Situation médicale à Bissau
Auteur(s): Secrétariat d’État aux migrations de la Confédération Suisse
Type de publication: Rapport
Date de publication: 1er juillet 2016
Lien vers le document original
Synthèse
La Guinée-Bissau compte sept hôpitaux publics d’envergure nationale ou régionale, aux-quels viennent s’ajouter quelques 114 centres de santé répartis sur l’ensemble du territoire. L’Hôpital national Simão Mendes, de loin le plus grand hôpital du pays, et l’Hôpital Raoul Follereau, le centre de référence pour les maladies respiratoires, se trouvent tous deux à Bissau. Les cinq hôpitaux régionaux se situent à Bafata, Canchungo, Gabu, Catio et Mansoa. Il existe également quelques hôpitaux privés pratiquant des prix relativement abordables, tels que l’hôpital pédiatrique São José em Bôr, l’Hôpital de Cumura et la Clinique Madrugada, qui se trouvent à Bissau ou dans sa périphérie. Les cliniques privées n’étant soumises à aucun contrôle, elles sont nombreuses, mais la qualité des soins qu’elles offrent varie fortement.
Sur le plan des traitements, des soins relevant de différentes spécialités médicales sont disponibles en Guinée-Bissau (ex. pédiatrie, chirurgie, infectiologie, cardiologie, gynécolo-gie/obstétrique, etc.), mais ils sont souvent prodigués par des médecins généralistes, vu la pénurie de spécialistes à laquelle doit faire face le système de santé. Certains traitements ne peuvent pas être effectués en Guinée-Bissau, faute de spécialiste (ex : psychiatrie) ou de matériel requis (pas d’appareil de dialyse, pas de chimiothérapie, etc.).
Quant à l’accès aux soins, il varie fortement selon la zone géographique – la région de Bissau étant nettement mieux dotée en infrastructure et en personnel médicaux – et en fonction des moyens financiers du patient, à moins qu’il puisse bénéficier de la couverture des soins dans le cadre d’un programme national de prise en charge. Les pénuries de médicaments constituent également une barrière à l’accès aux soins.
Certains traitements ne peuvent pas être effectués en Guinée-Bissau, faute de spécialiste (ex : psychiatrie) ou de matériel requis (pas d’appareil de dialyse, pas de chimiothérapie, etc.).
Les informations récoltées mettent en évidence la très forte dépendance du secteur de la santé vis-à-vis de l’aide extérieure. Cette dépendance s’affiche à plusieurs niveaux : au niveau étatique, puisque la santé publique est en grande partie financée par des bailleurs de fonds, mais également à un niveau plus local, puisque plusieurs hôpitaux bénéficient de coopérations bilatérales qui leur permettent d’obtenir des financements, du matériel et parfois de recevoir des missions de spécialistes étrangers. Si cette stratégie peut s’avérer efficace à court terme, elle ne constitue pas une solution durable. En effet, ces aides ponctuelles ne sauraient pallier l’absence de possibilité de formation dans le pays de médecins spécialisés et de techniciens pouvant assurer l’installation et la maintenance de l’équipement hospitalier.
Système de santé
Le système de santé publique
Le système de santé compte trois niveaux : le niveau local qui comprend les unités de santé communautaire (USC) et les centres de santé (CS), le niveau régional avec les hôpitaux régionaux et le niveau national qui compte un hôpital national et un centre de référence.
Les hôpitaux régionaux/nationaux étant moins nombreux que les régions sanitaires, ils doivent parfois assumer les soins pour plusieurs régions
Le pays est divisé en 11 régions sanitaires (Bafata, Cacheu, Oio, Gabu, Quinara, Bolama, Tombali, Farim, Bubaque/Bijagos, Biombo, Secteur autonome de Bissau) subdivisées en 114 aires sanitaires au total. Au niveau local, dans certaines régions (Biombo, Cacheu, Farim et Oio), les communautés sont encadrées par des agents de santé communautaires. Cette expérience pilote à base d’un projet financé par l’Union Européenne est en cours d’évaluation en vue de sa pérennité pour la mise en oeuvre à l’échelle nationale.
Ceci est lié au fait que le système classique existant auparavant (cases communautaires gérées par des agents de santé communautaire et accoucheuses traditionnelles) ne répondaient plus aux besoins. Actuellement, les agents de santé sont en charge d’environ 50 ménages, auprès desquels ils doivent faire de la prévention/sensibilisation et recenser les besoins en vaccinations (enfants, femmes enceintes). Ils doivent également signaler tous les cas de maladies sous surveillances (p.ex. rougeole, fièvre jaune, tétanos maternel et néonatal, etc.).
