (28dénombrés en
2013) témoigne de l’absence d’une approche intégrée et d’une coordination insuffisante dans la gestion des financements. De plus, le faible niveau d’information sur les financements déployés dans le secteur (ceux du privé, ceux des administrations partenaires prestataires des soins et des services de santé, ainsi que ceux des collectivités territoriales décentralisées) n’a pas contribué à prévenir le double emploi des ressources.
Ceci n’a pas permis d’agir de façon cohérente pour gérer les besoins les plus cruciaux des populations cibles (équité horizontale). A ce jour, la collecte des ressources pour la santé (financements privés et publics) et leur mise en commun ne sont pas suffisamment organisées dans le secteur.
Par conséquent, la faiblesse du dispositif de suivi/évaluation et les insuffisances relevées au niveau de la coordination des interventions ont eu pour conséquences, le double emploi des ressources et subséquemment le manque d’efficience constaté. En effet, la dépense moyenne par habitant était de 63 USD en 2012, mais les résultats obtenus étaient similaires à ceux des pays dépensant entre 10 et 14 USD.
Dans le même ordre d’idées, on a relevé que la productivité financière des formations sanitaires n’est pas suffisamment suivie pour favoriser une utilisation optimale des financements publics ; le système de santé n’assure pas encore une protection contre le risque maladie à toute la population : seuls 2%sont couverts par des mécanismes y afférents.
Les paiements directs qui représentent près de 95% des dépenses privées de santé demeurent la principale modalité d’acquisition des soins. De plus, la persistance de la corruption dans les services publics d’une manière générale reste une pesanteur qui rend difficile l’utilisation efficiente des ressources. Enfin, le manque d’équité observé dans l’accès aux soins a été accentué, entre autres, par l’inefficacité de la mise en œuvre de la couverture santé universelle.
Gestion (planification, direction, contrôle et suivi-évaluation) : Les points préoccupants notés en la matière sont les suivants :
– Le leadership du MINSANTE n’est pas suffisamment fort pour éviter le non alignement des différents acteurs et intervenants. Par conséquent, les interventions financées ne sont pas toujours en adéquation (alignées) avec les priorités identifiées. Par ailleurs, l’extrême verticalisation des interventions ne permet pas d’éviter les doublons, de réaliser les économies d’échelle et par conséquent d’être efficient.
– Les manquements dans l’accomplissement des missions du Secrétariat Technique du Comité de Pilotage de la Stratégie Sectorielle de Santé(impulsion et animation du secteur de la santé). Cette défaillance a limité la performance globale du secteur.
– L’inadéquation de la planification stratégique : les objectifs stratégiques formulés dans la SSS2001-2015 et les interventions choisies n’étaient pas toujours en adéquation avec les capacités institutionnelles, structurelles et les rythmes de progression antérieurs.
- L’inadéquation de la planification opérationnelle au niveau régional : les besoins exprimés par les régions sanitaires n’ont pas tenu compte des contraintes budgétaires et des ressources disponibles. L’absence d’objectifs régionaux réalistes a constitué un frein à l’affectation des ressources en fonction des besoins réels.
- La faiblesse du système de suivi-évaluation : les progrès dans le système de santé ont été peu documentés. L’absence d’un plan intégré de suivi-évaluation en est l’une des causes. Par ailleurs, les valeurs de départ et certaines valeurs cibles des indicateurs de suivi de la SSS échue n’ont pas été renseignées, ce qui a rendu leur suivi difficile. En outre, leur nombre était pléthorique.
Le déficit dans l’anticipation et la gestion des risques du fait de l’absence d’un plan de gestion des risques : il n’a pas été possible d’anticiper les entraves structurelles et conjoncturelles à l’atteinte des résultats de la stratégie ; cela a entrainé une attitude plus réactive que proactive des acteurs de mise en œuvre de la stratégie échoue.
- Le déficit de la mise en œuvre des mécanismes de redevabilité : peu de mécanismes de redevabilité des acteurs étaient mis en place ou étaient fonctionnels ; ce qui a constitué l’une des causes d’inefficacité.
Disponibilité des infrastructures :
En raison de l’absence d’un plan de développement des infrastructures durant la période de mise en œuvre de la stratégie échue, il n’a pas été possible de garantir le respect des exigences de la carte sanitaire et de l’évolution technologique lors de la construction des infrastructures. Par conséquent, il existe des disparités dans la couverture sanitaire des Régions et des Districts.
Recherche opérationnelle en Santé :
Les points faibles enregistrés en recherche opérationnelle en santé sont : le non-respect du cadre réglementaire légal existant régissant la pratique de la recherche en santé au Cameroun ; L’insuffisance des ressources financières allouées au fonctionnement des instances de régulation et le sous-financement des activités de recherche par les structures publiques et privées; La faiblesse dans la planification, la coordination, le suivi et l’évaluation des activités de recherche en santé au MINSANTE; L’absence d’une liste nationale des priorités de recherche en santé ; Une faible culture de la recherche, du suivi et de l’évaluation; La faiblesse en matière de diffusion des résultats de la recherche, de disponibilité des bases factuelles fiables et d’utilisation des résultats de recherche dans la prise de décision en santé.
État des lieux et diagnostic
Une analyse situationnelle exhaustive du secteur santé a permis de collecter des informations probantes pour mieux décrire les besoins des bénéficiaires et l’offre de services et de soins. Cette collecte des données a été facilitée par la délimitation et la segmentation du secteur de la santé en cinq composantes, à savoir :
(i) la promotion de la santé,
(ii) la prévention de la maladie,
(iii) la prise en charge des cas,
(iv) le renforcement du système de santé, et
(v) la gouvernance et le pilotage stratégique.
Le problème majeur du système de santé est sa faible capacité à contribuer au développement d’un capital humain sain et productif. Ce problème central a pour conséquences :
– la faible adoption des comportements sains par les populations ;
– les fortes prévalences et incidence des facteurs de risque des maladies évitables ; – une prise en charge des cas peu satisfaisante tant dans les formations sanitaires qu’au niveau communautaire ;
– une morbidité et une mortalité évitables élevées;
– l’inaccessibilité financière des soins et services pour les bénéficiaires ;
– une réduction de la force de travail dans la population générale.
Cadre stratégique du secteur de la santé
Au regard des résultats de l’évaluation de la mise en œuvre de la SSS 2001-2015 et des analyses faites lors de la description de l’état des lieux du secteur santé, la SSS 2016-2027s’est fixé une nouvelle vision qui est en cohérence avec les priorités nationales et internationales, les enjeux et les défis majeurs du secteur.
La vision de la SSS2016-2027 est la suivante: « Le Cameroun, un pays où l’accès universel aux services de santé de qualité est assuré pour toutes les couches sociales à l’horizon 2035, avec la pleine participation des communautés». L’objectif général de la SSS 2016-2027 est de contribuer au développement d’un capital humain sain, productif et capable de porter une croissance forte, inclusive et durable.
