Perspectives économiques en Guinée-Bissau
Auteur : Banque Africaine de Développement (BAD)
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2019
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Performances macroéconomiques
La croissance du PIB réel, stabilisée à environ 5,3 % en 2018, légèrement en dessous des 5,9 % de 2017, est soutenue par une agriculture (6,3 %) et une industrie de la pêche (8,3 %) solides. L‘économie dépend fortement de l’agriculture, notamment le riz et les noix de cajou, qui comptent pour 45,3 % du PIB, près de 85 % de l’emploi, et plus de 90 % des exportations. Concernant la demande, la croissance est tirée par les exportations et la consommation des ménages.
Grâce à une politique budgétaire restrictive et des recettes améliorées, le déficit budgétaire reste modéré
Grâce à une politique budgétaire restrictive et des recettes améliorées, le déficit budgétaire reste modéré, à –2,5 % en 2018. La restructuration de la dette l’a fait diminuer à 49,2 % en 2017 contre 55,1 % en 2014. La Guinée- Bissau connaît un risque de surendettement modéré. L’inflation atteint 2,0 % en 2018 contre 1,4 % en 2017, entraînée par une demande intérieure élevée et des prix en hausse du riz et d’autres produits alimentaires de base.
Le déficit de la balance s’est aggravé en 2018, atteignant –3,2 % contre –0,6 % en 2017, malgré de fortes augmentations du volume des exportations de noix de cajou (90 % des exportations) et des prix internationaux. Les importations sont dominées par les machines et les matériaux de construction (19 %), les carburants et les produits raffinés (18 %), les services (16 %), et les produits alimentaires et agricoles (12 %). En 2018, les réserves officielles s’établissaient à 3,3 milliards USD (soit 4,6 mois d’importations).
Perspectives : facteurs positifs et négatifs
Le PIB réel devrait croître de 5,1 % en 2019 et de 5,0 % en 2020, grâce aux cours favorables de la noix de cajou, malgré des récoltes plus faibles, et grâce à un investissement public élevé dans les secteurs de l’énergie, de la construction et de l’alimentation en eau. Au total, l’inflation devrait être de 2,2 % en 2019 et de 2,3 % en 2020, inférieure au critère de convergence de 3 % fixé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine. En 2018, le déficit de la balance courante est d’environ –3,2 % du PIB et devrait diminuer à –2,3 % en 2019 grâce à l’accroissement de l’investissement et d’une hausse de la facture des importations de pétrole.
Les perspectives économiques sont très incertaines en raison de l’instabilité politique et de fortes variations de prix des noix de cajou, principale source de revenus de plus des deux tiers des ménages
Les perspectives économiques sont très incertaines en raison de l’instabilité politique et de fortes variations de prix des noix de cajou, principale source de revenus de plus des deux tiers des ménages. En outre, on note des risques d’instabilité bancaire, l’augmentation imprévue des prix du pétrole et la forte dépendance à une agriculture tributaire des précipitations, menacée par de mauvaises conditions météorologiques.
La forte concentration de la dette sur le marché intérieur (39,7 % du PIB) peut constituer une menace pour le secteur bancaire. Une gestion améliorée des finances publiques est donc essentielle pour éviter l’effet d’éviction de l’investissement privé. Le gouvernement rationalise la dépense publique par le biais du programme Défi zéro (Défi dépense non réglementée zéro, Défi nouvel arriéré zéro, et Défi crédit zéro des banques commerciales à la banque centrale).
Remédier au manque d’infrastructures est essentiel au maintien d’une croissance forte et inclusive. En effet, seuls 10 % des routes sont goudronnées, et le taux d’accès à l’électricité est d’environ 14,7 %. L’état des services de santé et d’éducation est lamentable, en raison de l’instabilité politique et de la mauvaise gouvernance. En 2016, le pays est au 178e rang sur 188 à l’Indice du développement humain. La pauvreté affecte plus de 70 % de la population. En 2010, l’inégalité des revenus s’établit à 50,7, selon l’indice Gini. Les femmes ont un accès limité au crédit et à la formation professionnelle. Gérer les fragilités et résoudre l’instabilité politique et institutionnelle permettront de poser des fondements solides au développement.