Les 5 hôpitaux régionaux se trouvent à Bafata, Canchungo (région sanitaire de Cacheu), Gabu, Catio (région sanitaire de Tombali) et Mansoa (région sanitaire d’Oio). L’Hôpital national Simão Mendes, le centre de référence national en matière de tuberculose et de maladies pulmonaires (l’Hôpital Raoul Follereau) et le centre de référence national en matière de pédiatrie (Hôpital de Bôr), se trouvent tous à Bissau (région sanitaire du secteur autonome de Bissau). Les hôpitaux régionaux/nationaux étant moins nombreux que les régions sanitaires, ils doivent parfois assumer les soins pour plusieurs régions. Les îles (archipel dos Bijagos, régions sanitaires de Bolama et Bubaque/Bijagos) ne disposant d’aucun hôpital, elles abritent deux centres de santé munis d’un bloc opératoire.
Les patients nécessitant des soins complexes ne peuvent généralement pas être traités dans les hôpitaux régionaux et doivent se rendre à l’Hôpital national Simão Mendes ou l’un des centres de référence national (Hôpital de Bôr, Hôpital Raoul Follereau). Toutefois le transport des malades s’avérerait difficile, notamment en raison de l’état des routes, de l’absence de véhicules dans les hôpitaux, voire du manque d’essence
Financement de la santé publique
Selon des informations datant de 2013, le budget alloué par l’Etat au secteur de santé couvrait moins de 15% des fonds nécessaires à son fonctionnement. Le Ministère de la santé dépend donc en grande partie des dons et autres financements issus de l’aide au développement. A titre d’exemple, on estime qu’en 2010, au moins 75% des fonds de la lutte contre le VIH provenait de l’aide internationale.
Le budget alloué par l’Etat au secteur de santé couvrait moins de 15% des fonds nécessaires à son fonctionnement
Suite à l’instabilité chronique du pays, certains grands contributeurs ont progressivement réduit leur soutien financier. Un rapport du Secrétariat national de Lutte contre le SIDA (CNLS) datant de début 2012 indique que des structures de lutte contre le SIDA régionales et locales auraient disparu suite à l’arrêt des financements du Projet Multi-Country HIV/AIDS Program for Africa par la Banque Mondiale. Suite au coup d’état du 12 avril 2012, la situation s’est encore aggravée puisque plusieurs grands bailleurs de fonds, dont le Fonds Mondial, ont interrompu ou drastiquement réduit leur soutien financier. Il en a résulté des pénuries d’antirétroviraux avant tout en dehors des centres urbains et le système de transport mis en place pour les patients séropositifs habitant en région rurale a été supprimé.
Programmes nationaux de prise en charge
Il n’y a pas, en Guinée-Bissau, de système d’assurance sociale de prise en charge les soins. Il existe toutefois plusieurs programmes nationaux de prise en charge, qui comprennent chacun un paquet minimum d’activités défini pour couvrir les populations cibles et les interventions requises (préventives et curatives). Selon les programmes, ce paquet minimum est soit gratuit (tels les programmes subventionnés à 100% par des bailleurs de fonds), soit il est accessible à un prix modique dans le cadre de la politique de recouvrement des coûts.
Dans le cadre du programme national de lutte contre le VIH/SIDA, le dépistage, les consultations, les médicaments antirétroviraux (ARV) et les analyses biologiques sont gratuites, tout comme le traitement des maladies opportunistes. Le Programme de lutte contre la tuberculose prévoit la gratuité totale des soins et des médicaments requis. Le programme est disponible dans tous les centres de santé du territoire bissau-guinéen.
Dans le cadre Programme de lutte contre le paludisme (malaria) les médicaments sont subventionnés à hauteur de 85% de leur prix.
Dans le cadre Programme de lutte contre le paludisme (malaria) les médicaments sont subventionnés à hauteur de 85% de leur prix. Les 15 % restant sont à la charge du patient. Selon un médecin local, grâce à ce programme, le traitement de la malaria avec du Coartem® (principes actifs : artemether/lumefantrine) ne coûtait plus que 500 francs CFA au maximum par traitement en 2014.
Il existe en outre les programmes nationaux de santé reproductive, santé de la vision, santé orale, santé mentale, lutte contre le Noma et contre maladies tropicales négligées Il y a lieu de souligner que l’OMS estime que le programme national pour la santé mentale et le programme national de lutte contre le Noma ne sont « pas assez fonctionnels », alors que les autres programmes sont jugés « assez performants ».
La santé dans le secteur privé
S’agissant du système de santé privé, il n’existe ni système d’accréditation des cliniques, ni plan d’évaluation des soins offerts par ces cliniques. Il existerait de très nombreuses petites cliniques en Guinée-Bissau, dont la qualité des soins serait toutefois parfois douteuse. Il existe néanmoins des hôpitaux et cliniques privés offrant des services de qualité à des prix relativement abordables.