En ce qui concerne la promotion de la santé, il s’agira, d’ «Amener la population à adopter les comportements sains et favorables à la santé d’ici 2027». À cet effet, quatre objectifs spécifiques ont été identifiés :(i) Renforcer les capacités institutionnelles, communautaires, et la coordination dans le domaine de la promotion de la santé ; (ii) Améliorer le cadre de vie des populations dans au moins 70% des districts de santé d’ici 2027 ; (iii) Renforcer les aptitudes des individus et des communautés dans au moins 75 % des DS d’ici 2027 ; (iv) Réduire d’au moins 25% les besoins non couverts en planification familiale d’ici 2027, principalement chez les adolescents.
Dans le domaine de la prévention de la maladie, il sera question d’ici 2027de réduire d’un tiers, la proportion des personnes présentant les facteurs de risque des maladies évitables au Cameroun. Pour ce faire, l’accent sera mis sur :(i) la réduction d’au moins un tiers de l’incidence/prévalence des maladies transmissibles à l’horizon 2027; (ii) le renforcement de la surveillance et de la prévention des maladies à potentiel épidémique, des zoonoses et des évènements de santé publique majeurs dans au moins 90% des districts d’ici 2027; (iii) l’amélioration de la couverture des interventions de prévention SRMNEA dans au moins 80% de districts de santé et ; (iv) la réduction d’au moins 1/5e de l’incidence/prévalence des principales maladies non-transmissibles d’ici 2027.
En ce qui concerne la prise en charge des cas, l’objectif stratégique est de : « Réduire de 50% la létalité hospitalière et communautaire des maladies prioritaires transmissibles et non-transmissibles et la mortalité maternelle et infanto-juvénile». A cet effet, il s’agira d’ici 2027 : (i)d’assurer une prise en charge curative de toutes les maladies transmissibles et non-transmissibles selon les normes ainsi que celle de leurs complications dans au moins 80% des structures sanitaires ; (ii) d’assurer une prise en charge curative des problèmes de santé de la mère, du nouveau-né, et de l’enfant selon les normes dans au moins 80% des structures sanitaires; (iii) d’assurer la prise en charge curative des urgences et des évènements de santé publique dans au moins 80% des structures sanitaires selon les normes,et (iv) de réduire d’au moins un tiers la proportion de la population présentant au moins un handicap.
S’agissant du renforcement du système de santé : l’objectif global de cet axe stratégique est de « Développer des capacités institutionnelles dans 80% des districts pour un accès durable et équitable des populations aux soins et services de santé». Pour y parvenir, il sera nécessaire :(i) de réduire d’au moins un tiers les paiements directs des ménages à travers une politique de financement équitable et durable ; (ii) d’assurer la disponibilité des infrastructures, des équipements et des paquets de services selon les normes dans 80% des districts de santé, des régions, ainsi qu’au niveau central d’ici 2027 ; (iii) d’augmenter de 50% la disponibilité des médicaments et autres produits pharmaceutiques de qualité ainsi que leur utilisation d’ici 2027; (iv) d’augmenter de 50% la disponibilité des RHS de qualité dans 80% des districts de santé, des régions, ainsi qu’au niveau central d’ici 2027; et (v) d’ici 2027, de renforcer le SNIS et la recherche opérationnelle en santé à tous les niveaux de la pyramide sanitaire.
Dans le domaine de la gouvernance et du pilotage stratégique : l’objectif global ici consistera à «Augmenter d’au moins 50% la performance du système de santé à tous les niveaux».Une échelle d’évaluation de la gestion axée sur les résultats sera développée à cet effet. Les objectifs spécifiques retenus sont : (i)Améliorer la gouvernance dans le secteur à travers un renforcement de la normalisation, de la régulation et de la redevabilité d’ici 2027 ; et (ii) D’ici 2027, rendre la planification, la supervision et la coordination des interventions de toutes les parties prenantes, ainsi que la veille stratégique et sanitaire fonctionnelles et systématiques à tous les niveaux de la pyramide sanitaire ».
Financement de la stratégie :
L’estimation des coûts nécessaires à la mise en œuvre des actions identifiées dans la SSS 2016-2027 a été réalisée à travers la méthode de planification par objectif. Le coût total de l’ensemble des composantes et sous-composantes est estimé à 5 192milliards FCFA pour la période 2016 – 2027 à partir de l’outil « One Health », soit une moyenne annuelle de433 milliards FCFA. Ce volume se répartit comme suit : pour la promotion de la santé 298milliards FCFA, pour la prévention de la maladie 884 milliards FCFA, pour la prise en charge curative des cas, 1 165 milliards FCFA, pour le renforcement du système de santé 2 485milliards FCFA et pour le pilotage stratégique et la gouvernance, 359 milliards FCFA.
Pour ce qui est du financement de la demande, la stratégie retenue sera axée sur la recherche des financements innovants et le développement des mécanismes de partage du risque maladie. Enfin, la valorisation de la stratégie du Financement Basé sur les Résultats comme mode de financement de l’offre des services et des soins sera une des options privilégiées, car elle met un accent particulier sur les résultats.
Suivi de la mise en œuvre :
Le suivi de la mise en œuvre sera effectué à tous les niveaux par les instances de pilotage et de coordination. Toutefois, au niveau central et pour une meilleure efficacité du suivi des interventions planifiées, certaines réformes structurelles et organisationnelles s’imposent defacto. Elles concernent notamment la création d’un comité technique de suivi pour assurer la coordination opérationnelle de la mise en œuvre du Plan National de Développement Sanitaire (PNDS). Ce comité sera présidé, au niveau central, par le Secrétaire Général du MINSANTE et co-présidé par le Secrétaire Général du MINEPAT.
Les membres de droit seront, entre autres, les ministères en charge de la santé animale, de l’environnement, de la défense, de la sûreté nationale, etc. Le comité de Pilotage du secteur aura des démembrements au niveau régional. Ceux-ci seront placés sous la présidence du Gouverneur afin de renforcer la coordination des interventions et la réflexion stratégique dans l’esprit de l’approche « Une santé ». Au niveau opérationnel, les capacités institutionnelles et opérationnelles des équipes cadres des districts seront renforcées dans le cadre du processus de décentralisation en cours.
Ce renforcement sera fonction du niveau de développement des districts de santé. Par ailleurs, les mécanismes de suivi des performances et de redevabilité des acteurs impliqués dans la mise en œuvre des interventions seront développés, puis mis en œuvre à tous les niveaux de la pyramide.