External Stability Assessment
Author : International Monetary Fund (IMF)
Type of publication : Report
Date of publication : July 2015
After severe balance of payments pressures in 2012 and 2013, due to a decline in the international price of cashew, Guinea-Bissau’s main export product, combined with political uncertainty after the 2012 coup, exports have recovered and support by international partners has returned. While imports have also been strong, a significant increase in current transfers moderated the current account deficit in 2014, and the balance of payments recorded an overall surplus. In the medium-term, financing needs would increase significantly as terms-of-trade are projected to deteriorate and import demand to remain strong due to continued robust growth and large—mainly officially funded—infrastructure investment needs.
The real effective exchange rate appears broadly in line with fundamentals in the short-term. The economy remains vulnerable to shocks due to high export concentration and the country’s fragile status. The business environment remains difficult. To safeguard external stability in the medium term, policies targeting the diversification of the economy combined with improvement in non-price competitiveness will be critical.
Recent Economic Developments and Outlook
“Pressures on Guinea-Bissau’s balance of payments moderated significantly in 2014”
After severe external pressures due to the decline of cashew nut prices by more than 40 percent between 2011 and 2013, Guinea-Bissau’s terms of trade improved by more than 30 percent in 2014, and exports recovered. Imports also grew substantially (by almost 31 percent in real terms), driven by a more favorable growth outcome and substantial demand for fuel. As a result, the trade deficit widened from 7.7 percent of GDP in 2013 to 9.7 percent in 2014. Current transfers more than doubled in nominal terms compared to their 2013 level and reached 7 percent of GDP due to a strong increase in budget grants and continued robust private transfers.
After severe external pressures due to the decline of cashew nut prices by more than 40 percent between 2011 and 2013, Guinea-Bissau’s terms of trade improved by more than 30 percent in 2014, and exports recovered.
Large public investments, financed through project grants and concessional borrowing, and a further increase of real growth to around 5 percent would boost imports in the medium-term. Exports values, while projected to rise significantly due to a favorable outlook for cashew prices in 2015, would stay relatively flat in the medium term. The current account deficit would expand to an average of more than 5 percent of GDP per year during 2015–19.
As Guinea-Bissau’s is part of a monetary union, its exchange rate should also be seen in the context of the external stability of the WAEMU as whole
A stable political and security situation is the necessary condition for a sustainable external position. From the macroeconomic perspective, Guinea-Bissau’s very high export concentration in cashew nuts (85 to 99 percent of exports) poses the main risk to external stability as it leaves the country vulnerable to international price fluctuations. An increase in currently favorable oil prices could exert pressure on the current account as the economy is highly dependent on the import of petroleum products.
External Sustainability Assessment
As a member of a currency union, and being the smallest player in it, Guinea-Bissau’s external position also depends on the other WAEMU members’ performance. An assessment of the WAEMU as a whole suggests that the external position remains sustainable but vulnerabilities have increased. The region’s exchange rate appears broadly in line with fundamentals, but its external buffers have been shrinking: the BCEAO’s gross international reserves (GIR) coverage decreased from 6.6 months of imports in 2010 to 4.6 months of imports in 2014; commercial banks’ net foreign exchange position has declined significantly in 2014 and turned negative. However, GIR are still significantly higher than the floor that acts as a warning signal under the zone’s monetary arrangement with France (84 percent of narrow money compared with 20 percent)
Non-Price Competitiveness
Guinea-Bissau’s relative rating in the Doing Business ranking has deteriorated compared to the last assessment; only 10 out of 189 countries evaluated are currently ranked worse. Getting access to electricity, starting a business and enforcing contracts are particularly challenging areas compared to other WAEMU countries and a benchmark group of fast growing African economies. Guinea-Bissau’s institutionsand policies are also consistently ranked weaker than in other WAEMU countries in the Country Policy and Institutional Assessment. Considering that Guinea-Bissau cannot devalue its currency as it is part of a monetary union, improvements in these areas will be even more critical for the private sector’s development and economic diversification which are the necessary conditions to make Guinea-Bissau an economy which is more resilient to shocks.