Il existerait de très nombreuses petites cliniques en Guinée-Bissau, dont la qualité des soins serait toutefois parfois douteuse
Il semble que les personnes qui en ont les moyens préfèrent aller se faire soigner à l’étranger, notamment au Sénégal (Ziguinchor et Dakar).
Accès aux soins
Disponibilité des soins
Selon les dernières estimations de l’OMS, la Guinée-Bissau compterait environ 6,6 professionnels de la santé qualifiés (médecins, infirmiers, sages-femmes) pour 10 000 habitants. Selon des statistiques s’appuyant sur des données de 2008 et 2011, il y aurait 0,63 médecins pour 10 000 habitants en Guinée-Bissau. A titre de comparaison, en Suisse il y aurait environ 214 professionnels de la santé qualifiés, dont environ 41 médecins, pour 10 000 habitants.
On constaterait également la disparition de matériel offert à des hôpitaux publics. On soupçonne le personnel médical d’en détourner une partie pour l’utiliser dans des cabinets privés, car les mêmes personnes travailleraient souvent dans le public et dans le privé
S’il existe deux facultés de médecine en Guinée-Bissau (Université Jean Piaget et Université Amilcar Cabral), il n’est pas possible d’y effectuer de spécialisation, ce qui explique la pénurie notable de médecins spécialisés. Le manque d’équipement adapté et fonctionnel a également été évoqué. On constaterait également la disparition de matériel offert à des hôpitaux publics. On soupçonne le personnel médical d’en détourner une partie pour l’utiliser dans des cabinets privés, car les mêmes personnes travailleraient souvent dans le public et dans le privé.
Evacuation sanitaires
Les personnes nécessitant de soins spécialisés qui ne sont pas disponibles en Guinée-Bissau (par ex : cardiopathies congénitales et rhumatismales, certains problèmes orthopédiques, chimiothérapie, problèmes rénaux) peuvent s’adresser à une commission (« junta médica ») qui décide si le patient doit être envoyé à l’étranger (Portugal) pour y être traité. La liste d’attente annuelle dépasserait les 300 personnes, mais moins de 60 patients recevraient l’autorisation de la commission chaque année.
Il faudrait entre 3 mois et 1 an pour réunir tous les documents nécessaires au dépôt de candidature, ce qui explique qu’un certain nombre de patients décèdent avant d’avoir reçu une réponse de la commission. Pour ceux dont le dossier a été retenu, il semble que le Portugal prenne en charge les frais de santé des évacués sur son territoire.
Disponibilité des médicaments
La Guinée-Bissau dispose d’une centrale d’achat de médicaments essentiels (Central de compras de medicamentos essenciais ; CECOME) qui est l’agence gouvernementale autorisée à importer des médicaments. C’est elle qui fournit les médicaments essentiels aux structures de santé publiques. Les stocks de la CECOME sont en partie le fruit de dons, notamment du Fonds Mondial, tandis qu’une partie des médicaments est importée au travers d’IDA Foundation.
Si certains médicaments essentiels ne sont pas disponibles, cela doit être le résultat d’une mauvaise gestion des stocks
En plus de son siège à Bissau, la CECOME dispose d’un entrepôt de médicaments dans chaque chef-lieu régional. Selon le Bureau de l’OMS à Bissau, la CECOME ne disposerait pas de stock suffisant pour approvisionner tous les hôpitaux. Par ailleurs, le spectre des médicaments disponibles serait limité. Le Bureau de l’OMS estime toutefois que la disponibilité des médicaments contre la tuberculose, la malaria et le VIH/SIDA sont généralement garantis. Il ajoute que les médicaments essentiels devraient généralement être disponibles, également dans les régions. Il estime que si certains médicaments essentiels ne sont pas disponibles, cela doit être le résultat d’une mauvaise gestion des stocks.
Outre les problèmes de pénuries, il convient également de signaler l’existence de médicaments falsifiés sur le marché pharmaceutique privé. En effet, malgré des mesures annoncées en 2014, le gouvernement n’a pas les moyens de contrôler les importations de médicaments. Des falsifications entrent ainsi en Guinée-Bissau depuis les pays voisins. Selon un article de presse datant de janvier 2013, à l’époque, près de 80 % des pharmacies de Guinée-Bissau vendaient des médicaments d’origine douteuse, pour la plupart importés du Nigéria, de Gambie ou de Guinée-Conakry.
la Guinée-Bissau ne possède pas de laboratoire de contrôle des médicaments, ce qui explique que le contrôle des produits proposés à la vente s’avère difficile
Faute de moyens, la vente de médicaments par des marchands ambulants était peu combattue par les autorités. Par ailleurs, la Guinée-Bissau ne possède pas de laboratoire de contrôle des médicaments, ce qui explique que le contrôle des produits proposés à la vente s’avère difficile. De plus, la continuité de la chaîne du froid en raison de coupures d’électricité représente également une difficulté non négligeable, ce même dans le cadre du programme national de vaccination.