Dossier d’investissement pour l’amélioration de la santé de la reproduction de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent /jeune au Cameroun 2017-2020
Ministère de la Santé publique du Cameroun
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Contexte
Le ratio de mortalité maternelle a connu une évolution préoccupante au cours des 20 dernières années, passant de 430 décès pour 100 000 naissances vivantes en 1991 à 782 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2011, soit une augmentation d’environ 82%. La cible des Objectifs pour le Développement Durable (ODD) d’ici 2030 est d’arriver à un ratio inférieur à 140 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, ce qui ne serait possible que si le Cameroun atteint une vitesse de réduction annuelle d’environ 9,8%.
Les causes directes de la mortalité maternelle sont les hémorragies (46%), la dystocie (22%), l’éclampsie/pré-éclampsie (11%) et les infections du postpartum (9%), tandis que les causes indirectes incluent le paludisme, les anémies sévères, les affections liées au VIH/Sida et les maladies cardiopulmonaires. Par ailleurs, près de 28% des décès maternels au Cameroun surviennent chez les jeunes femmes âgées de 15 – 24 ans.
Le taux de mortalité néonatale est passé de 31‰ à 28‰ naissances vivantes entre 2011 et 2014. Malgré cette faible tendance à la baisse, ce taux représente près de la moitié de la mortalité infantile, et le quart de la mortalité infanto-juvénile. Les décès des nouveau-nés constituent ainsi une proportion de plus en plus importante des décès des enfants de moins de 5 ans. Les causes directes les plus fréquentes de la mortalité néonatale sont l’asphyxie, l’infection et la prématurité. Le taux de mortalité infantile est passé de 74‰ à 60‰ entre 2011 et 2014, et celui de la mortalité infanto-juvénile est passé de 122‰ à 103‰ naissances vivantes au cours de la même période.
Chez les enfants de 2 mois à 5 ans, le paludisme (21%), la diarrhée (17%), la pneumonie (17%) et le VIH/SIDA (7%) constituent les principales causes de mortalité. La malnutrition devient très préoccupante. La situation du retard de croissance se dégrade au fil des années. En 1991 par exemple, 24,4% des enfants de moins de 5 ans souffraient du retard de croissance contre 30,4% en 2006. Ils étaient estimés à 33% en 2011 (EDS/MICS 2011) et 31,7% en 2014 (MICS 2014). Par ailleurs, 5,2% d’enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aigüe en 2014 contre 6% en 2011 et 14,8% souffrent d’insuffisance pondérale en 2014 contre 15% en 2011.
Parmi les problèmes majeurs de la santé de reproduction des adolescentes/jeunes, il y a lieu de citer : (i) les rapports sexuels précoces ; (ii) les grossesses précoces non désirées ; (iv) les infections sexuellement transmissibles ; (v) les mariages précoces ; et (vi) les violences sexuelles. Dans ce contexte de taux de mortalité/morbidité élevé parmi ces populations, d’énormes disparités existent entre les zones géographiques (surtout en défaveur des 3 régions du septentrion et de l’Est), le milieu de résidence (le milieu rural est défavorisé) et les conditions socio-économiques (les quintiles les plus pauvres paient un lourd tribut).
L’analyse de ces problèmes par l’outil « Equitable impact Sensitive Tool » (EQUIST) a permis d’identifier les Interventions à haut impact qui peuvent en résoudre une bonne partie. Ce sont : la Vaccination, le Planning Familial, les soins prénatals, les soins postnatals, l’accouchement assisté par un personnel qualifié et motivé, les SONU, la PCIME, l’antibiothérapie, le maintien des filles à l’école, etc.
Goulots d’étranglement à l’utilisation effective des services de la SRMNEA
L’analyse situationnelle soigneuse des différents domaines d’intervention a montré que les disparités régionales se sont accentuées pendant les dix dernières années, tant en termes de la gravité des problèmes que de la couverture des interventions à haut impact. Les régions de l’Adamaoua, de l’Est, de l’Extrême-Nord et du Nord sont celles où la situation reste généralement la plus critique. Ces régions sont celles qui ont été identifiées comme zone prioritaire d’intervention dans ce dossier d’investissement SRMNEA.
Des goulots d’étranglement empêchant la couverture effective de la population avec les interventions à haut impact ont été identifiés par rapport à la demande (ignorance/inacceptabilité sur le plan culturel, faible pouvoir d’achat) et à l’offre (disponibilité des intrants, disponibilité des ressources humaines, accessibilité financière et géographique et qualité des prestations).
Aligné aux Objectifs de Développement Durable, et tenant compte de la nécessité d’aller vers la couverture sanitaire universelle, l’objectif général de ce dossier d’investissement est de contribuer à réduire, d’ici à fin 2020, la mortalité/morbidité maternelle, néonatale et infanto-juvénile, et de promouvoir la santé de la reproduction des adolescents/jeunes prioritairement dans les régions de l’Adamaoua, l’Est, l’Extrême-Nord et le Nord.
Pour atteindre cet objectif, l’une des principales stratégies est de couvrir la zone d’intervention par un ensemble d’interventions spécifiques et multisectorielles permettant d’assurer une complémentarité et synergie pour faciliter l’atteinte des résultats escomptés tout en veillant à une meilleure allocation et utilisation des ressources disponibles pour la santé. A cet effet, le gouvernement étant conscient que le Cameroun ne peut plus continuer à faire le « business as usual » est engagé dans une réforme du financement de la santé.
Le système de santé camerounais
Jean Paul Beyeme Ondua, ADSP
Le rapport du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) de 2000 classait le Cameroun au 163e rang mondial pour l’indice de développement humain. Le produit intérieur brut (PIB) en 2000 était de 8,6 milliards de dollars, le produit national brut (PNB) par habitant de 610 dollars, alors qu’il était de 1 060 dollars en 1990.
Comme la plupart des pays africains au sud du Sahara, le Cameroun traverse une crise économique aiguë depuis plus d’une décennie. Ces difficultés économiques ont provoqué une chute sensible des dépenses sociales. C’est ainsi que le secteur de la santé a connu une baisse continue des crédits budgétaires alloués par l’État. Le Cameroun a adhéré à la plupart des politiques sanitaires adoptées sur le plan international telles que la Charte africaine de développement sanitaire et les Soins de santé primaires.
L’état de santé de la population
C’est une population très jeune. L’espérance de vie à la naissance est passée de 47 ans en 1980 à 58 ans en 1995. Mais on observe depuis cette période une tendance à la baisse. Actuellement, elle est retombée à 54 ans (53 ans et 56 ans respectivement pour les hommes et les femmes). Le taux de natalité reste élevé, autour de 40 ‰.
L’indice synthétique de fécondité (ISF) est de 5,2 enfants par femme âgée de 15 à 49 ans, légèrement en dessous de la moyenne régionale (Afrique centrale 6,4) et africaine (5,6). Il est en baisse progressive depuis les années quatre-vingt où il était de 6,7 enfants par femme. La mortalité est élevée bien qu’elle reste dans les moyennes régionales 12, 77 et 122 pour 1 000 respectivement pour la mortalité générale, la mortalité infantile et la mortalité des enfants de moins de 5 ans.