Financial Stability, Inclusion, And Deepening
Author : International Monetary Fund (IMF)
Type of publication : Report
Date of publication : July 2015
Guinea-Bissau’s financial sector remains shallow, faces major challenges, and access to financial services is low. Most indicators of financial soundness point to vulnerabilities in Guinea-Bissau’s financial system, financial depth appears to be below the level implied by the country’s characteristics, and access to financial services is limited. Commercial banks are on average less profitable and less liquid, face higher non-performing loans and are less compliant to key prudential ratios than banks in other WAEMU countries. While financial intermediation has picked up recently, credit to the private sector remains lower than implied by the country’s fundamentals. Access to financial services in Guinea-Bissau is low and the banking sector only marginally contributes to firms’ investment programs.
Financial Sector Stability
As in other WAEMU countries, the financial sector in Guinea-Bissau is dominated by the banking sector. The banking sector encompasses currently four banks whose assets represent almost 32 percent of Guinea-Bissau’s GDP. While the sector is well capitalized on average, with average solvency ratios above average WAEMU levels, there is considerable heterogeneity across banks, and most indicators of profitability and liquidity are weaker than in other WAEMU countries. Lending is concentrated in a few sectors. In particular, exposure to the cashew nut sector is very high and, as only a few companies are incorporated in Guinea-Bissau, the risk from this sector is concentrated on approximately 20 bankable agents.
Since international cashew nut prices started declining in 2012, and fueled by political uncertainty due to the 2012 coup, non-performing loans have increased significantly
As Guinea-Bissau’s economy is highly concentrated in cashew activity (more than a third of GDP and more than 90 percent of exports related to cashew activity), negative shocks to the sector can have significant impacts on balance sheets of commercial banks. Concentration risks related to other sectors are also high in some banks. When the price of cashew fell from almost 1400 USD/ton in 2011 to below 800 USD/ton in 2013, non-performing loans (NPLs) of the two banks with the largest exposure to the cashew sector increased to 60 and 74 percent as of September 2014. On average, the ratio of NPLs to total loans has increased from 6.5 percent at the end of December 2011 to 37.7 percent in June 2014.
Financial stability indicators point to a vulnerable banking sector; concentration risk poses the main problem
Compliance with prudential norms remained weak in June 2014, even when compared to the modest compliance ratios in the WAEMU. Also due to the poor diversification of Guinea-Bissau’s economy, only one of the four banks complied with the single exposure limit which is already high by international standards (75 percent vs. 25 percent). Half of the banks did not comply with the minimum capital requirement of FCFA 5 billion, the capital adequacy ratio of 8 percent, the related party lending ceiling, the liquidity ratio and the transformation ratio.
Private Sector Credit Depth
While growth of credit to the economy has been on an upward trend since 2004, it declined sharply in 2012, as a consequence of political uncertainty after the coup d’état and difficulties in the cashew sector due to the decline in the international cashew prices; credit growth turned negative in 2013 with the additional shock to cashew prices. Commercial banks perceive credit risk as very high, and consider investments into WAEMU government paper, or holding their liquidity with the BCEAO, as a safer option.
Access to Financial Services
Comparing, different indicators of financial access in Guinea-Bissau against other WAEMU countries and groups of fast growing regional and Asian benchmark countries, shows that:
- Provision of basic financial infrastructure, such as the density of ATMs and the number of bank branches in Guinea-Bissau is lower than in WAEMU on average—which itself lags behind other benchmark groups.
- The number of people with deposits at commercial banks is low. Only around 6 percent of adult Bissau-Guineans had deposits with a commercial bank in 2013, compared to around 13 percent in the WAEMU, and about 30 percent in fast growing African benchmark countries. However, the recent government initiative to make all public salary payments go through the banking system increases the number of adults with a bank account substantially and can lead to an increase in the number of depositors and also loans over time.
- Deposits in percent of GDP are also lower than in the WAEMU on average, with lower levels of deposits currently only observed in Niger. Amounting to 17 percent of GDP, outstanding loans from commercial banks are the lowest in the region.
“In the short term, mobile payments services can help increase financial inclusion”
While direct contact with financial infrastructure remains low, in particular for the most vulnerable parts of the populations, mobile phone penetration has increased rapidly in the last years. Taking into account that subscription rates should be discounted as subscribers possess on average two SIM-cards in Guinea-Bissau, recent numbers suggest that around 36 percent of the population possess at least one SIM card. Two mobile payment providers currently operate in Guinea-Bissau, with equal market shares. The development of mobile financial services could thus serve as a means to increase financial inclusiveness for the unbanked population.