De manière générale, les soins, examens et médicaments sont à la charge des patients, exceptions faites des prestations médicales et médicaments couverts par les programmes nationaux de prise en charge. Le Bureau de l’OMS en Guinée-Bissau estime qu’une bonne partie de la population a accès aux soins. En effet, souvent, la famille viendrait en aide au malade en difficulté financière. Toutefois, certains malades ne parviendraient pas à réunir la somme requise et ne suivraient alors qu’une partie du traitement, ce qui causerait parfois des résistances. Un interlocuteur rencontré précise que les traitements liés à des maladies chroniques (p.ex. diabète) coûtent très cher. A signaler que des soins ou examens réputés gratuits sont parfois payants dans certains hôpitaux publics.
Accès économique
Classé 217e sur 230 au classement mondial du PIB par habitant, la Guinée-Bissau figure parmi les pays les plus pauvres du monde. Il semble que le salaire minimum national se monte à 30 000 francs CFA depuis janvier 2012.243 A titre de comparaison, une consultation à l’hôpital Simão Mendes coûte 2000 francs CFA. A l’Hôpital de Cumura, une césarienne coûte 45 000 francs CFA et une hospitalisation en pédiatrie 8000 francs CFA. A l’hôpital de Bôr (hôpital public), l’ablation d’un kyste coûte 50 000 francs CFA pour un adulte et une intervention chirurgicale pour une appendicite aigüe 130 000 francs CFA.
Un aperçu : Guinée Bissau
Auteur(s): Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Type de publication: Rapport
Date de publication: Mai 2018
Lien vers le document original
Politiques et systèmes de santé
Le système de santé est composé de trois niveaux. Un niveau central avec 11 régions sanitaires au niveau régional et 114 aires sanitaires en périphérie. Il est composé d’un secteur public et un secteur privé lucratif et non lucratif. Vue la complexité de la santé, le Ministère de la santé a adopté une approche pour tenir en compte dans sa planification les déterminants socioéconomiques en regroupant tous les secteurs du développement qui mènent des activités de sensibilisation pour une meilleure implication des tous.
Le système d’information sanitaire (SIS) qui accompagne ce plan est affecté, par l’insuffisance du personnel compétent dans la gestion des données, l’implication du secteur privé lucratif demeure très limitée. Le gouvernement est en voie de finaliser son Plan National de Développement Sanitaire 2018-2022 de façon à réorganiser le système de santé qui sera apte à fournir des services de santé inclusifs et intégrés pour sa population. Comme le gouvernement n’est pas en mesure toute seule de pouvoir couvrir les frais de mise en œuvre de ce plan, il a été fait un alignement graduel de l’aide externe par certains bailleurs, en attendant l’organisation d’une table-ronde de bailleurs pour mobiliser des ressources manquantes. En avril 2017 la Politique Nationale de Santé a été validée après sa mise à jour, et son adoption sera faite par le conseil de ministres avant sa promulgation par le parlement.
La situation des ressources humaines pour la santé est caractérisée par une faible qualité et un manque de spécialistes. Cela est aggravé par une grande disparité dans leur distribution entre les différentes régions et structures sanitaires et à l’intérieur d’une même structure, avec une forte concentration sur Bissau, la capitale.
La situation des ressources humaines pour la santé est caractérisée par une faible qualité et un manque de spécialistes. Cela est aggravé par une grande disparité dans leur distribution entre les différentes régions et structures sanitaires et à l’intérieur d’une même structure, avec une forte concentration sur Bissau, la capitale. Cette carence porte préjudice dans la gestion des programmes. L’absence d’une politique de développement des ressources humaines, exprimée entre outre par l’inexistence d’un plan de carrières au sein des catégories professionnelles de santé contribuent aussi à des faibles productivités des différents services de santé. La faible capacité d’absorption des nouveaux professionnels de santé par le Ministère de la Fonction Publique bloque le processus de recrutement du personnel.
Le système de santé dépend considérablement de l’appui des agents de santé communautaires
Le financement de la santé dépendant principalement de l’appui externe qui représente plus de 90% du budget. Dans cet appui externe, 47,6% vient des partenaires internationaux et 42,6% imputés aux paiements directes par les ménages, laissant ainsi la contribution de l’Etat à peine de 8,2% (Comptes Nationaux de Santé, 2016). La contribution de l’état se limite au paiement des salaires et quelques petites interventions. Un premier essai sur les Comptes Nationaux de Santé en 2016 n’a pas encore vu ses activités institutionnalisées.