La mortalité maternelle est à 550 pour 100 000 (OMS 2000). Les décès sont dus surtout au paludisme, aux maladies infectieuses, à la malnutrition et au sida. Le nombre de personnes séropositives pour le VIH était de 7,7 % de la population en 2000. L’école est théoriquement obligatoire pour les enfants de moins de 11 ans. Cependant le nombre de personnes de plus de 15 ans analphabètes reste élevé : 36 %, les femmes étant les plus concernées. Du fait de l’appauvrissement des campagnes dû à la chute des cours des produits agricoles, l’urbanisation connaît une forte croissance. En l’an 2000, près de la moitié des Camerounais habitaient en zone urbaine. 62 % de la population a accès à une source d’eau potable.
Financement et gestion des soins
Y participent : le budget de l’État (ministère de la Santé et autres départements ministériels), les ménages par le paiement direct, les ONG, l’aide extérieure, les entreprises et sociétés privées. La gratuité des soins n’existe pas. Le patient choisit son médecin et paye directement les soins qu’il reçoit. Mais ces frais ne sont pas remboursés, car il n’existe pas de système d’assurance maladie à l’exception de certaines sociétés privées qui prennent en charge les frais de maladie de leurs employés.
Les conséquences sont nombreuses : une grande partie de la population n’a pas accès au système de soins par manque de moyens et se tourne vers les guérisseurs traditionnels et les sorciers ; la pénurie des médicaments et des consommables dans les établissements publics ; la corruption.
La dépense globale de la santé atteint à peine 5 % du budget national du pays, ce qui est très inférieur au 10 % préconisé par l’OMS.
L’organisation du système de santé
Les services de soins sont organisés sur trois niveaux :
- au niveau local se trouvent les centres de santé. Le personnel est constitué essentiellement des infirmiers qui s’occupent des soins de santé de base et de la prévention ;
- dans chaque district et chaque département se trouve un hôpital d’une capacité de 100 à 150 lits. Il constitue le premier centre de référence pour les centres de santé. On y trouve au moins un médecin ;
- au niveau provincial se trouvent des hôpitaux de plus 200 lits comprenant des services et des soins spécialisés. Ces hôpitaux constituent des centres de références pour les hôpitaux des départements et des districts. On y trouve des médecins spécialistes.
Les services des soins privés au Cameroun comprennent les services de soins à but non lucratif, représentés surtout par les organisations religieuses, et les services à but lucratif représentés par les cliniques privées. Il existe aussi des organisations non gouvernementales (ONG) qui inter- viennent dans le domaine de la santé. La médecine traditionnelle occupe également une place non négligeable dans les soins de santé. Cependant ses activités sont non documentées dû au fait qu’aucune déclaration, ni autorisation, n’est nécessaire pour exercer la médecine traditionnelle et qu’il n’existe pas de contrôle de ses activités.
- L’approvisionnement en médicaments pour le secteur public reste précaire, subventionné par les organismes de coopé- ration. Il fournit les médicaments dans les établissements publics de soins.
- Pour le secteur privé, il existe plusieurs grossistes importateurs qui fournissent les pharmacies et les établissements privés de soins. Les officines sont largement concentrées dans les grandes villes du pays. Les pharmaciens sont rémunérés à travers une marge fixée par l’État sur le prix des médicaments. On distingue cependant une pluralité de structures de distribution dans le secteur libéral où coexistent des pharmacies gérées par des pharmaciens, des structures de distribution sans pharmacien appelées pro-pharmacies et la vente des médicaments par les ONG au sein des formations sanitaires.
Le marché informel du médicament représente environ 25 % des médicaments consommés au Cameroun. Il est fourni en grande partie par des importations illégales et non contrôlées de médicaments en provenance du Nigeria voisin et de certains pays d’Asie. Ces produits sont la plupart du temps mal conservés et dépourvus du principe actif. La vente se fait généralement par des vendeurs à la sauvette, au marché et dans les épiceries.
L’usage rationnel des médicaments est donc très souvent compromis par des prescriptions inadaptées, le recours à l’automédication et au marché parallèle. L’introduction des médicaments dits génériques n’a pas entraîné de changement des politiques pharmaceutiques, les pharmaciens ayant le droit de substituer un générique à une spécialité.
Le personnel de santé, tous secteurs confondus, a augmenté mais reste inégalement réparti.
Plusieurs actions doivent être entre- prises pour améliorer la santé des Camerounais.
- Organiser le système de santé de manière à le rendre efficace et efficient.
- Évaluer les programmes de santé mis en place afin de s’assurer de leur efficacité.
- Évaluer les besoins de santé des populations et établir des priorités de santé publique.
- Donner une priorité aux médicaments essentiels et aux génériques. Établir des politiques de contrôle efficaces des médicaments, de l’approvisionnement jusqu’à la commercialisation.
- Promouvoir l’éducation pour la santé et la prévention.
- Mettre en place un système d’enregistrement permanent des données sanitaires.
- Le secteur public et le secteur privé doivent être complémentaires, et les actions des différents acteurs doivent être coordonnées.
- Lutter contre les inégalités en matière d’accès aux soins et la pauvreté.
- Lutter contre la corruption.
- Mettre en place un cadre légal de l’exercice de la médecine traditionnelle, et des mesures répressives à l’encontre des charlatans.
- Enfin, évaluer les besoins en personnels de santé, former les personnels en fonction des besoins, et mettre en place des règles strictes d’exercice de la médecine.
Même si certaines de ces actions ont déjà été entreprises, les résultats tardent à venir. Beaucoup reste donc à faire. Le Cameroun sera-t-il le meilleur élève de la classe en matière de santé publique en Afrique ? L’avenir nous le dira.
Le système sanitaire est affaibli dans l’extreme-nord du Cameroun
ALIMA (The Alliance For International Medical Action) est une organisation humanitaire médicale qui vise à fournir une assistance aux populations dans des situations d’urgence telles que des épidémies, des conflits ou des catastrophes naturelles. ALIMA est basée à Dakar, au Sénégal.
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La région de l’Extrême-Nord du Cameroun est affectée par le conflit opposant les forces militaires au groupe Boko Haram dans la zone du lac Tchad. Les Nations Unies estiment qu’il y aurait près de 190 000 déplacés internes et de 90 000 réfugiés dans le pays. Depuis mai 2016, ALIMA apporte un soutien au Ministère de la Santé Publique dans cette région. Le Dr Moumouni Kinda, responsable programmes d’ALIMA décrit les besoins médicaux et humanitaires dans la région de l’Extrême-Nord.
Quelles sont les conséquences du conflit sur le système de santé de l’Extrême-Nord ?