In the medium term, improvements in the business and legal environment would be necessary to improve access to financial services
The authorities need to address weak transparency, underdeveloped judicial and business environments, limited financial skills, and distortive taxation (such as the tax exemption of interest revenue on government paper, while other interest revenue is not tax exempt), suboptimal prudential regimes and regulatory forbearance, which remain the main obstacles to financial sector development. Lower collateral requirements stemming from a better legal environment and higher accounting standards could increase firms’ access to financing and boost investment and GDP.
Economic Diversification
Author : International Monetary Fund
Type of publication : Report
Date of publication : July 2015
Growth in Guinea-Bissau has been disappointing and highly volatile. With exports and commercial bank lending being dominated by the cashew nut sector, Guinea-Bissau is highly vulnerable to exogenous shocks such as fluctuations in international cashew prices. The majority of the country’s population is employed in low-productivity agriculture focused on cashew production which has superseded the production of rice. To reduce the economy’s exposure to shocks, policies should focus on exploring “quick-wins” to economic diversification, such as reform or closure of the FUNPI, in the short term.
Growth in Guinea-Bissau has been weak and highly volatile over the last decades
To further diversify the economy in the medium to long term, policies could focus on easing main constraints in key areas such as infrastructure, education and the business climate. Given the importance of the primary sector for Guinea-Bissau and the country’s biodiversity, economic policies could also target specific activities such as rice cultivation and mining, as envisaged under the government’s Strategic Plan.
Growth, Volatility, and Productivity
From 1995 to 2014, real GDP has grown by an average of 2.3 percent per year, leaving the country’s real GDP per capita at a lower level in 2014 than two decades ago. In addition, Guinea-Bissau’s growth performance has been characterized by large volatility. The country remains vulnerable to exogenous shocks, such as fluctuations of international cashew prices, which added to the negative effect on growth from the 2012 coup.
Low physical and human capital accumulation and total factor productivity have posed major impediments to growth
Guinea-Bissau performs poorly in assessments of its business environment, with access to electricity, starting a business, and contract enforcement posing particular challenges. While measures of basic education, such the literacy rate, are comparable to those of other countries in the region, they are still low in absolute terms, and gender gap in literacy rates are much larger compared to Sub-Saharan and Asian countries which have achieved high growth rates in the past decades.
Recent Trends in the Structure of Output and Exports
Structural transformation of Guinea-Bissau’s economy has been limited, if not backward oriented, with the agricultural sector growing more dominant, and the contribution of manufacturing, construction as well as wholesale and retail sectors having even declined slightly in the past two decades. The share of the tertiary sector, however, has increased somewhat since the mid-1990s. The rise of the share of the agricultural sector is in contrast to the trend observed for the WAEMU, where the share has remained stable, and even more so compared to the benchmark group of fast growing Sub-Saharan African countries in which the agricultural sector has on average become less dominant since 2000.
Export diversification has also declined, and Guinea-Bissau has grown more dependent on its dominant export partners
Export diversification has been constant over the last two decades in the WAEMU, and has increased strongly in fast growing Sub-Saharan African countries. In contrast, exports have also become more concentrated in Guinea-Bissau, with cashew exports accounting for 85 to 99 percent of exports each year. Most recent numbers on export diversification suggest that Guinea-Bissau has the least diversified export base in the WAEMU. Moreover, exports have been increasingly concentrated to India where the processing of cashew nuts takes place. This has been limiting the number of export partners for Guinea-Bissau, while diversification across export partners has increased in benchmark countries.
Fostering Economic Diversification in Guinea-Bissau
The FUNPI (Fundo para a Promoção da Industrialização dos Produtos Agrícolas) was created in 2011 to promote agribusiness by easing financing constraints in a time when cashew exports from Guinea-Bissau were selling at historically high levels. It has been financed by surcharges of about US$100 per ton of exports of raw cashew nuts that were additional to export taxes. However, the FUNPI faced major implementation problems:
- The uncertainty over level of surcharge every year resulted in inefficiencies, due to impeded possibility to plan the season, and speculative behavior in financial decisions, stockpiling and the timing of sales.