La politique visant l’implication des communautés dans la prise des décisions se heurte à des difficultés organisationnelles. Actuellement, l’état s’organise dans une stratégie communautaire en mettant 50 familles sous la responsabilité d’un agent de santé communautaire en vue de faciliter la mise en œuvre des 16 pratiques familiales et d’hygiènes dans les différentes familles. Le système de santé dépend considérablement de l’appui des agents de santé communautaires. Cependant la pérennité de cette stratégie dépend des financements externes pour la rémunération des agents de santé communautaires ainsi que leurs moyens de déplacement.
Guinea Bissau: qualitative assessment of demand side constraints to access maternal and child health services
Author(s): World Bank
Type of publication: Report
Date of publication: June 2019
Guinea-Bissau is currently one of the countries most dependent upon international aid for the health sector. Health care is provided by the public health system, private operators, NGOs and civil society organizations, religious organizations and traditional medicine. A scenario with a multiplicity of nosological systems, where medical pluralism is the rule. According to the last Multi Indicators Cluster Survey (MICS) the maternal mortality rate (MMR) is estimated at 900 maternal deaths per 100,000 live births, one of the highest in the world.
The maternal mortality rate (MMR) is […] one of the highest in the world
The utilization of obstetric services by expecting mothers in Guinea-Bissau has been persistently low for several years. Only 45% of the deliveries take place in health facilities. A recent assessment by a European Union funded project showed that out of every 100 women having at least one antenatal care visit only 37% delivered their babies in a health facility and only 38% of women had the standard four antenatal consultations. Key contributing factors include: (i) on the supply side, an acute shortage of critical cadres and specialties (such as midwives, surgeons, obstetrician, and gynecologists), weak infrastructure, low availability of surgical services, and medicines.
Moreover, obstetric care in most regions is provided by general nurses, most of whom are males; (ii) on the demand side, a set of issues have been pointed out as reasons to not utilize maternal health services, such as high costs (including costs of medicines), under the table payments, the perception of low quality of services, and socio-cultural factors.
Only 45% of the deliveries take place in health facilities
Neonatal mortality rate (NMR), 35.8 per 1,000 live births, is higher than the average for West Africa and is strongly associated with birth spacing and birth order, indicating a lack of access to reproductive health services. The rate of NMR is comparable for any of the first six children born to a woman (approximately 36 per 1000 live births), but is 2.5 times higher for children born seventh or later in the birth order.
This pattern is also true for birth spacing; children born less than two years after their previous sibling are almost twice as likely to die as if they were born at least three years after their previous sibling. Only 16% of women aged 15-49 report using any contraceptive method, and the adolescent pregnancy rate is estimated at 28%. Given constraints in the access pointed out above, birth spacing and maternal knowledge seem to be more important factors influencing child health outcomes.
There is little evidence on the role of cultural/religious practices on the access to MCH services in Guinea-Bissau. Within this sphere are, among others, gender related issues, issues of elderly hegemony (for instance, older women, mindjeres garandis and midwives, matronas) over the younger women, worldviews and conceptions of what is and what is not appropriate to do as far as female intimate health troubles are concerned, the use of traditional medicines and traditional practices by renowned traditional healers (djambakóss).
Given constraints in the access pointed out above, birth spacing and maternal knowledge seem to be more important factors influencing child health outcomes
These issues are more prominent in certain areas of Guinea-Bissau. For example, the population in the Cacheu and Biombo areas (the majority being Manjako, Papel and Balanta) are mainly animists, whereas the Oio has a mixed population of Balantas and other ethnic groups (Christians, Animists and Muslims), and the Gabu/Bafatá areas have mainly Fula and Mandinga, who are Muslim. As it was referred to above, some of the identified constraints in having women come to the health centers are not only the accessibility problems, but also issues that relate to male hegemony, lack of independence over cash and economic means, but also many other that have to do with cultural and religious constraints.
Many of them relate to the respect and emotional ties women have with other women in the tabankas, but also the power mindjeres grarandis (the older women) exert over young women. Young women rely on them and on the matronas (local midwives) to help them in problems related to their sexual health, pregnancy and delivery. Women value being able to give birth at home, in the tabanka, and matronas are keepers of secrets not to be made public (as questions regarding Feminine Genital Cutting).
Some of the identified constraints in having women come to the health centers are not only the accessibility problems, but also issues that relate to male hegemony, lack of independence over cash and economic means, but also many other that have to do with cultural and religious constraints
Ante-natal care and delivery at home/health center
Being able to have children is the major concern of women in Africa, and Guinea-Bissau is no exception. As such, all women take care that they are able to get pregnant and to bear healthy children. A healthy woman will spend a large part of her life pregnant, as birth spacing generally coincides with the breastfeeding period (one and a half to two years). Being a mother gives a woman personal pride and fulfilment, but, beyond that, it certifies that she is socially recognized as someone who contributes to the lineage reproduction and therefore to the well-being of the community. Children are indeed a major asset for the organization and strength of the lineage system. Tensions between lineages and within the family are frequent and many of these evolve around women and one of the most valuable assets they produce: children.