Quand nous sommes arrivés en mai 2016, quelques structures de santé avaient été abandonnées. A l’hôpital de Makary, par exemple, une partie du personnel avait quitté les lieux et ceux qui étaient restés souffraient du manque de matériel : il n’y avait pas d’électricité, pas de chaîne de froid pour conserver les vaccins, très peu de lits, des ruptures de stocks de médicaments, pas de moyen de référence dans le district, le laboratoire ne fonctionnait pas et il n’y avait pas de capacité de transfusion sanguine. La fréquentation de l’hôpital était aussi très faible car les patients n’avaient pas les moyens financiers de venir se faire soigner.
Quels sont les besoins médicaux pour les populations du nord Cameroun ?
Derrière la crise des déplacés, le système sanitaire est affaibli dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Le conflit affecte les réfugiés nigérians mais aussi les populations locales qui sont forcées de se déplacer vers des zones plus sécurisées.
Dans les districts de Makary et de Koza, près de la frontière nigériane, la sécurité est compromise, et il est dangereux de s’éloigner des zones d’habitations pour cultiver. Près de 190 000 habitants de la région de l’extrême-Nord ont dû quitter leurs villages d’origine pour trouver refuge dans des localités plus sûres. D’autres rentrent au village durant les périodes d’accalmie. En raison de l’insécurité, certaines personnes ne peuvent plus accéder à leurs champs, et se retrouvent privées de leur principale source de subsistance.
Chez les enfants de moins de 5 ans, on constate des taux de prévalence de la malnutrition qui dépassent parfois les seuils d’urgence de l’OMS. Ainsi, on dénombre 2,2% d’enfants malnutris aigus sévères à Koza et Makary. Les enfants malnutris que l’on admet dans les structures de santé présentent souvent des complications car il n’y avait pas de possibilité de soins pour la malnutrition aiguë sévère avant l’arrivée des équipes médicales d’ALIMA. Plus de la moitié des enfants soignés souffrent d’infections respiratoires aiguës ou de diarrhées.
Promotion de la santé au Cameroun : état des lieux et perspectives
Jacky Ndjepel , Patrice Ngangue et Edmond Mballa Elanga
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Le Cameroun, comme plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne (ASA), n’a pas encore saisi toute l’importance de la promotion de la santé (PS). D’après Houeto , cette situation constitue un véritable paradoxe car c’est la région du monde qui présente les indicateurs de santé les moins satisfaisants. Celui-ci s’explique notamment par le caractère nouveau du concept de PS, le rôle de la colonisation dans la situation actuelle des systèmes de santé et celui des organisations internationales dans les politiques publiques africaines.
Aussi, la Charte d’Ottawa (CO), document de référence de la PS, a été élaborée sans grande participation africaine . Deux pays africains ont participé à cette rencontre.. Ce n’est qu’en 2009 à Nairobi, lors de la 7e conférence que plusieurs pays africains dont le Cameroun, participent à une rencontre de PS. Aujourd’hui, le Cameroun comme quelques pays de l’ASA, commence timidement à se démarquer en mettant en place des structures et des programmes de santé avec une composante PS. Toutefois, beaucoup reste à faire surtout au niveau des politiques publiques et de la formation universitaire.
La PS est très souvent assimilée à la prévention des maladies au Cameroun. Les interventions sur le terrain sont axées en priorité sur le changement des comportements individuels par le biais de l’éducation à la santé. Pourtant, la littérature scientifique démontre que l’amélioration de l’état de santé des populations passe aussi et surtout par l’action sur les conditions de vie, d’où l’importance de la PS.
Pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la PS est le processus qui confère aux populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé et de l’améliorer . De façon opérationnelle, Green et Kreuter, cités par O’Neill , la définissent comme « toute combinaison d’actions planifiées de type éducatif, politique, législatif ou organisationnel appuyant les habitudes de vie et des conditions de vie favorables à la santé d’individus, de groupes ou de collectivités ».
Ces définitions soulignent les valeurs de la PS telles que l’équité, la justice sociale, la participation et l’empowerment ainsi que ses différents axes et niveaux d’interventions.En raison de la quasi-absence de formation universitaire et de documentation spécialisées en PS, les professionnels de la santé ne sont pas toujours informés du contenu conceptuel de la PS. À la direction de la PS du Ministère de la Santé publique (Minsanté), la CO est pratiquement le seul document disponible. Sur le plan opérationnel, aucun document stratégique n’a été élaboré en vue de guider les actions de PS sur le terrain.
Au regard des arguments évoqués sur la situation de la PS au Cameroun, les principaux enjeux concernent la compréhension du concept de PS, son intégration dans tous les secteurs d’activités et le renforcement des capacités des différents acteurs pour une meilleure appropriation. À partir d’une analyse critique de la littérature disponible portant sur la situation socio-sanitaire et l’état des lieux de la PS au Cameroun, cet article propose des perspectives pour une meilleure implantation.
Situation socio-sanitaire du Cameroun
Le Cameroun est un pays de l’Afrique centrale, situé au fond du Golfe de Guinée, avec une population de plus de 20 millions, dont 52 % vit en milieu urbain. Sur le plan sanitaire, son profil épidémiologique est dominé par des maladies infectieuses et parasitaires et, une tendance à l’augmentation de la prévalence des maladies cardiovasculaires, du diabète et des cancers [8]. Le paludisme est la première cause de mortalité et de morbidité. Les infections respiratoires et les maladies gastro-intestinales constituent d’autres causes de décès, en particulier, chez les enfants de moins de 5 ans [8].
D’après l’enquête démographique et de santé à indicateurs multiples (EDS-MICS) de 2011, la prévalence du VIH était de 4,3 % en 2011 [9]. On note aussi une augmentation des coûts des services de santé classiques et de la part des budgets des ménages alloués à la santé. Moins de 10 % de la population bénéficie d’une assurance maladie, les ménages contribuant à près de 83 % au financement de la santé. Cette situation favorise le recours à d’autres référents thérapeutiques (églises, médecine traditionnelle).
La promotion de la santé au Cameroun : état des lieux
Pour répondre aux problèmes des populations, le gouvernement camerounais a élaboré le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), qui fait suite au Document de Stratégie de réduction de la Pauvreté de 2003. Par le DSCE, l’État invitait chaque secteur de développement socioéconomique à élaborer sa stratégie sectorielle en conformité avec le DSCE. Sur le plan sanitaire, la stratégie sectorielle de santé (SSS) devait initialement couvrir la période 2001-2010. Cependant, afin de l’arrimer à l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement, elle a été prolongée jusqu’en 2015. Un plan national de développement sanitaire (PNDS) de 2011 à 2015 a ainsi été élaboré. Ce plan est désormais l’outil de référence au Cameroun pour toute intervention dans le secteur sanitaire [11]. La PS constitue l’un de ces quatre domaines prioritaires.