- Divergence from use of funds for intended purpose. FUNPI revenues have been partly used by the transitional government to ease a tight budget situation.
- Increase in poverty. Farmers, the majority of whom are poor, have been burdened most by the regressive FUNPI rate, as the tax was passed on directly to the farmers.
- The creation of the surcharge also increased smuggling and therefore losses in revenues, with the World Bank estimating losses in tax revenues and port/freight charges of US$6.6 million.
Les monographies économiques – Guinée Bissau
Auteur : Banque de France
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2019
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Activité économique
La croissance économique de la Guinée‑Bissau est restée robuste en 2017 (5,9%), bien qu’en léger ralentissement par rapport à 2016 (+ 6,3%). Du point de vue de la demande, l’activité économique du pays a été essentiellement tirée par la consommation privée, qui a contribué à la croissance à hauteur de 3,6 points, et dans une moindre mesure par la consommation publique (0,4 point).
Tandis que la BCEAO anticipe un taux de croissance du PIB de 6,2% en 2018 (projections de septembre 2018), le Fonds monétaire international (FMI), suite à sa mission d’octobre, a significativement revu ses perspectives de croissance à la baisse pour 2018 (3,8%, contre 5,3% prévus en juin 2018). Cette révision repose sur une prévision de diminution sensible de la production de noix d’anacarde sur l’ensemble de l’année et une baisse des cours internationaux de ce produit. En effet, les récoltes abondantes de noix d’anacarde au Vietnam et en Inde pourraient affecter négativement la demande mondiale et les cours internationaux.
La croissance économique de la Guinée‑Bissau est restée robuste en 2017 (5,9%), bien qu’en léger ralentissement par rapport à 2016 (+ 6,3%)
Selon la BCEAO, le taux d’inflation devrait diminuer en 2018, en lien avec la baisse des prix des fruits et légumes dont les marchés sont convenablement approvisionnés. Les perspectives du pays restent cependant fortement liées à la résolution de la crise politique qui a débuté en août 2015, suite au limogeage du Premier ministre Domingos Simoes Pereira, et dont le pays peine à sortir.
Secteurs économiques
Seuls les secteurs secondaire et tertiaire ont contribué positivement à la croissance bissau-guinéenne en 2017. La contribution du secteur tertiaire est passée de 3,8 points en 2016 à 4,4 points en 2017, en lien avec le dynamisme du commerce et des transports. La contribution du secteur secondaire s’est établie à 1,6 point (après 0,5 point en 2016). Le dynamisme du secteur secondaire a été essentiellement tiré par le secteur des bâtiments et travaux publics (BTP), dont l’activité a été soutenue par la hausse des investissements publics et les importants gains de pouvoir d’achat dans la filière de la noix d’anacarde qui ont incité de nombreux producteurs à améliorer leur habitat.
Le gouvernement a pris des mesures afin de lutter contre les exportations illégales de noix d’anacarde, essentiellement vers le Sénégal, qui constituent un manque à gagner important pour le pays du point de vue de ses recettes fiscales. Il a augmenté à plusieurs reprises le prix plancher garanti aux producteurs. La dernière hausse remonte à mars 2018, date à laquelle le prix a été multiplié par deux, atteignant le montant record de 1000 francs CFA le kilogramme. Cette mesure a toutefois entraîné une paralysie temporaire des ventes de noix d’anacarde en raison du coût devenu trop élevé.
Le dynamisme du secteur secondaire a été essentiellement tiré par le secteur des bâtiments et travaux publics (BTP), dont l’activité a été soutenue par la hausse des investissements publics et les importants gains de pouvoir d’achat dans la filière de la noix d’anacarde qui ont incité de nombreux producteurs à améliorer leur habitat.
Le secteur primaire a contribué négativement à la croissance (– 0,1 point), essentiellement en raison de la chute de la production céréalière en 2017, affectée par une pluviométrie peu abondante, et dans une moindre mesure par la réduction de la production de noix d’anacarde. Lors de la campagne 2017-2018, la production de riz n’a atteint que 165,1 milliers de tonnes (en baisse de 11,4% par rapport à la campagne précédente), loin des 500000 tonnes que la Guinée-Bissau souhaite atteindre d’ici 2025.