Women often hide their pregnancy in the early stages because they fear envy from other women and the evil eye. Even if they let their husbands know that they are pregnant, they only make it public once the belly starts showing and they can no longer hide it. In the same logic, they will not go to the Health Center in the early pregnancy stages, to prevent it from becoming widely known. This contributes to starting ante-natal care late.
Women often hide their pregnancy in the early stages because they fear envy from other women and the evil eye
Nevertheless, women acknowledge the advantages of ante-natal care: they know it will help in preventing possible problems. The most frequent problems that women mentioned are anemia and feeling weak (which they refer to as “low blood”), malaria, and, towards the end of pregnancy, making sure the baby is in the correct position. Pregnant women in general are conscious that it is important to prevent and treat malaria (as it is a major death cause, also in small children), and they mention that they use the Milda nets during distribution campaigns.
The main factor preventing women from coming early to ante-natal care is accessing the health services. Most tabankas do not have Health Centers, the nearest one is too far away and there is no transportation available. Although women are aware that they are supposed to attend at least four ante-natal care sessions, in practice it is hard for them to comply. Many only go one time, very often already in their late pregnancy, to make sure they receive the card that allows them to give birth at the Health Center. Since it is mandatory to hold this ID card to use the health services and give birth there, women try to have it, even in only in late pregnancy stages.
Most tabankas do not have Health Centers, the nearest one is too far away and there is no transportation available
In their discourse all the different groups interviewed agree that giving birth at the Health Center is the best thing to do. The reasons for this are clear and relate to security: all women stated that at the health facility they will be attended to by a skilled technician who can help in case complications come up during labor. They are also conscious that if further problems arise or the staff/Health Center cannot respond to more complicate cases, being at the Health Center already helps in being transferred elsewhere, to a regional hospital or to Simão Mendes hospital in the capital. Most complications women have to do with insufficient contractions, a bad positioning of the baby, bleeding or other problems related to the parturient´s state of health.
Giving birth at the Health Center also has negative sides: it is often very far and women run the risk of giving birth on the way, which they feel is even more dangerous than staying at home; when transportation to get to the Health Center is available the costs are high; there are costs at the Health Center (although PIMI [Programa Integrado para a Redução da Mortalidade Materno Infantil] has introduced gratuity it is not clear what is free); the fact that they are attended to by a male nurse; they may be left alone (whereas at home there are always women surrounding you) or be mistreated by the health personnel.
When labor starts and there is no time to reach the Health Center, women give birth at home, accompanied by other women and TBAs [traditional birth attendant] (matronas). They are the ones that are available. In remote tabankas they constitute the persons that pregnant women in labor turn to. Knowing that they can give birth at home because matronas and elderly women are there to help them makes women feel more secure, especially in areas where the Health Center is very far away. They feel they are amongst women, and giving birth is a “women´s affair”, showing bravery, resilience and endurance to face hard moments.
Giving birth at the Health Center also has negative sides: it is often very far and women run the risk of giving birth on the way, which they feel is even more dangerous than staying at home; when transportation to get to the Health Center is available the costs are high
Other problems relate to the desire to adhere to traditional ways of giving birth. Women traditionally walk or move to accelerate the delivery. They do not like to stay still in a bed while waiting for dilation to occur. This relates to the idea that women should remain active throughout pregnancy and that doing this will also help them in delivery.
They also prefer to squat to deliver, instead of lying in a marquise, as they have to at the health center. It is common to use the placenta for traditional ceremonies related to birth. After that the placenta must be buried within the household compound. This is the reason why, even when they deliver at the health center, women always ask for a bag to take the placenta home.
On the issue of having a male or female nurse taking care of them, most women said they would not mind having a male nurse, as long as he is skilled; others very clearly said they mind, and they would prefer not to have a male nurse “intruding in womens´affairs”.
Access to health facilities (distance, transportation)
In all the tabankas the main constraint in seeking the health services were the problems in accessing such services. These concerns can be translated in two words: roads and vehicles. All the interviewed were unanimous in that in order to improve the health conditions they need transportation from the tabankas to the health centers.
In the regions where research was conducted, there are major differences concerning tabankas that have Health Centers in the tabanka or nearby (as in the Biombo region), and regions where the tabankas are far from any health center (as the Gabú and the Quinara-Buba regions). Since the number of Health Centers does not at all correspond to the number of tabankas, in most cases there is no Health Center in the village, and women have to walk. Some tabankas are more than 23 or even 25 km away. It takes people over 4 to 5 hours to get here. As a result, women do not come to ante-natal care visits or to give birth.