Les classes d’interventions concernent la communication intégrée dans les programmes de santé ; la santé, la nutrition et l’environnement et, la prévention primaire de la malnutrition et des maladies non transmissibles. Ces interventions de PS ne rejoignent qu’un seul niveau d’intervention (individuel), n’utilisent qu’une seule stratégie (l’éducation à la santé). L’accent est mis essentiellement sur le développement des aptitudes individuelles. Très peu de considération a été accordée aux axes d’intervention de la CO relatifs à l’élaboration de politiques publiques favorables à la santé, la création des milieux favorables à la santé et la réorientation des services de santé.
Aussi, la prise en compte des conditions de vie à travers les déterminants sociaux de la santé (DSS) n’y apparaissent pas. Ces points faibles démontrent que la PS est encore mal comprise, et par conséquent insuffisamment mise en œuvre même s’il existe une direction chargée de la PS au sein du Minsanté.
L’État camerounais a créé cette Direction pour souligner sa volonté de mettre en œuvre les principes de la PS. Cependant, cette volonté politique ne transparaît pas dans les actions menées sur le terrain. Cette structure comprend trois sous-directions dédiées à l’alimentation et la nutrition, la prévention et l’action communautaire, l’hygiène et l’assainissement. Il n’existe pas d’organes décentralisés au niveau des délégations régionales et des districts de santé. De ces sous-directions, seule ressort l’action communautaire comme axes d’intervention proposés par la CO. Les autres composantes aussi importantes ne semblent pas prises en compte.
S’agissant de l’action communautaire, ses activités ne sont pas visibles au niveau opérationnel. Les structures de dialogue qui doivent servir de courroie de transmission entre les services de santé et la communauté peinent à fonctionner ; ce qui rend très difficile la participation effective des communautés dans la résolution de leurs problèmes de santé. Les interventions sont pour la plupart planifiées et mises en œuvre exclusivement par les professionnels de la santé. Ceux-ci n’ont pas toujours la formation adéquate et leur vision ne cadre pas nécessairement avec l’approche de santé positive et globale de la PS. Leur formation, surtout basée sur le renforcement des capacités en éducation à la santé, ne favorise pas l’appropriation du concept et réduit souvent la santé à l’administration des soins.
Promotion de la santé au Cameroun : perspectives
Pour une mise en œuvre efficace de la PS au Cameroun, certaines activités peuvent être priorisées en fonction des faiblesses identifiées. Il s’agira d’insister sur les actions de types politique et organisationnel. Sur le plan politique, le gouvernement camerounais sous l’égide de la direction de la PS pourrait initier une consultation publique en vue de l’élaboration d’un plan national de PS. Les activités de PS pourraient ainsi être intégrées dans les politiques gouvernementales en privilégiant une approche multisectorielle qui implique les pouvoirs publics, la société civile et des structures académiques pluridisciplinaires .
En outre, les réseaux et mouvements sociaux qui prônent la santé globale et l’équité, de même que le leadership des spécialistes de la PS devraient servir de plaidoyer pour que les activités de PS se retrouvent au centre des politiques publiques. Dans cette démarche, il faudra sensibiliser les décideurs sur leurs responsabilités et l’impact de leurs décisions sur la santé et le bien-être des populations. Au final, il serait pertinent d’inviter chaque département ministériel à ajouter une composante de PS dans sa stratégie sectorielle comme c’est le cas dans certains pays développés comme le Canada, l’Australie.
Sur le plan organisationnel, une réforme de la direction de la PS est nécessaire afin d’arrimer les différentes sous-directions aux cinq axes d’intervention de la PS tels que proposés dans la CO. Il faudrait aussi profiter du processus de décentralisation en cours pour mettre en place des structures régionales et locales de PS en partenariat avec les ONG et les communautés. Pour que ces structures puissent fonctionner efficacement et que les communautés occupent une place prépondérante, un processus de renforcement des capacités des professionnels en PS sera mené à grande échelle. Des ateliers de formation seront organisés avec la collaboration des ONG spécialisées.
Au niveau des communautés, l’accent sera mis sur l’encouragement d’un leadership local afin que celles-ci jouent un rôle important dans la mise en œuvre des programmes de PS. L’un des buts poursuivis par la PS étant l’autonomisation des populations dans le contrôle et l’amélioration de leur santé. Enfin, des programmes de formation universitaire en PS devront être mis en place comme c’est le cas dans certains pays africains anglophones (Kenya, Ouganda) [1]. La collaboration avec ceux-ci serait intéressante afin de partager leurs expériences.
Les spécialistes de PS seront appelés à développer des approches de recherche et des pratiques pertinentes sur le plan local. Ils pourront ainsi apporter un éclairage sur les actions menées en participant aux regroupements régionaux et sous-régionaux de PS et en publiant des articles scientifiques qui démontrent l’importance et l’efficacité de la PS.
Cameroon public health sector: shortage and inequalities in geographic distribution of health personnel
Tinyami Erick Tandi, YongMin Cho, Aba Jean-Cluade Akam, Chick Ofilia Afoh, Seung Hun Ryu, Min Seok Choi, KyungHee Kim, and Jae Wook
Institute for Occupational and Environmental Health, Korea University, Seoul, South Korea
Ministry of Public Health Yaounde, Yaounde, Cameroon, Department of Preventive Medicine, School of Medicine, Graduate School of Public Health, Korea University, Seoul, South Korea
Introduction
Cameroon is classified by the World Health Organization (WHO) as having a critical shortage of health personnel. This is further complicated by the geographic distributional inequalities of the national health workforce. This shortfall impedes Cameroons’ progress of improving the human resources for health (HRH) to meet up with the Millennium Development Goals (MDGs) by 2015. However, it is unknown whether the health workforce of Cameroon is distributed equally across geographic regions. Additionally, indicators other than population levels have not been used to measure health care needs. This study aimed to assess the adequacy, evenness of distribution and challenges faced by the health workforce across the different regions of Cameroon.
Results
Significant geographic inequalities in the availability of health workforce exist in Cameroon. Some regions have a higher number of physicians (per person) than others leading to poor health outcomes across the regions. 70 % of regions have a density of health personnel-to-population per 1,000 that is less than 1.5, implying acute shortage of health personnel. Poor working and living conditions, coupled with limited opportunities for career progress accounted for some documented 232 physicians and 205 nurses that migrated from the public sector. Significant distributional inequality was noticed when under-five infant mortality and malaria prevalence rate were used as indicators to measure health care needs.