Balance des paiements
Malgré une augmentation des exportations favorisée par une hausse des cours mondiaux de noix d’anacarde, le compte des transactions courantes a enregistré un déficit de 5,1 milliards de francs CFA en 2017 (après un excédent de 10,0 milliards en 2016). Cette dégradation est le reflet de l’augmentation du déficit de la balance des services (+ 10,3%), de la forte contraction des revenus primaires (– 57,4%) et d’un léger repli de la balance des biens (– 2,2%). En effet, malgré la croissance des exportations de noix d’anacarde (+ 11,2%) favorisées par la hausse des cours mondiaux, l’excédent commercial des biens s’est légèrement contracté en raison d’un recours plus important aux importations alimentaires, résultat de la mauvaise campagne agricole, et en biens d’équipement, dans le cadre de la politique de réduction du déficit en infrastructures.
Politique budgétaire
La croissance des recettes fiscales a plus que compensé la baisse des recettes non fiscales (-9,1%), qui, selon le FMI, ont été affectées par l’arrivée à terme de l’accord de pêche signé avec l’Union européenne (UE). Un nouvel accord de pêche a été signé fin 2018 entre les autorités bissau-guinéennes et l’UE. Les dons enregistrent par ailleurs une hausse (+25%), reflet, selon le FMI, de l’aide budgétaire accordée par l’Arabie saoudite et de la reprise des aides multilatérales.
Les dépenses publiques sont restées quasiment stables en 2017 (146 milliards de francs CFA, après 144,5 milliards en 2016), la légère augmentation des dépenses en capital (+1,7%) générée par la mise en œuvre des projets de développement socioéconomique, ayant été partiellement compensée par une réduction des dépenses courantes (-1,1%).
Pour financer son déficit budgétaire, le gouvernement bissau-guinéen a eu ces dernières années de plus en plus recours aux emprunts intérieurs
Pour financer son déficit budgétaire, le gouvernement bissau-guinéen a eu ces dernières années de plus en plus recours aux emprunts intérieurs, avec des émissions régulières de titres publics sur le marché régional. La dette totale du pays étant composée à 75% de dette intérieure, le FMI a également évalué la soutenabilité de l’endettement total.
Enjeux économiques de long terme
L’économie de la Guinée Bissau, l’une des moins diversifiées au monde, évolue parallèlement aux récoltes et aux exportations de noix d’anacarde, qui représentent en 2017 plus de 98% des recettes d’exportations du pays. Tandis que le gouvernement souhaite atteindre un taux de transformation de 70% de la production de noix d’anacarde d’ici 2020, on estime que seuls 10% seraient transformés aujourd’hui. Dans le cadre de son plan de développement « Terra Ranka », le pays mise sur la progression de nouveaux secteurs pour soutenir la croissance économique (agro-industrie, pêche, secteur minier, tourisme, etc.). Néanmoins, d’importants obstacles retardent le processus de diversification économique du pays, parmi lesquels la faiblesse du capital humain, l’instabilité politique, le manque d’infrastructures de transport de qualité, les difficultés d’approvisionnement en énergie et plus généralement le climat peu propice aux affaires.
Le développement du secteur privé et la diversification économique sont également ralentis par le manque d’infrastructures de qualité
Le développement du secteur privé et la diversification économique sont également ralentis par le manque d’infrastructures de qualité. En plus de la faible densité du réseau routier, les trois quarts des axes routiers sont considérés en mauvais état, ce qui en cas d’intempéries, provoque souvent le blocage des camions de marchandises pendant plusieurs jours.
Avec le soutien financier de la BOAD, les travaux de bitumage de la route Buba-Catio dans le Sud du pays ont été officiellement lancés en mars 2017. En outre, la Banque mondiale va fournir 15 millions de dollars sous forme de prêts, qui serviront au bitumage des routes de campagne dans le Nord et l’Est du pays. Un accord a également été signé avec la Chine pour la réalisation de l’autoroute reliant Bissau à Safim. Enfin, la BAfD vient d’accorder 50 millions d’euros sous forme de prêts et dons à la Guinée (« Guinée-Conakry ») et à la Guinée-Bissau, afin de financer la première phase du projet de construction de l’axe Boké-Québo, permettant de relier les deux pays voisins.