Women emphasized the need for transportation to bring them to the health center. For them, the best improvement they could have would be to have a car that would bring them to the health center. In the further away tabankas people have to use bikes or motorcars, which is complicated when one is pregnant. Even if transportation exists, it is not readily available and it has high costs. Women very often do not have cash to pay for the transportation, and they depend upon men to be able to go to the Health Center.
The biggest problem here for pregnant women is that most tabankas have no Health Center and no easy access to them. Many of them are 20 or 30 km away from the nearest Health Center
In the worst cases (Pahamo, Gabú region; Dutadjara, Buba region; Jéte, Cacheu region) the nearest health centers are more than 25 km away. When there are rivers to cross one has to camba (cross the river), using small canoes cut out from a tree´s trunk. During the rainy season, it is not possible to cross in the fragile canoes and one has to go around to a point where the river can be crossed, which turns the 25 km to an even longer distance of 35 km or more. In the regions of Gabú and Buba many tabankas are more than 20 or 30 km away from the nearest health center:
“The biggest problem here for pregnant women is that most tabankas have no Health Center and no easy access to them. Many of them are 20 or 30 km away from the nearest Health Center; the roads are bad or inexistent. We only have one ambulance, and the roads are very bad. Djassam and Nhala have no road at all.”(Nurse, director, Buba Health Center)
“In this tabanka there is no health center. They go to the one in Candjadude, about 16 km away. If they leave early in the morning (before sunrise) they get there around noon; it takes them about 4/5 hours walking. They try to go to pre-natal consultations, but they do not deliver at the health facilities because there is no transportation. There are motorcars, but these are not adequate for pregnant women.
There is not even a public transportation service (toca-toca), so they need to know someone in Gabú who can come and fetch them. Even if they call the hospital in Gabú they do not send an ambulance. The only way to go is with a taxi. They say they never even tried to call the hospital, because they know it is useless. Their husbands also do not contact the ambulance, because it is useless. It should be the men contacting the ambulance, but they do not do it. They only call the taxis.”
Payments/gratuities
Before, women used to pay for the health services. In the last few years, with programs such as PIMI and E saúde most health services for pregnant women and children up to 5 years of age became free, in the regions where such programs were implemented. In many of the health centers visited there were posters in the doors or walls explaining (in kriol), which services pregnant women do not have to pay. Still, many people are illiterate and, even if they can read, many details remain confusing for them. It is most often not clear for the women which services they should pay for and which should be free of charge.
The same happens with men. They are aware that pregnant women have free consultations and free medicines, but do not know the exact details. In several health centers women are charged for bed or bed sheets. Although medicines for pregnant women and children are supposed to be available free of charge under the mentioned PIMI and E sáude programs, the health centers often run out of them. They also have to pay if there are not medicines available at the health center and they have to buy them in the pharmacy.
It is most often not clear for the women which services they should pay for and which should be free of charge
Besides that, there is no consistency across health centers. In some people pay, in others they do not. Some health center will charge for the bed or the sheets, knowing that giving birth is supposed to be free of charge.
Matronas
In many cases women are followed throughout their pregnancy by TBAs (matronas), especially when the delivery time approaches. They are known to help in many ways. They can help in turning the baby, if they feel the baby is in a bad birth position; they help in accelerating birth and they can also help by giving other traditional medicines. Most often women go to them during pregnancy; some go just when labor starts. In any case, they are respected as individuals who are connoisseurs of the secrets of traditional medicine.
Another positive aspect of using the matronas services is that women feel they are free of charge; even if they decide to give them a retribution for their work (in cash or in goods), they do not feel pressured to do so, so they feel it is, in a symbolic sense, free. Older women who have been matronas all their lives understand things have to change and women should go to the health centers, because it is safer for them. Still, they recognize their work as important to the community and that their knowledge should be passed on to the new generations.
Conclusions and recommendations
In general, women are willing to attend ante-natal care and give birth in the Health Center if the conditions are there. Basic conditions mean access to the Health Center, so that one does not run the risk of giving birth in the bush. This is the first main identified problem: there are not enough roads in Guinea-Bissau, and there are not enough means of transportation.
People must feel they can trust the Health Center and the health staff. In order for this to happen, health facilities have to be improved and provided with skilled birth attendants, equipment and available medicines.
The role of TBAs and local healers cannot be downplayed. Improvements should be done with them, not without them
Gratuity rules have to be clear and transparent to everyone. Radio is one of the best ways to spread the news and keep the users informed on their rights, what they have to pay and what should be provided for free.