Introduction
The public health sector is considered one of the driving forces of most developing countries’ health systems, due to some of its core objectives of preventing, improving and providing health services to their populations. Although the World Health Organization (WHO) defines human resources for health (HRH) as “all people engaged in actions whose primary intent is to enhance health”, in this study we restricted our findings to health personnel of the public health sector. The estimated global shortage of HRH is above 4 million, assuming all countries have to attain an average worker-to-population density of 2.5 per 1,000 . According to the 2006 World Health Report, the WHO estimated that over 4.3 million more health workers are needed to bridge the gap of health personnel globally, of which about 1.5 million (35 %) are required in Africa alone .
Across the world, 57 countries have been identified as having “critical shortages” of health workers, amongst which 36 are in Africa including Cameroon . However, for many low and middle-income countries to attain specific Millennium Development Goals (MDGs) pertaining to health, they need to reduce the shortages of trained, motivated and supported health workforce, as health personnel have a direct/indirect role in strengthening societal health that is strongly linked with sustainability of human and economic development . This is more critical in the Sub-Saharan Africa (SSA), where the existing low densities in health workforce to population per 1,000, have further strained their ability to cope with increasing health crisis and disease burden as compared to other regions in the world .
In addition to the low availability of health personnel in the SSA where Cameroon is found, there is a common understanding that the region is further exacerbated by geographic distributional inequalities that is even more severe in rural areas . However, one of the major constraints to this postulate has been limited in-country data on their HRH profiles, as most studies have focused themselves to the distribution of specific health cadres (physicians or nurses), .
The pro-urban uneven distribution of the available health workforce due to poor social amenities in the rural areas is of major concern, for example, in the city of Nairobi in Kenya, a physician catered to 500 persons, while a physician in the Turkana district catered to 160,000 persons within the same country. Similarly, in Cameroon, a physician in the Center region catered to 5,449 persons as opposed to 26,726 persons to a physician in the Adamawa region. In this article, we use the 2011 HRH census in Cameroon to analyze health personnel distributional patterns across the different regions of the country.
Cameroon is located in Central Africa with a population of 20,549,221. It is partitioned into ten administrative regions which are further divided into 58 districts, 360 sub-districts and 339 councils .
The public health sector of the country is pyramidal, and has a centralized system of administration that runs from the central (ministry), through the intermediary (regional delegations), and cumulating at the peripheral (health districts) levels. Three different levels of health care delivery services exist in Cameroon; the tertiary, the secondary, and the primary services. However, intra-regional differences in health personnel availability which may be associated with urban/rural divide and corresponding economic disparities, could not be assessed due to lack of district-level data. Our study was therefore limited to inter-regional inequalities in the availability of the public health sector health workforce in 2011.
Distributional inequalities of health personnel are often assessed by comparing the number of available health personnel across different geographic regions . One of the objectives of this paper is to provide a quantitative description of distributional inequalities of health personnel across the different regions in Cameroon. In this way, we are able to assess if regions that have relatively few physicians are compensated by having more lower health cadres (nurses and paramedical).
Just as death rate is used as an indicator in high-income countries , indicators such as under-five mortality and malaria prevalence can be used in low-income countries like Cameroon. In this study we use under-five infant mortality and malaria prevalence rate as alternative indicators to population levels in the partial determination of health care needs in Cameroon as malaria accounts for more than 40 % of deaths in the nation.
Although, these indicators may present a partial measurement of the healthcare needs in Cameroon, they definitely give a reflection of the possible regional differences in health care needs when evaluating the adequacy of health personnel across the different regions of the country. It is useful that under-five infant mortality is an important tool in determining health care needs in low-income countries where their annual mortality measures up to 30 % as opposed to less than 1 % in high income countries . In Cameroon under-five mortality varies by a factor of three, ranging from 251 deaths in the Extreme north region to 112 in the Center region per 1,000 live births. Also in 2010, malaria prevalence is about 36 % among Cameroonians . Based on this, it will be of reasonable importance to use both indicators as a partial measurement of health care needs.
In Cameroon, HRH has suffered a great challenge as a result of the economic crisis that caused the Government to set in reforms in accordance with the Structural Adjustment Program (SAP) enacted by the World Bank and the International Monetary Fund (IMF) in the 1980s and 1990s. These reforms led to the suspension of recruitment of public health personnel, no development in health infrastructures as well as salary cuts for health personnel. This may have accounted for the poor working and living conditions of health workers ranging from low salary, overwork burden, no professional autonomy, limited opportunities for career progress and lack of sufficient as well as modern equipment for smooth and effective practices.
Although, very little has been analyzed on HRH in Cameroon, we performed this study to assess the adequacy, evenness of distribution and challenges faced by the health workforce across the different regions of the nation. Our findings are aimed towards informing public health policy makers interested in HRH to include further interventions in their planning agenda for the improvement and prevention of human resource crisis within the health system. In this study we refer to physicians, nurses and paramedics as the cadres involved with the provision of clinical health care services to the public.
Health personnel density, inequality and measure of alternative need
Our results provide a snapshot of the 2011 HRH situation of the public health sector in Cameroon. With regards to nationwide health workforce density representation, the aggregate density of health personnel-to-population was 1.3 per 1,000, which is lower than the WHO’s recommended critical shortage threshold of 2.5 . There is a four-fold variation in the density of available health personnel-to-population per 1,000 from 2.0 to a low of 0.2 across the region. In Cameroon, none of the regions was able to attain the WHO critical shortage threshold limit, six out of the ten regions had densities below 2.0 and 3 regions below 1.0 and only 1 region (Center) with 2.0.
Also, the ratio of physicians to nurses varies from 1:5 in the Center region to 1:21.5 in the North region. Among the different health personnel cadres to population per 1,000, the densities vary from 0.67 nurses per 1,000 to a low of 0.0 pharmacists per 1,000 as illustrated presents the regression results of selected national health outcomes and specific health personnel density. The results depicts that the degree of association between the densities of physicians, nurses and paramedics varies across the different regions of the nation when maternal mortality, under 5 years infant mortality and measles immunization coverage were used to measure health outcomes.
Measles immunization coverage showed significant coefficients with p-value of <0.001 as compared to under-five infant and maternal mortality. Therefore a change in the density of physicians, nurses and paramedics will influence the coverage of measles immunization and the outcomes of maternal and under 5 years infant mortality.
Infrastructure and health personnel challenges
Of the 4,351 health facilities in Cameroon, 2,428 (55.80) are distributed within the public health sector of the nation. 2,175 (89.58 %) are directly involved with healthcare delivery services, 1,793 (73.85 %) are located at the primary level of health care services, 382 (15.73 %) at the secondary and tertiary levels, and 253 (10.42 %) involved with training and other services related to health. There was only one training school for physicians and 40 training centers for other health cadres distributed within the country, of which the Centre region had the highest (10) centers, while the North and South regions having only one center each. The West 399 (16.49 %), the Centre 376 (15.49 %) and the Littoral 318 (13.10 %) regions were the most represented with health facilities, while the North 168 (6.92 %) and Adamawa 120 (4.94 %) regions were the least.