Les difficultés d’accès à l’électricité constituent un frein significatif à l’activité des entreprises du pays
Les difficultés d’accès à l’électricité constituent un frein significatif à l’activité des entreprises du pays. Selon le rapport Doing Business publié en 2018 par la Banque mondiale, c’est dans ce domaine que la Guinée-Bissau obtient le plus mauvais score (classée 180e sur 190 pays dans la catégorie « accès à l’électricité »). Un Projet d’urgence de réhabilitation des secteurs d’électricité et d’eau (Pursee) a été lancé en 2016 avec l’appui de la Banque mondiale. Il vise notamment à améliorer l’accès à l’énergie et à l’eau potable grâce à la construction d’une centrale au gasoil, à la mise en place de compteurs prépayés, et à l’amélioration de l’efficacité de la Compagnie nationale des eaux et de l’électricité de Guinée-Bissau (EAGB) en grandes difficultés financières.
Guinée-Bissau : Le contexte économique
Auteur : Expert-comptable-international.info
Type de publication : Article
Date de publication : Octobre 2019
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Les indicateurs économiques
Après une période d’instabilité politique chronique, la Guinée Bissau est dirigée par un nouveau président démocratiquement élu en mai 2014, José Mario Vaz, ce qui a amené une reprise de la croissance économique. Depuis lors, l’économie du pays se développe. Selon les dernières données disponibles, la croissance économique de la Guinée Bissau a atteint 4,5% en 2018, principalement en raison d’une faible production et d’une baisse des prix des noix de cajou. La croissance ralentie, conjuguée aux faibles revenus, a eu un impact négatif sur les objectifs budgétaires. Néanmoins, la croissance devrait légèrement augmenter pour atteindre 5% en 2019 et rester à ce niveau en 2020.
Une croissance plus faible que prévu, à laquelle s’ajoutent les difficultés rencontrées par le gouvernement pour recouvrer les recettes
Une croissance plus faible que prévu, à laquelle s’ajoutent les difficultés rencontrées par le gouvernement pour recouvrer les recettes, a entraîné une aggravation du déficit budgétaire à 5% en 2018, ce qui est supérieur aux prévisions et à la norme communautaire de la région de l’UEMOA. Pour 2019, la Guinée-Bissau a adopté un budget orienté vers la consolidation des finances publiques, qui vise à réduire le déficit budgétaire à moins de 3% PIB.
En 2018, le déficit de la balance courante s’est creusé pour atteindre 3,6% PIB et devrait atteindre 4,1% en 2019 avant de redescendre à 3,8% en 2020. Le niveau de la dette reste élevé, à 55,3% en 2018. À court terme, les réformes gouvernementales devraient réduire le fardeau de la dette qui devrait diminuer à 52,7% en 2019, puis à 50,6% en 2020. L’inflation, qui a atteint 2% en 2018, reste en deçà du seuil communautaire de l’UEMOA mais devrait augmenter à 2,2% en 2019 et à 2,3% en 2020.
« La majorité de la main d’œuvre est employée soit dans l’économie informelle, soit dans le secteur public »
La majorité de la main d’œuvre est employée soit dans l’économie informelle, soit dans le secteur public, étant donné que l’opacité du cadre règlementaire continue de freiner le développement du secteur privé, même si des progrès ont été réalisés ces dernières années. De plus, deux travailleurs sur trois ont des revenus inférieurs au seuil d’extrême pauvreté. La taille de l’économie informelle et du trafic de drogue sont difficiles à mesurer mais ils jouent un rôle important dans l’activité économique du pays. En effet, le pays mène une lutte contre les trafiquants de drogue sud-américains, qui ont parfois des liens avec l’armée.
« La Guinée Bissau est très dépendante de l’aide internationale et le manque de stabilité a provoqué une forte contraction des projets de financement »
Même si l’élection démocratique d’un président en 2014 a rendu la situation politique à nouveau conforme aux exigences constitutionnelles, l’économie est restée instable, ce qui oblige la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest à poursuivre sa mission de maintien de la paix dans la région. La Guinée Bissau est très dépendante de l’aide internationale et le manque de stabilité a provoqué une forte contraction des projets de financement.