Besides investing in accessible and functional Health Center, there should also be investment in the relationship with and training of TBAs and traditional healers; they are the ones that are in loco when everything else fails. Although the emphasis now is on forming and providing skilled birth attendants, the role of TBAs and local healers cannot be downplayed. Improvements should be done with them, not without them.
Profil de pays : Guinée Bissau
Auteur(s): Commission Économique pour l’Afrique des Nations Unies (CEA)
Type de publication: Rapport
Date de publication: Mars 2018
Lien vers le document original
Pour appréhender le niveau de développement sanitaire d’un espace géographique, on a recours à une variété d’indicateurs, notamment l’espérance de vie à la naissance, les taux de mortalité, l’indice de malnutrition, et le taux d’accès aux services de santé. Ces dernières années, les différents gouvernements ont mis en place des politiques et des mesures visant à améliorer l’accès aux services de santé et la qualité des soins de santé de base. L’engagement financier de l’État a permis le relèvement de la rémunération du personnel de santé, l’achat de vaccins et la réalisation d’autres investissements, notamment dans les infrastructures et la formation.
S’agissant de la formation, l’offre a non seulement augmenté à Bissau mais également dans l’intérieur du pays, ce qui a permis d’améliorer la quantité et la qualité des ressources humaines dédiées à ce secteur. Enfin, une meilleure coordination de l’aide au développement, avec la mise en place d’un cadre de concertation entre les différents intervenants, a permis l’adéquation de l’offre à la demande.
S’agissant de la formation, l’offre a non seulement augmenté à Bissau mais également dans l’intérieur du pays, ce qui a permis d’améliorer la quantité et la qualité des ressources humaines dédiées à ce secteur
Dans ce contexte, l’espérance de vie s’est améliorée en Guinée-Bissau, passant de 50,2 ans en 2009 à 52,9 ans en 2015. En moyenne, les femmes vivent plus longtemps que les hommes. L’espérance de vie des femmes était de 54,1 ans en 2015 contre 51,2 ans en 2009 alors que celle des hommes était de 51,5 ans en 2015 contre 49,1 ans en 2009.
En ce qui concerne la malnutrition, des améliorations ont été enregistrées. Le taux de prévalence de l’insuffisance pondérale a baissé de 18,0 % en 2010 à 17,0 % en 2015. De même, la prévalence de l’insuffisance pondérale sévère a affiché un recul pour s’établir à 3,6 % en 2016 contre 5,0 % en 2010. Par ailleurs, 27,6 % des enfants souffraient d’un retard de croissance en 2015 contre 32,0 % en 2010, en lien notamment avec le maintien de la part des enfants allaités au sein à 98,0 % en 2015, le relèvement de la fréquence minimale des repas de 22,6 % en 2010 à 56,7 % en 2015 et la hausse de l’administration d’un supplément de vitamine A aux enfants de moins de 5 ans, de 79,4 % en 2010 à 92,7 % en 2015.
Globalement, l’accès aux services de santé a affiché des améliorations en 2015. Le taux de grossesses précoces a reculé de 33,0 % en 2010 à 28,0 % en 2015, suite à la hausse de la prévalence de la contraception, qui est passée de 14,2 % en 2010 à 16,0 % en 2015, même si 22 % des besoins en matière de contraception n’ont pas été totalement satisfaits en 2015.
Globalement, l’accès aux services de santé a affiché des améliorations en 2015. Le taux de grossesses précoces a reculé de 33,0 % en 2010 à 28,0 % en 2015, suite à la hausse de la prévalence de la contraception, qui est passée de 14,2 % en 2010 à 16,0 % en 2015, même si 22 % des besoins en matière de contraception n’ont pas été totalement satisfaits en 2015. Les soins prénataux ont été globalement améliorés. Au total, 92,4 % des femmes enceintes ont bénéficié d’au moins une consultation avec du personnel de santé qualifié en 2015 contre 92,6 % en 2010, tandis que 75,8 % des femmes enceintes ont bénéficié de soins prénataux en 2015 contre 67,8 % en 2010.
D’après l’INE (2015), 45,0 % des femmes enceintes ont été assistées par du personnel de santé qualifié lors de leur accouchement en 2015 contre 43,0 % en 2010, ces accouchements ayant été réalisés dans 44 % des cas dans des infrastructures sanitaires en 2015 contre 41,4 % en 2010.Par ailleurs, les taux de mortalité infantile, néonatale et des moins de 5 ans ont progressivement baissé depuis 2010 après une nette dégradation en 2006. Le taux de mortalité maternelle, ressorti à 570 décès pour 100 000 naissances en 2010, s’est replié à 549 décès pour 100 000 en 2015 (OMS, 2017).
Source photo : voaafrique.com