Conclusion
This study revealed issues surrounding the inadequacy in the availability of health personnel in Cameroon, that is further complicated by the geographic distributional inequality and varying workforce characteristics (for example, sex and age profile) across the different regions. In addition to inequalities and the uneven distribution of health personnel, cultural, religious and ethnic differences also contributed in widening the degree of disease burden and health outcomes in some regions of the nation.
This study seeks for collaborative actions between the government of Cameroon, stakeholders, professionals, and international partners to direct policies that will address key issues surrounding HRH improvement. Such measures could involve facilitating recruitment, deployment, and integration processes of health personnel, provision of career progress opportunities (through scholarships and subsidies) and the construction and expansion of both training and health infrastructures across the nation.
The training and retraining of personnel, including task shifting as many as possible from physicians, nurses, pharmacists and paramedics to non-clinical staff, giving room for clinicians to concentrate on complex and specific areas of expertise is of importance . These are in line with the recommended WHO measures in increasing access of health personnel to underserved areas . Furthermore, we urge other organizations other than the government to be involve in staff audits and facilities of the health system of Cameroon for a more specific and up-to-date information about the sector.
Moreover, health personnel retention does not depend solely on finances , but policy makers may consider creating a more conducive, competitive and attractive packages, and facilities that will encourage and retain those on the ground as well as return tickets for those studying and practicing abroad for their return to the country. The facilitation of the decentralization process will assist in the rapid identification, development and problem solving of specific regional and community’s need-base resources pertaining to health care needs as well as other sectors leading to the improvement of the societal wellbeing.
Also by combining concentration curves on the same diagram with Lorenz curves gives a visible illustration of the significance of using alternative indicators of health care needs to determine distributional inequalities of health personnel. However, population levels may be useful as an indicator to determine health personnel inequalities and health care needs in settings with uniform distribution of disease profile and epidemiologic pattern but as a bias in case where this varies across geographical area.
Therefore depending solely on population levels as a measure of health care need may leave out vital information needed for a more reliable and effective distribution of health personnel according to health care needs. Hence, there is the need for a collaborative multidisciplinary professional team work for the careful identification of indicators that will measure health care needs alongside policy implications for a proper resource planning and allocation.
Better Access to Health Care for all Cameroonians
Gaston Sorgho,
STORY HIGHLIGHTS
- The sixth issue of Cameroon Economic Update, focused on the subject of health, suggests a few avenues for improving Cameroonians’ access to health care
- In Cameroon, health statistics have not improved significantly over the last 20 years, and life expectancy has actually decreased
- Cameroonians bear the brunt of the financial burden for health care, while public resources allocated for health are insufficient and poorly distributed.
Cameroon, a central African country that has set its sights on becoming an emerging economy by 2035, will have to prioritize health care access for the poorest segments of the population if it is to make solid progress toward lasting growth. This diagnosis is advanced in Cameroon Economic Update, a twice-yearly World Bank publication designed to promote dialogue on various aspects of the country’s outlook. Its sixth issue is devoted to the subject of health.
Even though Cameroon’s proportion of doctors (1.9 per 1,000 inhabitants) is twice the minimum recommended by the World Health Organization, the country’s health statistics are paradoxically behind the curve. Life expectancy for Cameroonians has decreased by about two years since 1990, while it has increased by an average of five years in the rest of sub-Saharan Africa. Worldwide, Cameroon is also among the countries where the mortality rate for children under five years of age (122 deaths per 1,000 live births) has decreased the least.
Yet Cameroon spends more money on health than any other sub-Saharan country (except South Africa): US$61 per capita, as opposed to US$51 on average. It is Cameroonians themselves, however, who shoulder the majority of this financial burden. “Out of those $61, the State finances only $17; and out of that sum, $8 comes from international donors,” notes Raju Jan Singh, the World Bank lead economist for Central Africa and the main author of the report. “This means there is a strong correlation between health statistics and revenue statistics,” he adds, “with well-off households and wealthy regions having better access to health services.”
An inequitable system
The implications of these statistics, the report says, is that the more money a woman has, the more likely she is to have qualified professional assistance during childbirth, whereas in poor and rural communities, women and children will have a much higher risk of dying. The geographic disparities are striking: 40% of the country’s doctors practice in the Centre region (which includes Yaoundé, the capital), where only 18% of the population lives. On the other hand, the Far North region, which also holds 18% of the population, employs only 8% of Cameroon’s doctors.
Why are the disparities among geographic regions and economic sectors so stark? Direct payment for on-demand health services will be a factor of inequality to the extent that it depends on the patient’s own financial means, as noted in Cameroon Economic Update’s latest issue. “It is in the self-interest of health care personnel to work in an urban setting, where their clients have higher salaries and their own chances for professional advancement are greater than in rural areas,” explains Gaston Sorgho, a World Bank health specialist and co-author of the report. “Whatever their social condition, Cameroonians pay a high price for care that is often deficient,” he adds, “and the country has no risk-sharing mechanisms such as health insurance, a situation that perpetuates the cycle of poverty.”
Results-based financing: the right solution?
The report recommends adopting several measures aimed at improving the country’s health care performance profile:
- Systematic collection of health data to evaluate conditions and measure results
- Establishment of financing mechanisms for the neediest families to encourage them to visit health centers
- Better distribution of health personnel nationally to alleviate geographic disparities, achieved by incentives such as bonuses for work in rural settings.
A pilot project covering four regions (Littoral, Southwest, Northwest and East) and 3 million inhabitants (out of a total population of 20 million) was recently founded, with World Bank support, to model the soundness of this approach.
No fewer than 400 health centers have signed results-based financing (RBF) contracts and are being paid according to the quality and quantity of care provided. Centers situated in areas considered difficult to serve receive additional credit and bonuses. “Adopting a remuneration system based on performance is an effective way to change health care providers’ behavior,” says Sorgho, adding that in Cameroon, absenteeism is a major problem in isolated rural areas. According to a recent World Bank survey, in the Southwest region alone 32% of health centers were operating (on the survey date) with a single staffer at each center.
In the Littoral region, the last few months have shown encouraging results, as centers where RBF was introduced demonstrated a significant increase in usage of critical services such as prenatal care, child vaccinations and modern contraception methods. The sub-Saharan African countries Rwanda, Burundi and Sierra Leone, which have established results-based financing as a national policy for health care, have also seen tangible results.
Raju Jan Singh, the economist, expressed optimism about Cameroon’s ability to improve its health care performance record, since the government adopted a budget program in 2013 aimed at improving the productivity of public expenditures. “With this framework, ministers will enjoy greater autonomy in planning and executing their budgets, but in exchange they will be expected to answer for the results. That is why the country needs better data-gathering techniques, because to get results, you need reliable data,” he concluded.
Source photo : afrique.le360.ma