De plus, le sauvetage controversé de deux banques commerciales par le gouvernement (une opération équivalente à environ 6% du PIB) n’a pas été totalement solutionné. Les sauvetages ont été effectués contre l’avis du FMI et ont soulevé de graves inquiétudes en matière de gouvernance. La cour constitutionnelle n’a pas encore statué sur la légalité de la transaction, mais l’actuel gouvernement a déclaré le contrat nul et non-avenu et il a réclamé que les banques effectuent des corrections dans leur bilan comptable pour terminer la transaction, car une recapitalisation des deux banques sera probablement nécessaire.
« … plus de 58% de la population vit dans la pauvreté »
La Guinée-Bissau se classait au 177ème rang mondial sur 189 pays, selon le classement 2018 en matière d’IDH publié par le PNUD. Selon l’institution, plus de 58% de la population vit dans la pauvreté. Les jeunes de 15 à 35 ans (plus de 50% de la population totale) et les femmes (plus de 51% de la population totale) sont les plus touchés par le chômage. Selon l’OIT, le taux de chômage dans le pays était d’environ 6,1% en 2018.
Les chiffres du commerce international
Le commerce extérieur joue un rôle stratégique dans l’économie de la Guinée Bissau, et représente 59% du PIB du pays, selon les dernières données de la Banque mondiale (mars 2019). Le pays a mis en place un tarif extérieur commun (TEC) au début de l’année 2000, en collaboration avec d’autres pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Le gouvernement cherche à renforcer ses relations avec plusieurs pays et organisations dans le but de développer son commerce extérieur. Les réformes mises en place par le gouvernement telles que la libéralisation des prix, les programmes de privatisation et d’ajustements structurels, devraient profiter à long terme au commerce international. Cependant, le manque sérieux d’infrastructures, l’instabilité politique et le coût élevé des matières premières constituent des obstacles au développement commercial.
« Le déficit de la balance courante s’est aggravé en 2018 »
Le déficit de la balance courante s’est aggravé en 2018 pour s’établir à -3,2% contre -0,6% en 2017, malgré la forte augmentation des exportations de noix de cajou (90% des exportations) et des prix internationaux. La BAD prévoit une augmentation du déficit en 2019 en raison de la hausse des investissements et de la facture des importations de pétrole.
Les importations sont dominées par les machines et matériaux de construction (19%), les combustibles et produits raffinés (18%), les services (16%) et les produits alimentaires et agricoles (12%). Les exportations les plus récentes sont dominées par les fruits (principalement les noix de cajou), qui représentent 81% du total des exportations de la Guinée Bissau, suivis par le poisson congelé (4,9%). Les principaux partenaires à l’exportation sont l’Inde (64,6%), le Vietnam (9,4%), la Biélorussie (9,4%) et le Nigeria (4,7%). Les importations proviennent principalement du Portugal (44,2%), du Sénégal (19,2%), de la Chine (7,2%), du Pakistan (6,7%) et des Pays-Bas (4,4%).
Les IDE en chiffres
Ces dernières années, la Guinée Bissau a été en mesure d’attirer des sommes relativement importantes d’investissements étrangers. Selon le Rapport sur les investissements dans le monde 2019 publié par la CNUCED, les flux d’IDE sont passés de 16 millions USD à 17 millions USD entre 2017 et 2018. Le stock d’IDE a augmenté passant à 199 millions USD en 2018 et représentait 13,6% du PIB de la Guinée Bissau.
Le secteur de la pêche attire la majorité des IDE. La priorité du nouveau gouvernement est d’augmenter les investissements étrangers dans les secteurs de l’agriculture et de l’énergie, qui constituent deux moteurs clés de l’économie. Les investissements chinois en Guinée Bissau sont en augmentation depuis 2011. De telle sorte qu’une usine de conserverie et qu’un réseau de distribution du poisson ont été développés avec le soutien de la China International Fisheries Corporation (CONAPEMAC). De plus, le barrage hydroélectrique de Kaleba, financé à hauteur de 536 millions USD par l’entreprise chinoise China International Water & Electric Corp., est entré service en octobre 2015. Les entreprises chinoises ont également investi dans l’immobilier et dans l’exploitation de la bauxite. Outre la Chine, les principaux pays investisseurs sont les Etats-Unis, le Portugal et l’Inde.
Source photo : farmlandgrab.org